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henri scepi
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Maître de l'anticipation, explorateur inlassable des «mondes connus et inconnus», Jules Verne (1838-1905) apparaît comme un incontestable classique. Promoteur d'un roman de la science et de la découverte à travers l'exploration de territoires physiques autant que symboliques - des tréfonds de la terre jusqu'à l'immensité du ciel et de l'espace-, il reste ancré dans une époque résolument tournée vers les conquêtes et les colonisations de toutes sortes. Créateur de fictions et de fables inouïes, il s'appuie sur une soif d'invention, une frénésie de voyages commune à tous ses contemporains.
Pourtant, Verne sait s'affranchir des bornes imposées par un siècle dominé par la passion du confort et du profit. Le futurama vernien inventorie la galerie des merveilles à venir, mais dépeint aussi une humanité profondément dépendante des machines. Ainsi, l'auteur identifie-t-il très tôt les bénéfices comme les faillites possibles de cet imaginaire de l'innovation scientifique et technique. Car, au mouvement qui entraîne les hommes dans un monde moderne rêvé et fantasmé, s'oppose un revers interrogeant, sur le versant des valeurs collectives, morales et sociales, la finalité des enjeux liés aux prodiges de l'invention scientifique.
Si Paris au XXe siècle livre une vision d'une civilisation urbaine admirable par sa technologie, cette société dénote par sa déculturation et sa brutalité. C'est donc contre la puissance de destruction inhérente au progrès que l'écrivain met en garde, et sur le dévoiement de la science et de l'industrie à des fins bellicistes qu'il alerte. S'ajoutent les doutes portés sur la figure du savant, de l'«homme ingénieux toujours plein d'imaginative» (Edgar Poe), illuminé ou dévoyé, dont la folie n'est atténuée ici que par des ressorts burlesques déployés tout au long des fictions retenues.
Un classique très contemporain à découvrir dans un volume enrichi des illustrations originales et de nombreux documents retrouvés dans les archives personnelles de l'écrivain. -
Voyages extraordinaires. L'École des Robinsons, et autres romans
Jules Verne
- Gallimard
- Bibliothèque De La Pléiade
- 29 Février 2024
- 9782073028372
Jules Verne devenu vieux a raconté son expérience de jeune Robinson. Quand sa yole fait eau puis «coule à pic», il se réfugie sur un îlot et songe aussitôt à bâtir une cabane, à pêcher, à faire du feu. Cela ne dure que le temps d'une marée. L'îlot ne se trouve pas au milieu de l'océan, mais dans l'estuaire de la Loire. Lorsque le naufragé regagne «le continent» - la rive droite du fleuve -, l'eau ne lui arrive qu'à la cheville. L'histoire n'est peut-être que la séquelle des lectures de Verne : «Les Robinsons ont été les livres de mon enfance, et j'en ai gardé un impérissable souvenir.» On y croira pourtant si, comme lui, et après avoir fait les mêmes lectures - le Robinson Crusoé de Defoe et Le Robinson suisse de Wyss -, on est fasciné par ce monde neuf, ouverture large et soudaine du champ des possibles, qu'est l'île déserte, lieu à reconnaître, aménager, exploiter, défendre - puis à quitter, grandi, changé, pour regagner le continent et y vivre d'une vie nouvelle. Le premier essai de Verne sur ce thème aux variations infinies - «il faut absolument que j'en fasse un» - s'intitulait L'Oncle Robinson. Hetzel se montra sévère (mais juste) : l'auteur remisa son manuscrit, non sans en utiliser des éléments dans L'Île mystérieuse (1875 ; déjà disponible dans la Pléiade). Il reviendrait à trois reprises sur le sujet.
