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Littérature
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À gauche du carrefour s'est ouvert un parking. Longtemps il est resté presque vide. On y voyait quelquefois la camionnette du boucher, la Renault R5 de la poste lorsque le facteur montait le sentier qui conduisait aux fermes, une ou deux voitures d'inconnus qui pêchaient dans la rivière. Lia comptait bien que le parking finirait par se remplir de véhicules de toutes marques.
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Grand'Ma raconte la Genèse à son petit-fils avec patience et malice. Un jeune collégien, suite à la séparation de ses parents, est envoyé par sa mère dans une triste colonie de vacances. En bon fils de militaire il revit, pour apprivoiser l'angoisse, une très ancienne bataille. Enfin Charles, Julien et Claire, depuis toujours unis par un profond amour, évoquent ici leurs souvenirs communs.
Annie Saumont rappelle comment certains faits de l'enfance façonnent le cours de l'existence, comment tout se joue, alors même que nous n'en avons pas conscience, en ces petits événements qui semblent anodins et marquent notre vie.
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À 19h30, aujourd'hui, un astéroïde percutera la planète. Il n'en restera que des morceaux de vie épars - des moments et des histoires. Celle de Chantal, du 3e, qui fait du bruit dans l'escalier. Celle de Lia, la reine de la dictée, qui aimait trop les voitures. D'un père vitrier. D'une mère en prison. D'enfants pas sages, de monstres quotidiens. De petits crimes et de grands ennuis. La vie, quoi, telle qu'aujourd'hui, à 19h29...
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" Les voilà quel bonheur les jours de soleil. Le portail de l'école se referme. Les cousins vont demain débarquer des carrioles. Les cousins qui partageront nos jeux et ces travaux de l'été qui partagés seront des jeux. Les cousines au regard malicieux et tendre. Je parle, dit-il, d'un village où la vie était simple et tranquille. C'est ce qu'on pensait alors. Moi j'étais petit. On pensait aussi qu'il n'y avait pas de raison pour que ça finisse. Et puis. " Annie Saumont " (Un) style que l'on reconnaît aux toutes premières lignes, une méticulosité admirable, une jubilation communicative à trouver le ton juste, le mot, l'espace, le temps. " Biographie de l'auteur Née à Cherbourg, Annie Saumont a passé son enfance et son adolescence près de Rouen. Elle part travailler à Paris et devient traductrice, notamment de J. D. Salinger, John Fowles et V. S. Naipaul. De tous temps, Annie Saumont s'est consacrée à l'écriture. Avec quelques romans parus avant 1976 et, depuis, une centaine de nouvelles réunies dans une quinzaine de recueils, Annie Saumont a reçu de nombreux prix, dont le Goncourt de la nouvelle pour Quelquefois dans les cérémonies, et le grand prix de la nouvelle de la Société des gens de lettres pour Je suis pas un camion. Son oeuvre singulière et sensible, traduite dans le monde entier, la place parmi les plumes majeures de la littérature contemporaine.
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Vous descendrez à l'arrêt Roussillon
Annie Saumont
- Bleu Autour
- D'un Lieul'autre
- 20 Octobre 2007
- 9782912019714
Les champignons.
Lena s'inquiète, elle n'a que vingt ans, pas beaucoup d'expérience. elle n'ose pas demander de l'aide. elle marmonne, je les mets à dégorger ? dégorger, égorger, de quoi parle-t-elle dit rose. des mots de chair et de sang. léna dit encore, coupant le rumsteck qui suivra la quiche, je tranche, ça saigne. le couteau fait un drôle de bruit.
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à Brighton, à Calais, à Tertemont-Poully (Haute-Vienne), les croissants du dimanche ont tous le même goût. La faute aux croissants ou au dimanche ? Un goût prévisible. Moelleux. écoeurant. C'est le goût des familles, des trains qui arrivent à l'heure, des choses à leur place. Mais parfois, ébranlant l'ordre immuable, surgit l'accident. Au hasard de leur trajectoire, des destins comme des billes se heurtent et s'entrechoquent. C'est la mort, le crime, la stupeur. à côté des croissants ordinaires, les croissants au beurre...
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Praticienne expérimentée de l'art de la nouvelle, Annie Saumont possède le don de transformer de petites tranches de vies ordinaires en miniatures ciselées au scalpel qui nous font songer à des détails d'une vaste fantasmagorie à la Jérôme Bosch.
