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Dans la disruption ; comment ne pas devenir fou ?
Bernard Stiegler
- Actes Sud
- Babel
- 7 Février 2018
- 9782330090685
Pourquoi notre monde est-il en train de devenir fou ? Bernard Stiegler signe un livre fondamental sur les ressorts d'une société qui a vendu le souci d'humanisation au diable d'une technologie aveugle. Avec la connexion planétaire des ordinateurs, des smartphones et des foules, les organisations sociales et les individus qui tentent de s'approprier l'évolution foudroyante de la technologie arrivent toujours trop tard - à tel point qu'ils sont à présent au bord de l'effondrement. C'est ce que l'on appelle la disruption. Cette immense puissance installe un immense sentiment d'impuissance qui rend fou.
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Réenchanter le monde ; la valeur esprit contre le populisme industriel
Bernard Stiegler
- Flammarion
- Champs Essais
- 6 Octobre 2008
- 9782081217843
Paul Valéry, pressentant la catastrophe où menait le nazisme, constatait dès 1939 une «baisse de la valeur esprit». Aurait-il pu imaginer dans quel état de déchéance généralisée tomberait l'humanité quelques décennies plus tard - là où nous en sommes ? En 1939, seulement 45% des Français écoutent la radio, et la télévision n'existe pas encore. En ce début de XXIesiècle, les objets communicants poursuivent les temps de cerveaux disponibles où qu'ils aillent, du lever au coucher. Un capitalisme s'est imposé, que l'on dit tantôt «culturel», tantôt «cognitif», mais qui est avant tout jusqu'à présent l'organisation ravageuse d'un populisme industriel tirant parti de toutes les évolutions technologiques pour faire du siège de l'esprit un simple organe réflexe : un cerveau rabattu au rang d'ensemble de neurones, un cerveau sans conscience. En 2005, le Medef réunissait son université d'été sous la bannière du «réenchantement du monde». Ce livre propose de le prendre au mot : réenchanter le monde, c'est nécessairement revisiter et réévaluer le rôle de l'esprit dans l'organisation de l'économie.
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Réflexion sur l'impact de la société de consommation sur la production et la diffusion de symboles et la diversité des individus en matière de mentalité, d'intellect, d'affects et de jugement esthétique.
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La télécratie contre la démocratie
Bernard Stiegler
- Flammarion
- Champs Essais
- 6 Octobre 2008
- 9782081217829
La télécratie contre la démocratie La télécratie qui règne désormais en France comme dans la plupart des pays industriels ruine la démocratie : elle remplace l'opinion publique par les audiences, court-circuite les appareils politiques et détruit la citoyenneté. La télévision et l'appareil technologique qui la prolonge à travers les réseaux numériques de télécommunication sont en cela devenus le premier enjeu politique. À travers ce que l'on appelle les industries de programmes, c'est la relation politique elle-même qui est devenue un nouveau marché, et ce marketing confine aujourd'hui à la misère politique : au cours de la dernière décennie, l'appareil télécratique a développé un populisme industriel qui engendre à droite comme à gauche une politique pulsionnelle, et qui semble conduire inéluctablement au pire. Ce devenir infernal n'est pourtant pas une fatalité. La philosophie se constitua à son origine même contre la sophistique : celle-ci, par une appropriation abusive de l'écriture, développait une gangrène qui menaçait de guerre civile la cité athénienne. De cette lutte contre les tendances démagogiques de la démocratie grecque résultèrent les formes de savoirs qui caractérisent l'Occident. Prônant un nouveau modèle de civilisation industrielle, cet ouvrage affirme qu'un sursaut démocratique contre les abus de la télécratie est possible, et appelle l'opinion publique française et européenne à se mobiliser contre la dictature des audiences.
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Qu'appelle-t-on panser ? Tome 2 ; la leçon de Greta Thunberg
Bernard Stiegler
- Les Liens Qui Liberent
- 15 Janvier 2020
- 9791020907868
Après le succès de librairie de «Dans la disruption», faisant même entrer le terme « disruptif » dans le Larousse, le philosophe Bernard Stiegler s'intéresse à l'ère de la post-vérité. Dans ce deuxième tome, qui succède à «L'immense régression» le célèbre philosophe s'attache à comprendre les grandes mutations à l'oeuvre dans nos sociétés contemporaines.
