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Richard Millet
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C'est en corrèze, sur le plateau de millevaches, l'histoire de la famille de pythre, une histoire qui va de la fin du siècle dernier à nos jours.
Au commencement, il y a andré pythre qui arrive un soir au village, venu d'un canton voisin, le bout du monde, avec une demi-idiote, sa femme ou sa domestique, on ne sait.
André pythre est un personnage hors du commun, taciturne et mélancolique, en qui semblent se résumer des siècles de privations et d'entêtement à survivre en même temps qu'une volonté féroce de s'en sortir, d'échapper au nom impossible, au granit, à l'eau, au ciel trop bleu, à la jalousie des autres, à cette terre noire et froide qu'il faut disputer aux genêts, aux ajoncs, à la pierre. mais comment vaincre la " maudissure " qui vous suit, vous et les vôtres depuis si longtemps, comment vaincre ce qui gît en vous-même et vous entraîne vers le silence et la nuit ?
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Au milieu des vents, des pluies et des voix sombres des bois du plateau de Millevaches, dans la grande nuit corrézienne, voici l'histoire de trois femmes fières. Yvonne, Lucie, Amélie : les trois soeurs Piale.Trois vies de femmes : l'interminable déception, les rêves qui se brisent comme de la vaisselle, un goût de vieille neige dans la bouche, et toutes ces chambres où l'on n'arrive pas à se réchauffer, l'enfance perdue, la stupeur, l'incrédulité devant le temps qui a passé, les rires blancs, l'acceptation de la mort et du recommencement, même s'il n'y a ni commencement ni fin, mais seulement ce don, ce versement de sang, cette cascade qui tombe d'être en être, interminablement.
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Ma soeur vierge : Emily Brontë
Richard Millet
- La guepine
- Rapport A...
- 28 Novembre 2019
- 9782956099796
« On le sait depuis Montaigne : l'histoire de tout écrivain est, en grande partie, celle de ses lectures, et celles-ci le miroir, multiple, de ses origines. » Nous voici aux sources de Richard Millet. Son hommage, s'il permet de mieux mesurer la parenté de son oeuvre avec celle d'Emily Brontë, donne au lecteur une profonde envie de lire, ou de relire, Les Hauts de Hurlevent.
Une leçon d'amour pour la littérature...
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Il est professeur dans une banlieue difficile de Paris. Mais ses racines plongent dans le Limousin, au coeur de la province française. Dans ses classes, les élèves sont durs, violents. Peut-être d'autant plus qu'il est, lui, resté un enfant, l'enfant soumis d'un père tyrannique, l'enfant abandonné d'une mère trop tôt enfuie et qu'il recherche dans chaque femme.Lauve, Lauve le pur, est à jamais du côté de ceux qui ont tout perdu, qui ont toujours tort, ni là ni ailleurs : intellectuel pour les paysans, provincial chez les Parisiens, faible parmi les forts, innocent avec les innocents.
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Dictionnaire amoureux : de la Méditerranée
Richard Millet
- Plon
- Dictionnaire Amoureux
- 5 Mars 2015
- 9782259219723
Deux rives, trois religions, vingt-trois pays riverains et une mer qui reçoit des noms divers selon les langues : Mare Nostrum pour les Romains, Mer blanche du milieu pour les Arabes, mer blanche pour les Turcs, mer du milieu des terres pour les Hébreux, les Serbes, les Berbères, les Arméniens, la Méditerranée se subdivise aussi en plusieurs mers : Adriatique, Tyrrhénienne, Egée, Ionienne. Jadis centre du monde, la Méditerranée reste un espace géographique et politique important, et le foyer de notre civilisation grâce à la Phénicie, à Jérusalem et Athènes, et bien sûr Rome. La division entre Orient et Occident tend aujourd'hui à s'estomper, à cause des migrations et de l'américanisation du monde. C'est pourquoi l'auteur préfère parler de Méditerranée au singulier, celle-ci étant envisagée dans sa dimension civilisationnelle plus que politique, et dans sa diversité toujours active.
