Il y a plus d'un siècle, en 1837, entrait dans l'histoire de l'Angleterre, puis de l'Europe, une jeune reine de 18 ans : la reine Victoria. « Je ferai de mon mieux », disait-elle.Née en 1819, fille du duc de Kent et de l'archiduchesse Victoire de Saxe et Cobourg, elle épousa son cousin germain le prince Albert de Saxe et Cobourg. Ce dernier, dont elle était follement amoureuse, avec lequel elle eut huit enfants, l'aida à moderniser son pays sur le plan industriel, urbain et technologique.Veuve à 42 ans, rien ne la consola de la perte de son époux adoré, excepté des serviteurs simples, dévoués et bons : l'Écossais John Brown, l'Indien Abdoul Karim. Elle devint rapidement la souveraine d'un grand empire. Cette « grand-mère de l'Europe », impératrice des Indes, suite aux mariages de ses enfants était une femme simple, sensuelle, douée en chant, en musique, appréciant les hommes beaux, la bonne chère, le whisky dans son thé. Son peuple l'appelait « la reine républicaine ».Son règne, un des plus longs de l'histoire, dura soixante-cinq ans et marqua le triomphe de l'Empire britannique qui devint la première puissance mondiale.
Hortense Dufour retrace dans cet ouvrage très documenté, et avec le ton qu'on lui connaît, la vie étonnante de cette femme au caractère exceptionnel, arrière-grand-mère de la reine Elizabeth II et personnalité marquante d'un des siècles les plus brillants de l'histoire britannique.
Une biographie romancée de l'aventurière américaine
« Quand on nai^t femme, ici, il faut savoir tout faire. Aimer, accoucher, allaiter l'enfant, peiner au me´nage, a` la lessive, s'activer au plus dur : courbe´es sur la vase, les mains rougies, peiner au parc des hui^tres et des coquillages ; renai^tre, mourir ici. » A` Port-des-Vents, village-i^lot charentais borde´ par l'oce´an, souffle un vent continu, ravageur. Parmi les habitants, une ligne´e de femmes puissantes, soude´es, qui habitent une petite maison de pe^cheurs. Les hommes de la famille sont morts. Le rude monde marin et les passions se sont charge´s de ces morts- la`. Les femmes, elles, reba^tissent sans cesse ce que le vent de´truit. Autour d'Ade`le, l'ai¨eule, vivent quatre ge´ne´rations de femmes :Adrienne, Marjolaine, Indiana et Elena. Il y a celle, enfin, par qui tout est arrive´ : Adrienne. « Tout est de la faute de la belle Adrienne. » Car a` Port- des-Vents, les passions sont de´vastatrices...
Loin, loin du hameau.
Loin.
Là où il naîtrait à part entière.
Cet enfant si beau, si singulier, a semé le trouble dans cette famille de propriétaires terriens. Le malheur d'être né trop tard.... Pendant son enfance, Michel, baptisé « Bel Ange » par Tante Didine, ne connaîtra l'affection, la douceur, la poésie des choses qu'auprès d'elle ; et le bonheur à l'ombre d'un acacia où il s'adonne à sa passion du dessin. Plus tard, il rompt avec le hameau pour suivre ses études près de La Rochelle. Un « nouveau monde ». Là, il habite chez Rose, une vieille dame adorable, éprouvée par la vie, malmenée par son entourage. Comme Didine... Alors Bel Ange, par son esprit rebelle, son inclination pour les plus fragiles, son insolente jeunesse, va bousculer l'ordre des choses. Et faire souffler un vent de liberté dans l'existence de celle qui est devenue sa protégée....
