La mise en pratique de la technique de la gestion mentale est une des plus belles découvertes de mon expérience en tant qu'enseignante : voir dans les yeux des enfants, notamment ceux en difficulté, la prise de conscience qu'un chemin vers la réussite dans leurs apprentissages est possible, qu'il existe une « recette » à suivre et qu'elle leur est accessible. Mais, seul, un enfant ne peut trouver les ingrédients et les étapes de cette recette. Nous, adultes, sommes les chefs cuisiniers, ceux qui allons le guider avec nos connaissances sur la marche à suivre, afin de lui faciliter l'accès aux apprentissages. Et c'est vous, parents, par le développement des sens de votre enfant, les sollicitations et l'environnement que vous proposez, qui lui donnez les chances de réussir et donc de s'épanouir sur le plan scolaire. Ce sera ensuite le rôle des enseignants initiés de vous accompagner dans la mission qui le mènera à sa réussite scolaire en lui donnant les outils nécessaires. Que ce soit la pratique de la gestion mentale ou n'importe quelle autre pratique qui puisse aider efficacement les élèves, nous ne pouvons, lorsque nous les avons pratiquées et avons découvert leurs effets positifs, les garder pour nous. Partageons nos belles expériences, même si les connaissances en neurosciences et certaines certitudes évoluent rapidement et sont parfois remises en question. Que nos réussites se répandent aussi vite que le mouvement des ailes du papillon...
En prenant pour exemple le grave préjudice qu'il a subi lui-même de la part de quelques groupes d'individus disposant de relais médiatiques et de la toute-puissance des réseaux sociaux, Gilles Freyer démonte les mécanismes des dérives sectaires qui rongent la société. Il suffit de quelques personnes déterminées, intérêts privés, officines idéologiques et groupes identitaires, pour abîmer le tissu social, dissoudre la confiance mutuelle, abolir la parole vraie.
Le cancérologue dissèque ces maladies sociales de manière clinique, froidement, objectivement, mais passionnément, comme tous les chercheurs. L'auteur pourrait se définir comme archéo-progessiste. Selon lui, nous devons nous servir de nos connaissances et de nos valeurs humanistes, pour refonder une société qui dérive, pour restaurer la pensée libre et le dialogue constructif, pour envisager à nouveau l'avenir comme un progrès et non comme une inquiétude.
Non, l'obscurantisme aggravé par les moyens techniques modernes ne doit pas recouvrir nos vies d'une chape de plomb. La déforestation de la pensée ne doit pas être considérée comme une fatalité mais comme une épidémie qu'il est urgent de circonscrire.
Née avant la Révolution française, Sophie Germain a manifesté son goût de la liberté en dépassant les conventions de son époque: Femme, elle a fait des mathématiques. Totalement auto-didacte, elle se passionnera dès son enfance pour cette discipline et entrera dans la modernité.
Elle figure parmi les plus grands de nos mathématiciens, par la qualité et l'ampleur de ses recherches, mais aussi par son courage et son opiniâtreté qui lui valurent en 1816 un prix de l'Académie des sciences.
En parcourant son histoire et son oeuvre, on comprend pourquoi Jean Derens l'a nommée " l'oubliée de la Tour Eiffel ", pourquoi elle fut aussi longtemps l'oubliée du grand théorème de Fermat, et peut-être encore plus l'oubliée de la philosophie, elle qui inspira Auguste Comte.
Deux ans après ses débuts remarqués, Lucian Blaga fait paraître Les Pas du prophète, recueil marqué par l'omniprésence de Pan. Émotion face à la nature, la Transylvanie rurale de son enfance, hymne à l'amour, à la vie, fusion du corps dans le tout du monde.
Blaga confirme ici sa rupture stylistique avec le passé et assume pleinement l'influence de l'expressionisme. Il sort du XIXe siècle romantique pour entrer dans la modernité ; la hardiesse de son écriture se met au service d'une spiritualité originale, étrangère à tout dogme religieux.
Dans ce deuxième volume de son intégrale poétique, Blaga apparaît bien comme le chef de file des grands poètes roumains modernes.
Qui aurait pu prédire que le jeune Antoine, orphelin franc-comtois autodidacte, allait inscrire en majuscules le beau nom de Lumière au fronton de maints édifices dédiés à l'éducation et à la culture ? (Des collèges, des lycées, des universités, et un prestigieux Institut).
Qui eût pu penser qu'il y aurait un jour des rues et des places Lumière ?
Antoine, photographe à Besançon, avait deux fils, Auguste et Louis... Ainsi commence l'histoire extraordinaire des Lumière, chez qui le génie sera une affaire de famille.