Il sera donc question de pays (Albanie, Macédoine.), mais plus volontiers de régions (Kabylie, Côte Vermeille, Gaza.), de villes (Beyrouth, Istanbul, Barcelone, Venise.), d'îles (Ibiza, Elbe, Malte.), de personnages mythologiques (Jason, Antigone, Didon), historiques (Alexandre le Grand, César, Zénobie.), d'écrivains (Homère, Camus, Lampedusa.), de peintres (Caravage, Gréco, Barcelo), de musiciens (Falla, Albeniz , Milhaud), de cinéastes (Fellini, Pasolini.), d'acteurs (Mastroianni, Claudia Cardinale, Trintignant), de saints (Rabi'a, Angèle de Foligno, Thérèse d'Avila), de plats, du vin, des vents, du platane et du cyprès, du oud et du komboloï, et de bien d'autres choses, à partir de souvenirs personnels, de voyages, de lectures, de femmes, ce qui explique, comme toujours en amour, ces lacunes qui reçoivent le beau nom de préférences..
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" Ce que je suis : un écrivain en route dans sa langue. C'est dans la langue qu'on chemine, autant que dans le paysage. Parfois je m'arrête en plein vent : mes mots aussitôt ravalés, comme le voile blanc sur la bouche des femmes druzes, comme un souffle d'homme sur la soie protégeant un sexe humide de femme. Je marche un peu seul sur la route de Hermel. Le chauffeur s'est endormi dans la voiture. Pas de secret à découvrir ou à livrer : je suis en mouvement sur la terre rouge de la Bekaa, entre deux chaînes de montagnes. Peut-être ne suis-je là que pour oublier ce qu'une femme a fait de moi : un être hors de lui, condamné à marcher, penser, parler seul (trois langues à la bouche et nulle envie qu'elles s'ébruitent dans l'après-midi poussiéreuse). "
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«Je songe à cette très jeune fille assassinée au début des années 60, à Siom, sur les hautes terres limousines.Je songe à celui qui l'a peut-être tuée, et qui se cachait dans son nom propre, Lavolps, comme un renard en son terrier.Tous deux sont morts, et seule l'écriture peut aujourd'hui les rendre à leur innocence.»Richard Millet.
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«J'ai vu s'éteindre, à Siom, sur les hautes terres limousines, entre les années 60 et le début de ce nouveau millénaire, le monde rural dans lequel je suis né. J'ai vu finir une civilisation qui avait duré des siècles. Ils sont tous morts, les Bugeaud comme toutes les grandes familles siomoises, et c'est pourtant parmi eux, hommes et femmes que j'ai vus vivre et que je croyais immortels, que j'erre aujourd'hui, perdu ou sauvé par l'écriture, ombre parmi les grandes ombres de Siom.»
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« Je vais où me portent mes phrases. » Richard Millet achève la longue quête vers l´origine dans laquelle il s´est lancé le jour où il commença d´écrire la première ligne de son oeuvre si décisive aujourd´hui. Cette autobiographie de ses vingt premières années, que ne couvrent ni son Journal ni son oeuvre romanesque, n´est pas un livre de confessions, quoiqu´il arrache « les vieux masques », y compris celui de l´homme « qui pose, inévitablement, en écrivant » et se situe dans l´exacte ligne de saint Augustin - mais c´est une quête pour découvrir « l´origine de ma sensualité ». Cette sensualité excessive, vécue presque comme une damnation, l´écrivain la rattache à un manque initial d´amour et à une sorte d´envoûtement paternels, qui auraient produit ce qu´il appelle sa « maladie ». La forteresse intérieure construite et consolidée pas à pas l´en protège mais elle en est aussi le produit - tout comme ce grand livre enfin écrit, « la baleine blanche de mon entreprise littéraire ».
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«À la fin du XIX? siècle, dans le haut Limousin, territoire disgracié de la France rurale, un jeune homme, fils naturel d'une simple d'esprit et d'un inconnu, affligé d'un pied-bot, pauvre de surcroît, découvre les gestes et la technique qui feront de lui un photographe ambulant. Il était né en 1866 et s'est suicidé en 1910. Retrouvées dans le grenier de la mairie d'Aix-la-Marsalouse, ses plaques témoignent d'un singulier souci de donner à voir ce qui n'avait pour ainsi dire pas d'image : une population appelée à disparaître dans les décennies à venir. L'art du bref n'est pas une biographie d'Antoine Coudert, ce photographe dont on ne sait presque rien et dont l'existence tragique a quelque chose des héros de Faulkner. Parler de lui, c'est se vouer peu ou prou à la fiction. C'est entrer dans un songe noir pour y chercher de la clarté. C'est enfin réfléchir sur la photographie, laquelle n'est peut-être pas un art - ou alors un art par défaut, un art modeste, un art du bref.» Richard Millet.