Avec L'École des Robinsons (1882), la fantaisie s'invite dans le drame et la fiction dans la fiction. Le duo formé du jeune Godfrey et de son professeur de maintien ( !) passe de bonne foi par toutes les étapes obligées du genre, quête d'un logis, épreuve de la faim, cueillette, chasse, pêche, jusqu'à l'accueil d'un Vendredi, l'étrange Caréfinotu. Mais le naufrage ne devait rien à la cruauté des éléments : il avait été fomenté à des fi ns de formation. L'École est la déconstruction joueuse du Crusoé originel, une «métarobinsonnade».
Dans Deux ans de vacances (1888), le souvenir des textes canoniques, Defoe et Wyss, demeure présent ; le personnage nommé Service ne jure que par eux. Cette fois, les naufragés sont les élèves d'un pensionnat. Ils s'organisent, se déchirent, se retrouvent et se ressoudent face à une menace extérieure, l'arrivée de malfaiteurs qui - cela n'échappe pas à Service - sont «comme qui dirait les sauvages de Robinson». Bien que William Golding ne l'ait jamais reconnu, Sa Majesté des mouches se souviendra de la force de ce roman.
Puis Verne revient à Wyss, pour donner au Robinson suisse une continuation, Seconde patrie (1900), qu'autonomise un art consommé de la construction. Les circonstances reconduisent certains des Robinsons de Wyss dans l'île qui les avait une première fois accueillis et où les attendent de nouvelles péripéties. L'aventure y gagne ce qu'y perd la vraisemblance. Livre né d'un livre, entre héritage et invention, ce roman inactuel - c'est aussi le récit d'une colonisation heureuse - illustre la fécondité du genre au tournant du XXe siècle. Plus près de nous, William Golding, Michel Tournier ou Patrick Chamoiseau en apporteront de nouvelles preuves. -
Rue des fleurs précédé de Pas sur la neige
Jean-Michel Maulpoix
- Gallimard
- Poésie Gallimard
- 15 Février 2024
- 9782073054470
Avec constance et discrétion, Jean-Michel Maulpoix a bâti au long des dernières décennies une des oeuvres les plus remarquables de la poésie contemporaine, distinguée à juste titre par le prix Goncourt de la poésie 2022. Toute son oeuvre poétique illustre le concept de lyrisme critique. Elle le fait la plupart du temps au moyen d'une prose supérieurement musicale, d'une rare légèreté, subtile, à fleur d'émotion toujours, exprimant obstinément un besoin de lumière sur fond d'une mélancolie et d'une nostalgie poignantes. Pas sur la neige (2004) et le récent Rue des fleurs (2022) sont l'exacte illustration de cet art de la grâce et de la clarté qui tente coûte que coûte de surmonter le pesant sentiment de la fragilité de tout et objecte à la continuelle menace de la perte et de la disparition.
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Voyages extraordinaires. Les Enfants du capitaine Grant - Vingt mille lieues sous les mers
Jules Verne
- Gallimard
- Bibliothèque De La Pléiade
- 15 Mai 2012
- 9782070128921
Jules Verne, «lecture d'enfance» - soit. C'est bien ce qu'avait en tête Pierre-Jules Hetzel, l'heureux éditeur des «Voyages extraordinaires», tout en sachant (on l'imagine) que son fidèle auteur n'était pas homme à borner son génie. Sachant aussi déjà, peut-être, que parmi les écrivains «pour la jeunesse» celui-là aurait toujours une place à part.
À part : «l'air attentif et fiévreux d'un enfant qui lit un roman de Jules Verne» (Proust dixit) ne s'explique pas autrement. À peine parti pour son premier «Voyage extraordinaire», le jeune lecteur quitte les rivages du conte. Une forme de vie adulte est prête à l'accueillir, où les responsabilités côtoient dangers et merveilles, où les vérités scientifiques dévoilées confèrent au monde sa tangibilité de réel, sans lui ôter son mystère. Étrange, irremplaçable expérience de lecture. Elle demeure à jamais vivante dans le souvenir. On y songe comme à un paradis perdu - perdu et à reconquérir, car l'expérience est renouvelable. L'âge du lecteur et le poids de la vie peuvent bien donner au texte des couleurs nouvelles, la magie demeure.