Lyon deviendra le terrain de jeu de nos expérimentateurs. Dépassé par ses propres audaces, cerné par une concurrence acharnée, Antoine douta et erra souvent, sauvé par ce leit-motiv: « Mes fils trouveront ! » Ce qu'ils ont trouvé a changé notre vie.
Parler Palmyre suivi de Sans Nom a été écrit suite aux attentats qui ont frappé la France entre 2015 et 2017. Ces événements sont pour elle un écho à notre commune fragilité face à la mort, à la grande mollesse et à l'immense perméabilité de notre corps devant la violence, les balles, les coups, les heurts. Elle a demandé à Matthieu Fayette d'illustrer son recueil car son univers graphique, vacillant, fugace et ténu, habillerait son texte avec force et pudeur.
Quand on lit les textes d'Anne-Lise Blanchard, à la condition de se refuser à toute lecture superficielle, rapide ou préorientée, on est amené - dans la douceur - à admettre que la seule concession que nous ayons le droit de faire, c'est à la vie, et à rien d'autre. Avec son écriture épurée, lisse et discrète, Anne-Lise Blanchard s'écarte de la tendance actuelle où l'on voit, dans toute sa suffisance, le « moi » supplanter le « je », ce qui appelle déjà au combat.
Je voudrais évoquer par conséquent le magnifique tableau de Delacroix qui orne la chapelle sud de l'église Saint-Sulpice - haut lieu poétique s'il en fût - représentant le combat de Jacob contre l'ange : Jacob se trouve à la croisée de deux chemins, dont l'un descend vers la foule, la fureur et la poussière dans de vains combats, et dont l'autre se voit barrer le passage par un ange musclé. Mais Jacob est déterminé ; il a posé ses bagages inutiles, il a jeté sa lance qui pointe en direction de ce sentier qui gravit la montagne à travers une épaisse forêt. Loyal jusqu'au bout, il affronte à mains nues l'ange qui le retient à la façon d'un sparring partner. On sait que Jacob forcera le passage.
En effet, ne vous y trompez pas ! Cette petite femme de 40 kilos, elle vous le fera tomber, l'ange ; c'est une combattante, elle en a vu, elle en a fait, elle en a écrit. Comme le moine zen de la légende, elle marche lentement vers le lecteur, elle avance une main, et elle le fait tomber à genoux devant la réalité, devant la vie.
C'est un poète, je vous dis.
JA
Une vie entière consacrée à la recherche de l'appareil domestique le plus performant, le moins cher, pour le bien-être des ménagères après la Grande Guerre, telle fut la vocation de Léo Trouilhet, inventeur. Fondée en 1917, l'entreprise Calor aura fourni aux quatre coins du monde des appareils dont la technologie de pointe bouleversa la vie quotidienne et harassante des femmes au foyer.
Lyon peut s'enorgueillir d'être depuis des siècles un foyer d'innovations et de création dans les domaines les plus variés, industrie lourde, chimie fine, transformation agroalimentaire, son et cinéma. Et de résonner les noms prestigieux de Thimonnier, Jacquart, les frères Lumière, Berliet, Mérieux, Boiron, Visseaux, Poulenc, Lhomme & Clocher, et, bien entendu, Teppaz et Léo Trouilhet à qui ce livre rend un hommage respectueux.
Qui connaît vraiment le peintre Pierre Puvis de Chavannes ?
On l'a longtemps oublié, on le redécouvre aujourd'hui.
Avec ses formes épurées, ses couleurs pâles, ses person-nages hiératiques, son refus de la perspective et de toute concession au réalisme, il a inventé un langage pictural nouveau.
Il s'est toujours tenu loin des modes. Ni classique, ni roman-tique, encore moins impression-niste, Puvis de Chavannes l'inclassable est vite devenu une source où vinrent puiser les meilleurs.
Georges Seurat, Paul Gauguin, Maurice Denis, Vincent van Gogh ou Pablo Picasso, tous l'ont reconnu comme un maître, novateur et visionnaire.
Il a ouvert une voie de l'art moderne.
Les épreuves se transforment parfois en richesse. Dans ce premier livre, Odile Ogier nous décrit comment son fils dyslexique a surmonté l'échec scolaire, en rassemblant les outils nécessaires à un accompagnement spécifique et durable. Comment considérer l'inadaptation scolaire de l'enfant en difficultés? Comment lui permettre de réussir comme les autres ? Les parents peuvent eux aussi puiser dans leurs ressources personnelles pour apprendre à apprendre à ces enfants dys-fférents.
J'ai descendu dans mon jardin...
Parfois on se surprend à fredonner quelques bribes de vieilles chansons qui resurgissent sans raison, nous accompagnent un moment, creusant le cercle de l'enchantement avec obstination.
