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andre hirt
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Le texte que Baudelaire a rédigé sur la photographie - Le Public moderne et la photographie - est on ne peut plus célèbre. Du reste, il est devenu - et ce devenir fait bien sûr partie, secrètement mais d'une manière importante, de sa problématique - l'un des plus pratiqués, c'est-à-dire commentés et même, si l'on peut se permettre, sur-interprété, ce qui a pour effet de pervertir à la fois l'intention qui fut la sienne et le sens qui, quant à lui, appartient, il est vrai, dans tous ces cas de figure, autant à la postérité qu'à l'impensé que contient tout acte d'écriture.
Il n'empêche, le contenu du texte de Baudelaire est on ne peut plus explicite : la photographie, c'est le matérialisme triomphant et l'impersonnalité, tout le contraire de la « création », l'ennemie du rêve, de l'Idéal et de la poésie en général. Sans forcer les choses, on peut affirmer qu'à la fois elle incarne le spleen, en condense la nature et en expose tous les effets d'écrasement de ce qui est humain sur la terre, à savoir le désespoir et l'ennui. Car le sujet de la photographie, c'est bien, comme on ne cesse de le constater à la réflexion, la mort. Enfin, elle est une technique, rien qu'une technique, et le mieux serait d'ailleurs, pour le poète, qu'elle se cantonne à cela - en effet, la question de son statut éventuel et hypothétique d' « art » est, à la lecture cursive du moins, suspendue par Baudelaire -, parfaitement adéquate au Moderne et cet « âge des foules », ce dont au demeurant le titre du texte, sur lequel on ne s'arrête pas suffisamment, insiste en faisant mention du « public moderne », les termes de « foule », de « moderne » et de « public » étant justement dans les textes de Baudelaire d'une part péjorés, d'autre part toujours dialectisés (c'est ainsi, par exemple, que « foule » prendra une valeur de vérité lors de l'examen des conditions contemporaines de la perception et de la matière poétique qu'est la ville). Il s'agit donc, concernant la photographie, à la lettre et sans la moindre nuance, d'une condamnation, de celle qu'un poète, ou au sens encore fort du terme pour Baudelaire et en fonction de la position qu'il occupe, un artiste, peut s'autoriser à prononcer. -
Portrait du philosophe en grand vivant. Jean-Luc Nancy
André Hirt
- Kime
- 13 Septembre 2024
- 9782380721478
Penser à mort la vie, quelle qu'elle soit, partout, solitaire comme partagée, dans ses poussées d'énergie et de sexualité, de la veille au sommeil et au rêve. Penser l'existence jusqu'au bout, même le mort dans la mort et dans son espace la résurrection pour y apercevoir dans sa tenue propre l'être cher. Éprouver les séparations comme les partages. Toucher l'autre, être touché par lui, et être habité par le coeur qu'il a donné. Sentir néanmoins l'étreinte de l'union de l'âme et du corps. Travailler, enseigner et écrire à perte de vue, aimer de même. Exister et agir. Garder et protéger la raison, et être ivre d'infini depuis le fond de la finitude. Se défier des significations établies, déjà mortes. Penser désormais le sens qu'il y a, qui est le monde et rien d'autre, au présent, contre toutes les formes de nihilisme.
Telle fut la tâche que se donna le philosophe Jean-Luc Nancy, en grand vivant.
L'ouvrage parcourt son oeuvre grâce à des approches successives et des voies souvent moins empruntées, en les accompagnant de souvenirs et de prolongements, par conséquent non pour en faire une fois de plus l'exégèse, mais pour en reconnaître la concrétude, et pouvoir ainsi, qu'il s'agisse des grandes comme des petites choses, s'il y en a, approcher de ce que être homme, philosophe et penser tout ensemble veulent dire. -
Ce rien que moi dur et glacial: Hélène Schjerfbeck
André Hirt
- Encre Marine
- 14 Mars 2012
- 9782350880495
Helène Schjerfbeck (1862-1946) a beaucoup peint, surtout une série d'autoportraits dans lesquels elle a étendu, en sa féminité, sa psychè, en ne cessant de la creuser, de la gratter jusqu'à l'os, jusqu'à la manifestation de ce que l'art est refus de la représentation, plutôt appel obstiné en soi de figures venues de rien.
