« Pourquoi a-t-il voulu m'aider ? Je n'étais pas un Marocain, pas un Arabe. Et par la suite, il ne m'avait pas oublié, il avait parlé de mon malheur à sa femme, il avait espéré un miracle pour que mon épouse guérisse. Et après le décès d'Alice, il a voulu me présenter ses condoléances et m'offrir son aide. Pourquoi ? Tout simplement parce que j'étais un être humain comme lui, parce que j'étais son frère. En regardant défiler tous ces livres, je sentais qu'il n'avait pas voulu obéir à un précepte de l'islam, à un vers du Coran, à une règle de la charia. Je sentais que la pensée d'Ahmed devait planer bien plus haut, bien au-delà des religions et leurs dogmes et leurs lois «divines». L'ensemble de tous ces livres sur le Coran et la Bible, l'islam et le christianisme, le déisme, l'athéisme et l'agnosticisme, réunis dans une seule bibliothèque, révélait à mes yeux non pas un croyant ou un fidèle, mais un chercheur. Un homme qui refuse de trancher. Un homme qui cherche. Un homme qui sait qu'il ne sait pas. Un agnostique comme moi. Un frère. » Une jeune femme demande conseil à son père après être tombée enceinte de son copain marocain ; il l'oriente vers un ami d'enfance qui lui contera son expérience malheureuse avec celle qui devint sa femme... Lorsqu'un Belge se fait dépanner sur la route par un jeune Marocain, ni l'un ni l'autre n'aurait pu se douter qu'ils allaient devenir de vrais frères... Les liens qui unissent une fillette musulmane à son agneau adoptif vont amener la famille entière à devenir végétarienne... Qu'est-ce qui nous sépare, nous rapproche, nous unit ? En se penchant sur la religion et la culture musulmane, c'est tout en nuances que l'auteur de Rebecca explore de nouveau notre société, ses pièges, ses surprises et ses trésors, dans toute sa diversité.
C'était au début des vacances de Noël, un soir vers vingt et une heures, que mon téléphone me rappela soudain l'existence du monde extérieur. Je venais de déposer « L'Écume des Jours » de Boris Vian, en me demandant ce que j'allais proposer à mes élèves en classe terminale de langues modernes, comme lecture cursive pour le deuxième trimestre.
J'hésitais entre « L'Écume des Jours » de Boris Vian, et « La Mort est mon Métier » de Robert Merle. Si j'optais pour Vian, ce serait un choix poétique, celui du coeur. Si je retenais Merle, ce serait par motivation politique, inspirée par la recrudescence des mouvements néonazis ou négationnistes, ainsi que la montée du racisme et de l'antisémitisme.
«?-? Si nous sommes tous frères, comme tu disais, comment expliques-tu l'injustice raciale ? -? Elle n'est pas seulement raciale, Andrew. Elle est également sociale et économique. L'injustice raciale est liée à notre histoire. N'oublions pas que nous descendons d'anciens esclaves. L'esclavagisme fut suivi par la ségrégation raciale. Après l'abolition de l'esclavagisme, la loi ne pouvait plus maintenir les Noirs à leur place, mais la pression des Blancs y parvenait très bien. En mille huit cent nonante-six la Cour suprême des États-Unis reconnut même la légalité de la ségrégation en Louisiane. Il y avait ségrégation dans les écoles, les hôpitaux, les transports, les restaurants, les hôtels, les terrains de jeux, les parcs pour enfants, les églises.?» Andreas Rosseel compose un recueil de nouvelles mettant en scène la cruauté quotidienne et ses conséquences désastreuses. Qu'il s'agisse d'enfants, d'animaux, d'un innocent condamné à tort pour un crime qu'il n'a pas commis, la justice humaine se révèle souvent imparfaite. Plusieurs personnages font le douloureux apprentissage de l'exclusion et de la violence du monde adulte. Ils sont amenés à se dépasser, à affronter les préjugés, pour finalement accepter les particularités de chacun dans un esprit de tolérance. Au terme de péripéties pleines d'imprévus, les récits - édifiants, sans pour autant être moralisateurs - offrent des pistes de réflexion que le lecteur est invité à poursuivre.
- Mademoiselle Langevin, est-ce que vous voulez nous faire le plaisir de venir devant la classe et nous lire votre rédaction, s'il vous plaît ?
Hélène sortit de son banc et alla se mettre au milieu de l'estrade devant la classe attentive de ses condisciples, silencieuses comme au théâtre après les trois coups. Elle prit la double feuille des mains de Soeur Imelda, son professeur de littérature française en sixième gréco-latine de l'école Sainte-Marie. Sa voix douce mais claire et ferme ne tremblait pas.
- Mademoiselle Langevin, est-ce que vous voulez nous faire le plaisir de venir devant la classe et nous lire votre rédaction, s'il vous plaît ?
