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Littérature
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Dix ans que les deux hommes s'étaient perdus de vue et puis, d'un coup, ils se retrouvaient au détour d'une rue, face à face. Le hasard, paraît-il, fait bien les choses. S'il s'agissait de lui, il aurait mieux fait ce jour-là de se mêler de ce qui le regardait, mais il n'y était pour rien. Skender le comprendrait bientôt, ce n'est pas le hasard qui avait mis Max et Madame sur son chemin.
Il le comprendrait bientôt. -
Un soir chez des amis, O. rencontre Loren, une acrobate fougueuse et libre aux cheveux couleur de seigle. Ils s'éprennent follement, s'étreignent et s'aiment le jour et la nuit dans la ville qui leur ouvre les bras. Mais Loren disparait sans un mot. Inconsolable, têtu O. la cherche jusqu'à Tombelaine en Normandie. Là, il apprendra pourquoi la jeune fille si solaire et fragile, est partie sans pouvoir laisser d'adresse.
Librement inspiré d'Orphée et Eurydice, le ballet de Pina Bausch, "Danse d'atomes d'or" propose une nouvelle version du mythe. Ici, Eurydice n'a pas besoin d'Orphée.
D'une beauté à couper le souffle, écrit avec la rage de vivre, le premier roman d'Olivier Liron s'inscrit dans le droit fil de "L'écume des jours" de Boris Vian.
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Une vision de « l'intime » ressentie par « l'extime » des tableaux du peintre Edward Hopper. La solitude, l'espace américain, le XXe siècle sont reconstruits à partir de miettes. Des listes, des notes, des déchets biographiques.
Thomas Vinau orchestre les détails, reproduit les sensations et rédige la correspondance d'une famille d'artistes. L'histoire d'amour d'une vie entière, de deux êtres, Jo et Ed, avec la peinture.
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Naître dans un quartier populaire au sein d'une famille dysfonctionnelle tout en étant malvoyant, on pourrait se dire que ce n'est pas gagné... À moins que les problèmes ne s'additionnent pas et que la déficience visuelle ne soit finalement une chance : une soustraction des emmerdements...
Ce n'est pas la moindre des découvertes que l'on fera en lisant ce roman, qui débute dans une cité bisontine, en passant par un institut pour enfants caractériels, et un établissement pour malvoyants et non-voyants. L'information essentielle étant toutefois que les aveugles peuvent faire du vélo tout seuls dans la cour de leur école sans se rentrer dedans. -
De 1900 à 1950 se multiplièrent les cartes postales coloniales : femmes-objets « couleur locale » ou costumées selon les standards aguicheurs du moment. Aujourd'hui l'artiste marocain Miloudi Nouiga balafre de peinture ces photos dans un geste doublement provoquant dénonçant à la fois le colonialisme d'hier et la censure présente des intégristes musulmans.
Valentine Goby s'inspire de cette révolte. Elle raconte le voyage d'une carte postale. L'image passe successivement du photographe qui prend le cliché dans les années 1920 à la prostituée marocaine qui pose, au soldat français qui achète la carte dans une boutique de Casablanca, années 1940 puis enfin à la petite fille française du militaire qui la retrouve aujourd'hui dans les papiers d'un héritage.
Que voit-on vraiment ? De quoi, de qui parle-t-on ? Valentine Goby poursuit ainsi sa quête romanesque où le corps tient une place primordiale.
La carte postale représentant la « fille surexposée » s'est projetée dans une peinture de Miloudi. Elle figure en couverture de ce livre et dans le musée imaginaire des révoltes de Valentine. On retrouve dans ce texte envoûtant la passion de celle-ci pour « les multiples mensonges de l'image » depuis sa construction voici cent ans jusqu'à sa reconstruction aujourd'hui en passant par toutes les métamorphoses de l'histoire.
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Tandis que d'autres s'étirent et ouvrent les volets Thomas Vinau, depuis longtemps, écrit de la poésie. Chaque matin.