Cette édition propose quatre romans, et plus de cinq cents gravures, indissolublement liées au texte : autant de fenêtres ouvertes sur le rêve. D'une part, la seule «trilogie» de l'oeuvre (encore est-ce une trilogie a posteriori) : un voyage autour du monde, un voyage sous les eaux, et le long séjour des «naufragés de l'air» dans une île (apparemment) déserte. D'autre part, Le Sphinx des glaces, roman tardif et superbe, quête d'un pôle Sud alors inexploré ; il vient en quelque sorte compléter le roman d'Edgar Poe, Aventures d'Arthur Gordon Pym, que Verne lut dans la traduction de Baudelaire. Poe, le «chef de l'École de l'étrange». Baudelaire, l'auteur de «Voyage», toujours prêt à plonger «Au fond de l'Inconnu pour trouver du nouveau» et qui accola aux Histoires de Poe leur célèbre épithète, extraordinaires.
Voyage, inconnu, nouveau, extraordinaire... En qualifiant ses propres livres de «Voyages extraordinaires», Jules Verne signale discrètement, sous le patronage de Poe et de Baudelaire, que la modernité - la science, la technique, la machine en quoi il voyait une poésie du temps présent - comporte une part d'inassimilable, et que notre sûr pouvoir de dominer le monde se double d'une incertitude, féconde ou fatale. Ce monde, Verne ne s'est d'ailleurs pas contenté de l'inventorier. Il l'a peuplé des marques de ses rêves. Ses vaisseaux franchissent sans peine les portes du réel. Appareillons ! -
Voyages extraordinaires. Voyage au centre de la Terre, et autres romans
Jules Verne
- Gallimard
- Bibliothèque De La Pléiade
- 15 Avril 2016
- 9782070143931
«Résumer toutes les connaissances géographiques, géologiques, physiques, astronomiques, amassés par la science moderne, et refaire, sous la forme attrayante et pittoresque qui lui est propre, l'histoire de l'univers», tel était le programme que Jules Verne se fixait en 1866, à en croire la prose de son éditeur, Pierre-Jules Hetzel. Des entrailles de la Terre aux profondeurs célestes, en passant par la surface de «notre sphéroïde», tel est le parcours que propose ce volume, qui réunit trois des romans les plus célèbres de Verne et un dernier, moins connu mais dont la fortune ne fut pas négligeable. Parcours dans l'espace, dans le temps, et dans notre propre histoire : de la faune préhistorique du centre de la Terre à la moderne conquête de l'infini stellaire, Jules Verne conduit son lecteur sur la route d'un voyage intérieur. Publiés entre 1864 et 1870, Voyage au centre de la Terre, De la Terre à la Lune et Autour de la Lune assoient la célébrité de leur auteur. Ils mènent aux confins des mondes connus, à la recherche du «point suprême» (M. Butor), là où réel et irréel se confondent. Une fois parcourus ces mondes insondés, une fois explorées les régions mythiques où l'homme doit se dépasser, il ne reste plus que la surface du globe terrestre à sillonner. Il n'y aurait alors plus de «voyages extraordinaires» ?