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Qu'appelle-t-on panser ? Tome 1 ; l'immense régression
Bernard Stiegler
- Les Liens Qui Liberent
- 1 Juillet 2021
- 9791020905505
Après le succès de librairie de «Dans la disruption», faisant même entrer le terme « disruptif » dans le Larousse, le philosophe Bernard Stiegler s'intéresse à l'ère de la post-vérité. Un ouvrage important pour comprendre les grandes mutations à l'oeuvre dans nos sociétés contemporaines.
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La technique est appréhendée comme horizon de toute possibilité à venir et de toute possibilité d'avenir. L'auteur explique comment l'Occident a refoulé la technique comme objet de pensée, en oubliant une figure, celle d'Epiméthée, le frère jumeau de Prométhée. Il plaide pour une rencontre de la philosophie et de la technologie.
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Le 19 juillet 2014, le journal Le Soir révélait à Bruxelles que selon des estimations américaines, britanniques et belges, la France, la Belgique, le Royaume-Uni, l'Italie, la Pologne et les États-Unis pourraient perdre entre 43 et 50 % de leurs emplois dans les dix à quinze prochaines années. Trois mois plus tard, le Journal du dimanche soutenait que trois millions d'emplois seraient condamnés à disparaître en France au cours des dix prochaines années.
L'automatisation intégrée est le principal résultat de ce que l'on appelle « l'économie des data ». Organisant des boucles de rétroactions à la vitesse de la lumière (à travers les réseaux sociaux, objets communicants, puces RFID, capteurs, actionneurs, calcul intensif sur données massives appelées big data, smart cities et robots en tout genre) entre consommation, marketing, production, logistique et distribution, la réticulation généralisée conduit à une régression drastique de l'emploi dans tous les secteurs - de l'avocat au chauffeur routier, du médecin au manutentionnaire - et dans tous les pays.
Pourquoi le rapport remis en juin 2014 au président de la République française par Jean Pisani-Ferry occulte-t-il ces prévisions ? Pourquoi le gouvernement n'ouvre-t-il pas un débat sur l'avenir de la France et de l'Europe dans ce nouveau contexte ?
L'automatisation intégrale et généralisée fut anticipée de longue date - notamment par Karl Marx en 1857, par John Maynard Keynes en 1930, par Norbert Wiener et Georges Friedmann en 1950, et par Georges Elgozy en 1967. Tous ces penseurs y voyaient la nécessité d'un changement économique, politique et culturel radical.
Le temps de ce changement est venu, et le présent ouvrage est consacré à en analyser les fondements, à en décrire les enjeux et à préconiser des mesures à la hauteur d'une situation exceptionnelle à tous égards - où il se pourrait que commence véritablement le temps du travail.
Bernard Stiegler, philosophe, est notamment l'auteur de la Technique et le Temps, Mécréance et discrédit, Ce qui fait que la vie vaut la peine d'être vécue, États de choc. Bêtise et savoir au XXIe siècle. Depuis 2006, il dirige l'Institut de recherche et d'innovation (IRI) et préside l'association Ars Industrialis, Association internationale pour une politique industrielle des technologies de l'esprit. -
L'intelligence des villes et la révolution urbaine
Bernard Stiegler
- Fyp
- Nouveau Monde Industriel
- 19 Juin 2020
- 9782364051928
Reconfigurés par le processus d'hyper industrialisation, les villes et les territoires tentent de répondre aux défis presque inconcevables que constitue l'Anthropocène en se mettant en réseau. Mais les smart cities, généralement présentées comme solution à tous les problèmes urbains, s'imposent sans concertation citoyenne, et leurs promoteurs font de l'espace public un marché privé au détriment de l'intérêt collectif des localités qu'ils disruptent. Cela affecte les conditions de l'aménagement du territoire, de la gestion et des services, tout autant que l'économie urbaine et les politiques locales. Cet ouvrage analyse le problème crucial de la restitution de la souveraineté numérique aux individus et aux puissances publiques face à la montée en puissance des plateformes digitales (GAFAM) et propose une description des profonds changements causés par un déploiement immature des nouvelles technologies digitales.
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L'impression que la déraison domine désormais les hommes accable chacun d'entre nous. Que la rationalisation qui caractérise les sociétés industrielles conduise à la régression de la raison (comme bêtise ou comme folie), ce n'est pas une question nouvelle : Theodor Adorno et Max Horkheimer nous en avertissaient déjà en 1944 - au moment où Karl Polanyi publiait La Grande Transformation.