En parcourant la série, on songe inévitablement à la mort et à ses signes, alors qu'on doit voir aussi les couleurs tremblantes et toujours désirantes de la vie, par exemple sur les lèvres rouges. "Peut-être, l'artiste n'a-t-il qu'à pénétrer en lui-même dans ce rien que moi dur et glacial". "Je ne suis rien, absolument rien, tout ce que je désire faire, c'est peindre, chercher. - Ce doit être ceci qui fait la grandeur des peintres, de sorte qu'ils ne vieillissent jamais : le fait qu'il y a toujours encore quelque chose à conquérir".
Cette peinture incomparable et radicale fait l'objet, dans ce livre - le premier essai consacré en français à Hélène Schjerfbeck -, d'une expérience du regard et d'une tentative de rencontre avec ce que les autoportraits manifestent d'une subjectivité en question jusqu'à la torture, qui a interpellé le spectateur stupéfait et étrangement concerné. Celui-ci s'engouffre à son tour, avec ses moyens philosophiques, dans la vérité inquiète du portrait réel et impossible.
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Ce récit entrelace la biographie d'un enfant et l'autobiographie de l'adulte qu'il est devenu. Lors d'un voyage vers le pays de son enfance, la Lorraine, arrêté en bordure d'une forêt, l'auteur s'interroge sur sa mémoire des lieux où tout a commencé, malgré les barrières de l'oubli et l'impossibilité pour le langage de rejoindre la réalité du passé. C'est surtout le souvenir d'une autre personne qui s'approche, comme un secret, celle d'une dame qui s'occupa de l'enfant et dont l'adulte n'a gardé que le seul nom, pas même le souvenir du visage, mais pour laquelle une tendresse longtemps perdue renaît en lui. C'est alors aussi l'Histoire tout court qui vient à se rappeler sourdement, une histoire à laquelle les parents de l'adulte ont été confrontés.
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Les images profondes. De la photographie : Walker Evans et Baudelaire
André Hirt
- Kime
- 20 Août 2020
- 9782841749690
Il est très étonnant, voire étrange, que le poème s'excède dans l'image. Pour le poète Baudelaire, rien d'original à cela puisque la peinture de Delacroix comme l'image musicale de Wagner, ainsi qu'elle est décrite dans la fameuse lettre admirative au musicien, effectuent ce devenir et cette effectuation poétiques. Mais que le poème se déplace à ce point, qu'il s'élargisse et s'approfondisse dans sa substance, qu'il passe par sa négativité, par conséquent par la matérialité et par la technique (« l'industrie »), pour non pas se retrouver, mais se trouver, c'est-à-dire se reconnaître comme il ne s'est jamais expérimenté, voilà la puissance de l'art photographique.
Car une seule question nous intéresse ici : comment le poème nouveau que Baudelaire élabore dans les temps nouveaux du capitalisme se résout-il, devient-il et se fixe-t-il dans l'image photographique ? Mieux : comme image photographique. Ce n'est pas que le poème s'abandonne, c'est qu'il prend cette forme-là. Et de son côté, l'image photographique ne cesse, aujourd'hui encore et toujours, de s'extraire en quelque sorte comme ce poème-là. On espère le constater par une reformulation des raisons du poème baudelairien afin de pouvoir, ensuite, plonger le regard au fond des images photographiques de Walker Evans qui les accomplissent dans l'Histoire et notre présent. -
Exister, c'est articuler une forme, à tous les moments de la vie. Ainsi : naître et mourir, souffrir et jouir, être jeune et vieillir, subir le handicap, travailler et parler en sont quelques expressions fondamentales.
