Chloé - cinq ans - passe ses vacances d'été en Malaisie avec Paul, son père, de cinquante ans plus âgé qu'elle.
Une connivence de tout instant les unit, une complicité dans l'aventure improvisée qui les conduit de l'île de Pinang et sa superbe maison coloniale aux plages torrides de la côte est, par le survol des jungles montagneuses, des rizières, des lagunes, au hasard des rencontres et de jeux où surgit par éclairs une scène du passé.
Chloé, influencée par ses lectures - toutes les bandes dessinées anglaises, chinoises, qui lui tombent sous la main -, se voit espionnée par d'étranges personnages à éclipses.
Paul conforte sans déplaisir une affabulation qui peu à peu se retourne, se révèle juste en fin de compte et trouve à Malacca - ville-butoir des conquérants Blancs - un dénouement fantastique inattendu.
Mon double à Malacca a été publié originellement en 1982.
À l'origine de ce livre écrit à partir de quatorze entretiens réalisés sur plus d'un an et demi, la volonté d'Alexis Pelletier de réfléchir, sur la matière de l'écrit et sur son développement dans l'oeuvre de Claude Ollier. Récit, aventure, voix, corps, rythme et souffle, tels furent, parmi d'autres, les mots de départ de cette investigation au sein d'une entreprise commencée quarante années plus tôt. Et si à aucun moment ce livre ne prétend mettre en place une conception universelle du travail de l'écrivain ni théoriser la narration ou les rapports existant entre la vie et l'oeuvre, il permet de prendre une plus large et plus profonde mesure de l'importance aujourd'hui de Claude Ollier, de ce qu'est la littérature contemporaine, de ses implications et de ses enjeux.
Ce recueil est composé de textes écrits sur ou à propos de films de tous genres, durant dix annnées, de 1958 à 1968, dans diverses revues de littérature comme de cinéma : La Nouvelle Revue Française, le Mercure de France et les Cahiers du cinéma, et aussi Médiations, Critique, la Revue de Paris, Les cahiers du Chemin, Les Lettres Françaises. Ce sont tantôt de simples notes sur un film, ou une critique plus développée, tantôt un article portant sur un ensemble de films, ou l'oeuvre d'un cinéaste, et s'essayant à dégager les traits communs de la production de l'époque - celle de la «Nouvelle Vague» - ou les caractéristiques d'un style déterminé. Une introduction à ce «choix critique» met en lumière les deux motivations fondamentales qui ont animé son auteur : la relation du cinéma à son enfance, au temps du cinéma familial de quartier, et le lien étroit entre sa pratique romanesque et le travail de la fiction dans ces films, dont il a été un spectateur attentif et passionné.
Ces cinq textes appartiennent en effet au genre fantastique. A chacun on voit un personnage, le narrateur, ou l'un de ses avatars, sujet d'un décrochement, d'un glissement qui l'amène dans une autre dimension de la réalité, ou de la conscience. Par exemple, à sa fenêtre, chez lui, il voit tout à coup le monde se transformer et lui se trouver précipité dans une étendue sans plus de reliefs, ou de repères. Et, tout cela, bein sûr, comme toujours chez Claude Ollier, dans une langue d'une précision telle qu'elle resoortit à une très curieuse et fantastique à son tour poésie lexicale.
Les quinze textes brefs composant ce recueil et qui s´échelonnent sur une période de quinze ans relèvent apparemment de genres très divers : narration de rêve, méditation d´errance, essai critique, reportage, récit d´anticipation... Une tendance commune, toutefois, s´y fait jour, quelle que soit leur origine, à s´organiser comme des fictions. Ces textes figurent par ailleurs des sortes de relais, de ponctuations dans l´écriture des récits qui vont constituer peu à peu Le Jeu d´enfant : le premier groupe (1950-1954) est antérieur à La Mise en scène, le second (1960) prend place entre Le Maintien de l´ordre et Été indien, le troisième enfin (1963-1965) jalonne L´Échec de Nolan et annonce La Vie sur Epsilon.
Ici, entre l'infiniment grand et l'infiniment petit, un homme enregistre en alternance les images publiques de l'effondrement violent d'un monde, celui de l'utopie communiste, et les vibrations secrètes du jardin clos où il se tient.