Cette question a cependant été abandonnée, tandis qu'au tournant des années 1980, la rationalisation de toute activité, rapportée au seul critère de la « performance », était systématiquement et aveuglément orchestrée par la « révolution conservatrice » - imposant le règne de la bêtise et de l'incurie.
Tout en mettant en évidence les limites de la philosophie qui inspirait l'École de Francfort, le post-structuralisme laisse aujourd'hui ses héritiers désarmés devant ce qui s'impose comme une guerre économique planétaire et extrêmement ravageuse.
Naomi Klein a soutenu que la théorie et la pratique ultralibérales inspirées de Milton Friedman reposaient sur une « stratégie du choc ». L'« état de choc » permanent règne cependant depuis le début de la révolution industrielle - et plus encore depuis le temps où s'applique ce que Joseph Schumpeter décrivit comme une « destruction créatrice », caractéristique du modèle consumériste.
À partir des années 1980, sous l'impulsion de Ronald Reagan et Margaret Thatcher, l'état de choc technologique a été suscité par un marketing planétaire ne rencontrant plus aucune limite, imposant la prolétarisation généralisée, et détruisant l'économie libidinale : ainsi s'est installé le capitalisme pulsionnel où la destruction créatrice est devenue une destruction du monde.
L'état de choc est ce que le post-structuralisme n'aura pas pensé, principalement en raison de deux malentendus : 1. quant au sens de la prolétarisation (que Marx pense avant tout comme une perte de savoir induite par un choc machinique), 2. quant à la nature de l'économie libidinale (au sein de laquelle Freud, à partir de 1920, distingue la libido de la pulsion).Bernard Stiegler, philosophe, est notamment l'auteur de La Technique et le Temps, Mécréance et discrédit, Prendre soin. De la jeunesse et des générations et Ce qui fait que la vie vaut la peine d'être vécue. Depuis 2006, il dirige l'Institut de recherche et d'innovation (IRI) et préside l'association Ars Industrialis, Association internationale pour une politique industrielle des technologies de l'esprit. -
Prendre soin de la jeunesse et des générations
Bernard Stiegler
- Flammarion
- 20 Février 2008
- 9782081207363
Le biopouvoir que Michel Foucault s'est si puissamment attaché à décrire
n'est plus ce qui trame notre époque : l'enjeu est désormais le psychopouvoir,
où il s'agit moins d'«utiliser la population» pour la production que de la constituer
en marchés pour la consommation.
Foucault décrit la genèse de l'État s'acheminant vers la révolution industrielle
avec la conquête du pouvoir par la bourgeoisie et les conditions de formation
du capitalisme typique du XIXe siècle, tel que l'aura analysé Marx, où la première
préoccupation est la production. Or, la seconde moitié du XXe siècle rencontre
de tout autres questions : il s'agit d'organiser la révolution des modes d'existence
humains, voire leur liquidation, comme modes de consommation éliminant les
savoir-vivre dans ce qui devient une économie industrielle de services dont
les industries de programmes sont la base. La science de cette nouvelle mobilisation
totale est moins la cybernétique, comme le croyait Heidegger, que
le marketing.
Le psychopouvoir apparaît de nos jours pour ce qu'il est : ce qui fait des
enfants les prescripteurs de leurs parents, et de ces parents, de grands enfants
- le marketing détruisant ainsi tout système de soin et, en particulier, les circuits
intergénérationnels. Il en résulte une destruction systématique de l'appareil
psychique juvénile.
Les psychotechnologies monopolisées par le psychopouvoir sont des cas
de ce que Platon, critiquant l'usage de l'écriture par les sophistes, appelait un
pharmakon : un poison qui peut aussi être un remède. Au début du XXIe siècle,
la reconstitution d'un système de soin exige de renverser la logique du psychopouvoir
pour mettre en oeuvre une politique de l'esprit. Cela requiert l'élaboration
d'une pharmacologie qui analyse les caractéristiques des psychotechnologies
contemporaines et d'une thérapeutique qui les mette au service d'un nouveau
système de soin.