Le Testament d'un excentrique, roman tardif (1899), fait d'un pays, les États-Unis, un gigantesque terrain de jeu. Dans une lettre de 1898 à son éditeur, Verne s'exclame : «j'en ai absolument fini avec les enfants qui cherchent leur père, les pères qui cherchent leurs enfants, les femmes qui cherchent leurs maris, etc.». Le but de ce nouveau voyage (tout aussi extraordinaire que les autres) sera le voyage lui-même, et son utilité ne réside plus que dans les aléas des profits et des pertes réalisés à coups de dés. Six puis sept concurrents parcourent le pays au gré d'un gigantesque jeu de l'oie organisé par un milliardaire dont ils espèrent hériter. Jules Verne inverse ses procédés habituels : après des voyages guidés par le sens vient le temps du non-sens géographique dans un voyage littéralement «désorienté». Plus de terrains à conquérir mais des terrains déjà conquis à parcourir au rythme d'une course folle, insensée. Roman qui érige la contrainte en règle et qui par là-même fait preuve d'une liberté inouïe, Le Testament d'un excentrique a eu un héritage foisonnant : de Queneau à Cortazar, sans oublier Perec, qui aurait voulu «écrire des romans comme Jules Verne». Roman scientifique, roman d'anticipation, roman d'initiation ou encore roman à contraintes, les facettes de l'oeuvre de Jules Verne se télescopent pour ouvrir les portes de notre imaginaire. -
Voyages extraordinaires. Michel Strogoff, et autres romans
Jules Verne
- Gallimard
- Bibliothèque De La Pléiade
- 12 Octobre 2017
- 9782070143948
En 1936, soixante-quatre ans après la parution des aventures de Phileas Fogg et de Passepartout, Jean Cocteau et Marcel Khill endossent le rôle des deux héros le temps d'un reportage qui les mènera autour du monde : «Il s'agissait de partir sur les traces des héros de Jules Verne pour fêter son centenaire et flâner quatre-vingts jours. [...] ces fameux quatre-vingts jours étaient une réalité avant la lettre, un rêve de Jules Verne, au même titre que ses phonographes, ses aéroplanes, ses sous-marins, ses scaphandriers. Tout le monde y croyait à cause de la force persuasive des chefs-d'oeuvre.»
Passent quatre décennies. En exergue de La Vie mode d'emploi, « romans» total et tentative d'épuisement du monde réel, Georges Perec place en 1978 le titre d'un chapitre de Michel Strogoff, «Regarde de tous tes yeux, regarde».
Passent encore quatre décennies. Ces romans de Verne continuent de faire rêver - mais à quoi ? Leur auteur se posait déjà la question. Les premiers Voyages extraordinaires entraînaient le lecteur vers l'inconnu. Sur un globe rétréci par la rapidité des communications, que reste-t-il à explorer ? Dans une lettre de 1883 à Hetzel, Verne déclare : « je tends à corser le plus possible ce qui me reste à faire de romans et en employant tous les moyens que me fournit mon imagination dans le milieu assez restreint où je me suis condamné à me mouvoir.» Quoique certains d'entre eux aient été écrits avant cette déclaration d'intention, les quatre romans rassemblés dans ce volume l'illustrent parfaitement. Faire le tour du monde en quatre-vingts jours, traverser la Russie de Moscou à Irkoutsk, jouer à la vie à la mort dans l'Empire céleste, retrouver un amour disparu aux confins de la Transylvanie, tels sont leurs enjeux. Il ne s'agit pas vraiment de découvrir des pays exotiques. Quant à la science, souvent invoquée jusqu'alors par Verne comme élément générateur de l'intrigue, elle ne joue, dans trois de ces livres au moins, qu'un rôle mineur. Ce qui compte, c'est la vitesse : avaler des kilomètres pour gagner un pari, pour faire son devoir, ou pour échapper à un destin que l'on a soi-même, et bien imprudemment, tramé.
Quant au Château des Carpathes, roman gothique, en cela unique dans la production de Verne, il ne déroge pas au principe constitutif du genre : c'est bien un récit de voyage. Mais la principale frontière à considérer, cette fois, est celle qui sépare la vie et la mort. Peut-on redonner vie aux morts, en les ressuscitant par l'image et par la voix ? Le roman paraît trois ans avant les premières projections des frères Lumière. La «seconde vie» de son héroïne est certes un leurre, mais cette illusion est promesse d'une vie nouvelle que le cinéma va s'employer à perfectionner. «Nous sommes dans un temps où tout arrive», dit Verne. En effet : sans affaiblir la force persuasive des chefs-d'oeuvre, Le Château des Carpathes interroge de l'intérieur les instruments de persuasion et de représentation propres à toute fiction. -
Erratique et capricieux, le motif du nuage n'apparaît que de façon épisodique à l'horizon du poème baudelairien. Lorsqu'il s'offre au regard, il préfigure moins les « orages désirés », chers à la sensibilité romantique, qu'il ne suggère une relation inédite du poète au monde extérieur, et en particulier aux phénomènes météorologiques, par essence changeants et imprévisibles.