Toutes sont en vérité de l'art. Non pas l'art d'exister ou de décréter la signification de l'existence, surtout pas, mais celui de rendre l'existence possible à travers les aléas de sa désarticulation au demeurant insurmontable. Car si tous les hommes sont artistes par la nécessité de trouver une forme, si chacune est bien un absolu, en revanche aucune ne peut être vécue ou considérée comme définitive.
Il faut donc retourner au mot d'existence pour y voir autre chose qu'un « projet », une recherche d'authenticité ou de bonheur, mais des états organisés par chacun, composés et peints par certains, racontés aussi par d'autres, parfois au risque de la folie, qui décrivent un « autre état » ou une « existence poétique ». L'articulation de l'existence est cette aventure infinie dans laquelle elle se traduit.
Philosophes (Rousseau, Hegel, Heidegger, Deleuze, Derrida, Lacoue-Labarthe), psychanalystes (Freud, Theodor Reik), poètes (Hölderlin), peintres (Hélène Schjerfbeck), musiciens (Robert Schumann, Robert Wyatt), personnages (le Lenz de Büchner), écrivains (Goethe, Robert Musil, Marcel Proust, Elie Wiesel) sont autant de créateurs de formes pour dire non pas comment il faut exister, mais les conditions de l'existence. C'est à travers ces formes que s'ouvre à chaque fois du sens. -
Il n'existe pas d'humanité sans musique. Celle-ci vient à chacun en le précédant, en lui ouvrant son mode d'existence, en lui donnant forme et rythme. Nos affects, nos désirs et nos pensées sont musicaux. L'existence est musicale.
La musique constitue donc notre condition si bien qu'elle est plus intérieure et plus antérieure à nous que nousmêmes.
Comme nous, elle est sans origine assignable et sans commencement.
Ceci n'est donc pas un livre de musicologie. Pour le lire, nulle expertise n'est requise, seulement l'expérience d'exister.
Nous sommes nécessairement pris dans l'Histoire, ses contraintes d'époque, ses marques d'espérance et ses catastrophes. Que dit alors très concrètement la musique de nous, de nos existences actuelles et de l'Histoire ? Et, inversement, comment recevons et entendons-nous notre être-musical ?
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En même temps que la civilisation et la culture s'effondraient, Thomas Mann, dans Le Docteur Faustus, roman rédigé entre 1943 et 1947, concevait le personnage du musicien Adrian Leverkühn qui, en proie aux effets du Pacte contracté avec le Diable, finit par devenir fou. La musique, la création et l'inspiration en général ne sont-elles vraiment possibles que par la médiation d'un Pacte de ce type, afin de conjurer la réalité et le risque de la stérilité en s'appropriant ainsi les pouvoirs du génie ? Faisant suite aux avertissements de Nietzsche et de Freud auxquels on resta bien trop sourds, on doit se demander avec lucidité comment la musique, et avec elle la plus haute culture, peuvent s'avérer à ce point douteuses à l'égard de leurs propres exigences et prétentions. Mais la musique ne lutte-t-elle pas en son propre sein, ainsi que le fit exemplairement celle de Beethoven, dans le but d'opérer la percée, comme sous la poussée de la pensée elle-même, vers sa plus haute et sa plus sensible destination ?À travers quelques moments décisifs du roman de Thomas Mann, l'évocation de la Heiterkeit (la « sérénité ») de Mozart, La Petite Sirène d'Andersen, l'Essai sur le Théâtre de marionnettes de Kleist, et en suivant la tension au coeur de la musique de Beethoven entre l'affirmation héroïque, la jubilation assez douteuse de l'Hymne à la Joie de la IXe Symphonie et la sobriété du XVe Quatuor à cordes, on percevra en pensée les Lumières - qui ont historiquement échoué - se réfléchir et engager, par la grâce d'une ressource insoupçonnée, une autre promesse d'humanité et de paix.