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La vérité numérique ; la recherche et l'enseignement supérieur à l'ère des technologies numériques
Bernard Stiegler
- Fyp
- Nouveau Monde Industriel
- 11 Juillet 2018
- 9782364051621
La métamorphose numérique des savoirs et de l'enseignement constitue un enjeu majeur du 21e siècle et se place au premier rang des priorités des universités et des organismes de recherche. De nouvelles conditions de publication, de certification et d'éditorialisation se mettent en place. Des règles et des méthodes pédagogiques inédites forment un processus dynamique qui doit pousser les institutions académiques, l'industrie et le monde économique à coopérer au-delà de la modernisation de la pédagogie ou du développement de compétences nouvelles. Mais beaucoup d'initiatives apparaissent comme des tendances en vogue sujettes à tous les vents et contrevents médiatiques, et vite dépassées par la dernière nouveauté, à l'exemple des MOOC déjà remplacés par les SPOC. Bernard Steigler a fait appel aux meilleurs spécialistes mondiaux pour démontrer que ce n'est pas seulement la pédagogie qui est bouleversée mais ce sont les savoirs eux-mêmes, depuis la recherche de pointe jusqu'aux formes les plus élémentaires de l'enseignement. L'ouvrage dresse un panorama complet des technologies réflexives et contributives, analyse en profondeur le principe de gouvernementalité algorithmique considéré désormais comme « régime de vérité » et « tournant computationnel » de la société hyperindustrielle. Il propose une méthodologie novatrice de gestion de débats et de communautés, construite sur un autre modèle que celui des réseaux sociaux actuels. Cet ouvrage de référence pose les bases d'une nouvelle industrie éditoriale numérique et audiovisuelle.
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Ce qui fait que la vie vaut la peine d'être vécue ; de la pharmacologie
Bernard Stiegler
- Flammarion
- 2 Octobre 2010
- 9782081220355
Qu´on l´admette ou qu´on le dénie, chacun sent bien qu´à présent l´avenir de la vie terrestre se trouve mis en jeu dans une urgence inouïe. Et chacun sait que, depuis la séquence historique qui s´est engagée en 2007 et qui paraît avoir déclenché ce qu´on appellerait en physique nucléaire une réaction en chaîne, chaque pas compte et semble se surcharger systémiquement de conséquences très difficilement réversibles - sinon absolument irréversibles.
Cette crise est sans précédent d´abord en cela. Si krisis signifie bien et d´abord décision, elle est critique comme jamais : elle révèle que le destin humain - qui est un destin inéluctablement technique et technologique - est pharmacologique au sens où, en grec, le pharmakon est à la fois le remède et le poison.
Le pharmakon est à la fois ce qui permet de prendre soin et ce dont il faut prendre soin - au sens où il faut y faire attention : c´est une puissance curative dans la mesure et la démesure où c´est une puissance destructrice. Tel est aussi le feu dans la mythologie grecque. Devenu technologie industrielle, le pharmakon est de nos jours hégémoniquement contrôlé par l´économie, c´est-à-dire par le marketing, et c´est une calamité. Cet état de fait, qui a installé une économie de l´incurie génératrice d´une bêtise systémique, signifie que la question du soin - que l´on appelle aussi le care - est une affaire d´économie politique, et non seulement d´éthique.
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L'économie de l'hypermatériel et psychopouvoir : Entretiens avec Philippe Petit et Vincent Bontems
Bernard Stiegler
- Mille Et Une Nuits
- 6 Février 2008
- 9782842059453
Dans un contexte international marqué par la tenue à Tunis, à l?automne 2005, d?un sommet mondial (organisé par l?ONU), concernant « la société de l?information », ce livre d?entretiens a pour objet la question de l?avenir de l?Europe industrielle, entendue comme processus d?individuation psychique et collective. Dans cette Europe, où les industries (notamment les industries culturelles et cognitives) tentent de formaliser, contrôler, transformer et soumettre ce qui relève de l?esprit (aussi problématique que soit ce terme), par le moyen des technologies informationnelles et communicationnelles, l?esprit lui-même devient l?enjeu et l?objet d?une guerre.
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De la misere symbolique t2. la catastrophe du sensible - vol02
Bernard Stiegler
- Galilee
- 7 Avril 2005
- 9782718606347
L'artiste est une figure exemplaire de l'individuation psychique et collective, telle qu'un je n'est qu'au sein d'un nous, et telle qu'un nous est constitué à la fois par le potentiel sursaturé et tendu du fonds pré-individuel que suppose ce processus, et par des dia-chronies en quoi consistent les je à travers lesquels il se forme.
Ce processus est un flux lui-même constitué de tourbillons : les tourbillons sont des flux en spirales formant au sein du flux des contre-courants sans fin. ces contre-courants reconduisent cependant au courant par leurs courbures singulières, et sont ainsi - à contre-courant - la réalité du courant dominant. un artiste est un tourbillon d'un type particulier dans ce flux : il est investi d'une tâche dans la préparation du fonds pré-individuel des je et des nous à venir.
