Ce livre retrace le parcours d'un artisan « chaussetier » devenu pasteur et traversant la période des guerres de Religion au milieu des persécutions, dans le souvenir du Brésil visité en 1557. Léry est l'auteur de deux livres, l'Histoire mémorable de la ville de Sancerre, qui rapporte un cas de cannibalisme survenu quelque temps après la Saint-Barthélemy, et surtout l'Histoire d'un voyage faict en la terre du Bresil, si célèbre, si éclatant, si sensible qu'il éclipse tous les autres témoignages de la même époque. En cet itinéraire au pays des Indiens Tupinamba, jamais le moraliste ne l'emporte sur l'observateur, et la colère de l'homme de Dieu passée, c'est le retour à la sérénité de la description complice. Ce parcours anthropologique s'ouvre et se clôt par Claude Lévi-Strauss, admirateur de celui qui écrivait : « Je regrette souvent que je ne suis parmi les sauvages. » Lui-même dira lors de son arrivée à Rio de Janeiro : « J'ai dans ma poche Jean de Léry, bréviaire de l'ethnologue. »
Ce livre a pour objet le " corpus huguenot " des textes sur l'Amérique. Au XVIe siècle, la plupart des entreprises conduites par la France au Nouveau Monde sont le fait des protestants, Roberval au Canada, Villegagnon au Brésil, Ribault et Laudonnière en Floride. Or les protestants français apparaissent en butte à une contradiction qui confère à leur action et à leur réflexion un caractère spécifique. D'un côté ils combattent l´impérialisme espagnol et divulguent la " légende noire " de la conquête de l'Amérique. Mais à partir du moment où, chassés de France par les persécutions et la guerre civile, ils s'efforcent eux-mêmes de prendre pied au Nouveau Monde, ils se trouvent à leur tour confrontés au problème de l´altérité indienne. De cette surprise naît une attitude embarrassée, qui oscille entre l'exaltation du libre sauvage et sa condamnation comme héritier de la malédiction de Cham.
Dans l´histoire de la colonisation, l'expérience huguenote aux Amériques annonce la Virginie de Raleigh et à plus longue échéance la Nouvelle-Angleterre des Puritains et la Pennsylvanie des Quakers. Par-delà le mythe du Bon Sauvage qu'il esquisse et les utopies qu'il invente, cet ensemble incomparable de textes procédant de témoins, d'historiens, de théologiens et de polémistes ouvre des perspectives d'une étonnante modernité.
À côté de l´histoire événementielle, diplomatique et littéraire, ce livre réserve une large place à ce que La Popelinière appelait " l´histoire des histoires ", la critique de l´histoire par les historiens. De la trame des événements et des écrits, retracée en huit chapitres, se détachent des études monographiques consacrées à Jean de Léry, Urbain Chauveton, René de Laudonnière, Jacques Le Moyne de Morgues, Richard Hakluyt, ainsi qu´à l´oeuvre américaine de Montaigne et du cosmographe André Thevet.
Consacré au cosmographe André Thevet (1516-1592), ce livre s'ordonne selon les quatre vents de la mappemonde : Thevet en son siècle, Orient méditerranéen, Monde des grandes navigations et « Leçons de plein vent ». Tout éclate dans les îles sur la mer.
La Sepmaine de Du Bartas évoque la Création du monde en sept jours et se prolonge dans La Seconde Semaine, retraçant l'histoire universelle, de l'Éden à l'Apocalypse. Parcours méthodique des deux Semaines, ce livre invite à relire un poème qui a suscité des échos dans toute l'Europe.
Quel est le statut des Faux-Monnayeurs ? Où situer leur esthétique ? Ce manuel propose de dessiner des lignes de partage dans l'enchevêtrement romanesque en analysant plusieurs aspects du texte : sa dimension autobiographique, religieuse, littéraire, morale ; sa dynamique d'enquête policière, son rapport à la musique et à la justice, ses intertextes. Le style de Gide et la manière dont il « travaille » et il déconstruit ses personnages et son intrigue sont ainsi étudiés.