Elles nous reviennent comme la basse obstinée d'une langue traversière dont nous sommes les passeurs souvent à notre insu car le coeur y était bien avant qu'on s'y cogne en troussées de broussailleuses escapades.
À peine un chant dans la cacophonie du monde, mais qui demeure solidement accroché à la voix, dans ce souffle étroit et fugitif où passé et présent entrent en résonance.
Avec Refrain, le voyage en compagnie des peintres et des musiciens se prolonge comme sans fin. Refrain : revenir là où on est allé, creuser ce qui a déjà été contemplé et écouté, explorer, tel un possible, de nouvelles contrées. Retour et commencement.
Dans l'alliance de la poésie à la peinture et la musique se découvre un chemin de liberté et de lumière. Avec Refrain le lecteur est invité à voyager, au fil de l'art, à travers les cultures, les siècles qui passent. Voyage, aventure dans le langage.
Le dialogue des mots avec l'univers pictural et musical cherche ici son unité du côté des pays intérieurs, des secrets de l'homme, de l'accueil de l'insaisissable. Refrain : écouter, sillons d'un autre langage, ce lointain qui murmure le sacre de l'aurore.
De Phidias, fils de Charmidés, ainsi qu'il avait signé sur le socle d'une statue à Athènes, au ve siècle avant J-C, on ignore presque tout.
Pline l'Ancien et Pausanias nous parlent, longtemps après, de ses oeuvres, la plupart déjà disparues à leur époque : Phidias reste l'auteur des frises du Parthénon et de sa colossale Athéna, du Zeus chryséléphantin d'Olympie - considéré comme l'une des sept merveilles du monde - et d'une légendaire statue d'Athéna pour l'île de Lemnos.
On disait de lui qu'il était le seul à connaître l'image des dieux, et qu'il la révélait aux hommes par ses sculptures. Accusé d'impiété par ses concitoyens, peut-être pour avoir sculpté sur le bouclier d'Athéna le personnage d'un vieillard chauve lui ressemblant, il est jeté en prison, puis exilé à Olympie : c'est là qu'il serait mort, selon certains ; rien n'est attesté, sa trace se perd après son départ d'Athènes.
Le mot « exil » a sans doute fait naître dans mon imaginaire l'idée qu'il finit sa vie dans l'île de Lemnos, attaché à chercher jusqu'à la fin, dans les veines des marbres bruts, le visage des dieux.
Le mystère de cette vie tournée vers une quête d'absolu et de réalisme, ce destin de proscrit, cette vieillesse solitaire, m'ont longtemps fait rêver à la fin de Phidias et à sa dernière oeuvre, dont il me plaît à penser qu'elle est cachée tout près de nous.
Aucun comédien, aucun metteur en scène, aucun professionnel du théâtre ne peut oublier le nom de Jean Vilar.
Le Théâtre national populaire - le TNP - c'est lui. Le Festival d'Avignon, c'est lui !
Il a voué son existence au théâtre, affrontant avec la même détermination les problèmes matériels et les difficultés politiques. Il a travaillé avec ferveur à faire revenir tous les publics dans les salles de spectacle, comme aux temps antiques du théâtre citoyen.
Avec des comédiens prestigieux, Gérard Philipe, Maria Casarès, Georges Wilson, il a servi les plus grands noms du répertoire : Molière, Victor Hugo, Brecht, Shakespeare.
Ce livre nous emmène dans les coulisses habituellement inaccessibles d'une personnalité secrète et généreuse.
Apache Achille se chuchota-t-il ? Née des amours croisées (quoique contre-naturelles) d'Arthur Rimbaud et de Tony Duvert, la matière poétique première produite à partir de 2013, a vu émerger lentement, comme par endogénèse, la figure archétypale en même temps qu'intime d'Achille. Mais si Achille est un Apache (ce qui reste sans rapports avec le fait d'être un ostrogoth), de quel Achille compte-t-on nous entretenir ici ? Est-ce une déclinaison de l'éternel héros des épithètes homériques, aboutissement tardif - dégénéré ? - d'une figure primitive aux puissances souterraines millénaires ? Où est-ce plutôt quelque objet d'amour ambigu sur lequel l'auteur voudrait se livrer aux derniers outrages en même temps qu'aux dernières facéties ? Ne serait-ce donc pas plutôt ce "ça" qui s'échappe entre les mots et qui, décidément (toujours), s'absente ?
J'étais au bal avec Martin Martin me tenait la main Et comme il portait un masque, personne n'a vu son visage Chacun psalmodiait son nom et lui posait des questions Il ne répondait jamais Son rire était plein de neige « C'était la veille de la Saint-Martin, au soir de laquelle on avait coutume de faire la débauche »* * Adrien Baillet, (vie de M. de Descartes, 1691).