Et, en même temps, il est un opérateur de trans-individuation du pré-individuel disponible : il crée des oeuvres, c'est-à-dire des artefacts, qui ont pour caractéristique d'ouvrir l'à-venir comme singularité de l'indéterminé par un accès au refoulé qui trame la puissance de ce qu'aristote nommait l'âme noétique, et comme sa possibilité - qui n'est que par intermittences - de passer à l'acte. c'est un accès au sauvage.
Le sauvage, comme double tendance d'un fonds pulsionnel liable, est ce que le désir sublimé apprivoise mais ne domestique pas. et le sauvage, non sublimé, retourne à sa pure sauvagerie. l'art, et l'esprit oú il advient, sont les noms de cette sublimation, et ils sont aujourd'hui gravement menacés. ce qui signifie que le sauvage brut est partout menaçant. ce livre présente le projet d'une organologie générale et d'une généalogie du sensible - en vue de penser ultimement la sauvagerie de notre temps.
Il poursuit l'analyse qui a été avancée dans des ouvrages antérieurs de l'économie libidinale propre au capitalisme hyperindustriel, principalement à travers la question de l'art, comme liquidation de l'économie de la sublimation sous toutes ses formes. il s'agit de fourbir des armes : de faire d'un réseau de questions un arsenal de concepts, en vue de mener une lutte. le combat à mener contre ce qui, dans le capitalisme, conduit à sa propre destruction, et à la nôtre avec lui, constitue une guerre esthétique.
Elle-même s'inscrit dans une lutte contre un processus qui n'est rien de moins que la tentative de liquider la " valeur esprit ", comme disait valéry.
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l'évolution du système techno-scientifique mondial forme la base du devenir des sociétés humaines et constitue une individuation au sens défini par simondon.
mais le devenir en quoi consiste cette individuation n'est possible qu'à la condition de se transformer en avenir par son insertion dans le processus d'une individuation psychique et collective. c'est ce que j'ai développé dans la technique et le temps. après la publication de aimer, s'aimer, nous aimer. du 11 septembre au 21 avril, il m'a parfois été dit que le ton de mes ouvrages était devenu " pessimiste ", et que j'avais, en fin de compte, modifié ma compréhension de la question de la technique et de la technologie.
or, j'ai toujours écrit que le devenir du système technique nécessitait, pour devenir l'avenir de la société oú il se produit, un double redoublement épokhal, c'est-à-dire une double interruption du cours ordinaire des choses : dans ce processus complexe qu'est l'individuation psycho-sociale, une mutation technique suspendant un état de fait dominant - ce qui est la première épokhè, la première suspension de l'ordre établi -, il faut que la société opère une seconde suspension pour que se constitue une époque à proprement parler, ce qui signifie : pour que s'élabore une pensée nouvelle se traduisant dans de nouveaux modes de vie, et, autrement dit, que s'affirme une volonté nouvelle d'avenir, établissant un nouvel ordre - une civilisation, une civilité réinventées.
dans le présent ouvrage, il s'agit d'examiner ce qui empêche que s'accomplisse ce double redoublement comme invention de nouveaux modes de vie. cet empêchement induit une décadence des démocraties industrielles. l'hypothèse générale est que le modèle industriel mis en oeuvre depuis le début du xxe siècle, et qui repose sur la partition production/consommation, est devenu totalement caduc, et conduit dans une impasse le capitalisme et les démocraties oú il se développe.
un signe de cette impasse et de la déchéance qui s'y produit est la crétinisation des consommateurs délibérément organisée par les chaînes de télévision. une pensée n'a de sens que si elle a la force d'ouvrir à neuf l'indétermination d'un avenir. mais cet avenir ne peut donner de nouveaux modes de vie que si ces vies constituent de nouveaux modes d'existences : la vie humaine est une existence. or, la situation présente est caractérisée par le fait que cela ne se produit pas, et qu'à la création nécessaire de ces nouveaux modes d'existence s'est substitué un processus adaptatif de survie d'oú disparaissent les possibilités mêmes d'exister, rabattues sur de simples modalités de la subsistance - oú l'on vend " du temps de cerveau humain ".
c'est ce que j'ai appelé la misère symbolique, que j'analyse ici comme prolétarisation généralisée. l'homme peut sans doute subsister sans exister. je crois cependant que cette subsistance n'est pas durable : elle devient rapidement psychiquement et socialement insupportable, parce qu'elle conduit inexorablement à la liquidation du narcissisme primordial. et cette liquidation conduit elle-même à celle de la loi.
c'est-à-dire de ce qui constitue la condition d'un démos : la différence du fait et du droit. le modèle industriel caduc liquide ainsi le politique, et il fait de la démocratie une farce dont ne peuvent surgir que mécréante et discrédit.
