Depuis notre premier soir à San Casciano, le bar du village est devenu une véritable annexe de notre maison. Les habitués nous ont adoptés et s'ingénient à nous faciliter la vie. II y a un téléphone au mur et quand je parle à mes enfants, à mon agent à New York ou à mes éditeurs en Californie, tout le monde se tait en imaginant que je discute avec le président des Etats-Unis. Le Centrale est notre bureau, notre PC, notre refuge. je commence à comprendre pourquoi certains Italiens, avant de choisir un appartement, vérifient si le bar le plus proche leur conviendra... Après un double coup de foudre dans un bar de Venise et un mariage romantique à l'église du Lido, Marlena, dynamique critique gastronomique américaine, et Fernando, son Vénitien de mari, ont décidé, mille jours plus tard, de s'installer en Toscane. A San Casciano, à peine deux cent cinquante habitants, ils vont vite être la coqueluche des villageois. On s'échange des recettes de cuisine (soigneusement consignées dans ce livre), on fait ensemble les vendanges, la récolte des châtaignes, la cueillette des olives, la chasse aux cèpes et aux truffes. Et Marlena, avec un enthousiasme communicatif, nous fait aussi participer à toutes les fêtes locales dans des pages pleines de saveurs, d'odeurs et de couleurs.
Un jour d'automne pluvieux à Venise. Une Américaine - 45 ans environ, journaliste gastronomique et chef de bonne réputation - est là pour quelques jours en reportage. Pour s'abriter un peu de la pluie,elle entre dans le premier restaurant venu. Or, on vient, au bout de dix minutes, lui dire qu'on la demande au téléphone. Ce ne peut être qu'une erreur, et pourtant.
L'homme au bout du fil, Italien, vénitien en fait, lui dit l'avoir aperçue un soir, quelques mois auparavant, sur la place Saint-Marc et, depuis, il n'a cessé de penser à elle. Elle le croit d'abord un peu fou, mais accepte de le voir. Il est tellement charmant que. eh bien, ils sont aujourd'hui mariés et très heureux.
Ce n'est pas un conte et il n'y a pas eu que des fées autour de cette histoire entièrement vraie. L'enthousiaste et désarmante Marlena qui a liquidé en quelques semaines tout ce qu'elle avait en Amérique - une jolie maison, un charmant restaurant, une vie professionnelle bien établie - pour aller retrouver Fernando, son « bel étranger », qu'elle connaît à peine, va se heurter à pas mal d'obstacles : la langue, qu'elle ne parle pas, l'appartement sinistre de son futur mari, la solitude, puisqu'elle n'a pas encore d'amis à Venise, l'ennui, car elle n'a plus de travail Alors, au lieu de couler à pic, elle va retrousser ses manches et les surmonter l'un après l'autre. Le récit épatant de drôlerie qu'elle nous fait de ses découvertes, de ses mécomptes et de son plaisir à se sentir peu à peu « acceptée » est un pur bonheur de lecture. Et comme Marlena est chef de cuisine, elle n'oubliera pas d'émailler son histoire de recettes plus savoureuses les unes que les autres.
Tout va donc aller plutôt bien jusqu'au jour où Fernando, l'imprévisible Fernando, lui réserve une drôle de surprise Mais Marlena, on le sait maintenant, a de la ressource.
Les saucisses ont été mises à rôtir dans le four du boulanger au début de l'après-midi. Maintenant bien gonflées, la peau croustillante, elles mijotent sur les braises d'un réchaud à charbon, alignées au fond de grands plats métalliques. Juste à côté, une énorme marmite remplie de plusieurs litres d'un vin rouge de la région est posée sur un autre réchaud, à gaz celui-là. Des oranges piquetées de clous de girofle flottent dans les profondeurs pourpres qu'une femme remue à l'aide d'une longue cuillère en bois.
Tous ceux et celles qui passent devant elle lui disent la même chose : «Surtout, ne laisse pas bouillir, Mariuccia !» Personne ne sait aussi bien que l'exubérante Marlena de Blasi nous faire découvrir des fêtes de village en Italie et des petits restaurants de campagne plus savoureux que des adresses étoilées, ainsi que d'excellentes recettes, car elle n'oublie pas qu'elle a été aux États-Unis «chef» et critique gastronomique.
Après un coup de foudre réciproque dans un bar vénitien, elle a épousé Fernando et ils ont vécu «mille jours à Venise», puis "mille jours en Toscane". Désormais ils vont s'installer à Orvieto, dans un vieux palazzo dont la longue rénovation va être ponctuée de rencontres et d'aventures comme Marlena les aime - jusqu'à l'inoubliable pendaison de crémaillère, devenue légendaire.