1934-1935. La France est divisée entre des idéologies extrêmes.
La République est minée par des scandales à répétition. L'Église catholique est traversée par des tensions très fortes entre des « progressistes », qui inclinent vers le Front populaire en gestation, et des « conservateurs ». C'est dans ce contexte de crise que le philosophe Jacques Maritain (1882-1973) cherche à définir les responsabilités sociales des chrétiens par la rédaction du manifeste intitulé Pour le bien commun, première expression collective des intellectuels catholiques.
Alors que le siècle exige « l'engagement » des intellectuels, la Lettre sur l'indépendance entend rappeler l'indépendance première du philosophe, témoignant de « la liberté de l'intellect en face de l'instant qui passe », ainsi que l'indépendance du chrétien, manifestant « la liberté de la foi en face du monde ». « C'est tout le contraire d'une retraite ou d'une évasion ; tout le contraire d'une défection devant le drame de l'existence et de la vie. C'est un engagement d'autant plus réel et d'autant plus profond que la liberté intérieure est intacte. » Ces écrits sont précédés d'une préface de Florian Michel, maître de conférences en histoire contemporaine à l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Spécialiste d'histoire intellectuelle, politique et religieuse, il dirige le Centre Pierre-Mendès-France.
Anno Domini 1966.
Novembre. Moins d'un an après la fin de Vatican II, et alors que s'ouvrait la phase de sa réception, toutes les générations catholiques un tant soit peu informées avaient rendez-vous avec Le paysan de la Garonne. Prenant position sur tous les enjeux ecclésiaux de son "drôle de temps", Jacques Maritain y livrait sa propre traversée du concile et du para-concile, sans crainte "d'appeler les choses par leur nom" et de "mettre les pieds dans le plat".
À l'heure où l'interprétation de l'oeuvre conciliaire fait de nouveau question et tandis que se heurtent des herméneutiques mettant en valeur les continuités à d'autres privilégiant les ruptures, une nouvelle édition s'imposait de ce qui fut l'une des pièces les plus importantes, les plus autorisées et les plus précoces du débat ; elle s'accompagne d'un "dossier critique " révélateur, rendant l'ouvrage à son ancrage temporel, à sa réception controversée, à son épaisseur polémique.
Le paysan de la Garonne n'avait cependant pas valeur seulement réactive, mais aussi prospective, et c'est au " vrai feu nouveau" que Jacques Maritain consacrait les trois quarts de son essai - d'où le titre amendé de cette nouvelle édition -, s'essayant comme un "vieil homme qui cligne des yeux" à préciser les voies d'un renouvellement intérieur: en cela il s'adressait aussi aux générations d'aujourd'hui, et son propos qui n'a pas épuisé toute sa fécondité historique esquissait un horizon qui peut encore déplacer et attirer plus loin.
Ce petit traité a été édité hors commerce dès 1922 comme directoire des "Cercles d'études thomistes". L'édition actuelle, préparée pour qui ne lit pas le latin, est tout indiquée à ceux dont la vocation contemplative reste ignorée d'eux-mêmes... et de leurs directeurs. Sa destination première touche le public intellectuel chrétien ; d'où sa première partie, brève et solide "De la vie intellectuelle et de l'oraison".
La deuxième partie : "De la vie spirituelle" marque un élargissement, signalé par Maritain dans l'édition française de 1933. Elle peut constituer une aide amicale et simple pour laisser le travail (notamment intellectuel) et l'union à Dieu s'unifier, se nourrir, se féconder. La troisième partie contient des notes de théologie spirituelle précises et discrètes sur l'habitation des Personnes divines dans l'âme et l'éveil à la contemplation.
Les textes sur la contemplation comme non-agir (Jean de la Croix) et activité suprême (Thomas d'Aquin) sont de la meilleure veine maritanienne.
Les deux concepts de Souveraineté et d'Absolutisme ont été forgés sur la même enclume. Ils doivent être ensemble mis au rebut , affirmait notamment Jacques Maritain. Intellectuel phare du Renouveau catholique de la première moitié du XXe siècle, converti qui va rompre avec éclat avec l'Action française en prenant le parti de Rome, Jacques Maritain (1882-1973) est aussi une grande figure de la philosophie politique. L'Homme et l'Etat, publié pour la première fois en 1953, est le texte développé de six conférences prononcées à l'université de Chicago en décembre 1949. Il apparaît comme l'ouvrage de référence pour comprendre la réflexion du philosophe dans ce domaine, une pensée qui contribuera beaucoup à nourrir l'idée démocrate chrétienne. En fin de volume est repris un texte fort et peu connu de Jacques Maritain, écrit en 1937 et intitulé : Exister avec le peuple, qui illustre bien l'attention au peuple que souligne ici le jésuite et philosophe Paul Valadier, dans la préface qu'il a consacrée à cet ouvrage.