C'est l'année de la chute du Mur, de la mort de Sakharov et de celle de Beckett. Le cahier reprend, dix-huit ans plus tard, au début du nouveau millénaire. Transit du temps sur le corps du scribe aux limites de ses forces, transit du temps par la matière sur la scène du monde.
Un certain Nolan est au centre de ce récit, qui est celui d'une enquête.
L'échec de sa dernière mission laisse ses chefs perplexes : Nolan aurait péri dans un accident d'avion, mais son corps n'a pas été retrouvé et l'examen de son emploi du temps n'apporte aucune explication. Reste à identifier les témoins de sa vie, à les interroger : en Norvège d'abord, puis dans les Dolomites, en Andalousie, dans une île tropicale enfin, l'enquêteur s'évertue à provoquer les confidences de ceux qui l'ont connu autrefois.
Si certains faits s'éclairent, la personnalité du disparu ne gagne guère en précision : plus les événements sont anciens, plus les récits oraux se figent, cristallisent en une sorte de " légende ", et la recherche se dilue, s'enlise. C'est moins par savoir que l'on connaîtra Nolan, que par mimétisme. L'Echec de Nolan a été publié originellement en 1967, par Gallimard.
Ce récit d'exotisme et d'apprentissage a pour but avoué d'inciter les auteurs à plus de modestie dans leurs reconstitutions historiques et le lecteur à plus d'audace dans le déchiffrement de son destin. Par l'auteur de«La Mise en scène».
Un voyageur franchit à la tombée du soir une frontière qui lui semble assez fantaisiste et se retrouve au pays des Morts. Là ,il parcourera les unes après les autres les étapes d'un itinéraire initiatique bien connu. Chemin faisant, certaines institution de cet Au-delà éveilleront en lui un doute, une déception ou le sentiment d'un échec; plusieurs lui apparaîtront vétustes, ou tombées en désuétude, désertées. Ses erreurs, ses maladresses le feront expulser au bout du compte de ce Purgatoire, puis de ce Paradis manqués. Revenu sur terre, il mendiera son pain en racontant, à qui veut l'entendre, dans une langue inconnuie, une histoire incompréhensible.
D'accomplir en "touriste " à la fin de sa vie. Il est reconnu, dès Vancouver, par un jeune homme, Fahan, un admirateur de longue date, qui le suit, l'observe, finalement l'aborde à Toronto et l'invite à rester quelques jours chez lui au bord du lac Ontario : professeur à Kingston, il se propose d'écrire sa biographie, sollicite des documents, des souvenirs, le présente à son amie, Samantha, étudiante elle-même. L'intrigue brève et inattendue qui se noue entre le vieil homme et la jeune fille va bouleverser le cours des choses. Après quelque temps, cependant, Frost disparaît, parti vers le Nord. Fahan et Samantha se lancent à sa recherche dans les vastes étendues du Québec : en vain, l'homme n'a pas laissé de traces. Si le récit de ces événements suit bien Frost pas à pas au début, dès Calgary il change soudainement de tonalité, pris en charge par Fahan lui même quarante ans plus tard, au bord du lac toujours et revivant l'aventure. Il a l'âge à présent qu'avait Frost autrefois, Samantha n'est plus là, la quête de réminiscences de l'intrigue passée - les événements, leur vérité - occupe les derniers moments de sa vie dans un monde qui a périclité, s'est désagrégé, n'a pas résisté à un usage massif et désapproprié des nouvelles techniques.
Un paysage nouveau s'offre aux yeux du dormeur : quel est ce sanctuaire, quels sont ces oiseaux? Quel chemin l'a mené là? Le sommeil a-t-il été si long que toute vie antérieure se soit perdue?
Il se met en marche en direction de l'ouest et un lieu ancien se représente parfois à sa mémoire : il le sait loin derrière lui, s'en éloigne encore; le désert lui pèse, et la soif.
Au bout de plusieurs jours d'une progression harassante, hallucinée, il tombera soudain sur le lieu ancien, pourtant à l'opposé de sa route.