Un bouchot, c'est l'ensemble des pieux, en charente-maritime, fichés dans la vase, auxquels s'agglutinent les moules. mais le bouchot, c'est aussi le nom de la maison - du baraquement devrait-on dire - qui s'enfonce lentement dans la vase du marais charentais où vit une singulière famille. celle de monsieur le juge, parti en tunisie rejoindre une nouvelle affectation, laissant derrière lui épouse et enfants. le bouchot, ce pourrait encore être térésa violoncelliste et accordéoniste à ses heures, la femme de monsieur le juge. mais avant tout, le bouchot est la véritable souche à laquelle s'accrochent, pour survivre, les enfants, zino l'aîné, obsédé par les squelettes, océan la narratrice, mais aussi nonno, le grand-père italien, flûtiste, et zia, la grand-tante pianiste, éternels amoureux. {le bouchot}, c'est huit ans de la vie d'une famille peu ordinaire qui, par la musique et le rire, métamorphose le sordide en truculence et le drame en cocasserie. un univers rude et merveilleux, plein de bruits et de fureurs soudaines, de farces, de folie, de drames, de drôlerie.
La famille Jansuire a fait fortune sous le Second Empire en fabriquant des cerfs-volants. Mais cette fortune, elle la doit moins à l ingénieux Léon qu à la richesse de Marie, sa terrible épouse, maîtresse femme de sinistre mémoire. En 1914, l entreprise toujours florissante est mise en péril par le départ précipité des hommes au son du tocsin. Les descendantes de Marie, jusqu'à son arrière-petite-fille Gilberte, doivent prendre en main leur destinée, en espérant des jours meilleurs.
D'une cruauté lucide et d'une drôlerie passionnée qui n'appartiennent qu'à Hortense Dufour, voici un roman explosif.
Satire de la Colonie aux iles Comores en 1967, juste avant leur accession à l'indépendance, le Tournis met en scène des personnages plus loufoques, affreux et cependant attachants les uns que les autres. A Moroni, nous siégeons aux côtés du Juge, père de l'héroïne, au tribunal de grande instance : excellent poste d'observation de cette micro-société d'un temps que l'auteur espère révolu.
La belle prostituée, Marie Cocotier, et son Bambou Bar, la blanche Marie-Eve, amie d'enfance de la narratrice, la malheureuse Paule Kouglof, femme du haut-commissaire, la superbe Edmonde Begounia, femme battue, et Salim, Aba, les Comoriens : tout un monde de violence étouffée qui finira très mal.
Et pourtant, le Tournis est une histoire d'amour. Entre père et fille, entre les hommes et l'objet de leurs désirs, entre l'héroïne et Santiagon, au coeur battant sans cesse, tel celui d'un requin dépecé vif sur la plage de Bangoï Koini et qui deviendra l'homme de sa vie.
«Il ne faut pas contrarier un poète, à la voix de soie et d'or. Il ne faut pas assombrir le soleil, en faire un pic et un pieu qui brûle l'âme sans la réchauffer. Je suis mort à cause de l'amour. Moi, Néron, je n'ai jamais couché pour réussir mais pour remercier.» Ce que nous savons de Néron, nous le devons à ses biographes et aux historiens. Il était temps de donner la parole à l'intéressé, de lui permettre de s'expliquer enfin. Grâce à la plume complice d'Hortense Dufour, l'empereur dévoile avec un mélange de candeur et de passion ce qui l'a poussé aux pires extrémités, lui, le sage disciple de Sénèque. Aucun regret dans cette confession, il revendique tous ses actes. Qui pourrait s'en étonner ? Après tout, quel grand artiste renierait son oeuvre sous le seul prétexte qu'elle est décriée ?
Si l'oeuvre de Colette paraît si riche et si variée, c'est sans doute qu'elle est à l'image de la vie de son auteur. De la série des Claudine à La fleur de l'âge, le destin de Colette est celui d'une femme incroyablement libre à une époque où la bienséance aurait voulu qu'elle soit soumise. C'est peut-être pour cela qu'elle passe pour scandaleuse, provocante.
Elle est née le 28 janvier 1873 et s'est éteinte le 3 août 1954. Entre ces deux dates, elle aura sans contrainte aimé des hommes et des femmes, se sera produite dans des spectacles de music-hall, et aura surtout marqué pendant plus de cinquante ans la littérature française.
C'est cette vie hors du commun que détaille Hortense Dufour dans cette biographie dense et passionnante comme un roman, le roman de la vie de Colette.
