«En début d'année, Serge s'était rendu en Suisse pour faire une cure de bouillon. Harcelé par Valentina pour changer de corps, il avait accepté une retraite dans une clinique de médecine intégrative sur le lac de Vaar. Là, humant l'air du Waponitzberg sur sa terrasse panoramique et carrelée, engoncé dans une pelisse de mouton et ceint d'une couverture, il entamait à prix d'or son repos digestif (autrefois dit jeûne) par un bouillon de légumes et une eau minérale. Le lendemain, le bouillon disparaissait du protocole et ne lui restait que l'eau et la tisane aromatique à volonté. Une impression de malheur l'avait assailli.»
« Mon ami Serge a acheté un tableau.
C'est une toile d'environ un mètre vingt, peinte en blanc. Le fond est blanc et si on cligne des yeux, on peut apercevoir de fins lisérés blancs transversaux.
Mon ami Serge est un ami depuis longtemps. » Serge vient d'acheter une oeuvre contemporaine d'un certain Antrios, peintre très côté. Marc, son ami, trouve que se ruiner pour un tel tableau acheté "20 briques" est aussi grotesque qu'absurde. Yvan, lui, va bientôt se marier avec une certaine Catherine, choix que ses deux amis n'approuvent pas. Serge, Marc et Yvan (bouc-émissaire des deux autres), vont réussir à s'humilier, se déchirer et se mépriser, au nom d'une oeuvre d'Art.
Un texte drôle et subtil sur l'amitié et ce qu'elle peut comporter comme part de passion et d'incompréhension.
«Vous savez, personnellement, ma femme a dû me traîner. Quand on est élevé dans une idée johnwaynienne de la virilité, on n'a pas envie de régler ce genre de situation à coups de conversations.» Suite à une dispute, les Houllié et les Reille font connaissance afin de remplir une déclaration qui viendra couvrir les dommages corporels que Ferdinand Reille, onze ans, a fait subir à Bruno Houllié. Mais le règlement du conflit ne tarde pas à atteindre des proportions qui dépassent toutes les forces en présence.
Elisabeth, la soixantaine, vit avec son mari Pierre dans un petit appartement de Deuil-L'Alouette, ville fictive de la banlieue parisienne.
Se sentant sur la pente descendante, Elisabeth décide de bousculer le quotidien en organisant une « fête de printemps », à laquelle sont conviés leurs amis, ainsi que les voisins, Lydie et Jean-Lino, qu'ils connaissent depuis peu. Après des préparatifs grandioses, la soirée se déroule joyeusement au rythme des bouteilles qui se vident, des conversations mondaines et creuses, des tentatives de séduction et de quelques moqueries dérisoires qui réveillent de vieilles rancoeurs (le tout donnant lieu à de savoureuses caricatures des convives). Il va suffire d'un banal malentendu pour que cette petite fête bourgeoise dérape et tourne au drame.
Babylone est une comédie grinçante et mélancolique sur l'absurdité de la vie, l'amour et l'amitié, le temps qui passe sans effacer ni nos désirs, ni nos frustrations.
« À vingt-trois ans elle s'est trouvée enceinte. Pendant deux jours on s'est cassé la tête pour savoir quoi faire et puis elle a dit, allez hop je le garde. Ça ne l'intéressait pas de connaître le père : de toute façon il me fera chier. » Comme de nombreux comédiens, Anne-Marie Mille aurait aimé être célèbre. Mais c'est son amie Giselle qui connut la consécration. On dit qu'elle fut l'amante d'Alain Delon et d'Ingmar Bergman. Anne-Marie se remémore leur existence passée sur les planches de théâtre, interrogeant leurs succès et leurs échecs. Que reste-t-il d'une vie lorsque l'essentiel a disparu ?
«J'ai commencé à éprouver un sentiment, je veux dire un vrai, à ce moment-là. En sortant de la voiture, à Wandermines, sous la pluie. On ne parle pas assez de l'influence des lieux sur l'affect. Certaines nostalgies remontent à la surface sans prévenir. Les êtres changent de nature, comme dans les contes. Au milieu de cette confrérie en habits du dimanche, se pressant vers la mairie pour échapper aux gouttes, tenant le bras d'Odile pour l'aider sur le parvis glissant, j'ai éprouvé la catastrophe du sentiment.» Glissant de la mélancolie à l'humour, Yasmina Reza dessine avec Heureux les heureux une constellation moderne de personnages confrontés à l'impasse sentimentale.
