Ce recueil est largement inspiré, dans sa composition, de Meaning in the Visual Arts (1957) dont l'auteur avait souhaité une adaptation au public français.
«L'histoire de l'art est une discipline humaniste» définit les trois niveaux de signification d'une oeuvre et leur donne pour principe de contrôle une histoire des styles, des types et des symboles ; «L'histoire de la théorie des proportions humaines», conçue comme un miroir de l'histoire des styles, applique la méthode à l'analyse d'un schème structural particulier.
«Artiste, savant, génie» (1962) peut apparaître comme la dernière synthèse de la pensée de l'auteur sur la Renaissance. Tandis que des deux articles qui le suivent, l'un, «Le premier feuillet du Libro de Vasari», montre la façon dont cette époque, la Renaissance, a pris conscience d'un style, le gothique, qu'elle tenait pour extérieur à elle-même, l'autre, «Deux projets de façade par Beccafumi», est, sur le maniérisme dans l'architecture du XVIe siècle, une discussion sur les principes qui, aujourd'hui, permettent de caractériser un style.
Les trois derniers essais, «Dürer et l'Antiquité», «L'allégorie de la Prudence chez Titien» et la merveilleuse étude sur Poussin et la tradition élégiaque, "«Et in arcadia Ego», offrent, parvenus à leur point de perfection, les chefs-d'oeuvre de l'interprétation iconographique.
Dans ce classique de l'histoire de l'art, Erwin Panofsky s'interroge sur la spécificité de la Renaissance : ce mouvement artistique a-t-il bien eu lieu et si oui, comment s'est-il distingué des renouveaux médiévaux que l'on évoque sous le même nom ?
« L'historien d'art [...] devra accepter certains faits fondamentaux ; à savoir qu'une première rupture par rapport aux principes médiévaux de représentation du monde visible au moyen du trait et de la couleur s'est effectuée en Italie à la fin du XIII? siècle ; qu'un second changement fondamental, qui a commencé en architecture et en sculpture, plutôt qu'en peinture, a eu lieu au début du XV? et a entraîné un intérêt intense pour l'Antiquité classique ; et qu'une troisième phase, apogée de tout le développement, qui a finalement synchronisé les trois arts et a temporairement éliminé la dichotomie existante entre les points de vue naturaliste et classicisant, a commencé au seuil du XVI?. » Erwin Panofsky.
Par une étude minutieuse et richement illustrée de la sculpture à l'architecture en passant par la peinture et les enluminures, Panofsky livre ici un ouvrage fondamental pour la compréhension de l'art de la Renaissance.
Indices, détours, sources cachées, ramifications imprévues, résurgences, singularités - l'enquête iconologique est comme une science du ricochet : d'un point à un autre, par rebonds successifs, par petites touches, une oeuvre est traversée. Ici, à propos du Titien, et en six études aux sujets circonscrits, la méthode de Panofsky s'illustre une nouvelle fois, avec une maîtrise consommée. Mais dans ce qui se voulait aussi hommage rendu à un artiste admiré entre tous vient s'inscrire une autre dimension. Si ce sont toujours des énigmes de la représentation figurée que le livre cherche à dévoiler, de fil en aiguille et chemin faisant, ce qui apparaît, c'est une étude qui dégage le sens de l'oeuvre dans son ensemble. Le discours, s'il reste bien entendu rigoureux, s'il en passe par ces prodiges d'érudition familiers aux lecteur de Panofsky, s'étonne ici d'une autre manière. Devant le caractère inépuisable d'une oeuvre dans laquelle il se sent littéralement immergé, Panofsky ne cherche pas à maîtriser les flux de signification en les orientant dans un sens biographique ou stylistique. Chacun des postes d'observation que constituent les thèmes des six études ici réunies fonctionne comme une sorte de tremplin à partir duquel il se jette dans l'océan de l'oeuvre en entraînant le lecteur avec lui. De telle sorte, qu'en partant à chaque fois d'un problème (par exemple : le Titien et Ovide), l'enquête en vient à révéler lumineusement mais surtout naturellement la problématique de l'oeuvre du Titien tout entière et à en dégager la singularité au sein de son époque. Un tel équilibre, fruit d'un contact amoureux permanent avec la peinture du maître vénitien, prend les allures d'un accomplissement : il s'agit en effet du dernier livre conçu et corrigé par le grand historien, qui donne ici à la fois un chef-d'oeuvre d'érudition poétique et une ultime méditation sur le sens des oeuvres. Mots clés : iconologie, Ovide, Charles Quint, Gonzague, Bassano, L'Arétin, Pesaro, Venise, Giorgione, Rubens, Raphaël, Campagnola.