L'île de Ré, c'est une terre au coeur de deux pertuis. L'île de Ré, ce sont des paroisses peuplées et spécialisées : Saint-Martin : le coeur administratif et militaire - La Flotte : le centre du négoce - Sainte-Marie : un village de vigneron - Ars : le bourg du sel - Loix : la paroisse de l'eau. L'île de Ré, c'est une mer : coléreuse et rebelle et l'Océan qui donne la vie aux cueilleurs de la côte, aux moissonneurs de sart, aux fourrageurs, ce sont des côtes providentielles qui lors des hivers tragiques apportent des fortunes sur la côte sauvage aux roches des Baleines et de Loix: de la coque et des ancres aux denrées et produits variés. L'île de Ré, c'est le mur de l'Atlantique du XVIIIe siècle. L'île de Ré c'est l'horizon, la course et les combats de l'Aquitaine à la mer du Nord, des « Isles » d'Amérique à l'Afrique et aux Indes.
La terre de Ré s'inscrit dans l'histoire maritime tout en plongeant ses racines dans un continent très proche. Les Rétais se sont forgés leur identité et leur caractère au gré des éléments : une terre ingrate mais qui procure des produits d'exportation, le vin et le sel ; une mer qu'ils tentent de dompter, présente dans le quotidien. Tout un monde plus terrien que marin contraint néanmoins à vivre avec les embruns, les caprices et les flots de la mer Océane.
Qui êtes-vous gens de Ré ? Êtes-vous terriens de la mer ou marins d'une terre oe
Albert-Michel Luc propose d'aller à leur rencontre remontant aux années précédant la Révolution française qui immortalise et fige le territoire administrativement ; nous offrant une représentation de l'île celle de la diversité des rapports traditionnels entre l'homme, la terre et la mer, avant l'irruption du tourisme et la construction des ponts. Mais est-il possible de dégager quelques facteurs identitaires pour cette société rétaise, une culture commune ou semblable autour d'une manière d'habiter, d'une façon de vivre et de se nourrir ?
Cet ouvrage aborde les rapports multiples que les populations littorales nouent avec l'estran et la mer. L'étude de la pluriactivité, c'est-à-dire l'existence d'activités liées tout à la fois à la mer et à la terre, est longtemps restée marginale. Ce sont les spécialistes d'histoire et de sociologie rurales qui, au début des années 1980, ont mis en évidence la pertinence de cette réalité. La recherche sur les sociétés littorales a permis de faire émerger l'originalité de l'identité maritime. Mais, l'étude que propose Albert-Michel Luc des pratiques et usages des Rétais nous renvoie une réalité plus complexe. A Saint-Martin, gens d'une ville portuaire qui mêle Rétais de la ville et Rétais de l'eau, à la Flotte où les laboureurs côtoient les maîtres de barque et les pilotes, à Sainte-Marie où vignerons polyvalents fréquentent les rivages, à Ars et dans ses villages, aux Portes et à Loix peuplés de « laboureurs des sables. mariés avec la mer », c'est à dire sur toute l'île, l'osmose est quotidienne avec des nuances selon la configuration des lieux et les activités économiques.
Interrogeant les archives, Albert-Michel Luc redonne vie aux Rétais du XVIIIe siècle. Avec les inventaires après décès, les minutes de procès, les actes notariés, c'est toute une société qui revit dans ces pages.
Connaître les Rétais, c'est comprendre comment ils vécurent, et vivent encore, entre terre et mer. Au sein d'une société, mélange de ruralité et de « maritimité », multiple dans ses pratiques professionnelles et pourtant formant une communauté avec une identité propre. Unité et diversité voilà ce qui caractérise la société rétaise : terrienne en son essence, maritime dans son existence.
Il est un témoin particulièrement précieux de la période si éprouvante de la « poche de La Rochelle», où - alors que toute la France était libérée depuis septembre 1944 -une forte garnison allemande demeura jusqu'en mai 1945. Bombardements alliés et arrestations allemandes, évacuations, rationnements, rumeurs et inquiétudes forment le quotidien des habitants, qui vivent dans l'incertitude et dans la peur que - comme sa voisine Royan - la ville ne subisse une destruction totale.