La langue du corps est chaude lorsqu'elle se met en chair. Chair pourtant inadmissible tant elle est admise comme cause du corps.
Alors que la mélodie des courbes évoque des chants maternels, creuse des foyers d'émotions jusqu'aux élans de la chute, la substance de l'intimité se faufile entre plis et fentes, finit par avouer son irrémédiable intériorité là où quelque chose de vif nous éprouve à la source nocturne de toute origine. La révolte de l'intimité dans le vacarme d'amours fougueuses fait face à l'aurore déjà épuisée.
Oui, la langue brûle lorsqu'elle se pose ainsi sur le bord du corps, le pénètre, le traverse, le déchiffre comme la matière du monde, comme notre engagement dans les mots, par eux, comme un flux inaltérable. Comme une voie pour renouveler toute une gamme d'images depuis ces rêves impossibles qui prennent à parti l'organique.
Le corps ainsi animé, à jamais retenu dans des devenirs incertains, mais aussi bercé dans ses derniers refuges devient la source même du poème. Un instant du poème. Instant rugueux, exigeant, rattrapé par l'archaïque, scellé dans les contraintes de l'originel. Instant éternel.
Une sotte tradition a fait de l'adjectif " cartésien " le synonyme de " rationaliste étroit sans imagination ". Le lecteur aimera rencontrer en personne celui qui proclama dès sa jeunesse : " je m'avance masqué " et qui, pour nous, tombe ici le masque. N'est-ce pas en rêvant qu'il a découvert sa méthode ?
Connaître la vie de cet homme de guerre et d'aventures, apporte en effet son lot de surprises.
Lire Descartes nous permet de le rétablir tel qu'en lui-même. On rencontre alors cet esprit rigoureux qui souhaite parvenir à la même certitude en philosophie qu'en mathématiques.
Car pour lui, la raison, ce " bon sens ", est " la chose du monde la mieux partagée " (entre les riches et les pauvres, les hommes et les femmes, les huguenots, les catholiques ou les libertins, les Persans, les Chinois, ou les Poitevins). Et la méthode qu'il nous propose pourra permettre à tous ceux qui le souhaitent de la bien conduire.
Libéré du carcan stoïcien imposé par les jésuites, Descartes s'avère être aussi un avocat des passions " toutes bonnes de leur nature " et parmi les passions, il est un adepte de la passion-reine (une passion qui est aussi une vertu) : la générosité.
L'urgence de l'été fait vibrer l'écriture de Marion Lafage. Il y a d'abord la description d'un printemps aux tons encore hivernaux, puis une intense fébrilité qui révèle son angoisse du solstice. C'est la maturité qui porte enfin les fruits d'une longue gestation poétique.
Dans les profondeurs du monde Reposent nos impuissances Il faut voir dans le poète une sorte de musicien qui chercherait en tous temps et en tous lieux à accorder son dérisoire instrument entre le fracas du monde et le fragile équilibre de la noosphère. Un passeur d'harmonie, mais une harmonie sans cesse déchiquetée, et par les vagues de l'Océan et par le Temps des Hommes. Devant la mer, à l'unisson des éléments, la démesure de l'espace et les aléas du temps ouvrent en nous la conviction de partager monde et Terre avec l'ensemble des vivants. La Rumeur le Fracas présente en quatre mouvements la fragilité de l'existence prise entre la beauté et la tragédie du monde. Dans l'écart entre l'une et l'autre foisonnent les contradictions et les doutes, mais aussi les désirs et les émotions des êtres singuliers que nous sommes.
Soixante et onze ans d'activité intense, un cerveau encyclopédique, passionné de mathématiques, de sciences et de tous les arts ; une sensibilité très vive, naturellement portée à l'amour, à l'amitié, à la communion avec la nature. Et le coeur sur la main, consacrant une large part de sa formidable énergie à aider les autres. Pourquoi s'attacher à lui ? Il est extraordinairement vivant : un esprit aussi mobile que les expressions de son visage, un esprit qui « sautille » - c'est son mot - d'une pensée à l'autre, d'une passion à l'autre, et pourtant une constance dans sa façon de voir le monde et la vie, des convictions fortes qui n'ont jamais varié. On l'a accusé d'inconstance, de contradictions, mais sa pensée se module sans cesse suivant les enjeux du réel. Mais ne nous leurrons pas : il nous échappe. Il faudrait voir cette haute et forte stature, ce regard vif dans un visage un peu inégal qu'il voulait garder «peuple», il nous faudrait entendre cette étincelante conversation qui fascinait tous ses auditoires. À défaut, suivons son conseil : lisons-le. Il est de notre temps.