Biographie de l'impératrice Elisabeth d'Autriche et récit de sa destinée hors du commun. Née en Bavière en 1837, elle devient, dès l'âge de seize ans, l'épouse de l'empereur François-Joseph. La passion que le couple impérial éprouve l'un pour l'autre ne protégera pas la jeune femme des coups du destin, de la dureté du protocole et du poids de sa fonction.
Jeanne-Antoinette a le plus beau des costumes de ce bal, camouflée sous un domino rose. Elle a longuement étudié celui-ci : une nymphe. Dénudée avec adresse, drapée à l'antique, voilée et dévoilée, soie couleur chair, chair contre chair, la nymphe est la bienvenue surtout quand elle a les formes, l'allure, la peau, la fraîcheur de Jeanne-Antoinette, au comble de ses beaux vingt-trois ans. Elle va, légère, pas dansé, calculé - elle a tout calculé, autant que le maréchal de Saxe sait y faire pour mener à bien les opérations guerrières. Il s'agit bien, là aussi, d'une guerre. Une lutte féroce pour obtenir le plus somptueux des prisonniers : le roi. C'est à la dame d'Etiolles d'entrer en scène. Et d'y demeurer. Le roi est fatigué de ces ambitieuses, peut-être une grande bourgeoise saurait, elle, l'aimer ?La vie de Madame de Pompadour, née Jeanne-Antoinette Poisson, tient une place singulière dans l'histoire des grandes favorites. Sa beauté, son intelligence, sa culture ainsi que ses talents ont su captiver et distraire pendant vingt années Louis XV, ce souverain mélancolique. Amie de Voltaire, elle se retrouvera à protéger les plus grands artistes de son temps.
Par un grand jour d'été, à treize ans, Jeanne est foudroyée par le «mystère» : des «voix» se font entendre, l'ange lui a parlé... À dix-sept ans, elle obtient à Vaucouleurs un habit d'homme, un cheval, une petite troupe et elle se rend ainsi à Chinon... Là-bas, elle reconnaît le dauphin. Ébranlé, convaincu, ce roi sans sacre lui fournit une armée, une armure et cet étendard qu'elle adore... Elle mène à la victoire le roi de France, contre l'Angleterre et ses alliés. À dix-huit ans. Puis c'est la disgrâce, les trahisons. L'échec devant Paris. Condamnée au bûcher pour hérésie, Jeanne est brûlée vive. Son dernier cri est «Jésus !» Elle avait dix-neuf ans. En 1456, le roi demandera le procès en réhabilitation de Jeanne. La «Nation France» est née avec elle. En 1920, l'Église, qui l'a condamnée, l'a canonisée. Jeanne d'Arc est la seconde patronne de la France. Mais elle est aussi Jeanne d'Arc la Pucelle, «Jeanne sans portrait, sans sépulture» selon André Malraux, et Jeanne, le plus grand soldat de cette France, plongée dans cette guerre de Cent Ans sans fin ni mesure...
" Marennes est pour moi bien plus qu'une bourgade de 5000 âmes : j'en restitue les lumières et redessine les ombres. " Dans ce bourg qui vit au rythme de l'océan Atlantique, la petite Christine reçoit une éducation singulière. Or qu'est-ce qu'être une enfant et une adolescente dans la France des années 50 et 60 ? Surtout dans cette Saintonge et cette famille où sa mère, italienne rejetée par l'époque comme par son mari volage, lui confie un destin peu commun : partir pour devenir écrivain envers et contre tout. Contre les silences du village qui conduisent cette tribu à vivre en autarcie dans un pays où certains règlent leurs comptes à coups de fusils chargés au gros sel. Contre la solitude d'un exil que la maisonnée déjoue en offrant l'hospitalité aux personnages fantaisistes, mal aimés pour cause de différence. Contre l'isolement, les spectres de la Seconde Guerre, un voisin qui jette des sorts et dénonce... Mais c'est aussi le temps de l'insouciance, des bonheurs sans retenue, des peurs domptées, des rivalités frère soeur, des roses trémières odorantes, des camaraderies d'école, des visites chez la bijoutière attendrie ou le coiffeur truculent, des paysages apaisants... Au travers d'une nostalgie sans compromission, Hortense Dufour, en dépeignant avec fougue ces souvenirs d'enfance, brosse le portrait d'une France aussi chaleureuse que dure, enjouée que splendide. Une famille et une histoire dont l'océan ne fut qu'un témoin silencieux.