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Après les années d'apprentissage et les premiers succès, c'est l'homme mûr que ce 4e tome du Journal nous découvre : Richard Millet continue son exploration intérieure en déroulant la période la plus prestigieuse de l'écrivain dont tous les livres sont désormais publiés chez Gallimard et qui entre au comité de lecture de cette maison. Mais ces années (2003-2011) ne sont pas les plus heureuses, puisqu'il ne croit pas à ces prestiges et que sa lucidité donne au contraire à son regard sur les cuisines de la pauvre littérature dont notre siècle est capable une acuité qui lui sera fatale. « Depuis le début, élu au comité, cela ne semble être qu'un malentendu. » Il verra son « sentiment de la langue » se changer en malaise et sa répugnance à l'égard du milieu éditorial parisien mener à sa fatale éviction. « L'anecdote a, dans mes cahiers, une valeur politique », écrit-il et ici en effet, « chez Gallimard », c'est « la banque centrale » qui produit elle-même la « fausse monnaie ».
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Ce bref essai part d'une constatation biographique : Isabelle Huppert est née le 16 mars 1953, soit 15 jours avant Richard Millet. Autant dire qu'elle représente une sorte de miroir dans lequel l'écrivain scrute sa propre figure autant que celle d'une actrice dont la filmographie a quelque chose de très français en même temps que d'universel.
Ainsi les films majeurs dans lesquels elle a tourné, Des Valseuses à Elle, en passant par Chabrol, Cimino, Losey, Godard, Haneke, Téchiné, Trier, sont-ils aussi des moments importants de la vie de l'écrivain, l'actrice et l'écrivain s'inscrivant chacun à façon dans leur époque. On verra ici pourquoi, loin de toute fascination mais non sans une certaine ambiguïté, puisqu'il s'agit d'une femme.
Avec Huppert et moi, Millet clôt une trilogie constituée par Le corps politique de Gérard Depardieu (Pierre-Guillaume de Roux, 2014) et Pour Bernard Menez (Léo Scheer, 2017).
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«Il était de ces êtres, si incompréhensibles aujourd'hui, qui ont le goût de la solitude : une solitude qui était plus un accomplissement que de la misanthropie ou la contestation de l'ordre social qu'elle est devenue dans une société qui a fait du vivre-ensemble, de la transparence, du festif, de la convivialité, une des figures de la démocratie où les solitaires sont suspects aux vertueux hédonistes du nouvel ordre moral. Mais s'il aimait autant la solitude, c'était qu'il pouvait ainsi laisser libre cours à ce qu'il faut bien appeler son originalité ou ses bizarreries.»
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Eesti ; notes sur l'Estonie
Richard Millet
- Gallimard
- Le Sentiment Geographique
- 29 Septembre 2011
- 9782070135530
« L'Estonie est un petit pays du nord de l'Europe. Voilà pour l'ignorance générale, dont la mienne, il y a peu. Au mieux mettais-je l'Estonie dans le sac balte, à peine détaché du grand corps soviétique, les trois noms d'Estonie, de Lettonie, de Lituanie composant un poème perdu que seule la rime fait tenir ensemble, et encore est-ce dans un désordre qu'accroissent les anciens noms de ces provinces de la Ligue hanséatique : la Livonie, la Courlande, l'Ostrobothnie, et même la Poméranie, dont la beauté étend ces régions aux frontières du songe, sachant que l'incertitude frontalière, voire l'inexistence, fut longtemps le lots des pays dits baltes. Je m'en remets à l'absence de clichés, à la pure altérité de l'inconnu, celui-ci se donnât-il l'apparence d'une femme ». À la manière de Michaux dans Un barbare en Asie, Richard Millet nous convie à ce périple à travers « l'Eesti » (l'Estonie, en langue estonienne), en réalité un récit de voyage intérieur et géographique, qui mêle les notations sensorielles à propos des villes telles que Tallin ou encore Tartu, des campagnes peuplées de bouleaux et de sapins aux rencontres nombreuses avec des écrivains et des musiciens locaux. Le ton est souvent ironique et le propos salubre. La méditation esthétique et politique au sens large, à défaut de devenir estonien, offre à l'auteur un miroir à sa lassitude d'être français.