«Qu'importe le flacon, pourvu qu'on ait l'ivresse !» Ce vers peut-être le plus célèbre d'Alfred de Musset -, pourrait résumer l'histoire de sa vie, une existence brillante et terne à la fois, où ivresse rime constamment avec jeunesse, comme jouissance avec déchéance. L'Enfant du siècle fut un enfant terrible, vivant ses passions jusqu'aux limites de la folie, jusqu'à les vider de sens. Sa célèbre, trop célèbre ! liaison avec George Sand, ses amours contrariées avec tant d'autres femmes, en qui il ne voyait que des mamans ou des putains, révèlent la fragilité de son être : c'est lui l'ambigu Lorenzaccio, déchiré entre corruption et pureté. Génie adolescent, comme Rimbaud, Musset ne croit pas que «je est un autre» : pour lui, au contraire, la littérature ne vaut que si elle est le prolongement de la vie, dans l'alliance instable du pathétique et du futile. Par cette fragilité extrême, Musset reste aujourd'hui vivant, grâce surtout à son Théâtre. Fantasio, Marianne, Rosette, Perdican, Camille, Coelio forment une ronde où le texte s'incarne le temps d'une fête éphémère. Cette biographie exhaustive, nourrie de nombreux documents inédits, est l'histoire de cette fête éphémère.
Romancier de premier plan, essayiste hors pair, écrivain parmi les meilleurs, André Gide, prix Nobel de littérature en 1947, est avant tout le grand témoin et le maître à penser de plusieurs générations. Ce «contemporain capital» n'eut de cesse de s'affranchir des contraintes morales et puritaines. Car Gide se distingue à un double titre : il appartient à la minorité protestante et il est homosexuel. Il s'emploie dès lors à remettre en cause les valeurs dominantes de la société et à dénoncer son hypocrisie. Pourtant Gide ne se définit pas comme un provocateur. Plutôt comme un «inquiéteur», l'inquiéteur de son siècle. Comment est-il parvenu à faire de son personnage de grand écrivain non pas le porte-parole officiel de la société, mais au contraire un ironiste qui la scrute et la défie de l'intérieur, un révolté qui stigmatise ses tares et ses injustices ? Nourrie de documents inédits ou peu connus, cette biographie renouvelle en profondeur la connaissance de Gide et de son oeuvre multiforme, située entre tradition et avant-garde, mais toujours accordée au souffle de son temps. Elle retrace le destin d'un intellectuel d'exception et reconstitue la toile de fond du débat littéraire, politique et moral qui a agité la première moitié du XXe siècle, depuis l'affaire Dreyfus jusqu'à la Guerre froide, par-delà le désastre des deux Guerres mondiales. Ce premier tome retrace les cinquante premières années de la vie de Gide, de 1869 à 1918, de la chute du Second Empire à l'armistice de Rethondes. Il nous dépeint une figure insaisissable, multiple, paradoxale. André Gide, véritable miroir mobile de son temps, se révèle ainsi au fil des pages, dans un passionnant portrait en mouvement.
Cet ouvrage multiplie les éclats, les bribes, les copeaux, choisissant les moments de l'histoire où l'étau continental se resserre et abandonne les îles. Les chapitres vont des Isolarii de la Renaissance à Saint-Exupéry, Henri Michaux et Nicolas Bouvier, en passant par Voltaire et Jean Giraudoux.
Gide, après 1918, invente le personnage de l'intellectuel moderne, un rôle que Sartre et Foucault, entre autres, assumeront à leur tour d'après son exemple. Gide n'a ignoré aucun des grands courants de son siècle, symbolisme, naturalisme, dadaïsme, surréalisme, réalisme socialiste. Acteur majeur de la vie littéraire et intellectuelle pendant plus d'un demi-siècle, Gide a bien mérité le titre de «contemporain capital» qui lui a été décerné de son vivant. Car Gide est bien l'adversaire de la société bien-pensante qui l'a engendré à son dam. Or ce grand témoin, dont l'influence critique, voire révolutionnaire, n'a cessé de s'étendre, a été le maître à penser de plusieurs générations. Ce second volume de sa biographie couvre les trente-trois dernières années de sa vie. C'est le Gide de la seconde maturité, dont l'influence déborde les frontières, un Gide omniprésent dans le débat public, qu'il s'agisse d'interroger les rapports entre religion et morale, de dénoncer les abus de la colonisation, d'exalter ou de critiquer le communisme soviétique, de prôner la liberté de l'individu face aux oppressions. C'est à Gide que nous devons certaines de nos libertés, quelques-unes aussi de nos interrogations en matière de morale sexuelle, de tolérance religieuse, ou de dialogue entre les peuples et civilisations. La leçon de Gide, soixante ans après sa mort, est plus que jamais actuelle.
