«Ce dimanche matin, ce ne fut pas une réunion entre cinq femmes civilisées qui se tint dans les bureaux de Librarte, mais un sabbat entre cinq sorcières déchaînées usant de mauvais sorts et de magie noire pour tenter d'échapper à la malédiction qui s'abattait sur elles.»À Madrid, Solea et ses collègues du magazine littéraire Librarte viennent d'apprendre une terrible nouvelle:Atticus Craftsman, le fils d'un riche éditeur londonien, débarque d'Angleterre pour fermer leurs bureaux, jugés trop peu rentables. Heureusement, les cinq salariées de la petite revue échafaudent une stratégie. Quand l'inspecteur Manchego, quelques semaines plus tard, est informé de la disparition du jeune et bel héritier, il ne peut imaginer l'affaire rocambolesque dans laquelle il met les pieds...
Barcelone, 18 mars 1977. Au petit matin naît Pablo, et autant dire que les premières vingt-quatre heures de sa vie vont être mouvementées... Dans les rues, c'est l'effervescence, on rêve d'amnistie et tout semble redevenu possible. Ce jour-là, le hasard donne rendez-vous à Clara, Solitario, Gerardo, Carlota, M. Raich et María Dolores. Six personnages en quête de leur histoire, dont les destins vont s'entrechoquer, jusqu'à bouleverser celui de Pablo. Et si un jour contenait toute une vie ?
Polyphonique, enjoué, ingénieux et décalé, L'Instant décisif est superbement orchestré. Une véritable réussite.
Lire ce livre s'apparente à boire un verre dans un bar avec un inconnu, un inconnu intéressant. Ce premier récit est l'histoire d'un journaliste qui a vécu à Bahreïn mais qui n'était pas sensé y aller. Il nous raconte son voyage, d'abord avec l'étonnement d'un premier regard, puis avec la profondeur d'un excellent chroniqueur : des détails les plus simples (et pourtant invraisemblables), comme chercher une maison à louer, jusqu'aux détails plus précis de l'implantation chiite dans les pays du Golfe.
La voix de l'auteur, sérieuse et profonde quand il faut, mais aussi candide, drôle et subjective, se balade entre la finesse du regard et humour, loin de l'attitude du vaillant reporter de guerre qui a tout vu et tout vécu. C'est pourquoi on a envie de le suivre, parce qu'on se sent proche de lui, et on l'écoute nous décrire les subtilités géopolitiques du Moyen-Orient mais aussi la visite rocambolesque de Michael Jackson à Bahreïn, les manifestations et répressions de 2011 et les menus des restos des expatriés, la construction des îles artificielles faramineuses et le sort de la moitié de la population, composée d'esclaves modernes.
En prenant ce qu'il y a de mieux dans le récit de voyage et dans le reportage, ce récit nous émerveille en nous montrant l'une des meilleures qualités d'un livre de non-fiction : il rend passionnant un sujet auquel nous ne nous serions jamais intéressés si on n'avait pas rencontré ce type sympa et intéressant au bar.
Un jour de désoeuvrement, Pablo Martín Sánchez tape son nom dans un moteur de recherche. Par le plus grand des hasards, il se découvre un homonyme au passé héroïque : un anarchiste, condamné à mort en 1924. Férocement intrigué, il se pique au jeu de l'investigation et cherche à savoir qui était... Pablo Martín Sánchez le révolutionnaire.
Happé, l'auteur se fond dans cette destinée tourbillonnante et picaresque, alternant le récit d'une épopée révolutionnaire dans le Paris des années 1920 où les faubourgs de Belleville abritent d'ardents imprimeurs typographes, et celui d'une jeunesse aventureuse en Espagne jusqu'à les faire converger en un dénouement... tragique.
Épique, virevoltant, espiègle et foisonnant, L'anarchiste qui s'appelait comme moi dresse le portrait à la fois réaliste et rêvé des utopies montantes du tournant du XXe siècle, dans l'esprit des grands romans populaires où l'amitié, la trahison, l'amour et la peur sont les rouages invisibles qui font tourner le monde.
Sur un îlot perdu de l'Atlantique sud, deux hommes barricadés dans un phare repoussent les assauts de créatures à la peau froide.