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Mes parents, eux, ne supportaient donc ni les filles ni les livres ; et quand j'en ai eu possédé plus de trente, ils m'ont sommé de choisir entre les livres et eux, tout comme pour les filles que j'amenais chez eux dans la rue Haute, me faisaient-ils comprendre sans autre forme de procès, ma mère nous toisant avec son visage de porcelaine, sans doute parce qu'ils ne voulaient pas que je me multiplie, comme les livres, le chiendent, les mouches du printemps.
A l'instar de Ma vie parmi les ombres, ce texte inédit de Richard Millet possède un fort écho autobiographique. C'est à Siom, nom d'emprunt pour la ville corrézienne de Viam qui l'a vu naître, que prennent place les nouvelles qui composent ces Jours de lenteur. Les mots y coulent naturellement, malgré le titre, comme les eaux vives d'une rivière.
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« Je suis descendue ouvrir la porte que faisait trembler un semi-remorque chargé de rondins, tremblant moi aussi devant cet homme d'une cinquantaine d'années, un peu plus grand que ne le sont les hommes des hautes terres : quelqu'un d'épuisé, ou qui revient de loin, ou encore un homme revenu de tout ; un homme qui ne s'aimait pas, c'était visible, ma mère m'avait appris à les reconnaître, les plus dangereux, selon elle, car ils exigent tout d'une femme, sans contrepartie, parfois même jusqu'au sacrifice suprême. » Estelle, la narratrice, est serveuse dans un routier, à Saint-Andiau, dans le haut Limousin. Sa vie, à la monotonie désespérante, bascule avec l'arrivée d'un écrivain, qui, après avoir tant attendu de l'écriture, a renoué avec son métier d'instituteur. Elle va projeter sur « le maître » son désir, son dévorant besoin d'amour...
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Toute ma vie j'ai eu peur. Peur de vivre, de mourir ? Non : pas même peur de moi ni de ces nuages que les vivants passent leur vie à redouter. Peut-être la peur est-elle une manière d'attendre, donc d'espoir. Je suis essentiellement un être espérant : j'ai la nostalgie de choses qui ont peut-être eu lieu tout en restant à venir. Cette phrase, j'ai beau tenter de me l'expliquer, il me semble que le langage me dicte une condition particulière, une forme d'existence si étrange qu'elle ne peut avoir lieu qu'en déployant la langue : un récit, donc, qui soit une espèce de salut, et de damnation, aussi, puisque rivé au langage. Je n'ai pas le choix : la nostalgie n'est pas le regret mais l'attente heureuse de ce dont on a perdu la mémoire.
Depuis la longue et lente méditation funèbre en l'honneur d'un monde disparu (Ma vie parmi les ombres), à la tragédie réduite à l'épure où les passions se révèlent avec force et cruauté (Le renard dans le nom), Richard Millet n'a cessé, livre après livre, de poser des facettes supplémentaires à sa «comédie humaine» corrézienne. Ce volume, construit sur le modèle des Cent nouvelles nouvelles, où des personnages sont récurrents et d'autres de discrètes ombres, décline toute la gamme des émotions et conjugue envolées musicales et pesanteur terrienne vers une pure jouissance des mots et de la langue. Malgré la transparente référence balzacienne à une «histoire naturelle de la société» cette suite de cent «contes» laisse entrevoir un autoportrait par petites touches...
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« Un prince napolitain de la fin du XVIe siècle, meurtrier de sa femme et de son amant, auteur d'une des musiques des plus étranges de la Renaissance, vit désormais retiré dans son château de Gesualdo, fouetté chaque jour par ses valets afin d'expier l'inexpiable, tout en guettant sur le visage de ses proches les signes de sa mort imminente » : tel est le thème de ce livret d'opéra basé sur la vie extravagante du compositeur Carlo Gesualdo, opéra créé à l'Opernhaus de Zurich en octobre 2010 (musique de Marc André Dalbavie).