" Où est l'enfance ? Des jours écoulés et vécus, il devrait de temps en temps jaillir une image lumineuse, une fulgurante réminiscence. Mais rien ne surgit. Rien ne triomphe du désir d'oubli. " Un texte très personnel, empreint d'une nostalgie douce, où l'auteur interroge l'origine, l'enfance, le foyer et le temps qui passe, à travers des fragments liés à ses enfants, parents ou aïeux.
Ce volume contient : Trois versions de la vie - Une pièce espagnole - Le dieu du carnage - Comment vous racontez la partie.
Voici pour la première fois réunie en un seul volume l'oeuvre de dramaturge de Yasmina Reza. Conversations après un enterrement, La Traversée de l'hiver, « Art », L'Homme du hasard ont en quelques années imposé sur la scène française un auteur singulièrement actuel, dont les huis clos - train, hôtel ou living - sont autant de comédies subtiles et décapantes, d'un ton profondément moderne. Les oeuvres de Yasmina Reza sont à présent jouées et applaudies dans de nombreux pays.
"Je voudrais que tu m'expliques le mot heureux ". Un père s'adresse à son fils, parti sous les tropiques à la recherche du bonheur. L'occasion pour Samuel de revenir sur les événements qui ont jalonnés sa vie. Son mariage avec Nancy qui a mal fini, ses relations avec les femmes, avec son seul ami Lionel et ses problèmes d'érection, et Mme Dacimiento, la femme de ménage portugaise qui le terrorise.
Un roman au souffle puissant et à l'humour aussi cruel que jouissif.
La dramaturge a suivi N. Sarkozy pendant plusieurs mois et brosse le portrait d'un homme parti à la conquête du pouvoir.
« J'ai fait le rêve suivant. Mon père mort revenait me voir.
- Alors, lui dis-je, comment est-ce ? As-tu rencontré Beethoven ?
Il se renfrogne et secoue la tête avec dégoût et tristesse :
- Ah, la, la ! Horrible rencontre !
- Comment ça ?
- Très antipathique. Très.
- Mais comment, papa ?
- Je m'approche de lui, poursuit mon père, prêt à le serrer, sais-tu ce qu'il me dit :
"Comment avez-vous osé vous attaquer à l'Adagio d'Hammerklavier ! Comment avez-vous pu une seule seconde vous imaginer interpréter une mesure d'Hammerklavier ?" - Pardonnez-moi maître, lui répondit mon père, je vous imaginais au-dessus de ça à présent...
- Mais enfin ! s'écrie Beethoven, être mort n'est pas être sage ! » Hammerklavier est un livre sur le passage du temps, la perte et l'absence. L'enchaînement des scénettes forme une sonate aux accents nostalgiques. Elle passe ainsi en revue les choix et les situations qui orientent nos vies, explore les relations familiales, amicales et professionnelles qui les façonnent.
«J'ai toujours dit mon mari est un grand spécialiste de Spinoza, comme si je savais très bien qui était Spinoza, de même qu'aujourd'hui je dis il s'est retourné contre Spinoza comme si Spinoza était un de nos amis, je dis il a pris en grippe Spinoza et même, si j'ai bu, je dis qu'il ne peut plus saquer Spinoza.»
«ROSANNA - Quand nous nous sommes parlé au téléphone, vous m'avez demandé de ne pas aborder votre enfance, ni aucun sujet de nature biographique.
NATHALIE - C'est vrai. Je pensais d'ailleurs que ça resterait entre nous, mais bon.
ROSANNA, imperturbable - Et vous n'aimez pas parler de votre travail non plus.
NATHALIE - Non plus.
ROSANNA - Vous ne voulez pas. je ne retrouve pas l'expression. (elle déplace ses feuilles) vous ne voulez pas. voilà. devenir "le commentateur parasitaire de votre travail".
NATHALIE - L'auteur n'est pas le mieux placé.
ROSANNA - Alors pourquoi avoir accepté de venir vous entretenir avec nous?...»
«Au revoir papa, je t'aime. Combien de temps encore ces mots ensoleillés? Dans la rue, lorsqu'il part à l'école, au petit matin, le grand crie je t'aime à son père qui le regarde traverser depuis la fenêtre. Il crie je t'aime, au coin qui le fera disparaître, au-dessus des passants et des voitures, et son père, penché en haut, envoie un baiser, et répète les mots d'une voix sourde et honteuse. Un père qui aurait pu en être un autre, un père qui est aussi, en quelque sorte, le premier venu des pères, car il sait bien que ce je t'aime ne lui est pas destiné à lui Adam Haberberg, l'homme qui se tient à la fenêtre, pas rasé et se sentant vieux, mais à sa figure dans le cours du temps, comme il doit au cours du temps d'être parfois le meilleur papa du monde ou le plus méchant.»