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Le Lied, ce genre musical aujourd'hui si négligé, dont bien sûr Schubert et ici la figure très peu connue de Hugo Wolf furent les emblèmes, visite la subjectivité moderne. Celle-ci cherche à se dire en musique et en poésie malgré toutes les contraintes aliénantes de l'Histoire. Jusque dans la souffrance et l'attirance de la mort, elle tend encore, comme le héros de la Montagne magique de Thomas Mann, Hans Castorp, à la vie, en écoutant le Lied qui l'habite au plus profond d'elle-même. Le Lied est l'expérience la plus secrète de la subjectivité et de son langage. C'est ce qu'expose ce livre, comme un récit, peut-être même au bord d'un roman, dans une forme qui mêle poésie, musique et philosophie.
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La folie douce est l'apparence que prend la littérature lorsqu'elle se décide pour une existence libérée. Cette mystique de la littérature est celle que connaît le personnage de Félicité dans Un Coeur simple de Flaubert. La folie et l'extase qui s'emparent d'elle sont provoquées par un perroquet empaillé nommé Loulou, posé là sur la table, et qui finira par s'envoler comme le Saint Esprit lui-même. Flaubert déclare vouloir « s'emplir la cervelle de l'idée perroquet. Car j'écris présentement les amours d'une vieille fille et d'un perroquet ». C'est-à-dire les amours de Flaubert avec la littérature. Sartre, comme d'autres, s'y reconnaîtra négativement en nommant cette étrange passion une « névrose ». Car la littérature n'est rien. Du langage seulement, de l'esprit et du vent, une vision et du style. Et elle est tout, une croyance par laquelle l'existence cherche à se délivrer et à résoudre ses problèmes. Cet absolu littéraire, l'autre dénomination de ce « coeur simple » - l'absolu étant le nom donné sinon à une vérité du moins à la seule réalité susceptible de porter quelque sens, à ce désir insensé mais souverain à la fois d'exister et d'écrire -, rencontre, les yeux dans les yeux, le nihilisme qu'il s'agit de conjurer au moyen d'un langage auquel il rendra justice en s'élevant, dans une folie douce, à la félicité. La littérature et l'existence ainsi menée formeraient le nouage d'un sens, au-delà d'un monde et de l'Histoire depuis lors désertés par toutes les significations religieuses, politiques et philosophiques.
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L'extase est-elle : une forme de vie possible ? Peut-on vivre clans l'extase ? En même temps, n'est-il pas catastrophique de renoncer à la raison ? Ainsi peut se formuler le problème que Robert Musil agite clans son couvre, à laquelle cet essai propose une introduction originale.
Car, que l'existence doive être à la fois rationnelle et poétique, que la raison s'exige comme poème et le poème comme raison, cette conviction est devenue pour nous, modernes tardifs, la grâce de la pensée, celle d'une extase sans illusion et sans religion, celle d'une vie exacte.
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Le Lenz de Büchner, dans sa fulgurante brièveté, marque pour beaucoup la date de naissance de la littérature contemporaine. Il est son « 20 janvier » (Paul Celan). L'oeuvre de Stifter, plus méconnue, bien que Nietzsche y ait vu le sommet de la prose allemande, semble se situer aux antipodes du Moderne, alors même qu'elle en constitue le pressentiment inquiet. Büchner et Stifter sont ici croisés pour faire apparaître la « passage » de la littérature, une sorte de traversée d'un col enneigé, ou encore l'expérience de la défaillance de toute certitude quant au sens de l'Histoire.
Ces oeuvres, dont nous sommes aujourd'hui encore les lieux d'expérimentation extrême, et qu'aucun philosophe ne saurait négliger, doivent être lues et relues afin de comprendre ce qui est arrivé au cours du XX° siècle et qui constitue désormais notre présent tremblant : la destruction de la mémoire dont parle W.G. Sebald, celle du langage dont témoigne V. Klemperer, la disparition partout annoncée du Livre au profit de l'image. En somme, qu'en est-il de la littérature après la fin du monde puisque l'animal parlant et expressif que nous sommes doit faire l'épreuve, à travers et au fond de lui, de son passage pour évaluer la nature de son existence ?
