Jean-Claude Maleval
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Conversations psychanalytiques avec des psychotiques ordinaires et extraordinaires
Jean-Claude Maleval
- Eres
- Point Hors Ligne
- 26 Mai 2022
- 9782749273969
Tirant enseignement de son expérience clinique, Jean-Claude Maleval montre que la psychanalyse avec des sujets psychotiques gagne à s'orienter sur une conversation qui vise l'apaisement de la jouissance dérégulée plus que le déchiffrage de l'inconscient.
En quelques décennies, l'accroissement des demandes effectuées par des sujets de structure psychotique auprès de psychanalystes s'avère spectaculaire. Dans les années 1970, elles étaient rares, et l'analyste souvent les redoutait, ne sachant pas trop comment les accueillir. Tirant enseignement de son expérience clinique, Jean-Claude Maleval montre que la psychanalyse avec des sujets psychotiques gagne à s'orienter sur une conversation qui vise l'apaisement de la jouissance dérégulée plus que le déchiffrage de l'inconscient. Ces conversations psychanalytiques s'inspirent de stratégies spontanément utilisées par les sujets psychotiques pour tempérer leur angoisse : productions d'écrits, de phénomènes psychosomatiques, de passages à l'acte, voire recours à l'absence de désir aussi bien qu'à des fantasmes ou des symptômes originaux.
En effet, bien des cures de sujets psychotiques ont basculé suite à une interprétation ambiguë qui érige l'analyste en Maître possesseur d'un savoir insu du patient. Une simple question laissant entendre que derrière ce que dit le sujet une signification lui échappe, mais que l'analyste la détiendrait, pose ce dernier comme celui qui peut deviner l'intimité. Le psychotique se demande alors ce que l'analyste lui veut. Or quand la question se lève, la réponse penche régulièrement vers la malveillance. L'interprétation doit se garder d'être ambiguë, de poser l'analyste en maître, de même il n'est pas approprié de confier la règle d'association libre au psychotique. Il convient plutôt d'initier avec lui une conversation dirigée, inspirée des échanges « à bâtons rompus », pour reprendre une expression utilisée par Lacan lors de ses entretiens avec Aimée, une conversation cependant orientée par le souci de protéger le sujet de la jouissance menaçante de l'Autre. Pour cela, il s'agit non de chercher une vérité cachée, mais de préserver les soutiens imaginaires, et d'encourager les inventions sinthomatiques.
Certains psychotiques ne viennent que quelques séances, de temps à autre, pour échanger à propos d'un problème temporaire ; ils repartent souvent rassurés quand l'analyste est parvenu à appréhender celui-ci à partir de la singularité de leur fonctionnement, et à saisir où se trouve pour eux le danger. D'autres ne maintiennent une adaptation sociale, parfois précaire, qu'à la faveur de suivis très longs, de plusieurs années, voire de plusieurs dizaines d'années. Il s'agit quelquefois de rendre tolérable un délire à bas bruit, en prenant au sérieux son écoute, et en aidant le sujet à en minimiser les incidences dans sa vie familiale et professionnelle. Pour d'autres encore, le suivi analytique constitue une forme d'étayage qui leur suffit pour poursuivre leur chemin en dépassant leurs angoisses. -
La psychose interroge, voire inquiète. Comment la repérer ? Le repérage d'un mode de fonctionnement psychotique est d'autant plus difficile que des protocoles médicamenteux ou comportementaux sont appliqués sans écouter les patients. Nombreux sont ceux qui trouvent appui à parler à un psychanalyste. Les enseignements de Lacan sur la structure psychotique et la notion de psychose ordinaire, introduite par Jacques-Alain Miller, servent ici de boussole. Ce livre présente de nombreux cas.
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La différence autistique
Jean-Claude Maleval
- Pu de vincennes
- Arguments Analytiques
- 25 Novembre 2021
- 9782379241994
L'autisme ne se caractérise pas seulement par une autre intelligence, mais aussi par un fonctionnement subjectif et affectif original. Des conséquences en sont tirées pour un mode de prise en charge psychodynamique.
L'approche psychanalytique contemporaine de l'autisme considère celui-ci comme un mode de fonctionnement spécifique nécessitant une prise en charge adaptée. Elle se détourne radicalement de la recherche d'élucidation d'un passé enfoui pour s'orienter sur l'accompagnement à la construction, au développement et à l'évidement d'un bord. Ce dernier est constitué par trois éléments, qui peuvent s'interpénétrer, auxquels le sujet autiste fait régulièrement et spontanément appel : l'objet autistique, le double et l'intérêt spécifique. Un savoir inconscient sur la manière de se protéger de l'angoisse et du désir de l'Autre détermine une propension régulière et spontanée à se construire un bord.
