Alain Corbin, l'un des plus grands historiens français revient avec un livre étonnant : une histoire du repos. Ce virtuose nous avait déjà donné une histoire du silence qui faisait découvrir d'autres manière de se taire et exaltait le rôle préparatoire à toute activité qu'a été le silence pendant des siècles.
Le repos n'est ni le sommeil ni la prière mais bien un moment particulier où l'homme de répare, se prépare. Pas simplement la solution face à la fatigue. Car longtemps le repos a été perçu au regard de l'éternité. Mais tout a changé avec le XIXe siècle. Se reposer est devenu aussi une injonction thérapeutique, voire une invitation aux loisirs. En lisant ce livre tout un pan de notre passé ressurgit. Mais surtout, nous avons l'impression de découvrir ce que se reposer signifie vraiment.
«Écoute ce que l'on entend lorsque rien ne se fait entendre»... Sommes-nous encore capables, suivant le conseil de Paul Valéry, d'écouter le silence ? Nous modernes l'avons oublié, et même nous le craignons. Pourtant de grands écrivains, penseurs, savants, femmes et hommes de foi ont cultivé durant des siècles cette citadelle intérieure. À l'heure où le bruit envahit tous les espaces, Alain Corbin revient sur l'histoire de cet âge où le silence avait valeur éducative, où la parole était rare et précieuse.Redécouvrir l'école du silence, tel est l'enjeu de ce livre dont chaque citation invite au retour sur soi. Car le silence n'est pas simple absence de bruit mais condition du recueillement, de la rêverie ; il est le lieu intime d'où la parole émerge...
Alain Corbin nous offre une promenade dans le vent, au gré des expériences humaines, de cette force élémentaire et des efforts réalisés par l'homme pour le comprendre et le dompter.
Chacun peut éprouver le vent, sa présence, sa force, son influence. Parfois il crie et rugit, parfois il soupire ou caresse. Certains vents glacent, d'autres étouffent. Si l'humain témoigne de cette expérience depuis l'Antiquité, il s'est longtemps heurté au mystère de ce flux invisible, continu, imprévisible. Le vent, aux traits immuables, échapperait-il à l'histoire ?
Dans cet essai sensible, Alain Corbin nous guide dans cette quête initiée à la fin du XVIIIe siècle pour comprendre les mécanismes d'un élément longtemps indomptable. C'est le temps de nouvelles expériences du vent, au sommet de la montagne ou, pour la première fois, dans l'espace aérien. Les manières de l'imaginer, de le dire, de le rêver, évoluent et inspirent les plus grands écrivains, dont Victor Hugo.
Un champ immense se dessine alors aux yeux de l'historien. D'autant que le vent est, peut-être avant tout, un symbole fort de l'oubli et du temps.
Une histoire de la perception olfactive soulignant le rejet à partir de 1750 dans les villes occidentales de l'ordure, la misère et la boue. Les odeurs sont neutralisées, tandis que les parfums et les soins hygiéniques connaissent une vogue grandissante auprès de la bourgeoisie
L'objet de ce livre est de suivre depuis l'Antiquité gréco-romaine ceux qui ont su « voir l'arbre » : Horace et Virgile, mais aussi Ronsard et La Fontaine.
Par la suite, Rousseau, Goethe, Novalis, Chateaubriand, Hugo, Proust, Yves Bonnefoy et tant d'autres. Il y eut aussi des peintres. S' étendre sous les ombrages, s'y délasser, y méditer, s'enfouir dans le végétal, s'y réfugier, y grimper... À l'époque contemporaine, certains ont tenté d'incruster leur corps dans l'écorce, en espérant que le végétal ferait croître l'empreinte. Par ailleurs, des moribonds sont allés jusqu'à souhaiter que leur ADN soit transmis à l'arbre planté sur leur tombe.
On le voit, c'est à une longue promenade que ce livre invite, à la rencontre de l'arbre champêtre, de l'arbre haie, de l'arbre isolé et sauvage comme de l'arbre domestique. L'histoire des émotions qu'ils suscitent nous est transmise ici par des individus qui, au fil des siècles, possédaient les mots pour les dire.
