L'influence de la pensée de Claude Lévi-Strauss sur l'oeuvre de Jacques Lacan n'est plus à démontrer. Quelques auteurs se sont déjà penchés sur la question, en mettant en rapport tantôt les sources directes qui ont inspiré Lacan dans sa définition formelle de l'inconscient freudien - qui doit tout à la notion de structure -, tantôt des indices plus hypothétiques, présents de manière éparse dans l'oeuvre du psychanalyste. Il y a ainsi une dette que Lacan reconnaît lui-même à plusieurs reprises, mais il y aurait aussi des références plus cachées à dévoiler. Ainsi, on pourrait supposer un art d'écrire chez le psychanalyste où la dette à l'égard de Lévi-Strauss serait à peine avouée, voire intentionnellement dissimulée.
Cet ouvrage suit une autre voie qui ne cultive aucune ambiguïté : Lacan a une dette envers Lévi-Strauss et elle passe par un exercice de formalisation très puissant, qui va parfois bien au-delà des attentes (voire des souhaits) du même Lévi-Strauss. Cela produit le paradoxe suivant : à maintes reprises, le psychanalyste expliquerait et appliquerait mieux que l'ethnologue certaines de ses prémisses formelles.
Ce travail de recherche mené depuis vingt ans est issu de l'examen minutieux des manuscrits du fonds Lévi-Strauss de la Bibliothèque nationale de France et s'appuie sur une correspondance, brève mais précieuse, que l'auteur a entretenue avec l'ethnologue entre 2000 et 2007. Un riche entretien avec Monique Lévi-Strauss à propos de ces deux grands auteurs français du XXe siècle complète l'ensemble.
La théorie freudienne qui postule le rôle étiologique de la sexualité dans les névroses a rencontré, par le passé, les plus vives objections.
On pourrait penser à un phénomène d'époque, mais il n'en est rien. Et aujourd'hui pas moins qu'il y a un siècle, la pratique analytique est souvent considérée comme obsolète en raison, précisément, de l'importance accordée à la sexualité inconsciente. À l'époque où l'on choisit ses organes sexuels grâce à la chirurgie, il paraîtrait naïf d'interpréter une phobie infantile par les liens inconscients avec la mère.
Pourtant, si l'on prétend démontrer la cause génétique des maladies mentales, on rencontrera plus de difficultés à faire de même quant au destin sexuel : rien ne semble moins programmé, et donc plus ouvert à la contingence, que la sexualité. Pour la simple raison que le seul organe sexuel qui vaille est la libido, à savoir tout sauf un organe de la reproduction. Les exemples sont à portée de main. La sexualité serait déterminée à être indéterminée.
Et source du plus profond malentendu. Le malentendu des sexes est surtout un malentendu du sexe comme tel : si Lacan a pu stipuler qu'il n'y a pas de rapport sexuel, c'est aussi et surtout parce que tout rapport est sexuel, parce que chez l'humain c'est le sexuel qui pousse à ce qu'il y ait rapport (social, économique ou autre). En parcourant l'idée de sexualité chez Freud jusqu'aux élaborations les plus tardives de Lacan, ce livre retrace les points essentiels de la théorie psychanalytique et nous livre en outre des thèses originales sur les deux maîtres de la psychanalyse.
Dans ce livre nous traitons du transfert, concept fondamental de la psychanalyse, en explicitant ses lignes de forces qui commencent chez Freud et trouvent ses formes les plus achevées chez Lacan. Pour Freud. le transfert est essentiellement une résistance à la cure analytique. Dans ses différentes analyses, Freud pourra constater l'apparition de phénomènes qui façonnent les cures, depuis le " cas Dora " jusqu'au cas connu comme " l'homme aux rats ". Freud fera rapidement équivaloir le transfert à l'OEdipe et, par là même, à la répétition. Nous sommes là dans l'aire freudienne. Depuis lors, en psychanalyse, le transfert est lié à la répétition et la cure réduite à la résolution du conflit oedipien. moyennant quoi, il faudra naturellement " interpréter le transfert ". Quant à Lacan, il aborde le transfert relativement tard dans son enseignement. Mais il sépare le transfert de la répétition en même temps qu'il introduit une tension avec l'usage de l'interprétation. C'est dans son séminaire sur le transfert qu'il avance que l'antécédent historique du psychanalyste est Socrate. Notre livre dégage l'essentiel de cet axe qui va de l'un à l'autre maîtres de la psychanalyse, mais aussi, il apporte des exemples cliniques depuis la psychanalyse pure à la " psychanalyse appliquée ", en prenant comme matériel clinique le travail dans les institutions que dans la pratique privée. Ce livre, issue d'une thèse à l'université Rennes 2 sur le transfert, constitue aussi bien une recherche approfondie sur ce thème clinique qu'une belle introduction à Freud et à Lacan.