C'est en passant par celui-ci qu'un lien social peut s'instaurer et s'affermir.
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Bien que l'on se soit longtemps représenté l'enfant autiste comme un être muet se bouchant les oreilles, les cliniciens ont constaté que la voix constitue un objet pulsionnel auquel il porte une attention particulière: beaucoup d'autistes s'interrogent sur le mystère de la parole en plaçant la main sur la gorge de leur interlocuteur, certains cherchent à faire parler des objets à leur place, la plupart témoignent d'un intérêt marqué pour la musique et les chansons. S'ils tiennent leur voix en réserve, soit par le mutisme, soit par l'effacement de l'énonciation, c'est en raison de la crainte d'avoir le sentiment d'être vides s'ils la faisaient servir à l'appel. Cette non-cession de la jouissance vocale a pour conséquence des manières spécifiques de composer avec le langage, allant d'une langue de signes désaffectivée, mais propre à l'échange, à des langues privées servant peu à la communication. Quelques remarquables témoignages d'autistes de haut niveau permettent maintenant de mieux s'orienter dans la clinique classique de l'autisme telle qu'elle fut dégagée par Kanner. Leurs expériences attestent que les méthodes qui les aident le mieux sont celles qui ne sacrifient pas l'individualité et la liberté du sujet, mais savent prendre appui sur ses inventions et ses îlots de compétence.
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La forclusion du nom-du-père ; le concept et sa clinique
Jean-Claude Maleval
- Seuil
- Champ Freudien
- 8 Septembre 2000
- 9782020373777
Pourquoi un livre sur la forclusion du Nom-du-Père, par laquelle Jacques Lacan introduit la psychose dans le discours analytique ?
La question peut être posée, quand l'ensemble de l'Orientation lacanienne a entrepris une approche «non ségrégative» de la psychose, selon l'expression de Jacques-Alain Miller. Les travaux cliniques récemment publiés, notamment La Psychose ordinaire, témoignent en effet du renouvellement par la clinique borroméenne qu'a opéré Jacques Lacan sur celle qu'il a ouverte dans la «Question préliminaire à tout traitement possible de la psychose».
Cette dernière est-elle pour autant frappée de caducité ? Le soutenir serait aussi injustifiable que de dire que la seconde topique freudienne invalide la première : c'est ce qui conduit certains, prétendus orthodoxes freudiens à ne plus parler d'inconscient !
Les lecteurs ne pourront que se féliciter de trouver dans cet ouvrage précis, explicite, vivant et rigoureux une véritable transmission du premier enseignement de Lacan sur les psychoses, et de certaines de ses conséquences sur la conduite des cures. Véritable transmission, parce que, comme l'attendait Lacan de ses lecteurs et élèves, Jean-Claude Maleval y a assurément «mis du sien».
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étonnantes mystifications de la psychothérapie autoritaire
Jean-Claude Maleval
- Navarin
- 18 Mai 2012
- 9782916124162
Trois récentes épidémies de troubles mentaux ont été induites par des psychothérapeutes américains : enlèvements extra-terrestres, sévices subis dans l'enfance, troubles de la personnalité multiple. Comment ces théories rocambolesques ont-elles pu trouver créance et avoir parfois des vertus curatives ?
Ce livre savant, divertissant et polémique, détaille aussi les excès des techniques cognitivo-comportementales, prêtes à tout pour rendre chacun conforme au mythe de « l'homme normal ». Quels sont les artifices utilisés pour les préconiser ?
Jean-Claude Maleval explique les pouvoirs de la suggestion, qui sont au principe de toute psychothérapie. Comment s'y retrouver ? Il trace une ligne de démarcation radicale entre la psychothérapie autoritaire et les psychothérapies relationnelles, ces dernières ayant des points communs avec la psychanalyse.