Ce livre invite à l'exploration d'un pays étrange:la «vie sexuelle» d'un temps où le mot «sexualité» ne figurait pas dans le dictionnaire, où personne ne parlait d'homosexualité ni, à plus forte raison, d'hétérosexualité. Les médecins, les théologiens et les pornographes de cette époque scrutent et décrivent les unions charnelles au cours desquelles le plaisir féminin se formule souvent en termes religieux; tandis que l'homme, obsédé par le «besoin de femmes» et préoccupé par l'arithmétique des performances, se doit d'exhiber sa virilité. Bien sûr, ces convictions d'avant-hier nous paraissent aussi étrangères qu'un embarquement pour Cythère. Mais elles ont gouverné les plaisirs du lit, ceux de la norme comme ceux de la transgression. Elles ont modelé les désirs, les jouissances et les regrets. C'est pourquoi ce voyage-là vaut la peine d'être entrepris, sous la conduite éclairée d'Alain Corbin.
Le vert aurait une vertu apaisante. Et à voir les balcons et les toits de nos immeubles, les trottoirs de nos villes, les citadins d'aujourd'hui réintroduisent la verdure dans la vie quotidienne.
De Lucrèce à Ronsard, de Dante à George Sand, de Lamartine à René Char, Alain Corbin dresse un portrait de ces hommages rendus à l'herbe dans tous ses états, en brin ou en touffe, mauvaise ou folle. On renoue alors avec des sensations familières : la joie de l'enfant se roulant dans la prairie, l'invitation au repos après un déjeuner sur l'herbe, les odeurs de foin coupé, le bourdonnement du petit monde des prés, mais aussi l'érotisme d'un lit végétal.
Au gré des citations qu'il éclaire de son regard d'historien, Alain Corbin nous convie à une promenade sensible et verdoyante.
Historien spécialiste du xixe siècle en France, Alain Corbin est reconnu internationalement pour son approche novatrice sur l'historicité des sens et du sensible. Auteur des Filles de rêve (Fayard, 2014), et de La Douceur de l'ombre (Fayard, 2013), il a récemment dirigé le second tome de l'Histoire des émotions (Seuil, 2016-2017) et écrit Histoire buissonnière de la pluie (Flammarion, 2017).
L'historien des sensibilités retrace l'évolution des conceptions et des significations de la pluie à travers les siècles, dans la littérature, en art, en politique et dans les pratiques sociales.
Cet ouvrage réunit trois conférences d'Alain Corbin, dans lesquelles l'auteur se penche sur notre rapport à la météorologie, à l'eau et à la mer.
La sensibilité au temps qu'il fait a une histoire : chaleur et froid polaire, pluie, vent n'ont ni la même signification ni la même réception selon les époques. De même, notre relation avec l'eau, douce ou salée, a évolué : bienfaisantes ou malfaisantes pour le corps humain, toutes les eaux ne se valent pas, et leurs qualités, illusoires ou non, changent au fil des siècles. Enfin, si les bords de mer sont déjà convoités à l'époque romaine, ce n'est qu'à partir du XVIIIe siècle que les rivages exercent une véritable attraction.
Les angoisses face au ciel, l'eau comme « riche support de croyances, de fantasmes et, surtout, de rêves », la mer « apprivoisée », vue de la terre ferme - ce sont ces matières-là, malléables et fascinantes, qui nourrissent les pages de l'historien.
Août 1870. À Hautefaye, petit village du Périgord, un jeune noble accusé d'avoir crié «Vive la République!» est supplicié puis brûlé par des villageois.
Le christianisme imprègne la vie quotidienne. Il contribue au dessin du paysage des campagnes et des villes. Il fait parfois l'actualité. Admirer le Mont-Saint-Michel et les monuments de Rome, se délecter de la musique de Bach, contempler les tableaux de Rembrandt, implique de pouvoir décrypter les références chrétiennes qui constituent la beauté de ces chefs-d'oeuvre. La saisie de certains débats concernant la colonisation, la bioéthique suppose, elle aussi, une connaissance des éléments fondamentaux de cette religion et de son histoire.
