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Littérature argumentative
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Jeune abbé, protégé de Mme de Pompadour, Bernis traverse le siècle des plaisirs avec l'éclat singulier d'un héros de roman. «Il y a du Julien Sorel et du comte Mosca dans Bernis», dira Roger Vailland. Parcours foudroyant que celui de cet ambitieux couvert de femmes : parti de sa province, il est élu à l'Académie française à vingt-neuf ans. Ambassadeur à Venise où il en remontre à Casanova dans les intrigues amoureuses, le voilà à quarante ans ministre des Affaires étrangères de Louis XV, chargé de mettre en oeuvre le renversement des Alliances qui précipite la France dans la guerre. Ami et rival de Choiseul, au pouvoir, il révèle un autre visage. L'arriviste devient homme d'État. Plutôt que de poursuivre une guerre qu'il désapprouve, il préfère affronter la disgrâce et l'exil. Cette vie de plaisirs, éclairée par la passion de la gloire, est devenue légendaire. Symbole de la séduction et du panache, cardinal atypique, Bernis nous introduit au coeur d'un XVIII? siècle qui jette ses derniers feux.
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Je demandais aux livres : comment fait-on pour vivre, pour aimer, pour être heureux ?
Les livres, les romans surtout, devinrent mes compagnons d'infortune. Ils apportaient à mon adolescence tourmentée, angoissée, les lumières d'une vie idéale. Ce que je cherchais en eux, outre l'évasion par le rêve, c'était ce qu'on demande d'ordinaire aux cartomanciennes et aux voyants : de me dire mon avenir. De me donner les recettes qui permettaient de maîtriser ma vie, moi qui ne maîtrisais rien, que la plus petite amourette submergeait. D'une certaine façon, mes lectures étaient intéressées. Elles le sont restées. Je demandais aux livres : comment fait-on pour vivre, pour aimer, pour être heureux ? J.-M. R.
Cet ouvrage original, qui mêle portraits d'écrivains et morceaux choisis de leurs meilleurs livres, est le fruit d'une longue histoire d'amour. Jean-Marie Rouart est l'un des plus fi ns connaisseurs de la littérature. Guidé par l'enthousiasme et l'admiration, il nous plonge au coeur des passions littéraires qui ont nourri et enchanté son existence. -
Ils ont choisi la nuit est un livre sur la tentation du suicide et sur le suicide lui-même. Il analyse ce mal qui habite et frappe aussi bien les adolescents que les adultes et les vieilles personnes. Jean-Marie Rouart avoue : le suicide m'a longtemps habité, comme une obsession. Comme une maladie, dont j'ai mis des années à guérir. Et d'évoquer ses frères et soeurs par le suicide enlevé, Romain Gary, Drieu la Rochelle, Jean Seberg, Stefan Zweig, Hemingway, Jack London. Ou encore ceux, qui comme Benjamin Constant, Maupassant et Napoléon, avaient une âme suicidaire.
Livre de littérature, donc. Et livre fort, d'une nouveauté absolue. Et pour une autre raison aussi que cette galerie jamais vue des grands noms. Il se trouve que Jean-Marie Rouart se met à nu, raconte la tentation du suicide en lui, provoquée par son mal de vivre , ses échecs amoureux, sa peur d'écrire.
Un livre bouleversant. -
Les vainqueurs m'ennuient. J'ai toujours aimé les vaincus : cette déclaration ouvre La Noblesse des vaincus, où Jean-Marie Rouart raconte qu'il avait, adolescent, épinglé sur un mur de sa chambre la photo d'un soldat blessé. Tout se passe en effet comme si l'échec révélait, de l'homme, bien plus, bien plus fort, bien plus profond, bien plus intéressant, pour ne pas dire bien plus passionnant, que la victoire. A ce point que Jean-Marie Rouart s'abandonne au rêve d' un dictionnaire des vaincus où il mettrait qui ? Fouquet, le surintendant embastillé, Bernis, le cardinal voluptueux deux fois exilé, Cavelier de la Salle, assassiné sur les rives du Mississippi, Lally-Tollendal, coupé en deux, Von Stauffenberg, pendu à un croc de boucher après avoir raté son attentat contre Hitler - tant d'autres... Jean-Marie Rouart met en évidence l'étrange passerelle qui relie les vaincus au destin inabouti de la littérature , littérature dont l'exercice, peu ou prou, serait une métaphore de l'échec. Musset, Byron, Paul-Jean Toulet, Aragon : les désenchantés de l'amour ; le cardinal de Retz, Barrès, André Malraux, Mauriac, Breton Montherlant : les rêveurs au pouvoir : Verlaine, Genet, Fitzgerald, Lowry... L'oeuvre, cette réussite, ne se conçoit pas et ne s'explique pas sans son double et ce terreau d'où elle naît et où elle aboutit : l'échec. Ce dictionnaire dont rêve Jean-Marie Rouart, le voici : celui des grands écrivains, dont on sait désormais un peu mieux qu'ils sont des vaincus de la vie .
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L'antisémitisme dans la littérature populaire
Marie-france Rouart
- Berg International
- 24 Avril 2001
- 9782911289323
Spécialiste des l'histoire des mentalités, docteur ès Lettres, professeur de littérature comparée, l'auteur explore dans cet ouvrage les permanences et les reconversions des stéréotypes antijuifs dans la littérature populaire avant de proposer un florilège de textes révélateurs de l'imaginaire antisémite du Moyen Age (théâtre liturgique, contes, recueils de miracles) aux périodes moderne et contemporaine (livrets de colportage, extraits de romans-feuilletons, chansons de café-concert, hymnes nationalistes et xénophobes...
). A la croisée du folklore et de la théologie, du discours savant et du merveilleux, ces textes visaient à édifier, à endoctriner, mais aussi à divertir, à provoquer le rire par la dérision. Ils mettent en évidence la surprenante stabilité des thèmes antijuifs, ainsi que leur faculté d'adaptation à la conjoncture historique.
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Le sentiment d'être aliéné de - ou étranger à - son environnement paraît hautement caractéristique de notre temps. Mais n'existe-t-il pas plusieurs sortes d'aliénationoe De l'impuissance à l'isolement social, en passant par l'absence de normes ou encore la différence culturelle, comment la littérature contemporaine traite-t-elle de cette notion ambiguë et que la psychanalyse a contribué à complexifier ? Pour y répondre, l'ouvrage s'attache à classer les sujets mis en fiction, en précisant d'abord les domaines, les conditions et les mécanismes impliqués dans la production des différents symptômes d'aliénation. Afin de savoir si la structuration du roman se révèle significative et représentative de l'aliénation, l'étude se propose d'en découvrir la mise en oeuvre chez dix auteurs, porte-parole de langues et de cultures différentes.