Boris et sa maîtresse Andréa se disputent sur le parking d'un restaurant. Elle ne comprend pas comment il a pu l'emmener dîner dans un établissement conseillé par son épouse. Pour couronner le tout, en faisant une marche arrière, Boris renverse Yvonne, la belle-mère de la meilleure amie de sa femme.
Une pièce étonnante dans laquelle Yasmina Reza prend trois fois ses personnages au piège De leur propre vie en proposant trois variantes d'une même situation.
J'aime les voyages. En posant le pied à Francfort, je serai une autre : la personne qui arrive est toujours une autre. D'ailleurs c'est ainsi qu'on va, d'autre en autre, jusqu'à la fin.
Un écrivain de renom voyage dans le train Paris-Francfort en face d'une inconnue qui lit son dernier livre, L'homme du hasard. Deux monologues solitaires, chacun ressassant sa vie, lui perdu dans ses pensées aux couleurs d'amertume, elle l'ayant reconnu et ne sachant comment l'aborder.
Je fais de l'argent. J'en gave mes fils qui sont deux nullités, c'est sûrement le plus mauvais service que je peux leur rendre, mais au moins je m'épargne artificiellement le souci que me cause leur indigence. Je n'ai jamais douté que ma vie était ailleurs.
Arrête avec ces chaises ! ... Nous sommes des gens civilisés, nous souffrons avec des règles, chacun retient son souffle, pas de tragédie...Pourquoi au fond ? Je n'en sais rien, mais c'est comme ça. Toi et moi, nous participons à cet effort de dignité...
Adam Haberberg est assis au Jardin des Plantes à ruminer sa vie devant l'enclos aux autruches. Il vient de voir son ophtalmo pour un oedème à l'oeil dont il craint le pire, son dernier roman est un fiasco, sa vie conjugale bat de l'aile. Sort de la ménagerie Marie-Thérèse Lyoc, qu'il n'a pas vue depuis trente ans. Sa condisciple au lycée, le genre de fille dont on n'a aucun souvenir, ni désir d'en avoir. Et parce qu'il est au plus bas, il accepte son invitation à dîner chez elle à Viry-Châtillon.
Expédition absurde. Elle pérore sur sa vie de représentante en produits dérivés, lui rappele un passé qui ne le concerne pas. Il fait semblant de l'écouter tout en ressassant ses échecs, ses velléités, son impossibilité à assumer ses choix et sa différence.
Yasmina Reza a décidé d'être elle-même : drôle, nerveuse, impertinente, impatiente, autant de qualités réunies dans " Art ", comédie hilarante et sensible.
Le Monde Une comédie remarquablement intelligente, profonde et spirituelle. " Art " touche à l'universel. The Times Un miracle. La plus haute école de la comédie. Die Welt Conversations après un enterrement, une pièce violente, noire, drôle. Yasmina Reza est parmi ces écrivains qui manient en virtuoses une ironie onirique. Le Nouvel Observateur La Traversée de l'hiver, un des plus beaux imbroglios d'amour que j'aie vu depuis longtemps.
Le Canard enchaîné
« Les acteurs sont des lâches.
Les acteurs n'ont pas de courage.
Moi le premier.
Les qualités humaines habituelles dans le monde normal sont contraires au bien de l'acteur. » Cinq acteurs répètent une comédie : une réunion de famille au cours de laquelle une mère présente à ses deux filles et à son gendre, le nouvel homme de sa vie, un veuf gérant d'immeuble...
La création d'Une pièce espagnole aura lieu à partir du 20 janvier 2004, au théâtre de la Madeleine, dans une mise en scène de Luc Bondy.
A l'âge de sept ans, j'ai eu un professeur de violoncelle qui s'appelait M. Litnick. M. Litnick était la bonté même. Il avait un bras qui tremblait. Il ne pouvait plus jouer à cause de ce bras qui tremblait. Et il ne pouvait plus enseigner car il n'inspirait plus confiance... Le jour où il est venu pour la dernière fois chez nous, je lui ai dit au revoir et je l'ai regardé disparaître de ma vie par la fenêtre ? M. Litnick traversait la rue. Je pouvais voir de dos qu'il marchait avec chagrin. A l'arrêt de l'autobus, il a levé les yeux vers notre appartement, il m'a vu à la fenêtre, et il m'a fait un signe en soulevant son chapeau avec une gentillesse... Dans le sourire de Vienne, il y avait un encouragement identique, quelque chose que je n'avais pas vu depuis des années, de tendre et d'humain, d'une solitude à une autre... Quelque chose de vraiment inattendu de la part d'une femme à mon égard.