Alors commencera l'histoire.
Préhistoire, comme précédemment Wanderlust et les Oxycèdres, en appelle à des récits, poèmes et légendes des mythologies anciennes, faisant ainsi écho, lointainement, à Été indien, Our ou Vingt ans après ou Fuzzy sets, publiés dans les années 60 et 70 dans l'ensemble Le jeu d'enfant.
Celui qui évolue sur Iota a perdu la mémoire : un choc inexplicable a effacé le souvenir de ses aventures antérieures. Pour soigner les astronautes atteints de tels troubles, des techniques nouvelles sont expérimentées sur la planète : ordinatrice inductive, cadastration d´étoiles, transfert mimétique, requérant de piétinants efforts et un acharnement quotidien. Mais peu à peu les voiles se lèvent et le patient identifie celui qui l´a plongé dans la terreur et l´oubli. Envoyé en convalescence sur Terre à Ezzala, grande ville du «Soudan», le héros libéré s´y livre à la flânerie, à l´herbe dorée que fument ses compagnons. Leur civilisation l´attire, dont le principe logique déborde celui des techniciens. Une jeune fille aperçue à la source parfait la séduction. Pris dans la toile, il restera à Ezzala, désertant les siens. Naît alors une nouvelle énigme, celle d´une initiation à un destin exemplaire.
L'histoire de passe en 2003, aux antipodes. Un photographe européen proche de la soixantaine se rend à Sydney pour travailler sur la nouvelle achitecture de la ville. Sa tâche accomplie, il va se reposer dans les Blue Mountains : séduit par le pays, émerveillé par sa flore et sa faune, l'envie le prend de faire une incursion plus avant vers l'ouest, et comme il dispose de quelques jours encore, il part à l'aventure avec sa vieille automobile américaine, roulant un peu au hasard sur les pistes, attiré de plus en plus par les immenses espaces qu'il découvre. Chaque soir le voit hésiter sur l'itinéraire du lendemain, partagé entre l'obligation de regagner l'Europe et le désir de se lancer dans le bush vers le centre du continent, ce centre désertique et mythique que les les Australiens nomment «Outback». C'est au moment où, ayant endommagé sa voiture, il ne sait plus que faire, que survient l'inattendu : une jeune femme l'entraîne vers ce lieu central où s'orchestrera avec force la brève hallucination qu'il avait eue avant son départ et avait relatée dans un écrit très bref, son premier écrit, et son dernier sans doute.
Un roman par l'auteur de«Déconnection».
Ce cinquième volume du " journal d'écrivain " fait suite à Cahiers d'écolier (1950-1960), Fables sous rêves (1960-1970), Les Liens d'espace (1970-1980) et Réminiscence (1980-1990).
Il couvre la décennie 1990-2000 durant laquelle s'écrivent Outback ou l'Arrière-Monde, Aberration, Missing et où commence, avec Wanderlust, Préhistoire et Qatastrophe, un nouvel ensemble et une nouvelle manière d'écrire des histoires. Les récits de voyage, en Australie, au Proche-Orient, au Canada, en Égypte, rythment les réflexions sur l'invention de la fiction et le retour sur un demi-siècle passé en écriture.
Nébules rassemble une vingtaine de textes d'origine et de facture très diverses, écrits entre 1961 et 1978.
Un premier groupe, Fabules, est consacré à la fiction, d'inspiration principalement "islamique" : courts récits contemporains des quatre derniers livres de la Suite Le Jeu d'enfant, qui en renvoient quelques échos. Le second, Notules, réunit plusieurs articles ayant trait au roman contemporain, à la peinture et au cinéma, notamment une longue étude sur Josef von Sternberg. Le troisième, Modules, inclut cinq textes touchant à la pratique de l'écriture et de la lecture, et aux particularités du travail radiophonique.
De même que Navettes (1967) jalonnait la période où s'écrivaient les premiers livres du Jeu d'enfant, de même Nébul s'articule aux derniers, à Marrakech Medine aussi pour lequel Claude Ollier reçut le Prix France-Culture 1980.
Cinquième livre de la suite fictionnelle«Le Jeu d'enfant»