Cadichon, Gribouille, Mme Mac Miche, le général Dourakine... ces personnages, parmi d'autres créatures de la comtesse de Ségur, née Rostopchine, captivèrent des générations de «petites filles modèles». Les romans où ils apparaissent sont désormais des classiques, et pas seulement de la littérature dite «enfantine». Hortense Dufour, hantée dès l'enfance par les fameux volumes rouge et or, a voulu savoir qui était l'auteur d'Un bon petit diable et de Pauvre Blaise. Allant aux sources, correspondances et mémoires, elle raconte l'existence plus noire que rose de Sophie, au «regard tartare-mandchou». Fille du général Rostopchine, l'incendiaire de Moscou, et de Catherine Protassov, catholique convaincue, elle grandit dans une Russie aux moeurs féroces. À Paris, elle épouse Eugène de Ségur. Ils auront huit enfants et des malheurs. Sa carrière littéraire, de 1855 à 1872, sera comme une consolation. En relisant des livres tant aimés, Hortense Dufour a aussi éprouvé à nouveau des peurs et des plaisirs anciens. La force de sa biographie vient de là : la recherche n'y étouffe jamais l'émotion. La passion de la romancière anime une figure jusque-là figée ou méconnue.
Le 9 juin 1944, les Allemands pendaient une centaine de jeunes otages aux balcons de Tulle. Ce drame pèsera sur la mémoire d'une ville mutilée et enfermera ses habitants dans le silence. Il détermine aussi, avec ses fantômes, le destin des personnages du Château d'absence dont plusieurs ont vécu l'événement.
Vingt ans après, d'autres passions, de nouvelles épreuves s'ajoutent à ce souvenir douloureux. Ainsi, par avidité, Louise Theillac sacrifie-t-elle sa fille Anne-Marie, en lui faisant épouser Julien Laprade, le garçon le plus riche de la région. Ainsi, Aude Bonnelieu et son frère Luc vivent-ils chacun une sorte de calvaire. Aude, la meilleure amie d'Anne-Marie, choisit par défi un autre héritier, Guillaume Castaigne. Luc, devenu prêtre, est un témoin horrifié qui accompagne en priant la marche au malheur de tous. Il cherche, au-delà du mal, la "rude vérité de la joie".
Hortense Dufour place ces êtres mauriaciens sous la lumière de Bernanos. Contre l'oubli, elle assemble un vitrail symbolique aux couleurs vives, presque brûlante. L'indigo, le bleu de Sienne, l'azur ou le mauve s'y marient avec le rouge des fleurs, de certains orages, sur le blanc d'un drap/linceul orné de colombes.
Photo Ulf Andersen
Si le sable et la mer ont tout effacé, s'il ne reste rien ni du palais ni du tombeau de Cléopâtre et de Marc-Antoine, leur histoire d'amour ne cesse d'obséder l'humanité. Comme la vie même de cette fabuleuse reine d'Egypte placée sous le signe des armes et des larmes, du sexe et du sang, des passions et des poisons.
Janvier 69 avant Jésus-Christ. Une petite fille naît à Alexandrie, au palais de la Lochias : Cléopâtre VII Philipathor. Son père ? Ptolémée XII, un souverain détesté qui dilapide le royaume. Sa mère ? Typhaïa la jouisseuse, une des nombreuses favorites. La famille s'agrandit d'une soeur prénommée Arsinoé et de deux frères, Ptolémée XIII et XIV, que Cléopâtre devra épouser. Très vite, les drames se multiplient : sa soeur aînée est assassinée par son père. La petite Cléopâtre se jure dès lors de régner seule et d'éliminer sa fratrie homicide. A 20 ans, elle devient reine d'Egypte, conquiert César, l'homme le plus puissant du monde, auquel elle donne un fils. Ses atouts ? Son intelligence, sa ruse, son mystère et son étrange beauté. César assassiné, la catin du Nil comme la baptisent ses ennemis séduit un autre Romain flamboyant : Marc-Antoine. Leur passion bouscule les conventions. Et Octave, successeur de César, ne supportant pas cette femme qui rêve d'unir l'Orient et lOccident, décide d'engager une guerre sans merci contre les deux amants.