Hélène sortit de son banc et alla se mettre au milieu de l'estrade devant la classe attentive de ses condisciples, silencieuses comme au théâtre après les trois coups. Elle prit la double feuille des mains de Soeur Imelda, son professeur de littérature française en sixième gréco-latine de l'école Sainte-Marie. Sa voix douce mais claire et ferme ne tremblait pas.
« Tout à fait normal que la fille d'un armateur finisse l'école secondaire et décroche son homologation et reçoive une Porsche comme cadeau. Bien sûr à condition que son amour "contre nature" ne vienne pas tout gâcher en se divulguant. Car ce "contre nature" n'était pas vraiment très important, si seulement on pouvait garder cela "top secret" par exemple. Ce qui était intolérable, c'était cet amour "contre l'establishment", contre le rabbin et contre le maire, contre le beau monde et les bons voisins, contre les habitudes des "bonnes gens". Une gouine immonde ! Une sale fille de savetier ! Elle allait lui faire avaler ces paroles et les regretter jusqu'à la fin de ses jours ! » Amsterdam. À quinze ans, Rebecca, issue d'un milieu modeste, ne connaît rien à l'amour et ne s'intéresse qu'au sport. Dalia, une camarade de classe, gosse de riches, dévergondée, va tout lui apprendre... Les années passent, et le couple va s'engager dans le féminisme et le militantisme lesbien. Mais être juive, homosexuelle et médiatique est loin d'être sans danger. Bien au contraire... De la romance sensuelle à la chronique engagée, Andreas Rosseel signe à nouveau de sublimes portraits de femmes. Sous ses airs de récit initiatique, l'auteur dénonce les extrémismes tout comme la médiocrité des codes de bienséance d'une société malade et meurtrière. Un récit fort pour un hymne tragique, d'une actualité troublante.
« Elle aimait tant le judo, elle aimait tant la serrer dans ses bras, la tenir prisonnière entre ses jambes, la maintenir couchée sous elle dans une prise d'immobilisation, ou l'agripper par derrière dans une prise de strangulation, sa chère Viviane qui parfois, par jeu, se laissait faire... Est-ce que Nathalie, la pauvre amoureuse transie, dans la chaleur du corps à corps ou par la maîtrise d'une prise que lui permettait le judo, recherchait à compenser ses pulsions libidineuses pour la femme qu'elle aimait le plus au monde et qui repoussait son amour ? Les larmes coulaient en silence librement le long de ses joues, et elle souriait sans le savoir à la Nathalie heureuse de la photo. Elle sursauta violemment et hurlait en panique "Non !" quand le téléphone sonna. »
Dinah ou le désir de tout dire, est une confession intime, l'histoire d'une vie, racontée sans embellissement ni fausse honte, telle qu'elle est, à nous faire frissonner d'angoisse, pâmer de volupté, ou pleurer d'émotion ou de compassion.
...
« Et je compris soudain qu'il m'avait toujours aimée, telle que j'étais, pas parce que j'avais écrit Fruits verts, par parce que j'avais créé Solange, pas parce que je disposais d'une source d'imagination intarissable, mais parce que j'étais telle qu'il me voyait le premier jour, sans un cheveu gris, sans une seule ride, paraissant moins de quarante ans, et qu'il aimait mes yeux, mon visage, mon sourire, le son de ma voix, mes mains et le geste de mon bras, tout simplement parce que j'étais moi, Irina Pavlova. Et tout le reste, les romans à succès, les livres qui l'avaient fait rêver et pleurer, il voulait bien prendre tout cela avec par-dessus le marché. Mais c'était en surcroît, à cause de moi, parce que tout ce bagage littéraire faisait partie de moi, et que c'était moi qu'il avait aimée pendant toute sa vie, pas Solange, mais moi, Irina Pavlova, pas parce que j'avais créé Solange mais tout simplement parce que j'étais moi. » Que ce soit au fil de la relation étrange entre une psychiatre et sa patiente, la vie littéraire et sentimentale d'une auteur septuagénaire, les règlements de compte au parti communiste dans l'Albanie de 1944, ou à travers le journal d'une fausse collaborationniste, Andreas Rosseel sonde nos peurs les plus intimes, les plus universelles, les plus tragiques. Des histoires d'amour et de mort, portées par une bouleversante galerie de portraits féminins, subtils et magnifiques.
Julie est avocate, elle aime les défis et le prouve en défendant avec succès un "skinhead" meurtrier contre l'opinion publique politisée, ainsi qu'un fils parricide et sa mère lesbienne.
Habité par sept personnages tantôt attachants, tantôt effrayants, mais jamais indifférents, c'est avant tout un livre d'amour et de démesure sous toutes ses formes. Amour altruiste, sublimé, maternel, filial, sensuel, lubrique, lesbien, incestueux, platonique. C'est un livre émouvant, captivant, qui passionne et fait réfléchir, qui remet en question certaines idées reçues que maintes lectrices et maints lecteurs apprécieront.
Julie relate une année de la vie d'une femme. Mais quelle année ! Et quelle femme !
- C'est un rubis, Alex. Tu la trouves belle, ma bague ?