Ils sont frères par la seule force de la mitraille, tant l'extravagante culture humaniste de l'un le dispute au pragmatisme obtus de l'autre. Mais une sirène aux yeux d'opale ébranle leur solidarité belliqueuse. Comme les grands romanciers du XIXe siècle dont il est nourri, l'auteur de La Peau froide mêle aventure, suspense et fantastique pour éclairer les contradictions humaines. Opposant civilisation et barbarie, raison et passion, lumière et obscurité, ce roman rappelle que, depuis la nuit des temps, c'est la peur de l'autre-plutôt que l'autre lui-même-qui constitue la plus dangereuse des menaces, le plus monstrueux des ennemis.
Ce recueil se compose de 7 pièces ( 2 x 2 ; Sister SonJi ; But How Do It Free Us ; MalcomMan Don't Live ; Dirty Hearts ; I'm Black When I'm Singing ;
Prochain arrêt le Bronx) dont la période d'écriture s'étend sur quatre décennies, des années 60 à aujourd'hui.
Romance d'unautre genre.
Quand sa meilleure amie Elena lui annonce qu'elle a maintenant un petit copain, la jeune Noel a déjà beaucoup de mal à l'accepter. Alors quand June, une autre amie très proche d'Elena arrive dans l'équation, c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase ! Mais au fur et à mesure que Noel et June apprennent à se connaître, leur rivalité se mue petit à petit en un sentiment tout nouveau...Ce joli one shot romantique vous est proposé par une autrice européenne, qui a su créer des héroïnes aux sensibilités proche de nos lectrices. Cette histoire d'amour entre deux étudiantes à la fac, racontée avec justesse et naturel, plaira indubitablement à tous les coeurs sensibles.
Roman picaresque sur la guerre de Succession espagnole qui a embrasé l'Europe au début du XVIIIe siècle et sur la résistance de Barcelone, la ville qui a tenu tête à deux empires et contenu pendant un an le plus effroyable des sièges. À comprendre pourquoi les enfants catalans jouaient aux Habsbourg et aux Bourbons plutôt qu'aux cow-boys et aux Indiens, on saisit les enjeux du projet séparatiste actuel.
Menacé de potence, un homme raconte la fièvre de l'or dans les entrailles de la jungle congolaise. Après "La Peau froide", une nouvelle expédition au coeur des ténèbres, une insolite rencontre avec une "autre" à la peau chaude.
Sur la mort de Vincent Van Gogh tout a été écrit. Sur celle de son frère Théo, terrassé par le chagrin, des litres d'encre ont été aussi déversés. Mais personne n'a évoqué ce qu'il advint de Johanna Van Gogh-Bonger, épouse de Théo, qui vécut un double veuvage tant le lien entre les deux frères était fort. Après la disparition de son mari dans un hôpital psychiatrique d'Utrecht, la jeune femme décide d'ouvrir, à quelques kilomètres d'Amsterdam, une auberge qui lui permettrait, à elle et à son bébé de un an, de survivre. C'est là qu'elle réunit les lettres de Vincent, qu'elle accroche aux murs ses toiles.
Nous sommes en 1891 et certains voyageurs de cette fin de siècle s'arrêtent volontiers dans l'agréable demeure. Déconcertés, ils regardent ces tableaux aux couleurs inattendues qui jusque-là n'ont pas trouvé d'acquéreur, ni à Arles ni à Paris. Des tableaux dédaignés et même voués par certains au bûcher tant ils paraissent « démoniaques ». Cette exposition loin du monde des critiques prétentieux et pontifiants permettra au peintre de connaître enfin une gloire posthume.
Une histoire méconnue et passionnante qui brosse, entre documentaire et fiction, le portrait d'une femme hors norme dont la détermination a changé la face de l'art contemporain...
- Que se passerait-il si j'étais un chat ?
- Si j'étais un chat...
La réponse à la question qui commence le récit ouvre un éventail de possibilités qui donnent origine à ce drôle d'album et à son titre.
Dans beaucoup de contes, les héros sont des animaux anthropomorphes qui ont un comportement humain. Mais dans ce conte-ci la situation s'inverse en plaçant une personne de l'autre côté du miroir.
Si j'étais un chat est une proposition ludique qui permet de prendre conscience de la réalité de l'autre avec le but ultime de mieux le comprendre et qui avertit que nous ne pouvons pas partir du principe inexact que ce qui est bien (ou pas) pour nous, l'est indiscutablement pour les autres.