Pour les lecteurs chrétiens ou simplement soucieux de comprendre leur environnement et la culture de l'autre, l'Histoire du christianisme a sollicité une soixantaine de spécialistes et parcourt dates, moments et figures essentielles du christianisme, des origines à nos jours.
L'Histoire de l'ignorance est une question essentielle. Pendant des millénaires, nous, les humains, ne savions presque rien de la terre. Nous nous référions surtout à nos territoires, à nos paysages, à nos villages. Sur les cartes on pouvait lire par endroit : Terra Incognita. Ce livre raconte les incroyables auxquelles erreurs qu'il a fallu se heurter pour découvrir les secrets de notre planète bleue.
Des erreurs parfois brillantes, souvent étranges, mais toujours fascinantes. A l'aube du XIXe siècle, la météorologie était pleine d'inconnues. En 1840, les fonds marins étaient totalement mystérieux. En 1870, la majorité des savants pensaient qu'une mer recouvrait les pôles. En 1900, nul n'avait atteint la stratosphère... L'ignorance a stimulé l'imaginaire de nos ancêtres. Le livre d'Alain Corbin réveille notre soif de savoir, et change notre regard sur le monde.
Le corps occupe un lieu dans l'espace. Il est lui-même un territoire qui possède ses enveloppes : la peau, le halo sonore de sa voix, l'aura de sa respiration. Ce corps physique, matériel, peut être touché, senti, contemplé. On mesure sa masse, son volume, sa température. On analyse son mouvement. On le travaille.Mais les historiens ont trop souvent négligé la tension instaurée entre l'objet de science, le corps expérimental inclus dans l'univers technico-scientifique, et le corps qui éprouve plaisir et douleur. Ce livre propose donc de rétablir un équilibre entre ces deux perspectives.Le long XIXe siècle voit ainsi émerger des processus aussi actifs que la médecine anatomo-clinique, l'anesthésie, l'essor de la gymnastique et du sport... Dans le même temps s'élabore un nouvel imaginaire de la relation charnelle, parallèlement à l'avènement de la sexologie. Enfin, les nouvelles machines imposée par la révolution industrielle ou le dessin de nouvelles représentations sociales du corps témoignent de la variété des approches envisagées par ce volume.
Vacances, sport, repos, congés payés... Quand et comment se sont créés les usages modernes du temps libre ? Comment le désir de voyage, la soif d'aventures et de sensations nouvelles, les divertissements de la foule, le besoin de quiétude et de découverte de soi se sont-ils combinés à l'accélération des rythmes de vie ?Telles sont les questions auxquelles entend répondre cet ouvrage conçu et coordonné par Alain Corbin, avec des contributions de Julia Csergo, Jean-Claude Farcy, Roy Porter, André Rauch, Jean-Claude Richez, Léon Strauss, Anne-Marie Thiesse, Gabriella Turnaturi et Georges Vigarello.
À l'aube du XVIIIe siècle, les colères de l'océan accentuent la répulsion inspirée par les grèves désertes et lugubres.
Nulle part, excepté dans l'oeuvre de rares individus, ne se dit l'admiration pour l'espace infini des flots ; nulle part ne s'exprime le désir d'affronter la puissance des vagues, de ressentir la fraîcheur du sable.
C'est entre 1750 et 1840 que s'éveille puis se déploie le désir collectif du rivage. La plage alors s'intègre à la riche fantasmagorie des lisières ; elle s'oppose à la pathologie urbaine. Au bord de la mer, mieux qu'ailleurs, l'individu se confronte aux éléments, jouit de la sublimité du paysage.
Le long des grèves septentrionales, l'alternance du flux et du reflux, le spectacle d'un peuple de « petits pêcheurs », simple, héroïque et redoutable, conduisent l'errance et la rêverie. Dans le saisissement de l'immersion, qui mêle le plaisir et la douleur de la suffocation, s'élabore une façon neuve d'appréhender son corps.
La biographie d'un inconnu ayant vécu dans la Basse-Frêne (Orne) au coeur du XIXe siècle. Analysant les archives, l'historien a reconstitué la vie très ordinaire d'un sabotier analphabète père de huit enfants, Louis-François Pinagot.