« ...Leur chef parvint à les faire taire et décida que nous serions de suite, et sous bonne garde, conduits à la ville ; une partie d'entre eux s'empara donc de mon compagnon, qui était tombé à terre de faiblesse et de peur, et ils sortirent du fort ; comme ils passaient la barrière, un nègre de derrière, levant son fusil, l'ajusta ; le coup manqua, un autre voulut y suppléer par un pistolet qui rata aussi ; ses protecteurs, car il en avait dans les mulâtres surtout, menacèrent les nègres, et pendant qu'ils s'en allaient, ceux restant se querellèrent, firent avec leurs armes plusieurs gestes menaçants, prirent des tisons allumés... » C'est ainsi que Polony raconte l'arrestation qui faillit lui coûter la vie, au moment de l'insurrection des esclaves de Saint-Domingue (actuelle Haïti) en 1791.
Claude-Vincent Polony (1756-1828) est l'un des derniers officiers négriers français. Originaire de Rochefort (Charente-Maritime), orphelin de peu de fortune, il entre d'abord dans la marine de guerre et participe à la guerre d'indépendance américaine.
La paix revenue, le jeune officier se tourne vers un commerce alors florissant : la traite négrière.
Il effectue trois campagnes de traite entre le golfe de Guinée et Saint-Domingue. Il raconte alors les dangers de la navigation, les maladies et les décès, les longues tractations avec les courtiers, une révolte d'esclaves, sa rencontre avec une princesse capturée, les difficultés de la revente, ses escales périlleuses à Saint-Domingue, en Guyane ou aux Antilles...
De nouveau dans la marine militaire durant les guerres de la Révolution et de l'Empire, il mène activement la guerre de course, parcourt les côtes d'Amérique et des Caraïbes, approche de nombreux personnages célèbres (Billaud-Varenne, Carrier, Collot d'Herbois, Philippe-Egalité...), participe au camp de Boulogne décidé par Bonaparte pour envahir l'Angleterre... C'est même lui, ironie de l'histoire, qui apporte en Guyane le décret d'abolition de l'esclavage.
Écrit dans un style alerte, souvent émouvant, parfois sentimental, les mémoires de Claude-Vincent Polony constituent un témoignage rare et passionnant sur la traite négrière et sur la vie d'un officier de marine à la fin du XVIIIe siècle.
Conservé aux Archives départementales de la Charente-Maritime, ce manuscrit n'avait jamais été publié.
Au lendemain de l'armistice de juin 1940, la Charente-Inférieure, qui deviendra la Charente-Maritime le 5 octobre 1941, est envahie par les Allemands et se retrouve tout entière comprise dans la zone d'occupation. Dès l'année suivante, la construction du mur de l'Atlantique l'isolera du monde extérieur. Partout dans le département, la Résistance s'organise au fil des mois. Elle ne cesse de harceler les troupes allemandes. Les sabotages de voies ferrées, de routes et de lignes électriques se multiplient. Dans le Charentais, le mur de l'Atlantique repose essentiellement sur deux forteresses : La Rochelle et Royan. Celles-ci, initialement prévues pour s'opposer à un déparquement, sont transformées en de véritables camps retranchés. À la fin du mois d'août 1944, la Charente-Maritime fête enfin sa libération. Cependant, les " poches " de La Rochelle et de Royan restent occupées pendant encore plusieurs mois. Si la ville de Royan est finalement libérée le 17 avril 1945, à La Rochelle, la capitulation des armées allemandes ne sera effective que le 9 mai.
Avec pour ambition de rendre hommage à tous ceux et celles qui ont combattu avec courage et donné leur vie pour la libération de la France, Jean Combes et Albert-Michel Luc dressent ici une synthèse des publications consacrées depuis plus d'un demi-siècle à l'histoire de la Charente-Maritime pendant la Seconde Guerre mondiale.