C'est à l'examen historique et critique d'un certain nombre de grands systèmes que le présent volume est consacré, ces grands systèmes étant, à mon avis, les plus significatifs à l'égard du développement et des aventures de la philosophie morale, et les plus importants à considérer pour l'Å«uvre de prise de conscience et de renouvellement intellectuel à laquelle notre âge semble appelé, aux yeux du moins de quelques esprits qui restent soucieux de sagesse. C'est vers les philosophes eux-mêmes et les divers systèmes de philosophie morale qui se sont succédé depuis Socrate que nous devions nous tourner, afin que les diverses phases de la réflexion philosophique sur la vie morale des hommes, et les vues contrastantes auxquelles cette réflexion a donné lieu, nous instruisent sur le sujet de nos recherches, nous introduisent, grâce au flot de l'histoire des idées, en plein milieu des débats, des conflits, des aspects opposés que l'expérience morale de l'humanité révèle, et nous mettent peu à peu, d'une manière non didactique mais vécue, en présence des notions de base et des problèmes fondamentaux. Cette voie d'approche n'est rien d'autre que la méthode employée avec tant de soin par Aristote quand il rapportait et discutait les positions des diverses écoles de pensée qui avaient touché au problème traité par lui. Elle s'imposait à nous d'une façon d'autant plus impérative que nous avions affaire, à vrai dire, moins à tel ou tel problème particulier de philosophie morale qu'à une sorte de redécouverte de la discipline elle-même en question. Jacques Maritain
1900-1973 - Inédits et textes divers de Jacques Maritain.
Ce manuel forme un véritable traité de logique classique.
A l'heure des prouesses de l'informatique, la logique des concepts et des propositions reste un outil premier de la pensée rationnelle. Rigueur et précision de la pensée, exactitude et souplesse de son expression ont pour condition la qualité de ses instruments que contrôle la logique. Cette nouvelle édition se distingue surtout par l'ajout de la Grande Logique ou Logique de la raison vraie. Etabli d'après le manuscrit inachevé de l'auteur, ce texte ouvre les horizons de la Grande Logique ; il en donne le début (Préliminaires et premier chapitre des Prolégomènes) et le plan (voir page 485).
Un index complète utilement le tout.
L'origine de cet ouvrage réside dans une série de cours donnés à l'Université de Yale.
On ne s'étonnera donc pas que cette esquisse d'une philosophie de l'éducation se présente dans une perspective américaine. Tout en étant déconcertant au premier abord pour le lecteur français, un tel changement de perspective a chance de stimuler sa réflexion. Face aux dangers de la spécialisation comme à l'éclatement idéologique de nos sociétés, la visée essentielle de l'ouvrage porte sur une éducation et une culture authentiquement humanistes.
Philosophe de la "Charte démocratique" qui établit un dénominateur axiologique minimal, Jacques Maritain prône un "sain pluralisme". L'idée chrétienne de l'homme ouvre les dimensions spirituelles de son "Humanisme intégral" sur la conception fondamentale de l'éducation. Par sa préface, Guy Avanzini, spécialiste des sciences de l'éducation, situe l'ouvrage dans la problématique française.
Eléments de philosophie, tome 1. Introduction générale à la philosophie, 1963.
Un ouvrage inédit et capital dans l'oeuvre considérable de Jacques Maritain, qui aborde un des problèmes majeurs de la philosophie morale, savoir la loi naturelle et ses modes d'appréhension.
"Il suffit de lire la première phrase de l'introduction de Jacques Maritain pour comprendre ce qui est au centre de cet ouvrage : "Le salut vient des Juifs" (Jn 4, 22). Aux yeux de Maritain, la vie et la pensée de Paul sont entièrement commandées par la mystérieuse dialectique des Juifs et des Gentils qu'il a discernée dans le dessein de Dieu. Même la dialectique entre la Loi et la Grâce, qui caractérise la doctrine paulinienne, se rattache à ce mystère central.
C'est le fils d'Israël devenu l'Apôtre des Nations que Maritain nous fait découvrir dans ce livre, avec sa profondeur coutumière. C'est donc un saint Paul "Hébreu, fils d'Hébreux, Apôtre des Gentils", comme il l'écrit dans sa dédicace adressée à une Juive américaine, que Maritain nous présente dans ce livre. Ce paradoxe, qui en 1941 sonnait comme une provocation, reste encore aujourd'hui une lumière pour redécouvrir à propos de saint Paul que Dieu n'accomplit l'universalité de son dessein bienveillant sur l'humanité qu'à travers la particularité d'une Election "sans repentance" (Rm 11, 28-29) dont les Juifs sont à La fois l'objet et les témoins." Fr.
Jean-Miguel Garrigues o.p.
Bibliographie et index thématiques des oeuvres de J.Maritain.
Les catégories de systèmes éthiques, le bien et la valeur, la notion de fin, le devoir, la faute...Dans des leçons d'une vingtaine de pages chacune, Maritain ouvre une nouvelle voie.