Cet essai a pour objectif de discerner la cohérence qui s'instaure entre la misère sexuelle d'une part, les structures, les conduites, les discours et la politique autour de la prostitution d'autre part, durant la période suivant le Consulat jusqu'à la veille de la Première Guerre mondiale.
A travers 19 filles de rêve, de Diane à Aurélia en passant par Juliette ou Virginie, celles des mémoires, des romans, des légendes, l'auteur lève le voile sur le romantisme masculin à travers ces personnages fugaces dans les récits, et qui pourtant marquent à jamais le héros.
Parmi les historiens français d'aujourd'hui, Alain Corbin est l'un des rares qui soit reconnu internationalement comme un « maître », ayant réussi à créer autour de lui et à partir de son oeuvre mieux qu'une « spécialité » de plus (les sensibilités), une nouvelle manière de faire de l'histoire. Corbin est, par excellence, l'historien des sens, l'historien des émotions, l'historien des corps. Il réussit ce tour de force de nous faire comprendre le plus intime grâce à une lecture sans préjugé des documents d'époque. Et ce corps-là, c'est déjà le nôtre.
Ce volume offre un échantillon remarquable des trois grandes manières qu'a l'auteur d'aborder ses terres familières.
Le Miasme et la jonquille fut en son temps (1982) - et demeure - un manifeste pour une histoire du sensible. Il s'agissait de prouver tout à la fois que : faire l'histoire d'un sens (ici l'odorat, ou, pour être précis, de la « sensibilité olfactive ») était un projet tout aussi noble que de faire l'histoire de Napoléon ou de la révolution industrielle ; cette histoire était possible, grâce à une lecture intelligente des documents à notre portée, depuis les règlements municipaux jusqu'aux poèmes romantiques. On retrouve cette méthode dans plusieurs des principaux livres qui ont suivi, comme Les Cloches de la terre (sur la sensibilité auditive de la « France profonde », déjà moderne mais encore rurale) ou Le Territoire du vide, où il reconstitue ce moment étonnant où l'homme moderne (anglais, d'abord) a inventé la mer comme loisir, autrement dit le « balnéaire », invention contemporaine de celle de la montagne.
Le Village des « cannibales » (1990) est une de ces monographies villageoises qui nous plaisent tant (ici la petite commune de Hautefaye, dans le nord de la Dordogne), mais saisie dans un moment de paroxysme. Une journée de folie collective, au coeur de l'été 1870 où, sous l'effet de l'entrée en guerre et des premiers désastres, une foule réunie pour une foire traditionnelle se transforme en collège de bourreaux. Le supplicié (les détails sont atroces) est un jeune aristocrate, supposé républicain mais surtout, par cela même, « prussien ». Cette étude - toujours d'actualité - est d'autant plus fascinante pour le lecteur que, par ailleurs, le même explorateur des émotions sait comme aucun autre reconstituer ici l'histoire de La Douceur de l'ombre (L'arbre, source d'émotions, de l'Antiquité à nos jours, 2013), là de L'Harmonie des plaisirs, autrement dit des manières de jouir, du siècle des Lumières à l'avènement de la sexologie (2007).
Autre exploration : celle du Monde retrouvé de Louis-François Pinagot (1998) où Corbin s'est lancé sur les traces d'un inconnu. Un sabotier analphabète de la région natale de l'auteur, qui vécut 78 ans au XIXe siècle sans laisser aucune trace directe mais dont l'historien réussit à reconstituer l'univers, matériel aussi bien que mental, avec la même finesse que celle qu'on réservait jusque là aux « grands hommes ». Un véritable tour de force et un ouvrage unique en son genre : plus de 300 pages sur « un homme sans qualité ». Projet a priori infaisable et pourtant mené à bien.
En complément, on a sélectionné un ensemble de courts textes qui permettent d'éclairer la démarche de l'auteur, les uns plus programmatiques (« Invitation à une histoire du silence »), les autres partant d'une étude de cas pour creuser l'intime (« Écriture de soi sur ordonnance », ou l'histoire des pollutions nocturnes de M.X, patient d'un professeur de faculté.).