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L'Echolalie est le nom donné à une scène originelle de l'art moderne, celle qui eut lieu entre Baudelaire, Wagner et Nietzsche. Le thème apparent fut, comme on sait, celui d'une rivalité entre poésie et musique. Toutefois, lorsque Baudelaire rapporte dans une lettre fameuse adressée à Wagner l'émotion ressentie à l'écoute de sa musique, il ne fait pas acte d'allégeance ni d'identification, mais il engage la poésie et l'art dans une voie nouvelle.
Entre la France et la Germanie se nouent alors d'étranges rapports, que Nietzsche étudiera en leur conférant une portée en termes d'amitiés et d'incompatibilités civilisationnelles et politiques. La question devient celle de l'Europe.
La poésie, la musique et l'art, l'Europe et la philosophie : peut-être toute la pensée...
Afin de comprendre en ses strates multiples le rapport complexe qu'entretiennent ces thématiques, il aura fallu repartir du mythe d'Echo dans l'histoire de Narcisse, en donnant la parole à la nymphe privée de parole. Ce qu'elle parvient à énoncer dans son lamento une quasi musique répétitive et insistante à défaut de disposer de phrases est un commentaire, une critique, mais aussi l'exigence d'une écoute de notre part, de tout artiste et de tout penseur. La pensée comme l'art se découvrent requises par une écoute nécessaire. Comment entendre et écouter ? Et comment répondre ? Un espace de dialogue aussi difficile que décisif se creuse dès lors dans tout travail de création et de pensée.
La méditation de l'attitude de Baudelaire guide dans cet ouvrage une réflexion plus générale concernant la nature de la pensée dont, décidément, l'art incarne le passage obligé. En effet, les conditions de l'art, en leurs expériences propres, ne vont pas sans raviver la douleur de la pensée, obligée de répondre à ce qui l'appelle. À cette fin, et à l'adresse de Wagner, Baudelaire pousse un cri déchirant qu'il accompagne d'une méditation grinçante sur le rire. Il faut comprendre et la nature de ce cri et la signification, pour l'art et la pensée, du rire.
Le cours de l'ouvrage prétend, en se référant de manière critique aussi bien à la pensée aristotélicienne de la mimèsis, de la poïèsis et de la technè qu'à la structure de la finitude kantienne et aux travaux contemporains de Philippe Lacoue-Labarthe, à donner consistance au terme d'écholalie, mais aussi à celui qui, paradoxalement, en résulte, celui de littéralité. Dans cette notion, on n'entendra pas un sens appropriable, fondamental ou originel que viseraient autant l'art que la philosophie, mais la condition de vérité qui est la leur. -
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Conception des charpentes metalliques
André Hirt, Michel Crisinel
- PPUR
- Metis Lyontech
- 17 Avril 2002
- 9782880745097
La publication de cet ouvrage est dictée par le souci de
mettre à la disposition des étudiants en architecture, des
architectes, des concepteurs et des constructeurs un
document indépendant, consacré uniquement à la conception
structurale des charpentes métalliques. Dans ce but, il
reprend intégralement les chapitres 1 à 6 du volume 11 du
Traité de Génie Civil, paru chez le même éditeur, où les
différents critères de conception sont énoncés et les
systèmes porteurs de halles et de bâtiments sont décrits
sans avoir recours à des calculs. Les aspects du montage,
de la sécurité incendie et de la protection contre la
corrosion sont également pris en compte. Cet ouvrage
devrait donc faciliter la conception d'une charpente
métallique de bâtiment sans qu'il soit nécessaire d'aborder
le calcul proprement dit.
La conception des charpentes métalliques ne pouvant être
enseignée sans une présentation graphique claire et une
mise en page attractive, un soin particulier est apporté
aux dessins et l'approche pédagogique est privilégiée.
Contents
Avant-propos
Introduction
Bases de la conception
Systèmes porteurs des halles
Systèmes porteurs des bâtiments
Eléments secondaires
Principes de dimensionnement, charges et actions
Toitures et façades métalliques
Pannes et ossature de façade
Dalles mixtes
Sommiers et solives
Cadres de halles
Eléments de cadre
Ossatures de bâtiments à étages
Contreventements
Voies de roulement de ponts roulants
Index
Crédit des illustrations -
Le monde va finir.