De 1838 à 1862, Baudelaire a cherché à cerner, à partir de certains accidents atmosphériques, un faisceau de valeurs qui se déclinent selon trois plans : esthétique, éthique et psychologique.
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«Salammbô est pour Flaubert la promesse d'un dépaysement radical. Carthage circonscrit le lieu d'une référence historique qui renvoie à l'amont d'une Antiquité lointaine. Théâtre d'une civilisation dont il ne reste rien ou presque, la cité punique trace une ligne d'horizon passablement floue, que les forces combinées du mythe et de l'imaginaire vont investir : l'oeuvre doit absorber l'auteur et tenir par elle-même, grâce aux vertus intrinsèques d'une écriture qui est une échappée, une vision et une évasion. [...] Déjà, en mars 1857, Flaubert notait : "Je vais écrire un roman dont l'action se passera trois siècles avant Jésus-Christ, car j'éprouve le besoin de sortir du monde moderne, où ma plume s'est trop trempée et qui d'ailleurs me fatigue autant à reproduire qu'il me dégoûte à voir." Antibourgeois, antimoderne, Salammbô se tourne vers un temps archaïque mêlé à un vaste néant, ce que Sainte-Beuve n'a pas manqué de reprocher à Flaubert, lequel n'ignorait pas cependant que toute la difficulté et tout l'enjeu de cette entreprise était avant tout de "fixer un mirage"». Henri Scepi.
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"une transparence du regard adéquat" : mélanges en l'honneur de Bertrand Marchal
Aurélie Foglia, Georges Forestier, Juliette Kirscher, Henri Scepi, Nicolas Wanlin, Collectif
- Hermann
- 24 Janvier 2023
- 9791037022370
Pour décrire la lecture, et même la lecture de textes poétiques ardus, Mallarmé parlait d'une « transparence du regard adéquat ». Cette transparence, nombreux sont ceux qui l'ont ressentie en entendant Bertrand Marchal lire les textes de Mallarmé. Ses cours, ses éditions et ses essais ont rendu transparent ce qui pouvait paraître hermétique.Cette intelligence des textes, mise au service des étudiants, des chercheurs et de tous les amateurs de littérature, est le don qu'il a fait à ses élèves et à ses lecteurs - une communauté présente dans le monde entier. Ce volume entend le remercier et rendre hommage à son oeuvre d'éditeur et de critique.Le mot de « lecture » est celui que Bertrand Marchal a choisi pour le titre de son premier ouvrage publié, Lecture de Mallarmé, marquant par sa modestie et son honnêteté intellectuelle. Puisse son exemple être suivi par ce recueil d'articles en offrant des lectures respectueuses de la lettre et de l'esprit, des lectures qui, loin de faire valoir le critique, l'effacent au profit des oeuvres.
