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paul decottignies
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Les héritiers du monde
Joseph Conrad, Ford madox Ford, Paul Decottignies
- ARFUYEN
- Le Rouge & Le Noir
- 9 Janvier 2025
- 9782845903807
Totalement inédit en français, Les Héritiers du monde (The Inheritors) a paru en 1901,juste après deux des chefs-d'oeuvre de Conrad, Au coeur des ténèbres (1899) et Lord Jim (1900).
Ce récit prophétique et haletant dénonce les techniques de désinformation et de manipulation qui, d'un popu-lisme à l'autre, ne cessent de menacer les démocraties.
Avec une étonnante maestria, Conrad et Ford tissent une intrigue à trois niveaux : un financier philanthrope et mégalomane mène une campagne inter-nationale pour exploiter les ressources du Groenland ; un noyau d'activistes cherche à compromettre le gouver-nement britannique pour discréditer sa «politique de la raison » ; par un subtil jeu d'échecs, une femme fasci-nante et cynique les manoeuvre tous à ses propres fins.
Qui sont ces « Héritiers du monde », dont elle se revendique ? « Nous sommes l'Inévitable, affirme-t-elle, et vous ne pouvez rien contre nous. »
Le plus étonnant dans ce roman, c'est que cette histoire qui ressemble à La Guerre des mondes (H. G. Wells était un ami de Conrad) ou à une dystopie sur les cyberdictatures, se fonde sur la situation du Congo belge, riche en or, pétrole et autres ressources, tel que Conrad l'a découvert lorsqu'il y a été embauché comme capitaine de steamer en 1890.
Le personnage central des Héritiers du monde, est fortement inspiré du roi Leopold II, « sorte de philanthrope mégalomane » qui pillait sans scrupule cette terre devenue son bien personnel. Le Groenland du roman transpose ces souvenirs du Congo. Exploiter les richesses du Groenland en jouant entre les grandes puissances, est-ce un hasard si c'est le thème de la quatrième saison de la fameuse série danoise Borgen ? -
Un été en montagne
Elizabeth Von Arnim, Paul Decottignies
- ARFUYEN
- Le Rouge & Le Noir
- 7 Mars 2024
- 9782845903661
Juillet 1919. La narratrice arrive à son chalet de montagne, dans le Valais suisse qu'elle n'a pas revu depuis le 1er août 1914. Fatiguée et déprimée, elle s'effondre dans l'herbe avant même de franchir le seuil. « C'est tellement humiliant d'être à ce point bouleversée. Je me sens aussi ridicule que malheureuse ; comme si quelqu'un avait pris mon visage et l'avait frotté de poussière. » Mais tout de suite, grâce à la magie de l'écri-ture d'Arnim, le paysage est là, dans son immensité. Naguère bruissante de vie et de gaieté, la maison est à présent silencieuse. Seuls avec la narratrice, le couple de gardiens qui voit d'un mauvais oeil qu'on vienne déranger ses habitudes. Ils parlent en français dans le texte, d'où de savoureux dialogues où l'élégante Londonienne se trouve, malgré son permanent humour et sa bonne volonté, souvent en position difficile. Mais cette sorte de tranquillité ne durera pas : une situation des plus étranges s'instaure avec l'arrivée de deux femmes venues de nulle part et marquées par un lourd secret. Kitty, terriblement convenable et polie, et Dolly, sa cadette, toujours souriante et silencieuse. Au premier étonnement, succède l'inquiétude et une brûlante curiosité. Le huis clos devient confrontation et se développe en une enquête quasi policière. L'art d'Elizabeth von Arnim, d'une fascinante finesse psychologique et d'une réjouissante ironie, est de nous entraîner jour après jour à sa suite. Jusqu'à une fin imprévisible et merveilleusement « british ».
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Ainsi parlait : Emily Dickinson
Emily Dickinson
- Éditions Arfuyen
- Ainsi Parlait
- 2 Juin 2016
- 9782845902343
Après deux maîtres spirituels (Eckhart et Thérèse d'Avila), deux philosophes (Sénèque et Lulle) et un écrivain (Shakespeare), ce 6e ouvrage de la collection « Ainsi parlait » est consacré à un écrivain américain majeur. Emily Dickinson n'a rien publié de son vivant, mais les 1789 poèmes, 1049 lettres et 124 fragments publiés après sa mort constituent une oeuvre ample et inépuisable où est frappant le contraste entre une sensibilité d'écorchée vive et une intelligence puissamment libre et lucide.
T. W. Higginson, le seul à qui elle confia ses textes, fait à sa femme Mary un portrait fascinant de celle qu'il nomme « mon excentrique poétesse » : « un trottinement pareil à celui d'une enfant », « une femme petite et quelconque avec deux bandeaux lisses », « une voix douce, effrayée et haletante d'enfant », « disant bien des choses que tu aurais trouvées folles et moi sages. » « J'ai bien peur, écrit-il à ses soeurs, qu'une remarque de Mary : «Oh, pourquoi les fous s'attachent-ils tant à toi ?» ne soit vraie. » Folle ? Sage ? Bien plus :
Emily Dickinson est une visionnaire, qui parle d'un lieu qui n'est ni vie ni mort.