La formule est en effet de Baudelaire. Le poète des Temps Modernes se fait philosophe dans ce qui relève à la fois d'un constat, d'une conclusion et d'une prophétie. En ce sens, une telle pensée, rigoureusement datée, nous date aussi dans notre présent. Que nous annonce au juste Baudelaire ? A l'évidence la décrépitude de notre Histoire, mais aussi ce à quoi notre présent manque, c'est-à-dire l'inverse de l'Histoire qui est la poésie, cet autre temps pour l'existence.
Soumise à la méditation, la formule de Baudelaire fait apparaître en vérité toutes les raisons de la poésie et les thématiques nécessaires des Fleurs du Mal. Un poème comme A une passante délivre en un éclair les perspectives d'une apocalypse, d'une utopie et d'une temporalité dans lesquelles se dessinent l'origine de l'oeuvre d'art, la possibilité de la pensée et du langage. La lecture sous toutes ses faces de la formule et du texte de Baudelaire rencontre les méditations de Kant sur l'idée de fin, de Jacques Derrida sur la date, de Günther Anders sur la fin du monde, de Walter Benjamin sur le messianisme, de Hannah Arendt sur la culture, le langage et la traduction.
Poète et philosophe, Baudelaire nous apparaît comme l'un des plus grands penseurs de notre présent, dont il explore conjointement et comme sous tension les apories catastrophiques et les chances d'avenir.
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Philippe Lacoue-Labarthe (1940-2007) est un philosophe français, de renommée internationale.
Il est réputé tant pour ses travaux spécifiquement philosophiques (sur Heidegger surtout) que pour ses traductions de Sophocle, Hölderlin, Nietzsche et Benjamin, et pour ses travaux autour du Romantisme allemand, du théâtre, de la musique et de l'art en général. Il est également - le sait-on au juste ? - un très grand poète. Il fut en vérité davantage et en définitive autre chose qu'un simple philosophe : un grand penseur ainsi qu'un homme habité par la passion de l'existence indéfectiblement nouée aux vérités agissantes des grands textes et des grandes oeuvres.
Philippe Lacoue-Labarthe - celui que l'on appelait "Lacoue" et que l'on nommera désormais ainsi puisqu'il consentait volontiers à ce nom - entendait la philosophie. comme une traversée périlleuse des questions et non comme une profession ou une activité délimitées. Car il savait douloureusement que l'existence, l'histoire et la politique se décident dans la tragédie de ce questionnement si ample et si exigeant.
C'est à cet "homme littéral" qu'est consacré ce livre amoureux et critique, le premier en français, conçu de manière à initier le lecteur à l'ensemble d'une oeuvre exemplaire, importante et dont il faut poursuivre l'inspiration.
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Versus ; Hegel et la philosophie à l'épreuve de la poésie
André Hirt
- Kime
- 13 Septembre 1999
- 9782841741656
Partant d'une analyse du discours esthétique de Hegel, cet ouvrage s'efforce de souligner le grand embarras du philosophe de Berlin devant le statut de la poésie, cet art du logos qui ne cesse de contester la systématisation de la pensée et la logique dialectique.
La poésie est Versus en ce qu'elle relance pensée et philosophie en s'opposant à toute identité entre le rationnel et le réel. Ainsi trouverait-on dans la poésie, comme négativité irréductible à toute synthèse, le principe de la ressource d'une reformulation de la dialectique qui ne s'inclinerait plus devant l'ordre des faits et des choses.
Les remarques d'Adorno sur Hegel comme sur Hölderlin et Celan fournissent l'occasion d'étudier la tension entre la tentation totalisatrice de la philosophie et la poésie, entre le sens et la vérité, entre le discours rationnel de la communication et l'hermétisme de la parole poétique.