Avec les contributions de : Joseph Acquisto - Sophie Basch - Philippe Beck - Ramla Bédoui - Barbara Bohac - Éric Bordas - Régine Borderie - Michel Brix - Gabrielle Chamarat - Dominique Combe - Antoine Compagnon - Benoît de Cornulier - Michel Deguy - Béatrice Didier - Pascal Durand - Romain Enriquez - Aurélie Foglia - Georges Forestier - Yann Frémy - André Guyaux - Jean-Marc Hovasse - Jean-Nicolas Illouz - Romain Jalabert - Michel Jarrety - Filip Kekus - Juliette Kirscher - Kensuke Kumagai - Patrick Labarthe - Sylvain Ledda - Frank Lestringant - Dominique Millet-Gérard - Yumi Murakami - Michel Murat - Steve Murphy - Florence Naugrette - Roger Pearson - Nathalie Preiss - Éléonore Reverzy - Thierry Roger - Henri Scepi - Andrea Schellino - Thomas Schlesser - Julien Schuh - Évanghélia Stead - Jean-Luc Steinmetz - Jérôme Thélot - Alain Vaillant - Hélène Védrine - Vincent Vivès - Seth Whidden - Fériel Younsi. -
«Ni raté de génie, ni rejeton d'une quelconque lignée de damnés, l'auteur des Complaintes est d'abord un écrivain qui inscrit sa démarche créatrice dans le sillage rapide d'un devenir fait de heurts et de discontinuités. Le cheminement poétique qui se déroule de 1880 à 1887 favorise de fait l'émergence de cette figure d'auteur appelée Laforgue, laquelle se définit d'abord par des pratiques d'écriture situées, des essais successifs, à la fois fulgurants et déroutants. Ceux-ci manifestent le parcours jamais vraiment assuré d'un poète qui cherche et qui se cherche, désireux non tant de se conformer à la leçon stricte et définitive d'une formule éprouvée que de varier les registres et les postures. L'élaboration de l'oeuvre procède ainsi par brusques embardées et développements inattendus. Une juxtaposition de sauts qualitatifs se produit, qui donne à penser que l'écriture se fait work in progress, recherche toujours relancée et inachèvement perpétuel - expérience délestée de toute exigence a priori d'unification et d'homogénéisation.» Henri Scepi.
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UN ESSAI : Etude approfondie d'un grand texte classique ou contemporain par un spécialiste de l'oeuvre: approche critique originale des multiples facettes du texte dans une présentation claire et rigoureuse.
UN DOSSIER : Bibliographie, chronologie, variantes, témoignages, extraits de presse. Eclaircissements historiques et contextuels, commentaires critiques récents. Un ouvrage efficace, élégant. Une nouvelle manière de lire.
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Revue des Sciences Humaines n.356 : Poésie et pensée
Adrien Cavallaro, Henri Scepi, Andrea Schellino
- Pu Du Septentrion
- Revue Des Sciences Humaines
- 13 Février 2025
- 9782757440773
Les contributions réunies dans ce numéro s'essaient à envisager les liens que nouent, depuis le XIXe siècle, et jusqu'à la production poétique la plus contemporaine, la poésie et l'exercice de la pensée. Spécialistes de littérature et de philosophie mais aussi poètes sont ici réunis pour comprendre ce que peut la poésie, dans un domaine dont elle est trop fréquemment exclue, alors même que bien des philosophes lui ont accordé toute leur attention, et que depuis le romantisme au moins, nombre de poètes se sont affirmés en tant que penseurs, dans un rapport d'émulation avec la philosophie.
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Inspirée par les thèses du pessimisme schopenhauérien et par la Philosophie de l'Inconscient de Hartmann, la poésie de Laforgue se présente à plus d'un titre comme le lieu d'une réflexion et d'un questionnement. Réflexion qui s'efforce de mettre à nu, par les moyens de l'argumentation et les ruses de la spéculation, les principes aveugles d'un univers dépourvu de sens, voué au néant et à l'inévitable retour du même. Le discours poétique s'ordonne en une vision critique, qui invalide les normes sociales comme les préjugés des anciennes métaphysiques. De là découle un questionnement qui épuise pour les révoquer les phraséologies banales et les rhétoriques trompeuses. L'originalité à laquelle, à partir des Complaintes (1885), Laforgue aspire légitimement induit de fait la nécessaire disqualification des esthétiques érigées en dogmes : elle favorise l'émergence d'une parole indocile et rebelle qui, par les vertus de l'ironie et de la dérision, explore les possibilités comme les limites du langage. La poétique laforguienne enveloppe ainsi une théorie de la représentation qui accorde au sujet un rôle producteur, de même qu'elle lui reconnaît un statut de créature éphémère et finie. La parole concentre dès lors les marques distinctives d'une voix qui se fragmente ; elle fonde sa pertinence et sa validité poétique sur la crête dentelée de la variation et du changement : ce que Laforgue appelle le " tel quel de la vie ".