Batailles, trahisons, violences, défaites. Son amant mort, ses enfants étranglés, abandonnée la reine met fin à ses jours. Elle a 39 ans. L'Egypte devient une province romaine. Cléopâtre a été son dernier pharaon.
Le silence, le goût poivré, exquis, du narguilé offraient au capitaine Fleur la plus suave des récréations. Plus d'agitation, finie la rumeur des tempêtes, des canons. Fini l'insensé gémissement des hommes pris aux rets de leurs conflits! Finis les pleurs des filles délaissées aussitôt qu'entraînées à son seul plaisir! Sous la tente du roi, une langueur envahissait son corps lassé par tant d'heures de marche sous le soleil et le souci de négocier. Dans le chatoiement des couleurs, ses vêtements devenaient ce phosphore à force de blancheur. La poussière du désert n'avait pas maculé l'habit de cet homme. Cet homme, éphémère et beau, ce météore d'homme, cet homme-Fleur dont j'allais naître. Léontine, fille du tambour Fleur et d'Aziyadé, née au milieu du désert hanté par les hommes bleus, passe par un pensionnat gris avant de s'installer dans le manoir vert, mariée au colonel. Toutes les nuits, elle écrit. Au sein d'une famille qu'on lui a imposée, elle veut sortir de toutes les prisons, se libérer des jougs et des entraves, vivre. Suspense, saint Expédit, amour fou, Spartacus-son-Amant, ordre et désordre: le bonheur, comme les mots, est une création à part entière. Et les mots, comme le bonheur, sont le moteur essentiel de la liberté.Le Perroquet de Tarbes est le vingt-deuxième ouvrage d'Hortense Dufour, qui signe là un texte dense, rythmé, empreint de violence, d'humour et de poésie.
Comme les cyclones ou les opérations militaires, on baptise les chantiers, ce sont la Marie-Décembre, la Marie-Toussaint, la Marie-Marraine... Le milieu inconnu des travailleurs itinérants logés dans des caravanes où s'entassent femmes et enfants est un véritable microcosme. Eléonore habite la roulotte de son père, chef de chantier. Dans la marne grasse, plantée de grues, elle a déjà perdu son frère. Lucie, sa meilleure amie, à son tour y laissera Martial, l'étrange Martial. Et puis, un jour, viendra Lucien, l'homme qu'Eléonore attendait, celui qui lui ouvrira des horizons nouveaux. Mais peut-on quitter ces êtres frustes et merveilleux, Ahmed, dit Galu, Germaine la nymphomane, la Marraine, Fouldroule, toute cette violence proche de la farce, de la folie ou du drame... C'est le climat des chansons de Piaf, des rengaines et du doux caboulot mêlé à celui de quelque Zola moderne. Hortense Dufour a publié en 1976 la Dernière Femme de Barbe-Bleue.