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Digital studies ; organologie des savoirs et technologies de la connaissance
Bernard Stiegler
- Fyp
- Innovation
- 10 Mars 2014
- 9782364051089
Le numérique bouleverse les savoirs, et depuis quelques années a émergé le concept de digital humanities (humanités numériques), paradigme à travers lequel les sciences de l'homme et de la société prennent acte de ce devenir. Cet ouvrage, qui s'inscrit évidemment dans cette dynamique, pose cependant en principe que les digital humanities ne sont qu'une dimension de ce qu'il faut appréhender plus largement comme les digital studies, lesquelles concernent toutes les formes de savoirs, théoriques aussi bien que pratiques. Il soutient autrement dit que le numérique constitue une mutation globale des savoirs sous toutes leurs formes (scientifiques, artistiques, politiques, sociaux au sens le plus large, pratiques dans tous les domaines) qui pose des questions épistémologiques fondamentales et radicalement nouvelles. Le contexte géopolitique de cette réflexion - qui a donné lieu à la constitution d'un réseau international par l'Institut de recherche et d'innovation (cf. digital-studies.org) - est l'émergence d'une industrie planétaire des savoirs pour laquelle l'Amérique du Nord tente de constituer ce que l'on appelle désormais un smart power.
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Pour une nouvelle critique de l'économie politique
Bernard Stiegler
- Galilee
- 19 Mars 2009
- 9782718607979
Plongés au coeur d'une crise sans précédent historique celle d'un capitalisme devenu planétaire - nous débattons de ce qui la caractérise, et des conditions pour en sortir au plus vite : d'autant plus vite que les ravages terrifiants qu'elle engendre pourraient évidemment conduire à des menaces géopolitiques d'une ampleur encore inconnue. Au centre de ces débats se loge une contradiction dont nul ne semble avoir conscience - ou vouloir prendre conscience dans les mondes de l'économie et de la politique : c'est que le principal facteur de la crise est l'épuisement du modèle consumériste. Celui-ci, devenu intrinsèquement toxique, fait système avec la destruction de l'investissement par un capitalisme hyperspéculatif à tendance mafieuse, et repose sur ce qu'il faut appréhender comme une bêtise systémique. L'inconscience dont il s'agit est en vérité l'un des effets les plus graves, dans la nouvelle situation créée par la crise, de la bêtise sécrétée par le modèle consumériste tel qu'elle se trouve renforcée par ce qui constitue aussi, dans ce contexte, un refoulement le refoulement d'une réalité qui place les sociétés hyperindustrielles devant ce qui se présente comme un paradoxe. Car s'il faut évidemment relancer la machine économique par l'investissement et par la consommation pour éviter une dépression mondiale qui engendrerait une terrible aggravation des injustices sociales, déjà intolérables et dont l'horizon malheureusement probable serait un conflit mondial, le faire par la simple reconduction du modèle consumériste qui est à l'origine de la crise ne pourrait qu'aggraver encore la situation. S'il faut relancer la consommation, cela ne peut être qu'en vue de soutenir des investissements dans un nouveau modèle industriel, non consumériste et porté par une politique publique mondialement concertée : l'enjeu est un New Deal en ce sens - pour lequel Keynes ne saurait suffire et où Freud doit être convoqué. La question est celle de l'investissement au-delà de la consommation, c'est-à-dire aussi tel qu'il doit être repensé au regard de ce que ce terme signifie depuis Freud - extension de l'économie de l'investissement qui doit conduire à une nouvelle façon de penser le travail. Ce petit ouvrage est consacré à l'examen des éléments axiomatiques étayant cette analyse. Il tente d'esquisser les fondements d'une économie de la contribution. Il invite la philosophie contemporaine à réévaluer la question de l'économie et de sa critique - une nouvelle critique de l'économie politique fondée sur une critique de l'économie libidinale au moment où l'économie libidinale capitaliste est devenue structurellement pulsionnelle.