L'influence de la pensée de Claude Lévi-Strauss sur l'oeuvre de Jacques Lacan n'est plus à démontrer. Quelques auteurs se sont déjà penchés sur la question, en mettant en rapport tantôt les sources directes qui ont inspiré Lacan dans sa définition formelle de l'inconscient freudien - qui doit tout à la notion de structure -, tantôt des indices plus hypothétiques, présents de manière éparse dans l'oeuvre du psychanalyste.
Il y a ainsi une dette que Lacan reconnaît lui-même à plusieurs reprises, mais il y aurait également des références plus cachées, qui ne demandent qu'à être mises en lumière. On pourrait être ainsi tenté de d'avancer une lecture quasipsychanalytique - qui suppose un art d'écrire chez le psychanalyste - où la dette envers Lévi-Strauss serait à peine avouée, voire intentionnellement cachée. Dans cet ouvrage on suit une autre voie qui ne cultive aucune ambiguïté : Lacan a une dette envers Lévi-Strauss et elle passe par un exercice de formalisation très puissant qui va parfois bien au-delà des attentes (voire des souhaits) du même Lévi-Strauss, avec ce paradoxe que, souvent, le psychanalyste expliquerait et appliquerait mieux que l'ethnologue certaines de ses prémisses formelles. Ce travail se fonde sur des recherches que menées depuis plus de dix ans, aidé en cela par les manuscrits du Fond Lévi-Strauss de la Bibliothèque Nationale de France, ainsi que sur un échange écrit, bref mais précieux, avec Claude Lévi-Strauss.
L'objet a est sans aucun doute le concept le plus original de l'oeuvre de Lacan. Paradoxalement, peu d'ouvrages traitent de manière directe de ce point précis de la théorie et de la pratique lacaniennes. Voici donc l'un des premiers livres consacrés à cette invention lacanienne qui, à certains égards, condense à lui tout seul, tel l'Aleph de Borges, la pensée et l'originalité de Lacan. Le livre que nous allons lire présente de manière progressive les outils conceptuels de l'oeuvre du psychanalyste français, en suivant l'émergence de « l'objet des objets », comme le désigne son inventeur. Cette notion, qui apparaît aussi comme une nécessité théorique, est déjà en germe dans les premiers séminaires du psychanalyste, avec l'hypothèse de la prééminence du symbolique, et on peut en suivre le développement dans les textes qui traitent de la cure analytique, et jusque dans le dernier enseignement de Lacan. Un tel parcours remet en lumière la portée de la révolution freudienne qui depuis plus d'un siècle conduit l'homme moderne dans les méandres de son rapport aliéné au désir, mais aussi lui ouvre les voies de son devenir possible en tant que sujet.
Le Banquet de Platon met en relief ce que Lacan appelle la « métaphore de l'amour », à savoir le renversement à travers lequel l'aimé devient aimant, manifestant ainsi un manque et abandonnant sa position confortable. Mais on trouverait chez Lacan une « deuxième métaphore de l'amour » implicite où c'est l'aimant qui, tout en manifestant un désir sans limites, devient lui-même objet du désir. C'est ainsi que Socrate, par le pouvoir qu'il a de faire déplacer les discours et de renverser les positions subjectives de ses interlocuteurs, devient l'antécédent nécessaire du psychanalyste.
La publication de deux textes quelque peu oubliés d'Alexandre Kojève revêt une importance cruciale en ce qui concerne la compréhension aussi bien de l'oeuvre du philosophe que d'une bonne partie de la philosophie française du XXème siècle. " La métaphysique religieuse de Vladimir Soloviev ", résumé d'une thèse soutenue à Heidelberg, est un texte rédigé en français par Kojève dans les années 30 alors qu'il avait déjà entamé une bonne partie de son cours sur Hegel à l'Ecole Pratique des Hautes Etudes, et de ce fait il en porte la trace.
Le second texte publié ici, " L'origine chrétienne de la science moderne ", écrit en hommage à Alexandre Koyré, a été publié trente ans après le premier et en reprend une des thèses principales, à savoir celle de la coupure introduite par l'avènement du christianisme qui augure d'un autre avènement, celui de la science moderne avec Galilée. Ainsi, la thèse de Koyré ne serait que la conséquence de la thèse kojèvienne du renversement produit par le christianisme, seule religion absolue et totale qui abandonne l'homme et le prive à jamais de la notion ancienne de destinée.
C'est toute la querelle des Anciens et des Modernes qui se trouve ainsi convoquée au travers de ces deux textes qui nouent ainsi le christianisme et la science moderne.