Recueil de 7 études sur le poète C. Marot, les liens de son oeuvre avec celle de François Villon, avec la littérature orale et traditionnelle, sa traduction d'un tiers des psaumes, etc Ce livre voudrait faire part d'un plaisir. Car c'est un bonheur que d'ouvrir L'Adolescence clémentine, de cueillir au hasard tel rondeau tourné d'hier ou telle chanson fredonnée de la veille. Après cinq siècles, L'Adolescence n'a pas fini de chanter et Marot est plus jeune que jamais. Héritière du Moyen Age et annonciatrice des temps modernes, son oeuvre se situe dans l'intervalle qui sépare Charles d'Orléans de Maurice Scève. Elle s'affranchit des contraintes de la Grande Rhétorique pour affirmer sa liberté souveraine. Divisé en sept chapitres, cet itinéraire critique s'ouvre par deux études générales consacrées à l'oralité et au rire, se poursuit par deux études de cas qui traitent du genre de l'héroïde et de la ballade, et s'achève par deux commentaires qui envisagent, au-delà de L'Adolescence, L'Enfer et son imitation par Etienne Dolet, les Psaumes et leur relecture par Calvin dans le sens d'une autobiographie providentielle. En épilogue, un chapitre de synthèse s'attache à définir le " secret " de Clément Marot, secrétaire et poète, partagé entre le service du Prince et le service de Dieu.
Cette étude retrace la genèse de l'oeuvre d'André Thevet (1516-1592), pèlerin de Jérusalem et voyageur au Brésil, géographe des derniers Valois.
Princes et navigateurs président à une révolution cosmographique qui s'opère au tournant du XVIe siècle et qui, changeant le regard sur le monde, transforme le monde lui-même. La cosmographie est un projet culturel. Quelques idées forces traversent une somme documentaire rassemblée au fil d'une vie de savant : primauté de l'expérience sur les autorités, souveraineté d'un regard ubiquiste enveloppant instantanément le globe terraqué, préférence accordée parmi les sources aux écrits techniques et « populaires » des pilotes et des marins définissent moins une méthode que la résistance opposée par un homme nouveau à la culture humaniste des doctes dont l'âge classique va consacrer le triomphe.
En privilégiant une terre à découvrir, le Brésil, ce livre dessine à travers le monde des amazones, des cannibales et des monarques, un espace qui est à la fois mémoire légendaire et théâtre d'action politique. Inventaire de l'inconnu, une carte offre les ignorances d'un temps où les trésors de l'Humanité sont repris par les héritiers. Une civilisation s'évalue à ses cartes : elles montrent sa perception de l'Autre ainsi que l'image qu'elle se fait d'elle-même. À l'égal de Dieu, le géographe crée un univers.
Frank Lestringant, professeur de littérature française de la Renaissance à l'Université de Lille III, est aujourd'hui l'un des meilleurs connaisseurs de l'Humanisme et de l'imaginaire des grandes découvertes.
Il y a en Jean de Léry (134-1613) deux personnages contradictoires et indissociables, le " prédicant " austère et calviniste rigoureux d'une part ; de l'autre, le spectateur nostalgique et fasciné d'un Eden entrevu et aussitôt perdu.
Le premier condamne, fulmine, déclare inexcusables les Indiens sans écriture aussi bien que ses coreligionnaires oublieux de l'Alliance. Le second, au contraire, regarde, écoute, espère, aime. Il est fasciné par la beauté native des Indiennes ou par la mélopée des danseurs chantant la naissance du monde. Il se souvient du temps trop court où l'Histoire paraissait suspendue dans sa course à l'abîme. L'Histoire d'un voyage faict en la terre du Brésil est le récit d'un témoin dédoublé, témoin intransigeant de la Parole d'une part, et en même temps, et contradictoirement, témoin amoureux d'un monde auquel il n'était pas préparé et au milieu duquel, l'espace d'à peine un an, il s'est trouvé de plain-pied.
La réussite du livre tient à la tension entre ces deux points de vue. Jamais l'imprécateur et prophète ne l'emporte sur l'observateur, et l'ire de l'homme de Dieu passée, c'est le retour à la sérénité de la description complice et curieuse. Cette étude comporte quatre volets : " l'invention du récit de voyage ", traitant de la genèse du livre et d'un genre ; " l'invention du sauvage ", au carrefour de la théologie et de l'ethnographie ; " Résonances ", replaçant l'oeuvre dans la littérature du XVIe siècle, où elle tient l'une des premières places ; " Léry après Léry ", qui évoque l'actualité de ce texte fondateur, à travers les commentaires désormais classiques de Claude Lévi-Strauss et de Michel de Certeau.
OEuvre exigeante que Les Tragiques d'Agrippa d'Aubign, qui peignent la France en mre afflige, contemplant la querelle sanglante d'sa et Jacob, ses deux fils ennemis. Il a fallu le recul du classicisme pour que soit revalorise une posie pre et sans concession, indiffrente aux chocs qu'elle porte et aux blessures qui la Cette ...