Chacun(e) de ses personnages erre à la recherche de sa propre humanité, enfin réconciliée avec elle-même. Las, il y a loin de la coupe aux lèvres... Heureusement pour nous autres, lecteurs : car sans ce décalage, cette fêlure intime que l'auteur sait si bien mettre en lumière, pas d'histoires, peut-être même pas d'Histoire...
En somme, neuf nouvelles pour une pénétrante " leçon de choses " au style superbe.
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Moi les enfants j'aime pas tellement
Annie Saumont
- Pocket Nouvelles Voix
- 2 Octobre 2003
- 9782266118507
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« Je vous coupe les queues, a dit la marchande de fruits et légumes serrée à déborder dans son corsage. J'ai été tenté de répondre que j'en avais qu'une et ne tenais pas à ce qu'on me la coupe je n'ai pas osé. Enfonçant dans mon sac Franprix mes poireaux équeutés j'ai dit merci. Pas facile de se comporter en mec vulgaire et marrant quand on n'a pas l'habitude. Quand on est considéré comme un homme sérieux et bien élevé. » Annie Saumont
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" Dès notre enfance nous avions cru être semblables, si fortement unis que notre mère troublée se hasardait à suggérer qu'à nous deux nous n'avions qu'une seule âme.
" Au cours d'un trajet en voiture avec deux hippies pris un stop par le chauffeur, une femme se remémore les dernières vacances qu'elle a passées avec son frère à Madrid, lorsqu'elle était étudiante. Ce texte, traversé par révocation puissante de la mémoire, de la mort et surtout de la vie, évoque par petites touches un frère incestueux qui a fait de sa soeur son âme damnée.
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" Les spécialistes du chalumeau / Les casseurs de bateaux / Les cueilleurs de thé à Ivoha / Les marchands de pieuvres à Rio de Vigo / Les porteurs de charbon à Dhanbad / Les planteurs de cacao à Itabuna / Les ouvriers des hauts fourneaux / Les gauchos dans la Pampa / Les croupiers à Monaco / Les maroquiniers chinois / Toi, qu'est-ce que tu veux faire plus tard ! Ses parents les premiers ont posé la question.
Et puis l'institutrice. Et après au collège le conseiller d'éducation. Même les camarades de classe, même les copains de la rue parfois ça les prenait. Qui disaient, Moi quand je serai grand je ferai. Ceci ou cela. Ou encore. Qui demandaient. Et toi ? "
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L'histoire d'un jeune résistant amoureux que sa mère envoie travailler dans une ferme pour le protéger des Allemands.
L'histoire de Marie, quinze ans, qui n'admet pas la guerre, qui n'aime pas non plus cette église où on la traîne, où l'on vante l'amour du prochain. Deux nouvelles d'Annie Saumont dans lesquelles, à l'ombre des blés ou des lieux saints, les sentiments d'amour, l'espoir et la tendresse ne suffisent pas à taire le crime, l'indifférence et la lâcheté. Les Blés et Pour Marie sont deux textes éminemment sensibles, bouleversants, qui prouvent une fois encore le talent de leur auteur.
Les Blés est paru dans Quelquefois dans les cérémonies et Pour Marie dans Enseigne pour une école de monstres.
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Un sujet de rédaction qui n'inspire pas vraiment cet écolier : « Un soir, à la maison. » Des parents las, une soeur enceinte, un frère idiot Non, l'instituteur n'a pas besoin de savoir tout ça. On ne peut tout de même pas tout raconter.
Annie Saumont, elle, le peut. Les mains d'un amant quand on ferme les yeux, la lâcheté des hommes, les plats du jour, une lettre perdue, un sixième bol, un livre de sainte Thérèse planqué sous un étal de boucherie, un slip de bain tigré, des chocolats, la fin du monde Voilà le temps qui passe, les mots qui coulent, ceux qu'on ne dit pas et ceux que le silence excuse. Ce sont des tranches de vie, des paroles en l'air, d'autres qui retombent. Un élève qui sèche. Un écrivain qui dit le quotidien, l'amour, la haine, le bonheur et la déception. Et tout, dans ce bref recueil, dit les errances de l'âme humaine dans un monde qui ne suffit pas.
