Christian Combaz, réfugié en province depuis trente ans, nous invite à écouter une France que personne n´entend plus mais dont il craint qu´elle ne finisse par élever la voix. Sa chronique villageoise prend souvent le ton de la parabole et nous offre un tableau chaleureux d´une population vouée au service d´autrui, résignée à un sort ordinaire, mais qui n´a jamais suscité autant d´ironie chez les parvenus.
Du vieux curé qui vit avec l´épicière au partisan de José Bové qui s´enrichit dans l´immobilier, du clochard algérien devenu la coqueluche du conseil général au menuisier local qui se flatte d´avoir la clientèle du Dalaï-lama, ce livre est truffé de personnages peu convenus mais archétypiques, d´événements à la fois locaux et planétaires et de bons sentiments propres à éveiller l´intérêt du journal de 13 heures - heure à laquelle, symboliquement, l´horloge de Campagnol est restée bloquée.
Couverture : photomontage d´après un panneau © Alexandre Fundone / Flickr / Getty Images et un paysage de campagne © Derek Croucher / Photographer´s choice / Getty Images
Fondé par des tribus d'Asie, mû dès l'an mille par un désir fervent d'appartenir à l'Europe chrétienne, Budapest n'a jamais cessé de résumer le meilleur de notre civilisation. Liée aux Anjou, aux Habsbourg, à l'Italie de Botticelli et du Titien; francophile au XVIIIe, anglophile au XIXe siècle, temple de l'Art nouveau, la ville n'a jamais cessé de synthétiser toutes les valeurs du continent. Écartelé entre Orient et Occident, Budapest fut aussi malheureusement, du fait de sa position stratégique, le cadre de toutes les convoitises et le lieu de toutes les cruautés. À la veille du cinquantenaire de l'invasion soviétique, l'histoire de Budapest rappelle que l'appartenance à l'Europe peut se payer cher. Roman vrai d'une cité martyre, roman traversé par des figures historiques aussi mythiques que Sissi ou Franz Liszt, roman du malheur urbain par excellence, de la guerre des civilisations, mais aussi des plus grands raffinements intellectuels, du courage politique et de l'abnégation, ce livre devrait faire réfléchir ceux qui croient que le destin de l'Europe peut s'affranchir de l'Histoire.
Ce livre est une parabole. À la fois une histoire et une démonstration.
L'histoire est celle de deux retraités, un sexagénaire et un octogénaire qui, face aux rebuffades, aux escroqueries téléphoniques, aux complexités administratives imposés par une France où règne le jeunisme, décident de se présenter aux élections législatives.
La démonstration est celle que, à l'égard des anciens qui sont bafoués, il suffirait d'un peu de solidarité, de compréhension, de reconnaissance pour changer les choses. Voici une nouvelle imprécation de Combaz douce, et violente, parfois ironique, toujours juste, qui porte un message d'espoir.
Une oeuvre actuelle dont les héros sont les grands « oubliés » de la République.
Simon Fouchet aime la compagnie des vieux célibataires. Avec le soutien de Nadine, il tente sa chance comme journaliste, affronte un pervers narcissique, devient l'amant d'un général d'aviation, fréquente une pension pour vieux prélats au Vatican, etc.
" Les partisans de l'internationale, qu'elle soit communiste ou marchande, nous assomment de leur vision horizontale de la planète depuis plus d'un siècle.
Chacun sait que, pour étendre son horizon dans ce cas-là, il faut tôt ou tard monter sur les autres. Tandis que l'universel, le vertical, c'est l'égalité à la portée de tous. Pour prendre sa mesure sous les étoiles, pas besoin d'écraser autrui ou de dresser des tours de deux cents mètres. Il suffit de lever les yeux. "
Le jour de son centième anniversaire, au lieu de répondre aux toasts et aux discours par les banalités d'usage, le richissime Victor Wiegant déploie son mètre quatre-vingt dix et s'administre une dose de cocaïne sous les yeux de ses invités, avant de leur annoncer: «Si je ne suis pas mort dans un quart d'heure, je vais passer une journée formidable.» Il soeensuit plusieurs mois de frasques à l'échelle de ses moyens financiers.
Scandales dans les théâtres et les restaurants les plus chics, déclarations fracassantes en direct à la télévision, générosités spectaculaires, délires mystiques, fantaisies mégalomaniaques. Rien ne semble pouvoir arrêter ce vieillard qui noea plus rien à perdre.
Comme le dit le narrateur : «Les hommes qui mesurent un mètre quatre-vingt dix n'ont pas tous de l'assurance. Les gens riches non plus et les vieux encore moins. Mais ceux qui sont à la fois grands, riches et vieux semblent avoir compris qu'ils n'ont plus de prédateurs.»
Après la guerre à Paris, deux êtres que tout semble séparer, un restaurateur homosexuel et un juge catholique et père de famille, sont réunis par le sauvetage d'une fillette abandonnée.
Pendant trente ans, cette Marianne, devenue ce qu'on appelait autrefois une " traînée ", tombe dans tous les panneaux de l'époque, ruine les efforts de ses bienfaiteurs, les oblige à remonter à quelque faute originelle et finit, à force de maladresse devant la vie, par leur infliger une rédemption qu'ils ne réclamaient pas.
Les jeunes ambitieux se confient volontiers au premier venu, surtout s'il a dépassé la trentaine. pour simon faugier, l'aventure aurait pu s'arrêter là. or elle va beaucoup plus loin. un confident d'un soir voit en lui une proie facile. cet inquiétant chasseur de têtes commence par envoyer simon chez un riche septuagénaire. victor wiegant lui propose un travail de bibliothécaire, puis le fait entrer comme rédacteur dans une revue d'art, dont il est le propriétaire, avant de l'associer à l'organisation d'un festival de musique, dont il est cette fois le bailleur de fonds.
Simon y gagne rapidement l'amitié de cet homme chez lequel il passe la moitié de ses journées. fascination d'un jeune arriviste pour la richesse d'un vieux bourgeois ? pas sûr. ce n'est pas l'argent qui fascine simon, car il en a. ce n'est pas non plus la bourgeoisie, car il en fait partie. c'est plutôt l'âge.
«du grand art. seul compte le ton, et combaz en a un qui frappe tout de suite par son élégance, son impassibilité mériméenne, son aptitude à clarifier, dans la psychologie de l'individu, les manigances de l'ombre », écrit angelo rinaldi dans l'express en 1979, à la sortie de messieurs, premier roman de christian combaz.
Christian combaz est l'auteur d'une biographie de tycho brahe, de nombreux essais polémiques, dont enfants sans foi ni loi, et d'une quinzaine de romans - le dernier, nus et vêtus, est paru en 2002 chez fayard.