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On m'a attribué un rôle que je prends très au sérieux, n'en connaissant pas d'autre... Chien savant... Je dirais même caniche savant... Les rares fois où je suis en compagnie de mes parents, ce n'est jamais dans une situation d'enfant, mais toujours entourée d'adultes, et jouant moi-même le rôle d'une adulte miniature. C'est là que je désapprends à être ce que je suis : une enfant. J'apprends à dissimuler ce que je pense et à endosser mon costume de caniche : souriante, aux aguets, silencieuse, mais prête à répondre à toutes les questions que l'on me pose... Sachant aussi simuler une attention aiguë, pour faire oublier que ma place n'est pas là où je me trouve.
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28 paradis. carnet de dessins et un poem
Dominique Zehrfuss
- Editions De L'Olivier
- 4 Novembre 2005
- 9782879929484
« J'ai toujours été attirée par l'infiniment petit, convaincue que c'est là que je trouverai ma place. J'ai commencé à peindre des miniatures sur le thème du paradis un jour d'été. Je me persuadai qu'en passant par le chaton d'une aiguille, à l'aide de pinceaux japonais à trois ou quatre poils, je parviendrai à atteindre une sorte d'Eden, de Paradis Retrouvé. Un peu à la manière du personnage de Dickens dans Les Grandes Espérances qui fait de son minuscule pavillon de banlieue un château fort avec pont-levis et douves. Après avoir peint ces petits paradis, j'ai réussi à m'y insinuer et j'espère que le lecteur, par un jour de pluie ou de cafard, pourra venir me rejoindre. »
Dominique Zehrfuss nous invite à partager sa vision du paradis. En 28 miniatures, elle dessine son Eden, paysage miraculeusement riche d'inventions et de réinterprétations. En vis-à-vis des aquarelles le poème de Patrick Modiano en illumine la lecture.
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28 paradis
Dominique Zehrfuss, Patrick Modiano
- Gallimard
- Le Cabinet Des Lettres
- 2 Novembre 2012
- 9782070139378
«Les Orientaux aimaient réduire le monde à l'infiniment petit, certains peintres japonais du XVIIIe siècle ont même réussi l'exploit de peindre un jardin sur un grain de riz. D'autres ont sculpté des scènes du Déluge sur des noyaux de cerise. Je ne pourrais prétendre à tant de virtuosité, mais j'ai toujours été attirée par les mondes infimes, au point de me constituer au fil des années un musée personnel du Minuscule.
Paradis, Enfers : quoi de plus impressionnant, gigantesque, de plus surhumain en même temps - à commencer par leur version littéraire, cette Divine Comédie, dont la lecture, il y a quelques années, m'a ouvert la voie à ces univers parallèles?
Un été où j'étais triste à Paris, je ne voyais pas d'issue à mon chagrin, sinon le rêve. Pour donner vie à ces rêveries, je commençai à dessiner des mondes minuscules, paradis terrestres, paradis perdus, où je m'imaginais avec celui que j'aime, où nous étions d'infimes particules d'un monde minéral et végétal, tels des feuilles, des étoiles, des grains de sable...
Oublions le Purgatoire, que j'imagine plutôt gris, mais que seraient mes paradis sans leurs enfers? Rome sans les sept collines, la Joconde sans son sourire?... Aussi n'avais-je d'autre choix, à un moment moins chagrin, que de donner vingt-huit enfers miniatures comme antipodes à mes paradis. Lorsqu'on se "fait tout petit", on peut disparaître, mais c'est peut-être pour mieux renaître dans un autre monde, un jardin d'Éden.» Dominique Zehrfuss.