Un soupir venant de très loin :
- Oui, Madame.
- Tu peux la toucher, mon garçon.
Il restait immobile, cloué au sol à ses côtés, paralysé.
- As-tu peur, Alex ?
Nouveau murmure à peine audible :
- Non, Madame.
- Alors, touche-la.
Sa main s'avança lentement, comme celle d'un autre qui n'avait plus rien à voir avec lui, Alex. Ses doigts touchèrent le rubis, et un long frisson lui parcourut l'échine. Il avait la chair de poule, et les cheveux sur son crâne étaient comme électrisés par ce contact. Sa tête était vide, tout son être tendu à l'extrême. Ses deux doigts tenaient toujours le rubis. Puis la dame posait doucement sa main gauche sur la sienne, et une voix enrouée et lointaine susurrait :
- Viens, mon garçon, tu dois avoir faim après toute une après-midi de travail. Aimes-tu le chocolat chaud ?
« Nous nous sommes arrêtés en même temps, brusquement, comme par un court-circuit dans le cerveau. Ou était-ce parce que nous avions senti intuitivement que nous avions atteint le sommet, dépassé la toute dernière borne, franchi l'ultime limite de la normalité humaine ? Nous étions devant l'abîme d'un sentiment tout nouveau et grandiose, inconnu du commun des mortels. Une sensation nouvelle et indéfinissable, indicible, intraduisible en langage humain. Un projet prométhéen qui pouvait soit nous détruire ou bien nous associer au festin divin. Et nous nous sommes regardés comme pour la première fois avec de nouveaux yeux. » Un texte aussi dérangeant que bien écrit. C'est en effet d'une plume hautement lettrée que l'auteur confie, tantôt à l'aide d'extraits de son journal intime, tantôt par l'intermédiaire d'un récit intimiste et réaliste, ses plus secrètes pensées, ses désirs les plus inavouables. L'amour fraternel prend ici une tournure insoupçonnée, et pourtant l'ensemble est rendu avec un talent tel qu'on finit par déceler la beauté de cet amour au final bien naturel. Un texte courageux, et qui met à jour un talent brut pour l'émotion et une sensibilité littéraire à fleur de peau.
Ta mère était très stricte, elle l'est encore toujours d'ailleurs, et elle m'avait ordonné de te donner ton biberon pile à l'heure. Mais souvent tu avais faim avant l'heure et alors tu commençais à agiter les bras et les jambes, et finalement à pleurer. D'abord il y avait tes lèvres et ta bouche, puis tes yeux et finalement toute ta petite frimousse qui pleurait. Et alors je te prenais dans mes bras et je mis le bout de mon index contre tes lèvres. Pour te taquiner, je mettais mon doigt contre le coin de ta bouche et tu bougeais la tête et tes lèvres cherchaient mon doigt, et dès qu'elles l'avaient trouvé elle s'ouvrait pour le sucer goulûment. Et c'est bizarre, mais dès que tu avais le bout de mon doigt dans ta bouche, tu étais satisfaite, calmée, heureuse. Et tu suçais, suçais, avec conviction et application, sérieuse comme si ta vie était en question. Mais bien sûr qu'il n'y avait rien qui sortait de mon doigt. Mais tu étais contente, tu ne demandais pas plus. Et parfois tu ouvrais les yeux en tétant, et tu me regardais très sérieusement comme si tu te demandais s'il était normal que le lait ne venait pas. Et souvent, en te regardant me regarder avec tes yeux noisettes en suçant mon doigt, j'avais les larmes aux yeux et quelques fois, je pleurais même sans savoir pourquoi. Maintenant, je me demande si c'était de bonheur de te voir si contente en suçant mon doigt, ou de tristesse en te voyant si petite, frêle et vulnérable, abandonnée, obligée de te contenter du bout de mon index au lieu du sein maternel.Et alors j'ai juré solennellement, pendant que les larmes coulaient sur mes joues, si jamais je devais avoir un bébé plus tard, que pour rien au monde je l'abandonnerais, et que je lui donnerais le sein et le nourrirais moi-même aussi longtemps que je pouvais.
Bruxelles. Depuis leur jeunesse, Antoine et Alex sont deux frères que tout oppose... sauf leur béguin pour la belle Christine. Un journaliste poète intègre, un avocat amoral, une esthéticienne fatale... Un trio bancal qui se transformera lorsque l'homme de droit épousera la fille unique du procureur du roi. Des promesses et des secrets, lesquels survivront ? Quatuor amoureux ou chassé-croisé pervers ? Mensonges, trahisons, manipulations... Andreas Rosseel met en scène la passion dans ce qu'elle a de plus trouble et livre sans tabou une minutieuse étude de moeurs où rien ni personne ne reste figé. Observant la mutation du sentiment amoureux au fil des ans, il explore avec intelligence les faiblesses humaines et les pièges du couple. Roman tour à tour dérangeant et touchant, sa "Christine" aux mille visages ne laissera personne indifférent.