Ainsi, connaître et accepter les différences de l'autre nous rend plus tolérant envers des comportements qui s'éloignent du nôtre. Et la différence a aussi des avantages comme nous fait voir l'auteur : un chat qui n'a pas peur de la nuit pourrait chasser tous nos fantômes...Les illustrations montrent des personnages tendres qui renforcent le caractère amusant du récit.
Certains, comme le souriceau malin, n'apparaissent pas dans le texte mais sont dessinés au fil des pages. La technique du collage avec des papiers et des cartons peints préalablement à l'acrylique donne du volume qui, combiné au dessin plat, souligne la partie rustique du matériel.
Un fond de scène simple, qui laisse la place au lecteur pour qu'il complète l'histoire avec son imagination, se combine à des collages volumétriques qui montrent les détails et la texture du matériel employé à la base : coupes de cartons, boîtes de céréales...
L'invasion arabo-musulmane de l'Espagne wisigothique, initiée en 711 pour culminer en 719 avec la conquête de la Gaule narbonnaise, a été l'événement aux conséquences les plus considérables de l'histoire d'Espagne.
On oublie souvent que, pendant des siècles, la majeure partie de la population fidèle à la religion chrétienne et la minorité juive ont été soumises à un régime de très forte discrimination. Celui-ci reposait sur la ségrégation sociale, l'absence de liberté religieuse, l'exploitation économique et fiscale, l'immersion culturelle et, en cas de protestation ou de révolte, sur la plus sévère répression. La dureté de ce régime s'est accentuée au fil du temps et a fini par provoquer, dès le XIIe siècle, la complète disparition des communautés chrétiennes et juives d'al-Andalus.
Ce livre offre une vision complète de la situation de ces chrétiens espagnols, appelés mozarabes, unique peuple européen médiéval à avoir vécu pendant tant de générations sous la rigueur de la dhimma. Il permet de mieux faire connaître la réalité de leur vie, loin des rêves et falsifications intéressées qui alimentent le mythe de la convivialité pacifique entre cultures et religions construit en marge de la vérité de l'histoire.
1888. Pauvre diable et anarchiste dépenaillé, Ric-Ric s'est réfugié dans une grotte perdue des Pyrénées. Sur ce territoire sillonné par les contrebandiers et les malfaiteurs, il découvre par hasard les fungus, de gigantesques champignons anthropomorphes auxquels il donne vie accidentellement. Émerveillé par leurs extraordinaires capacités, Ric-Ric voit en eux l'arme qui va lui permettre de concrétiser ses désirs : conquérir la belle Mailís, instaurer une société anarchiste et se venger de ceux qui l'ont traité cruellement. A la tête de cette armée invincible, ira jusqu'à affronter, lors de batailles épiques, les troupes françaises et espagnoles. Avec «Fungus», Albert Sánchez Piñol renoue avec le fantastique. Réflexion sur la monstruosité du pouvoir, ce western hivernal et pyrénéen est aussi une fable fantaisiste en diable.
Comme Alberto Ruy Sánchez rapporte qu'il reçoit des courriers énigmatiques, lettres, témoignages, poèmes souvent rédigés sur des cartes au dos desquelles figurent des dessins de fourmis, corbeaux et serpents, des collages, photos etc. L'identité de l'expéditeur, homme ou femme, ne figurant nulle part, il l'appellera « Silhouette », pensant que cette personne lui écrit d'une prison ou d'un asile. Un jour, on lui livre plusieurs cartons contenant des milliers de documents émanant tous de cette personne, peut-être un arrière-grand-père aujourd'hui centenaire émigré aux USA et dont la famille n'a plus jamais eu de nouvelles. Le narrateur recouvre peu à peu les murs d'une pièce de son domicile avec ces documents, reproduisant ce « Palais de la mémoire » qu'Oliver Sacks a recommandé à son patient, d'après la méthode de Mateo Ricci, un jésuite italien du XVIe, destinée à récupérer la mémoire en attribuant un espace à chaque chose. Peu à peu, une gigantesque mosaïque se dessine, diverses figures ayant réellement existé apparaissent, telles que Adolf Wolfli que Rilke et Cendrars ont lu, et Aloïse Corbaz, ayant comme lui subi l'internement en asile psychiatrique, la figure centrale étant Sylvia Ageloff, travailleuse sociale que Juan, alias John, alias Iván, alias Ioane rencontre lorsqu'il travaille aux usines Ford à New York avant de partir avec des milliers d'autres ouvriers en URSS où Ford a vendu son usine. Fille de russes émigrés à New York, après leur séparation, elle rencontrera Ramón Mercader qui l'utilisera pour approcher Trotski et le tuer le 21 août 1940.