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Nabiroga : il s'agit d'une histoire de famille, sans folie ni hystérie, dans laquelle chaque personnage recèle en lui une faille génératrice du drame qui vient de se passer : Annette, la soeur jumelle de Cathie, est morte, tombée d'un mur.
Le trou : «il» se souvient de sa rencontre avec une femme dans un pays lointain à l'époque où, contre son gré, il était soldat (au Vietnam ?). Elle était recroquevillée sur elle-même au fond d'un abri creusé dans le sable. Quatre jeunes garçons jouent sur la plage et participent à un concours de sable. Ils dessinent un cercle et creusent un trou. Seule la fin nous apprendra ce qui unit les deux histoires.
Avec une grande sensibilité mais sans sentimentalisme, Annie Saumont décrit une situation dramatique avec une réelle conscience de ce qu'est la nature des êtres. Tendresse, pouvoir de suggestion, virtuosité de l'écriture sont ici présents comme dans l'ensemble de son oeuvre.
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Toute une famille pique-nique en Lorraine. Retrouvailles classiques - comment vont les enfants, l'émancipation des femmes et tout le reste... les vertus du vin, le goût du poulet et du saucisson.
Tout est ordinaire sauf que tout ceci se passe en Lorraine après la Seconde Guerre mondiale. C'est Tonton Jean qui parle. Incorrigible bavard, buvant plus que nécessaire. Et voilà comment on apprend que le grand-père, Opa, a été arrêté pour avoir aidé un groupe de résistants. Comment on l'a embarqué sans que tonton, qui chiait dans son froc, ne lève le petit doigt. C'est la Lorraine, avec toute cette ambiguïté franco-allemande. Cette terre qui a été voulue, annexée et qui sombre souvent dans la nostalgie ou dans la rancoeur.
Ce sont les mots d'Annie Saumont, c'est vif, émouvant et terrible.
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Dans ce recueil de nouvelles, A. Saumont croque 18 instantanés de la vie moderne où l'ironie et la tendresse se mêlent pour faire pleurer ou rire.
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Qu'est-ce qu'il y a dans la rue qui t'interesse tellement ?
Annie Saumont
- Joelle Losfeld
- 15 Juin 2006
- 9782070787272
Dans les trois nouvelles qui composent ce recueil, Annie Saumont montre comment de petits événements font rejaillir les souvenirs, le passé, pas toujours confortable.
Qu'il s'agisse de cet homme assis à sa fenêtre, regardant la rue et se remémorant sa jeunesse, de ces deux jeunes filles debout dans le métro rêvant à une vie plus heureuse que ce retour au foyer d'accueil, ou encore de ce dernier qui, après de longs mois de prison, revient dans la ville de son enfance, Annie Saumont dit dans chacune, avec un verbe toujours aussi cinglant, qu'on échappe difficilement à son histoire, qu'elle nous poursuit comme une fatalité.
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Comprendre, et oublier. Voilà tout ce à quoi Jane, étudiante en gymnastique, aspire.
Dans son lit de pensionnaire, le remords d'avoir empoisonné son amant, un dentiste de vingt ans son aîné, l'assaille. Certes, ses caresses lui étaient odieuses, et détestable cette idée qu'elle lui appartenait. Mais n'est-ce vraiment que cela, la vérité ? Cette vérité qu'elle traque, entre entraînements physiques et bavardages de dortoir, les peurs qu'on cache et l'insondable légèreté des jeunes filles en fleur.
« Ce texte est un pur joyau de composition et d'écriture. » Lion
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Annie Saumont n' a pas attendu qu'on les appelle les "exclus" pour s'intéresser à ceux auxquels la société ne veut pas accorder une place, une liberté, un espace, si précaires soient-ils. De nouvelle en nouvelle, depuis des années, elle leur a rendu vie, elle leur a restitué une parole : de l'humour, de la cruauté, du désir de vengeance. Bref, tout ce qui sauve du désespoir d'exister pour rien. Chez elle, les enfants ne sont pas "mignons", les pauvres ne sont pas gentils, les marginaux n'implorent pas humblement assistance. Ils ne demandent pas àêtre tolérés, ni même "reconnus". Ils s'affirment. Ils encombrent.
Josyane Savigneau /Le Monde