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Relire les Salons de Charles Baudelaire
Collectif
- Classiques Garnier
- Rencontres ; Etudes Dix-neuviemistes
- 6 Décembre 2023
- 9782406159131
Rares sont les travaux spécifiquement consacrés aux salons de Baudelaire. Cet ouvrage se donne ainsi pour tâche d'explorer les trois grands Salons de Baudelaire (1845, 1846, 1859), selon des axes combinant histoire des institutions, histoire des arts, histoire de la critique, esthétique et poétique.
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Musset : un trio de proverbes
Collectif
- Classiques Garnier
- Rencontres ; Etudes Dix-Neuviemistes
- 13 Novembre 2024
- 9782406179245
Trois proverbes de Musset, autant de variations sur la dialectique amoureuse, entre badinage et confession, mensonge et vérité, de ces enfants du siècle qui rejouent les jeux (qui peuvent être cruels) de l'amour et du hasard.
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La poésie moderne, telle qu'elle se dessine au tournant du 19e siècle, semble connaître un destin bien singulier et paradoxal : elle s'élabore en se défaisant, elle s'écrit en déconstruisant ses formes et ses valeurs dans l'espace critique du poème. Comment d'ailleurs est-elle possible ? C'est à une question aussi radicale que Nerval, Mallarmé et Laforgue ont tenté de répondre, chacun selon ses moyens et ses visées propres. Si, dans leurs pratiques respectives, le poème dit encore quelque chose d'une relation distendue entre le sujet et le monde, il s'applique bien plus à dénouer tout lien du discours avec le réel, vouant du même coup la poésie à penser ce suspens, à intégrer, dans ses modes de figuration et d'énonciation, la trace d'une coupure fondamentale. Réflexivité, autonomie, clôture : le poème devient le lieu d'un questionnement continu, qui met en déroute - non sans détours ni conflits - la Poésie et ses emblèmes chimériques ; il n'omet pas non plus d'évaluer la capacité du langage à représenter et à symboliser. Ainsi conçue et remise en jeu, la poésie révèle sa vacance : elle accentue le geste d'évidement qui la creuse de l'intérieur, en mettant à nu les artifices d'un discours toujours enclin à dissimuler ses leurres et ses lacunes...
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Notre-Dame de Paris de Victor Hugo (Essai et dossier)
Henri Scepi
- Folio
- 9 Février 2006
- 9782070300815
«Quasimodo, Esmeralda, Frollo : la trinité maudite de Notre-Dame de Paris est devenue légendaire. Promise à une fortune inépuisable, elle a acquis le pouvoir fascinant des mythes, elle obsède, inquiète, séduit. Aussi entraîne-t-elle dans son sillage une imagerie durable, des types, voire des stéréotypes, que la culture populaire s'emploie pour sa part à perpétuer par le biais de variations ou d'adaptations. Faisant suite à Han d'Islande (1823) et Bug-Jargal (1826), Notre-Dame de Paris apparaît comme une cristallisation : les facettes de l'univers hugolien, les valeurs qui les éclairent de l'intérieur, le prisme de la vision qui leur donne relief et consistance, enfin les formes refondées d'une écriture poétique, tout s'y concentre en un édifice complexe et profondément cohérent - preuve, s'il fallait y insister, que, dans cet espace de fiction et de drame, une pensée se déploie en des incarnations violentes et mémorables qui, de bout en bout, attestent leur indéfectible unité.» Henri Scepi.