En dérangeant la logique dominatrice et synthétique du Même qui constitue la prose du monde (prorsus), Versus engage à un rapport avec l'altérité.
Celle-ci se lit aussi bien, comme synthèse non-conceptuelle ou dialectique supérieure, dans la poésie et dans la musique d'une part (les ombres conjointes de Hölderlin et de Beethoven sont alors ici partout sensibles), que dans la problématique de l'éthique telle qu'elle a été produite par Emmanuel Levinas contre Hegel d'autre part (d'où l'idée d'une parole à la mesure de l'éthique qui serait la poésie, soit celle d'une poéthique).
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" Il faut être absolument lyrique ".
La formule est en effet de Baudelaire. En nouant la poésie à l'existence, elle annonce celle de Rimbaud : " Il faut être absolument moderne ". La poésie, en devenant une exigence d'existence absolue, promeut un lyrisme nouveau qui ne se réduit pas à un épanchement de la subjectivité. Parce qu'il inaugure la " modernité ", Baudelaire est une Idée qui, telle un astre, régit toute une constellation philosophique.
Le poète est un soleil. C'est pourquoi, on a tenté ici de suivre les réfractions et les vibrations de ses rayons sur des pensées situées aussi bien en amont (Pascal, Hegel, Kierkegaard) qu'en aval (Benjamin, Adorno, Foucault) de son foyer. Comme si l'exigence lyrique de Baudelaire nous fixait un impératif immédiat de pensée et d'existence dont le contenu reste à dévoiler dans ses reflets passés et futurs.
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Ce qui a été n'est plus possible. Ce qui a disparu existe peut-être encore. Mais rien ne nous est plus accordé.
Dans des temps plus anciens, l'existence pouvait se soutenir, par la croyance et la prière, par la simple attente ou par la présence du mystère, d'un espoir en une grâce. Celle-ci pouvait être concédée, malgré l'ignorance dans laquelle on se trouvait de la décision divine et de son libre vouloir, ou méritée par le travail de la vertu. Rien de tout cela, de cette sanction de l'existence, de son évaluation propre, ne constitue plus le plan ou la perspective par rapport auxquels les hommes perçoivent le sens de leur vie.
Ce n'est pas qu'il n'y ait plus « la grâce », nous n'en savons strictement rien, c'est que l'idée elle-même s'est évanouie au pire dans la superstition, au mieux dans ce qui reste, chez certains, de croyance. Les créatures et le monde se sont désormais repliés sur eux-mêmes, ils ne sont plus portés, ou enveloppés dans un orbe qui en définitive sublimerait ce monde déchu.
La grâce, en somme, est désormais désaccordée. Il reste à savoir si elle est capable d'infléchir son sens originellement théologique, et si, devenue au mieux douloureusement profane, elle possède une chance de nous délivrer envers et contre tout un bonheur, celui vers lequel tend l'oeuvre paradoxale de Kleist, et une « vraie vie » comme l'a désiré Proust.
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La musique comme chemin d'existence et pour la penser... En effet, les moments d'intervention de la musique, de toutes les musiques, au fil des jours et au long de la vie ne manquent pas d'être signifiants. Ils instruisent autant sur la musique elle-même que sur la pensée et sur l'existence. Il serait prétentieux d'en produire une théorie générale. Toutefois, la voie de la chronique, jour après jour, aura tissé des fils permettant de s'attarder sur le sens, nécessairement ponctuel et subjectif (chacun pourra substituer son écoute et ses pratiques propres), de l'Adieu en musique, des affinités qu'elle manifeste et peut-être révèle, de ses rapports avec telle image ou peinture, plus étonnamment avec la photographie, avec le son en général, la vérité ou encore le style. On verra aussi comment la musique s'entend dans le rêve et comment elle nous porte à considérer les animaux. Des oeuvres, des musiciens, et quelques philosophes et écrivains s'imposeront (Le Voyage d'Hiver, Le Boléro, Le Sacre du Printemps, Pelléas ; Haydn, Schubert, Mahler, Chostakovitch ; Descartes, Nietzsche, Adorno ; Goethe, Gerhard Meier, Sandor Maraï...).