Une sibylle dont les paroles elliptiques livrent des vérités aussi foudroyantes que les fragments d'Héraclite auxquels elles font penser ou à ce Shakespeare qui, disait-elle, lui a « apporté plus de connaissances qu'aucun être vivant ».
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Ainsi parlait : Charles Péguy ; dits et maximes de vie
Paul Decottignies, Charles Péguy
- ARFUYEN
- Ainsi Parlait
- 12 Mars 2020
- 9782845902961
Péguy le mécontemporain (Alain Finkielkraut, 1991), Péguy l'insurgé (Jean Bastaire, 1975), Péguy l'inchrétien (id., 1991), « Péguy philosophe » (Emmanuel Mounier, 1930) : autant d'essais sur Péguy, autant de visages différents. Péguy l'inclassable, assurément (Géraldi Leroy, 2014). Toujours actuel et éclairant à travers les changements de notre société !
Les Cahiers de la Quinzaine restent le modèle indépassable d'une grande revue d'idées : « Je révèle ici un secret de ma gérance, écrivait Péguy : tous les cahiers sont faits pour mécontenter un tiers au moins de la clientèle. Mécontenter, c'est-à-dire heurter, remuer, faire travailler. » Paul Decottignies nous donne accès à l'ensemble d'une oeuvre très vaste et variée, souvent invoquée mais mal connue. Il nous révèle un esprit visionnaire et un maître de liberté, mais aussi un écrivain brillant autant qu'insolent.
« Pour la première fois dans l'histoire du monde l'argent est le maître du curé comme il est le maître du philosophe. [...] Et il est le maître de l'État comme il est le maître de l'école. Et il est le maître du public comme il est le maître du privé. » À l'aube du XXe siècle, quel philosophe, quel écrivain a mieux senti que Péguy ce qui allait se jouer ?
Et sur lui pourtant que d'idées fausses ! Péguy le catholique : mais il se maria civilement, ne fit pas baptiser ses enfants et la presse catholique l'avait en horreur ! Péguy le conservateur : mais il fut socialiste toute sa vie, et avec quelle ardeur ! Péguy l'intellectuel : mais, resté profondément provincial, il vomissait l'intelligentsia parisienne. À qui le comparer sinon à un Pasolini, pétri lui aussi de paradoxes, poly-graphe et militant, scandaleux et assoiffé de vérité !
« Un petit homme brusque et pressé, toujours pressé [...], le regard tendu de bas en haut, comme un taureau [...], le souffle court et le parler égal, pressé et saccadé [...]. C'était un homme à congestions. » C'est ainsi que le décrit Romain Rolland. La vie de Péguy semble faite tout entière d'étapes successives et contra-dictoires : « L'homme qui veut demeurer fidèle à la vérité doit se faire incessamment infidèle à toutes les inces-santes, successives, infatigables renaissantes erreurs. ».
Découvrir Péguy dans sa profonde fidélité comme dans ses impatiences, tel est l'objet de cet Ainsi parlait Péguy. Nul auteur pour lequel l'approche originale de cette collection se révèle aussi efficace. Faire découvrir « Péguy l'hérétique » (titre de sa préface), telle est ici la réussite de Paul Decottignies.
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L'éclatante beauté de Sally
Elizabeth Von Arnim
- Éditions Arfuyen
- Le Rouge & Le Noir
- 30 Octobre 2025
- 9782845904002
En mars 2024, les éditions Arfuyen ont inauguré leur collection de fiction « Le Rouge & le Noir » par la traduction d'un roman inédit d'Elizabeth von Arnim, Un été en montagne, qui a permis de constater combien la magie de cette oeuvre reste intacte. Pour le 10e volume de la collection, quel meilleur choix que de proposer cet autre roman inédit en français (en anglais Introduction to Sally), plus ample et plus séduisant encore par sa fantaisie, sa finesse et son joyeux féminisme.
« Tu devrais essayer de mieux cacher tes cheveux », suggère à Sally son jeune époux. Mais elle : « Ça ne change rien. Les gens me regardent quand même. » Sally est d'une beauté insolente, ravageuse, qui rend les hommes stupides. Elle n'en tire pas gloire : « Les gens commencent par "Oh, comme vous êtes belle" et finissent toujours en colère. » Les compliments l'insupportent et elle est farouchement indépendante.
Une telle beauté alliée à la lucidité est une malédiction. Brillante et ironique, Elizabeth von Arnim nous entraîne dans une folle cavalcade, jusqu'au point où l'époux doit s'interroger : « Sally, qu'il avait eu l'intention de façonner, était en train de le façonner lui. Ce qu'elle faisait de lui, c'était une marionnette. Oui. Rien que ça. Tous les maris sont-ils des marionnettes ? »
Le personnage lumineux de Sally sert de révélateur à une galerie de personnages pittoresques comme un modèle réduit de la société, du « dessus du panier » d'une vieille aristocratie totalement déphasée aux banlieues cockney, sans ménager les préjugés et les prétentions des classes moyennes, qui ne parlent que de convenances et ne pensent qu'à l'argent.