Ce livre retrace l'histoire des régions qui ont été réunies sous le nom de Yougoslavie de 1918 à 1991, et les péripéties du sanglant divorce qui s'en est suivi. La présente édition a été complétée jusqu'aux événements tragiques du Kosovo. Paul Garde, professeur émérite de l'université de Provence, est spécialiste de la linguistique slave. Depuis près d'un demi-siècle, il a parcouru les différentes régions de l'ex-Yougoslavie dont tous les peuples lui sont familiers.
"Le livre de Paul Garde demeure une base irremplaçable pour ceux qui veulent comprendre." Béatrice Toulon, La Croix."Un excellent livre et un livre indépendant où le lecteur trouve tous les repères à la compréhension des événements." Nicola Wafler, Etudes."Le labyrinthe yougoslave déroute. Le fil d'Ariane de paul Garde est d'abord un excellent et lumineux exposé de toutes les données du problème." Jean-Marc Gonin, L'Express."Tout à la fois essai, manuel d'histoire, livre de voyage et analyse des derniers événements, le livre de Paul Garde représente une clé indispensable pour décrypter le déferlement quotidien d'informations contradictoires." Marc Sémo, Libération."Le premier livre sérieux sur la question yougoslave... Le premier à proposer une nouvelle approche sans sentimentalisme sur l'"amitié historique" et sans dogmes idéologiques sur l'"Etat centralisé"." Mirko Galic, Zrcalo nad Hrvatskom (Miroir sur la Croatie)."Le livre de Paul Garde représente une lecture utile... qu'il vaudrait la peine, malgré quelques divergences d'opinion, de proposer en traduction au lecteur yougoslave." Djordje Dimitrijevic, NN (Belgrade).
On parle beaucoup des Balkans, mais comment en parle-t-on ? Chacun des peuples de la péninsule a son propre discours, ses propres mots pour désigner les gens, les lieux et bien d'autres choses. Le discours sur les Balkans qu'on entend en Occident en est inspiré, il est donc cacophonique, il fourmille d'ambiguïtés, il favorise les partialités et les malentendus. Chacun, dans les débats sur ces pays, cherche à imposer son point de vue par le choix même des expressions qu'il emploie. Il importe donc de décrypter les mots, et derrière eux de retrouver les réalités.
Quelles communautés humaines appelle-t-on une nation, un peuple, une ethnie ? Qu'entend-on par « autodétermination des peuples », « nettoyage ethnique », « langue serbo-croate » ? Quels groupes d'hommes sont nommés Bosniaques, Macédoniens, Valaques ? Quels territoires constituent la Moldavie ou le Kosovo ? Pourquoi telle bourgade bulgare a-t-elle, en un siècle, porté successivement quatre noms différents ? Chacune de ces questions, avec des dizaines d'autres du même genre, est étudiée dans son contexte historique proche et lointain, en se référant, si nécessaire, aux langues d'origine, et en cherchant à démêler les arrière-pensées idéologiques qui ont dicté le choix des mots. On cherche aussi à esquisser ce que pourrait être, sinon une vraie terminologie scientifique, du moins un langage plus ou moins objectif, qui permettrait de débattre vraiment sur les choses.
Car, à travers cette enquête sur les mots, on voit aussi apparaître, quoique sous une lumière insolite, toute l'histoire, la géographie, la situation linguistique et religieuse des Balkans, tous leurs problèmes politiques. Certaines leçons peuvent en être tirées. Exorciser, par une analyse objective, les illusions forgées par les nationalismes, et dénoncer les horreurs qui en découlent, ne doit pas conduire à sous-estimer les identités nationales, réalité profonde qui jouera nécessairement un rôle dans les états démocratiques à construire ou à consolider dans cette partie de l'Europe.