En 2018, Les Rêves du serpent a reçu la reconnaissance la plus importante décernée chaque année à un roman au Mexique, le Prix Mazatlán.
À l'occasion de la publication de l'édition mexicaine, Alberto Manguel a écrit : « Les Rêves du serpent sont l'un des livres les plus distrayants, intenses et originaux que j'aie lus depuis longtemps...». Et quelques mois plus tard, pour l'édition espagnole : « C'est un chef-d'oeuvre.
L'un des ouvrages les plus importants écrits en espagnol dernièrement.
Adel est un enfant plein d'idées. Il adore fabriquer des oiseaux avec de jolis papiers colorés. Quand il commence ses pliages, il oublie tout ce qui l'entoure, rien ne peut le perturber...
Un album qui aborde le handicap d'une manière sensible et positive : chaque enfant a son propre talent.
Avec un modèle pour réaliser ses oiseaux en origami !
Un livre et une femme incroyables : María Sánchez, vétérinaire, poétesse, porte-parole de territoires et d'individus oubliés, déclassés, mal-aimés. «La Terre des femmes »est un récit intime, familial, politique à sa manière, qui redonne leur place aux femmes dans le monde rural, à leurs mains, à leurs gestes. Une histoire de filiation et de destin. De transmission. Et un pas de côté pour réfléchir à nos propres vies. Phénomène en Espagne, avec plus de 6 réimpressions, le livre a enthousiasmé la critique et bouleversé les lecteurs.
Barcelone, 1874. Ses mystères, ses conspirations politiques, son architecte surdoué... Après des années d'exil, Gabriel Camarasa regagne l'Espagne alors consumée par les luttes de pouvoir. Étudiant en architecture à Barcelone, il se lie d'amitié avec un autre élève : Antoni Gaudí, personnalité insaisissable, d'une érudition étonnante, versé dans les disciplines ésotériques. Mais quand la vie de Gabriel se voit bouleversée par un assassinat - dont on accuse son père, le directeur du journal tapageur Les Nouvelles illustrées -, Gabriel en vient à douter de son entourage. À commencer par Fiona, la femme qu'il aime, et Gaudí. Pourquoi son ami connaît-il si bien les bas-fonds de Barcelone ? Qu'y fait-il la nuit ? Et, surtout, que sait-il à propos d'une conspiration qui pourrait mener à la destruction de la basilique Santa María del Mar?
Un américain, professeur d'histoire de l'art, se rend en europe afin de découvrir pourquoi un célèbre peintre espagnol a abandonné en provence, pendant la seconde guerre mondiale, cette belle française qui n'était autre que sa muse.
Il déterre ainsi par hasard un secret enfoui depuis un demi-siècle : ce serment conservé avec soin, ce sortilège teinté d'érotisme qui a résisté à tout, même à la mort. deux amants pris dans la machine infernale de l'histoire et dont l'univers implose sous la férocité de leur passion, tandis qu'au même moment le monde extérieur explose sous le coup de la guerre globale... le professeur américain met au jour une passion amoureuse qui ne peut être dissociée de l'art et de la politique.
Il se retrouve au coeur d'un mystère qui l'oblige à sonder l'énigme de son propre désir, d'où il émane que l'histoire est tout autant écrite par ceux qui aiment que par ceux qui se battent.
Un trentenaire désabusé traîne son spleen à La Havane, entre son bureau et le Malecón... L'espoir se fait rare, la vie est un disque rayé. Rhum, salsa, tabac, et parfois un détour chez la Russe du neuvième étage. Il fait une chaleur criminelle et la révolution semble s'être oubliée au milieu du gué.
Seule la mer, au loin, promet encore quelque chose...
Canek Sánchez Guevara, petit-fils du Che, fait vibrer Cuba comme jamais : le désenchantement s'écrit dans une langue intense, hypnotique, et la crise des balsas est prétexte à un formidable hymne à la liberté.