C'est pourtant davantage une vie dans la musique et par elle que la théorisation sur la musique qui inspire chacun des textes présentés ici. En s'efforçant de relever et de piquer leur objet, donc en le séparant et le thématisant staccato, peut-être la chance sera-t-elle donnée d'entrevoir l'existence dans sa continuité, legato.
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La culture est-elle devenue folle et la musique est-elle coupable ? Dans Le Docteur Faustus, ce roman rédigé pendant l'exil en Californie entre 1943 et 1947, Thomas Mann rapporte la biographie d'un compositeur imaginaire, Adrian Leverkühn, qui, pour se doter du pouvoir de la création et opérer une percée supérieure dans le domaine de l'art, accepte un Pacte avec le Diable. À la vérité, ce Pacte fut déjà réellement conclu par la culture (la Kultur) et la musique allemandes depuis l'origine et il aboutit à la catastrophe nazie. Face à cette folie et à cette contradiction de la culture qui se manifeste comme barbarie, c'est alors toute la civilisation européenne qui est ébranlée.
Il fallait donc étudier l'Allemagne et les Allemands pour dégager l'identité ambiguë de la musique ;
Il fallait reconsidérer la figure de Nietzsche, un des modèles pour le personnage d'Adrian, afin d'évaluer la responsabilité de la pensée dans la catastrophe ; il fallait, en somme, avec Thomas Mann qui devient dans ce roman, à une hauteur insoupçonnée, philosophe, penseur et, avec l'aide et le conseil d'Adorno, musicologue, faire d'une part l'état des lieux en matière de culture et de civilisation, de génie et de création, et d'autre part ouvrir le « Chantier Faustus », ce programme de pensée, qui est encore et plus que jamais le nôtre.
Si ce Chantier n'a pas vraiment évolué depuis la parution du roman, c'est qu'il nous met en demeure de trouver, grâce à la lucidité de Thomas Mann, à celle de quelques autres aussi qui sont convoqués ici (dont Valéry qui écrit au même moment un Mon Faust), une solution aux apories si paradoxales et à vif de l'Histoire avec l'espoir d'entrevoir, peut-être, dans le son qui s'éloigne d'un violoncelle, une « clarté dans la nuit ».
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L' Universel Reportage et sa Magie Noire : Karl Kraus,Le Journal et la Philosophie
André Hirt
- Kime
- 15 Février 2002
- 9782841742639
Le Journal configure notre monde et cherche en même temps à en faire paraître le sens.
A cette fin il utilise un régime de langage qui prétend rendre compte de l'événement avec fidélité. Toutefois cette saisie dominante du monde qu'est le journal n'a-t-elle pas donné lieu à des perversions du langage que le grand polémiste viennois n'a cessé de fustiger dans sa revue Die Fackel (Le Flambeau), sous le regard fasciné de nombreux grands esprits de la première moitié du XXe siècle ? Car Kraus a incarné la figure du grand prêtre de la langue et de la vérité face aux dérives et aux déclassements que le journalisme leur a fait subir.
Ce livre, qui n'est pourtant pas une polémique de plus contre le journalisme, voudrait plutôt montrer l'intérêt philosophique de la critique de Kraus, en particulier à travers la lecture serrée qu'en a effectuée Walter Benjamin. D'autant que si le journal est la philosophie officielle de notre temps, sa modalité contemporaine réussie et mondialisée, alors il faut en toute rigueur s'interroger à nouveaux frais, depuis la vérité du langage, sur ce qu'on entend par événement.
Et ne peut-on en conséquence voir dans la poésie et dans le cinéma des armes critiques pour nous y aider contre le régime dominant du langage qu'est le journal ? C'est pourquoi on lira ici Kraus avec Mallarmé, Orson Welles et quelques autres grands penseurs du journal. En somme, il s'agit de comprendre pourquoi il est nécessaire de résister au langage de l'Universel Reportage et à la Magie Noire qu'est la Presse.