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Lire "le spleen de Paris" de Baudelaire
André Guyaux, Henri Scepi
- Sorbonne Universite Presses
- 12 Décembre 2014
- 9782840509738
Interventions de la journée d'études sur les oeuvres au programme des épreuves de grammaire et de stylistique françaises de la session 2015 de l'agrégation. En appuyant leurs analyses sur des aspects linguistiques, génériques et poétiques, les contributeurs illustrent l'apport de la lecture stylistique à l'interprétation des textes.
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Théorie et poétique de la prose, d'Aloysius Bertrand à Léon-Paul Fargue
Henri Scepi
- Honore Champion
- Unichamp-Essentiel
- 10 Décembre 2012
- 9782745324368
Prose d'idées, prose oratoire, prose narrative, prose poétique. Il semble que la diversité soit le propre de la prose et de ses emplois. Et l'expérience démontre qu'il faut se résigner à décliner un paradigme indéfiniment prédicable pour assigner à la prose, selon les cas, une marque distinctive qui soit aussi un sceau d'identification, une signature. C'est dire s'il importe de se mettre à l'écoute de ce qu'on appellera des régimes de spécificités.
Tel est l'objectif que ce livre se propose: mettre au jour, non pas des invariants, des stylèmes ou des formes reproductibles, non pas un art de la prose, mais des spécificités et des valeurs. Cet essai aborde la prose en cours d'élaboration, à travers des démarches créatrices, d'Aloysius Bertrand à Léon-Paul Fargue, en passant notamment par Baudelaire, Lautréamont, Mallarmé, Rimbaud et Huysmans.
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La Licorne n.105 : le genre et ses qualificatifs
Henri Scepi
- Presse Universitaire de Rennes
- La Licorne
- 24 Octobre 2013
- 9782753528406
Faisant suite au volume Le genre de travers : littérature et transgénéricité (La Licorne, n° 82, 2008), cet ouvrage prolonge une réflexion collective consacrée aux enjeux théoriques de la généricité. L'angle d'approche privilégie la qualification conçue comme un ensemble de procédures d'évaluation, relevant soit d'une appréciation individuelle, soit d'un mécanisme plus largement institutionnel, par quoi l'oeuvre littéraire est à la fois située dans sa spécificité et rendue à ses conditions actuelles d'intelligibilité.
Avec le soutien de l'université de Poitiers.
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L'Art pris au mot ou Comment lire les tableaux...
Valérie Lagier, Dominique Moncond'huy, Henri Scepi, Alain Jaubert, Collectifs
- Gallimard
- 10 Mai 2007
- 9782070776054
Que comprenons-nous des tableaux que nous voyons ? Et d'abord, que voyons-nous ? Des couleurs, des formes agencées, des perspectives plus ou moins justes ? Que reconnaissons-nous de nous-mêmes, de notre quotidien, de notre imaginaire ? Qu'est-ce qui nous touche, nous émeut, nous fait frissonner ou nous ravit ? Que lisons-nous ? C'est à toutes ces questions que cet ouvrage répond en proposant de cheminer parmi trente chefs-d'oeuvre, depuis la position du spectateur innocent jusqu'à celle de l'amateur éclairé. Regarder, comprendre, aimer : un parcours idéal. Dans ces 30 lectures de tableaux : - un face-à-face permanent avec la littérature (une centaine de textes cités) - des informations techniques, des anecdotes vivantes, des ouvertures sur d'autres expressions artistiques, sous forme d'encadrés - d'autres tableaux qui réinterprètent le thème (plus de cent reproductions) Et pour garder sous les yeux les tableaux commentés : - 30 reproductions sous forme de fiches.
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Un essai : étude approfondie d'un grand texte classique ou contemporain par un spécialiste de l'oeuvre : approche critique originale des multiples facettes du texte dans une présentation claire et rigoureuse.
Un dossier : bibliographie, chronologie, variantes, témoignages, extraits de presse. éclaircissements historiques et contextuels, commentaires critiques récents.
Un ouvrage efficace, élégant. une nouvelle manière de lire.