A l'origine, c'est presque une folie qui saisit Pierre, sur la plage, le jour où il veut transformer sa voiture en sous-marin, premier signe d'un étrange délire destructeur. Mathilde, sa jeune femme, croit à un moment d'égarement ; c'est le début d'une crise. Pierre, si longtemps le fidèle, le refuge contre vents et marées, supporte de plus en plus mal son chômage, pourtant volontaire : il en avait assez d'être un "écureuil dans sa roue"... Mais se terrer comme une taupe dans la cave ou dans le grenier, pour lire "le Journal de Mickey" volé à son fils, boire des jours durant canettes sur canettes, seul ou au bistrot du village, en compagnie de quelques épaves ivrognes, dont Pernod, la clocharde, n'est-ce pas troquer un malaise contre une maladie ? Bientôt la violence, la fureur, le bruit s'installent à domicile, en dépit des efforts désordonnés de Mathilde pour y maintenir un semblant de vie conjugale. Rien n'y fera, cependant ; Pierre s'enfonce dans sa peur, sa honte irraisonnée, dans son errance éthylique, à mesure que se dégrade la situation. Il faudra la Saint-Sylvestre, et une fugue à Nevers, pour enfin mettre un terme inattendu à ce lent naufrage d'un couple... Avec la fougue et le tempérament d'écrivain qu'on retrouve dans tous ses livres, l'auteur de la Marie-Marraine réussit à rendre poignante - et presque drôle, parfois - cette histoire d'un amour qui se défait, cette aventure d'un homme qui se détruit. D'un problème cruellement contemporain Hortense Dufour fait un roman de passion, de colère, mais aussi de tendresse, une oeuvre d'aujourd'hui, dans sa force et sa férocité crues.
Voici une tragédie saintongeaise, qui est aussi une tragédie nationale : celle de la déportation en 1793 de centaines de prêtres non jureurs en l'île Citoyenne, aujourd'hui île Madame, où leur lent calvaire s'acheva dans la mort. Le décor ? Le marais de Brouage en Charente-Maritime, les vasières où l'on récoltait le sel et où l'on faisait la poudre. Les protagonistes ? Un saulnier et sa fille, Casilda, somptueuse et convoitée de tous : le Timonier, qui ne rêve que d'elle et de purifier cette époque de folies où les hommes se déchirent : le Procureur retors, doté d'une mère convulsionnaire et mystique égarée, l'esclave noir Oséko, fidèle à l'éblouissante Tia, déportée d'Afrique comme lui, quelques personnages encore, porteurs de la gloire des modestes.Mais nul n'échappe à l'amour sinon par la mort, et c'est en croyant éviter la passion fulgurante du Timonier et celle malsaine du procureur au prix d'un mariage paisible, c'est-à-dire inexistant, que Casilda va découvrir la Passion, la vraie, celle de solitude, de sacrifice, d'Espérance et de Foi. Ainsi se dénoue toute tragédie : le Message est à portée de soi, l'Amour se paie de patience et d'une folie supérieure...
C'est à Meaux, chez une jupière travaillant à domicile, qu'Hortense se rend pour y renouveler sa garde-robe. Partagée entre l'officine éditoriale de Paris, où elle lit à longueur de jour, et Meaux, la ville des bigotes et de Bossuet, Hortense aborde un nouveau monde : il y a la jupière au corps ambigu, qui terrorise ses rares clientes ; il y a La Poisson, poissonnière de son état, d'une vulgarité affriolante ; il y a monsieur Jeanjean, qui rumine ses mesquineries dans une odeur de vieux garçon. Est-ce là, pour Hortense, le début d'une double vie, le début du "chaste adultère" ? Bercée au rythme du train de grande banlieue qui la mène de Paris à Meaux, Hortense, héroïne espiègle de son propre roman, s'initie au plaisir, parmi les petites gens qui cachent leur jeu et les commères liftées qui agitent la vie parisienne.
Yannick et Julia, lui jeune homme, elle encore adolescente et tous deux de milieux modestes, se sont rencontrés dans le H.L.M. de Julia, où elle lui donne quelques leçons de français. Il n'oubliera jamais le mordant de cette fille qui d'emblée le méprise, comme si elle pressentait ses futures exactions et même ses crimes. Car du mercenaire en Angola à l'homme d'affaires immoral puis à l'éditeur dans le vent pourvoyeur de livres "fabriqués", elle saura très vite qu'il fut le responsable de la mort de sa jeune soeur. Dès lors, échappant à son milieu d'origine, Julia deviendra magistrat et n'aura de cesse de prouver la culpabilité de Yannick. Juge et justicière, représentante avec beaucoup d'autres de cet {Arbre à perruque} qui symbolise la justice toute-puissante, elle établira alors un violent réquisitoire et l'élargira aux maladies de notre société : la corruption, le pouvoir, les faux éditeurs, le vrai abrutissement par les médias, les nouveaux marchands du temple...