Bolaño sort des toilettes, la Mort en jean et en tee-shirt frappe à la porte, Némésio naît le jour où Armstrong marche sur la lune. Avec le bien nommé Frictions, puzzle littéraire borgesien et jubilatoire, Pablo Martín Sánchez, provoque des rencontres insolites, se joue des genres pour mettre en scène univers décalés et mystérieux, nous entraîne au devant de chutes aussi vertigineuses et terribles qu'elles peuvent être joyeuses et saisissantes.
Mensonge, méfiance, cruauté, monstres exotiques : dans ces treize contes moraux aux accents surréalistes, le regard d'un anthropologue passionné par la vérité des êtres. Un humour grinçant au service du même leitmotiv : c'est la peur de l'inconnu (donc l'ignorance) qui nous rend perfides.
La publication en Espagne de ce roman inédit d'Ignacio Sánchez Mejías, au début de l'année 2010, a constitué un véritable événement.
Retrouvé dans des archives non encore classées par Andrés Amorós, essayiste et critique litté- raire de renom, qui travaillait alors sur la biographie du torero poète et dramaturge, L'Amertume du triomphe ajoute une facette supplémentaire aux talents multiples d'Ignacio Sánchez Mejías : ainsi donc le torero célèbre, le dramaturge, le journaliste, le comédien, le pilote d'avion, l'homme du monde, l'instiga- teur du complot littéraire de la génération de 27, le président du club de football du Bétis Séville était aussi romancier...
Ce court roman est un petit bijou de classi- cisme et d'originalité. Nourri de l'expérience de l'auteur, ce roman met en scène des situations qui explorent les fondamentaux de la littérature tauromachique. La peur, l'ambition, l'amour impossible, l'engagement total et choisi, la mélancolie de l'impuissance. Tous ces senti- ments sans concession, sans limites, sont ici décrits de l'intérieur par un homme qui, comme torero, accepte le prix de ces dangers, et comme écrivain s'interroge sur ces défis et leur vanité.
L'Amertume du triomphe est le seul roman écrit par un torero célèbre. Il est inachevé. Comme le fut la vie d'Ignacio Sánchez Mejías...
Ignacio Sánchez Mejías est surtout connu, en France, par l'extraordinaire poème Chant funèbre pour Ignacio Sánchez Mejías que son ami Federico García Lorca écrivit après sa mort dramatique, en 1934, des suites des blessures infligées par un toro d'Ayala, le 11 août, « à cinq heures de l'après-midi », dans les arènes de Manzanares.
Conte cruel et acide à la manière d'«Arsenic et vieilles dentelles», ce «road book» est une sorte de «Thelma et Louise» gériatrique à l'humour noir décapant où l'on suit la fuite de deux vieilles dames, dangereuses criminelles, en Galice.
Il y a des philosophies dont il n'est pas facile de se débarrasser, qui, de façon directe ou par le détour de critiques et de dénégations, s'imposent par-delà les siècles dans le débat philosophique. Spinoza dérangeait déjà dans son siècle et reste insupportable aujourd'hui. Le marxisme, devenu un dogme quasi religieux, a lui aussi dû subir l'impact du spectre de Spinoza convoqué par Louis Althusser. Dans les différents thèmes qui marquent sa carrière de philosophe, de l'antihumanisme théorique à la théorie de la causalité structurale et jusqu'à la découverte d'un matérialisme aléatoire, Althusser s'est soutenu de Spinoza. Spinoza a appris à Althusser ce que sont la lecture et l'écriture, le rapport entre la théorie et la politique, la réalité, la matérialité même de l'imagination et de l'idéologie. Celui que Vermeer avait possiblement dépeint comme un géographe et comme un astronome a permis à Althusser - qui le rapproche de Machiavel - d'exploiter la topique marxiste et de dessiner des cartes, voire des plans de bataille. Le marxo-spinozisme althussérien inspire aujourd'hui de nombreux travaux théoriques et de plus en plus de pratiques politiques.
Bio de l'auteur : Juan Domingo Sánchez Estopa poursuivi des études de philosophie à l'Université Complutense de Madrid où il a été chercheur et a enseigné également la philosophie moderne. Il a traduit la Correspondance de Spinoza en espagnol et a travaillé comme traducteur à Bruxelles. Il écrit sur Marx, Spinoza, la philosophie politique et le courant philosophique matérialiste. Il est membre du Centre de recherche en philosophie de l'Université libre de Bruxelles (ULB).