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L'attente de l'inattendu
Bernard Stiegler
- Haute Ecole D'Art Et De Design
- 1 Janvier 2005
- 9782970047483
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La place que j'ai accordée à la technique dans ma pensée a été ménagée par le fait que j'ai adopté dès ma jeunesse de lycéen une vision matérialiste de la chose politico-philosophique.
Je me considère encore matérialiste, bien que voyant dans le matérialisme ordinaire une forme de métaphysique très vulgaire et archaïque. pour autant, au cours de mon histoire proprement philosophique, qui a commencé assez tardivement, et en quelque sorte par accident, la question ne fut pas d'abord la technique, mais bien la mémoire, et, à travers platon, la réminiscence comme la possibilité même de savoir, autrement dit, comme l'origine du savoir.
C'est sur ce chemin de la mémoire que j'ai retrouvé la technique : il m'est apparu plus tard que la technique était le coeur même de cette question de la mémoire. je ne me considère pas comme un " philosophe de la technique ", mais plutôt comme un philosophe qui tente de contribuer avec quelques autres à établir que la question philosophique est, et est de part en part, l'endurance d'une condition que je dis techno-logique : à la fois technique et logique, d'emblée forgée sur la croix que forment le langage et l'outil, c'est-à-dire ce qui permet à l'homme son extériorisation.
Or, l'extériorisation techno-logique est un accident, c'est-à-dire un défaut : un défaut d'origine autant qu'un défaut originaire. entre " l'origine " et " la fin ", mais aussi à l'origine et à la fin, au cours du temps et comme ce cours, se tient un processus accidentel, et non seulement essentiel, tel que des choses arrivent, qui font que, contrairement à l'illusion métaphysique, la fin n'est pas déjà là dans l'origine.
C'est cette accidentalité (et la généalogie qu'elle appelle) que la philosophie doit savoir penser : la penser, c'est-à-dire en faire une nécessité du défaut, un défaut qu'il aura fallu. cette accidentalité est le sens premier de la technique, dont la philosophie doit être capable de dire non pas l'essence, mais la nécessité, contre le danger toujours imminent de la vanité, de l'absurde et de l'im-motivé, de l'ir-rationnel : la raison est d'abord le motif.
Telle est sa responsabilité du philosophe - par accident, et par défaut.
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Confiance, croyance, crédit dans les mondes industriels
Bernard Stiegler
- Fyp
- Nouveau Monde Industriel
- 17 Août 2012
- 9782916571751
Au moment où le consumérisme s'écroule, un nouveau monde industriel est en train d'apparaître, qui nécessite de nouveaux types d'investissement, sans rentabilité à court terme, et par rapport auxquels l'ancien modèle résiste. Cet ancien modèle est celui qui a produit Fukushima avec Tepco, c'est aussi le modèle de Servier, c'est le modèle de Goldman Sachs qui a tué la Grèce moderne, c'est le modèle de pseudosystèmes de " crédit " et d'" investisseurs " qui sont devenus des dispositifs de spéculation sur la dette, c'est-à-dire de destruction de l'investissement. Dans ce contexte, comment penser dans le nouvel âge de l'inquiétude qui semble commencer en ce début de XXIe siècle ? Telle est la question que pose Bernard Stiegler en ouverture de cet ouvrage consacré à la confiance, à la défiance, au crédit et à la technologie dans les mondes industriels. Des contributeurs prestigieux - chercheurs, philosophes, historiens, sociologues, prospectivistes - proposent une étude sans concession des notions de confiance et de crédit, et de leurs fondements politiques, économiques, financiers, philosophiques, sociaux, industriels et technologiques. Ils en analysent toutes les transformations dans le contexte actuel de crise et de développement du numérique. Enfin, ils explorent les principes et les conséquences des nouveaux outils qui pourraient soit recréer la confiance, soit aggraver la défiance - faute d'une politique publique appropriée, par exemple en matière d'ouverture des données publiques, d'évaluations par les pairs, de réputation et de légitimité par l'action au sein d'une économie de contribution rompant véritablement avec le modèle consumériste.
Ouvrage réalisé sous la direction de Bernard Stiegler, avec les contributions de : Ulrich Beck, Nicolas Auray, Valérie Peugeot, Laurence Fontaine, Hidetaka Ishida, Patrick Viveret, Michel Guérin, Bernard Umbrecht, Alain Mille et Jean-Philippe Magué.
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