Le texte reproduit ici est celui du livret tel qu'il a été écrit au départ avant d'être aménagé pour être chanté, et s'apparente donc plus à une pièce de théâtre.
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Entre l'éclipse d'août 1999 et les mois qui suivent les tempêtes de la fin du siècle, une femme achève de raconter à son amant ce qui l'a conduite à fuir son Québec natal, sa famille et sa langue maternelle, l'anglais, pour venir vivre à Paris. Elle est radiologue. L'amant est un altiste réputé, originaire des hautes terres limousines. Entre eux, une relation très étrange, dans laquelle la parole compte autant que le sexe, et l'enfance autant que la musique. Ils s'aiment dans la proximité comme dans l'éloignement et la multiplicité des aventures parallèles, entre ce centre du monde qu'est l'île Saint-Louis à Paris, et Montréal, Amsterdam, Venise, Cracovie, Beyrouth...
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À Paris, un écrivain qui approche de la soixantaine tombe amoureux d'une cantatrice russe beaucoup plus jeune. Rencontre entre un homme de l'ombre et une diva ; rencontre difficile, dans laquelle intervient aussi la fille de la soprano, Dolores, 16 ans, venue d'Amérique. Nouvelle Lolita ou adolescente en quête de parents, la jeune fille les amènera devant leurs propres gouffres.
On retrouve ici le personnage de Pascal Bugeaud, double de l'auteur, cette fois placé devant une interrogation inédite : la cantatrice est-elle sa dernière passion, ou Dolores une autre figure amoureuse ? Est-ce pour lui la fin de l'écriture, ou bien, grâce à la musique, le début d'une nouvelle vie ?
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« - Si vous voulez, je peux faire l'amour... Lundi... Vous donnerez juste un peu plus d'argent... » Sa voix restait aussi fermée que son visage, et tout aussi terne que lorsqu'elle évoquait la Transnistrie. Sans doute avait-elle deviné dans quelle solitude je vivais, depuis ma sortie de l'hôpital, ou Léonore lui en avait-elle parlé pour la décider à travailler chez moi. Elle ne me proposait rien de plus qu'un complément de service : elle était de ces femmes qui, nées dans un pays arriéré, comme on disait à Siom, où les meilleurs d'entre nous considéraient cette arriération sans amertume, comme une fatalité historique, ont très tôt appris que savoir satisfaire un homme est le plus sûr moyen d'accéder, faute de bonheur, à une forme de tranquillité. Pour Yelizeveta, il s'agissait d'améliorer le fruit de son travail. Léonore m'avait dit qu'elle avait été mariée à un homme brutal, qu'elle avait divorcé et vivait, dans une lointaine banlieue, avec un fils âgé d'une quinzaine d'années pour lequel elle avait les faiblesses d'une mère seule et se sacrifiait, avait-elle ajouté en usant d'un verbe qui me paraît caractériser la femme tout entière - cette dimension sacrificielle étant particulièrement sensible dans le domaine sexuel, où la nature de l'appareil génital féminin rend possible sa soumission au temps sexuel de l'homme, pourtant infiniment moins vaste et riche en sensations que celui de la femme, l'homme n'étant, sous cet aspect comme en bien d'autres domaines, qu'un roi au sceptre en forme de hochet. (...) Nulle femme ne m'a pourtant mieux compris, intuitivement, sans pour autant s'intéresser à moi, à mon histoire, à ma qualité d'écrivain, ma maladie seule paraissant la soucier (...)»
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Nouvelle édition révisée par l'auteur en 2010
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Rêver est, après tout, une manière de vivre, pensais-je en me trouvant, somme toute, heureux d'avoir été le lieu d'un rêve prophétique, moi qui renonçais de plus en plus souvent aux berges de la rationalité commune pour me donner à des signes qui sont le chant du divin dans la vie matérielle.
Comme les cinq actes d'un drame brutal, les cinq parties de ce court récit se situent loin des terres limousines ancestrales auxquelles Richard Millet nous a habitué ; nous sommes tout près de Paris. Un homme, en proie à ses rêves, se lève avant l'aube. La journée sera ponctuée de visions et d'événéments étranges, probables signes prophétiques, nous maintenant sous tension, comme sous une nuée menaçante, jusqu'à la nuit, fatale.