L'historien relate ses souvenirs d'enfance au début des années 1940, dépeignant la vie quotidienne d'un petit garçon en temps de guerre. Il décrit notamment les bombardements qui détruisent une partie de son village normand en 1944, puis l'arrivée des soldats américains.
Présidant au rythme de la vie rurale, orientant son espace, la cloche définit une identité, cristallise un attachement à la terre, organise un ordre symbolique. Les nombreuses anecdotes et légendes à ce sujet témoignent des passions et croyances d'un monde et d'une époque, la sonnerie d'une cloche pouvant traduire la liesse, la terreur des épidémies, la menace du feu, etc.
Poursuivant après Les Filles de noce et Le Miasme et la jonquille ses recherches sur la sexualité et les représentations qui l'accompagnent, Alain Corbin renouvelle notre perception du XIXe siècle, en lui posant une série de questions inédites, sur son rapport au temps, au corps, au désir. Les couleurs, les odeurs entrent en histoire. Stimulantes, inattendues, les traversées proposées dans ce volume dessinent le vrai visage d'un siècle trop souvent fantasmé. Alain Corbin traite ici en historien d'anxiété biologique et de préservation du risque vénérien. L'histoire de l'intime, des rapports entre les sexes et de la vie des femmes représente l'essentiel de l'ouvrage. En chemin, l'auteur souligne la répugnance olfactive à l'égard des migrants, esquisse une histoire des préoccupations écologiques, analyse la perception des nuisances industrielles. Attentif à toutes les marques qui inscrivent la vie dans le tissu du quotidien, il ne se laisse pas arrêter par les vérités établies. Quelles voies suit le désir sous le règne de la censure ? Les satisfactions qu'il s'accorde en sont-elles moindres ? Pourquoi le corps de la blanchisseuse et de la repasseuse alimente-t-il les fantasmes, tandis qu'on se méfie de celui de la bonne de maison, cheval de Troie du prolétariat ? Les secrets du siècle devront être guettés à ses carrefours.
En 1967, Alain Corbin recueille, auprès d'hommes et de femmes du centre de la France, les représentations, les convictions, les impressions politiques qui ont été les leurs au coeur des années trente. Leurs paroles trahissent la peur de l'étranger, la quête d'un leader, la crise économique. La tension insurrectionnelle dans le pays, la pression du budget de l'Etat, l'espoir d'un Front populaire sont palpables mais l'ombre de la Grande Guerre conditionne tout.
A cinquante ans de distance, cette "histoire en rase-mottes", plongée fascinante dans les mentalités françaises entre crise et quotidien ordinaire, fait étrangement écho à nos interrogations contemporaines. Elle donne à entendre un univers mental qui met à mal les stéréotypes toujours vivaces sur les années trente, rendant plus complexe et moins tranchée l'histoire de ce temps.
« M. Beaumord était un instituteur zélé. Devançant un désir à peine formulé par ses supérieurs, il a, durant lhiver 1895-1896, donné dans son école de Morterolles, petit village de la Haute-Vienne de 643 âmes, une série de dix conférences destinées aux adultes.
M. Beaumord était un instituteur talentueux. À lévidence, il passionnait son auditoire.
M. Beaumord était un instituteur vaniteux ; sinon, il naurait pas éprouvé le besoin de publier, dans Le Nouvelliste de Bellac, les thèmes de ses dix conférences et leffectif masculin et féminin de chacun de ses auditoires.
M. Beaumord nest pas lobjet de ce livre. Grâce à lui, nous pouvons tenter dimaginer lappétit de savoir qui poussait des cohortes obscures à venir lentendre, dans les nuits froides de lhiver. » Avec ce livre savoureux, fruit comme Le Monde retrouvé de Louis-François Pinagot dun minutieux travail darchives, Alain Corbin redonne vie à un cycle de conférences oubliées depuis plus dun siècle. En prêtant sa voix à un instituteur de la IIIe République, lhistorien reconstitue, pour nous, lécho dun monde disparu.