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L'autiste n'est pas un handicapé mental, mais un sujet au travail pour tempérer son angoisse. Telle est l'hypothèse première qui traverse les articles présentés dans ce livre collectif, réunissant médecins, psychiatres, chercheurs, enseignants, psychologues, psychanalystes, instituteurs, tous praticiens auprès d'autistes. L'orientation psychanalytique à laquelle ils se réfèrent se garde de savoir a priori ce qui convient au sujet, cherchant à l'apprendre de lui et avec lui, afin de l'accompagner dans ses propres solutions, inventions et apprentissages. Il s'avère alors que la construction subjective de l'autiste prend régulièrement appui sur un double et sur un objet autistique. Ces deux données cliniques essentielles sont méconnues par les méthodes d'apprentissage : elles s'avèrent portées à étouffer la singularité du sujet autiste en des techniques de rééducation censées valoir pour tous. Dans les institutions de soins, il est aujourd'hui trop oublié que l'individualisation de la prise en charge, associée à une certaine suspension de savoir de la part des soignants, constitue une condition majeure de l'enclenchement d'une dynamique subjective. Quand il n'est pas fait obstacle à cette dernière, un effet thérapeutique durable en est la conséquence - ouverture au monde, au lien social, à la connaissance en étant les corollaires.
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Logique du délire
Jean-Claude Maleval
- Pu de rennes
- Clinique Psychanalytique Et Psychopathologie
- 14 Avril 2011
- 9782753513310
Bien que la thèse freudienne selon laquelle le délire constitue une tentative de guérison ne soit pas ignorée, la conviction presque unanime reste que le délire doit être contrecarré, réduit, jugulé. à l'encontre de cette approche, ce qui est proposé ici constitue un plaidoyer pour un respect et un accueil du travail subjectif à l'oeuvre dans le délire, ainsi que de rendre intelligible l'intuition de Lacan d'une «échelle des délires». L'éthique de la psychanalyse doit non seulement inciter à respecter les complexes productions défensives du paraphrène, issues d'une longue et difficile élaboration, mais elle doit surtout ouvrir la possibilité d'accueillir le délire dans le cadre de la cure.
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Les autistes qui écrivent ne sont pas des fous littéraires. Ce sont des sujets à prendre au sérieux. Ils s'expriment pour faire savoir qu'ils sont des êtres intelligents, pour être traités avec plus de considération, et pour appeler à un respect de leurs inventions élaborées pour contenir l'angoisse. Souhaitent-ils qu'on interdise légalement leur écoute pour les soumettre, le plus souvent sans leur consentement, à des méthodes d'apprentissage ? Faut-il prendre le parti de les écouter ou celui de les contraindre ? Choisir de les écouter expose à se confronter à des opinions dérangeantes.
Une des autistes de haut niveau parmi les plus connues, Donna Williams : « la meilleure approche », écritelle, ce serait « celle qui ne sacrifierait pas l'individualité et la liberté de l'enfant à l'idée que se font de la respectabilité et de leurs propres valeurs les parents, les professeurs comme leurs conseillers1 ». Une autre confirme : « . les personnes qui m'ont le plus aidée ont toujours été les plus créatives et les moins attachées aux conventions 2» La psychanalyse n'est pas une, elle est multiple ; les pratiques psychanalytiques ont pourtant toutes un point commun : elles sont fondées sur l'écoute de l'autre.
Songer à interdire légalement l'écoute d'un groupe humain révèle une idéologie politique sous-jacente des plus inquiétantes. Certes, toute écoute n'est pas psychanalytique, mais comment le législateur fera-t-il la différence ?
Est-il de surcroît de son rôle de prôner des approches sourdes à l'écoute des singularités du sujet autiste?
Toutes les pratiques psychanalytiques ont en commun de prôner le respect du singulier et sa non résorption dans l'universel. C'est ce que souhaitent unanimement les autistes qui s'expriment. Ce n'est pas aux études randomisées permettant une évaluation scientifique impeccable auxquelles il convient de demander en premier lieu comment y faire pour traiter l'autisme ; ce sont les sujets concernés qui ont le plus à nous apprendre. Ils possèdent un savoir précieux sur eux-mêmes.
La psychanalyse du XXIème siècle n'est pas la caricature combattue par « Autisme France ».
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Etude sur l'inadéquation du concept de forclusion du nom-du-père, tel que défini par Lacan, pour appréhender toutes les manifestations cliniques de la psychose, et sur l'importance de l'approche psychothérapeutique des délires oniriques.
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Autisme ; quelle place pour la psychanalyse ?
Juan Pablo Lucchelli, Jean-Claude Maleval, François Ansermet
- Michele
- 7 Juin 2018
- 9782815600378