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Antoine Blondin
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«Le chauffeur n'avait plus le loisir de ralentir... Immobile, le ventre à toucher le capot, les pieds joints, Fouquet enveloppa d'un mouvement caressant la carrosserie de la voiture qui filait contre lui ; un instant, il donna l'impression qu'il allait abandonner sa veste au flanc hérissé de l'auto, mais déjà celle-ci l'avait dépassé, et, coinçant son vêtement sous son bras, il libéra sa main droite pour saluer à la ronde les spectateurs qui s'exclamaient diversement. Ollé, dit-il...»
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«Après la Seconde Guerre mondiale, les trains recommencèrent à rouler. On rétablit le tortillard qui reliait notre village à la préfecture.» Benoît Laborie quitte femme et enfants pour tenter fortune à Paris. Rastignac triste, il s'égare dans le cimetière du Père-Lachaise. Quand il revient au pays, sa mère le prend pour un amant de sa femme et tue l'épouse supposée infidèle. Parce qu'il dégage un parfum de crime, la capitale s'offre à lui. Pas pour longtemps. Un nouveau caprice du Tout-Paris, et il est rejeté.
L'humeur vagabonde est une fable comique et triste, une petite musique aigre-douce au ton inimitable.
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«Des personnages de bonne volonté, dont le courage s'accommode aimablement d'un peu d'absurdité charmante, ont promené leurs mains à travers des greniers de bibliothèques et des caves de journaux pour assembler une centaine de chroniques, élues parmi les quelque deux mille articles que je m'étais appliqué à égarer depuis quarante ans.» Une myriade d'amis, de sportifs, d'écrivains, d'artistes et de personnalités politiques se promène dans ces chroniques, écrites par Antoine Blondin entre 1943 et la fin des années 1980. Aux côtés de Paul Morand, Marcel Aymé ou Jean Giraudoux pédalent Jacques Anquetil et Louison Bobet, tandis que la Callas, «plus radieuse qu'une aube», chante Norma la Douce au Palais Garnier et que les académiciens Goncourt en prennent pour leur grade, «précédés par leur canne, leur ventre ou leur réputation».
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« Au fil d'une année, les voitures des quat' saisons proposent sur les marchées un fouillis de primeurs contrastées en volumes et en couleurs. Il arrive pourtant qu'un oeil sensible découvre une harmonie sous ces disparates : pommes de terre nouvelles, carottes nouvelles, tomates nouvelles... L'auteur de ce livre, à l'éventaire duquel on ne trouve que des nouvelles, tout court, ne souhaite pas autre chose. Il a choisi de remonter le cours des quatre saisons, de l'hiver au printemps, parce qu'ayant été cueilli à froid, il a essayé de terminer sur un coup de grâce. ».
Ainsi Antoine Blondin présentait-il Quat' saisons, couronné du Prix Goncourt de la nouvelle en 1975. Le présent recueil est augmenté de six nouvelles parues en 2004 dans Premières et dernières nouvelles.
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« Ainsi, peu à peu, chaque détour de la route, chaque lacet de la montagne, finit par appeler l'écho d'un exploit et la figure d'un homme. Une nouvelle carte de France se dessine à l'intérieur de l'autre, dont les provinces sont aux couleurs des champions qui s'y sont illustrés, qui les ont illustrées. La mémoire des Anciens, fidèles et fervents, ne serait peut-être pas hostile à ce que ces champs de bataille soient baptisés du nom du rouleur ou du grimpeur qui a trouvé là l'occasion de s'accomplir. Des Vosges aux Pyrénées, sans oublier le Massif central et l'Enfer du Nord, nous verrions s'ouvrir des boulevards Bobet, des avenues du Président-Anquetil, des cours RaymondPoulidor.
Mais le meilleur est sans doute encore d'attacher sa réputation à la conquête d'une victoire d'étape. » Antoine Blondin.
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Monsieur Jadis ou l'école du soir
Antoine Blondin
- Table ronde
- La Petite Vermillon
- 15 Octobre 2020
- 9791037107640
«Alors que la postérité d'Antoine Blondin est souvent trop réduite à des clichés - les Hussards, le brillant chroniqueur sportif, son goût des jeux de mots et des calembours, les frasques de comptoir et les dérives éthyliques de légende immortalisées notamment par l'adaptation d'Un singe en hiver par Henri Verneuil et Michel Audiard -, il faut revenir aux textes. Derrière la mythologie du chantre du Tour de France et des exploits rugbystiques des frères Boniface, sous le folklore de l'ivrogne bagarreur, il y a un merveilleux styliste qui dans ses meilleurs moments est l'un des purs écrivains de langue française. Reprenons ainsi Monsieur Jadis dont certaines pages semblent avoir été écrites pour être lues à voix haute, comme pour une dictée ou une prière.» Extrait de la préface de Christian Authier Dans un fier sursaut de jeunesse, un quinquagénaire se laisse prendre dans une rafle de routine, sous le climat contemporain de Saint-Germain-des-Prés. Conduit dans l'un des rares postes de police qu'il ne connaisse pas encore, on l'y retient pour une vérification d'identité.
À la lumière de cette opération à double sens, qu'il mène pour son propre compte sur le plan de la mémoire, il voit surgir, sous le nom de Monsieur Jadis, le jeune homme qu'il a été, dans d'autres nuits, en d'autres temps, dans d'autres commissariats de police.
«Ma vie est un roman», entend-on dire couramment. Le narrateur prend cette assertion au pied de la lettre. L'image d'une silhouette légère sur la crête des rencontres, des amitiés, des amours, pourra-t-elle satisfaire le farouche jeune homme dont il s'est fait une joie de partager un instant la cellule, ou bien devra-t-il constater qu'il a voulu se mêler à qui ne le regardait pas?
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Le livre le plus insolent sur la Seconde Guerre mondiale. Muguet et vingt autres personnages traversent l'Europe, leurs seules conquêtes sont les femmes. C'est l'esprit de légèreté et la légèreté d'esprit, la naïveté de Candide et la liberté de Don Quichotte qui se laisse conduire où le veut sa monture.
Muguet, héros picaresque, revient de la guerre comme d'une escapade.
L'Europe buissonnière est le premier roman d'Antoine Blondin, publié aux éditions Jean Froissart en 1949 et ayant reçu le prix des Deux Magots l'année suivante. Il a été réédité aux Éditions La Table Ronde en 1953 et publié en Folio mais fait aujourd'hui son entrée en Petite Vermillon.
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« Je voudrais dire que ce gros tas de pages ne contient pas tout à fait la somme de mes connaissances. Si je les ai rassemblées, c'est qu'on ne m'a pas proposé d'autres sujets de composition française , et que ceux-ci ont en commun de traiter d'auteurs ou de personnages vulnérables, parfois éthyliques, et le plus souvent escamotés par le destin. Ils ont tous ma sympathie et correspondent peut-être à certaines de mes vocations. Parler d'eux, c'était encore un peu parler de moi. J'aurais aimé découvrir quelque chose de nouveau qui les concerne et les éclaire. En vain. Je n'ai pu faire que Baudelaire naquît au Guatemala, qu'Alexandre Dumas et Dickens se rencontrassent entre Dieppe et Calais pour échanger des recettes de cuisine dans le dos du Cardinal, ou même que Homère existât d'une façon formelle.
Découvrir, ce n'est pas forcément inventer; connaître, c'est reconnaître.
Maintenant, on peut toujours se ranger à l'avis judicieux de Giovanni Papini : « Si les écrivains ne lisaient pas, les affaires de la littérature iraient extraordinairement mieux. » Antoine Blondin.