Après Nos cheveux blanchiront avec nos yeux (2011), Ici ça va et Le Bric à brac hopperien, (2012) voici donc, écrit dans la même veine que les romans, un gros livre de petits poèmes conçu comme un livre d'usage et de combat pour tous les jours. Un livre qui caresse, tempête et tient tête. Tout ceci mine de rien évidemment.
« Je défends une poésie sans chichis, une poésie du présent. Je veux qu'elle dise cet au-delà de nous, qu'elle écope cet essentiel, ce qu'il nous reste après la tempête et les mensonges, mais sans grands gestes. Je travaille beaucoup sa simplicité. Elle doit sentir l'odeur de chaque matin, être comme ces nuages suaves et sombres formés par des milliers d'oiseaux dans l'automne. » En 235 poèmes, Thomas Vinau encore une fois nous comble et réveille ce qui pourrait dormir en nous.
« Songer, certains dimanches de grands vents pleins de poussières et de lumière, à s'ouvrir le ventre du sol au plafond. Pour aérer à l'intérieur ». C'est par ces mots que commence Juste après la pluie.
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Marie et l'enfant forment un monde qui semble se suffire à lui-même. Quelques mois auparavant, la jeune femme a brusquement quitté Paul sans qu'il sache qu'elle attendait un enfant et s'est éloignée de la plupart de ses amies. Seule la présence d'Elisabeth, sa mère, est tolérée par nécessité. Mais c'est oublier que les absents parlent, quand on tente de les faire taire. Une lettre et une photographie dans un tiroir, un foulard oublié, une odeur intrigante, et c'est tout un passé qui ressurgit pour raconter en filigrane une autre histoire : celle de nos silences et de nos désertions.
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Elle veut tuer son époux infidèle, mais à l'instant fatal le récit bifurque. Cet instant fatal est un instant fractal. À la vitesse de l'éclair, une demi-douzaine d'histoires s'imbrique dans ce premier roman mené avec une rigueur toute scientifique. Un texte réjouissant et inventif.
C'en est trop. Marc, son mari, l'a une nouvelle fois trompée. Elle décide de l'empoisonner avec des raviolis, le plat préféré du coupable. Mais à l'instant où l'infidèle s'apprête à ingérer les ravioles tueuses, le récit s'interrompt. Elle a zappé sur un souvenir. Et c'est une nouvelle intrigue qui commence, vite interrompue par un nouvel accident qui provoque une nouvelle incidence, laquelle bifurque à son tour. La chute des corps s'opérant selon un mouvement uniformément accéléré, l'instant fatal devient instant fractal.
Avant de savoir ce qu'il en est de la bouchée de raviolis et du destin de Marc (mangera-t-il ?) le lecteur est entraîné de surprise en surprise. Il découvre l'existence d'une Vierge dont l'image est impossible à photographier, la prodigieuse histoire d'un garçon qui voyait les infrarouges, les merveilleuses inventions stratégiques d'un gardien de moutons capable de gagner la guerre d'Irak, l'art et la manière d'exterminer une colonie de rats-taupes...
Drôle et rigoureux le premier roman de Pierre Raufast contient une demi-douzaine d'intrigues tout à fait imprévues dont les chutes ne cessent de rebondir. Bref un roman fractal et stochastique d'une conception intégralement hologigogne. Jubilatoire.
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Manifeste animaliste : politiser la cause animale
Corine Pelluchon
- Alma Editeur
- 12 Janvier 2017
- 9782362792137
Soulignant l'universalité de la cause animale, Corine Pelluchon montre que les violences infligées aux animaux reflètent les dysfonctionnements de la société. Raison pour laquelle il convient de politiser la cause animale et de donner des repères théoriques et pratiques pour y parvenir. Pour commencer il convient de cesser la stigmatisation et l'ère des compromis qui ne donnent aucun résultat tangible. Stratégiquement ensuite, il faut aider les personnes travaillant dans l'élevage, l'expérimentation, l'alimentation ou la mode à se reconvertir et à innover étant entendu que la principale cause de l'exploitation animale provient d'un système économique qui étend la dérégulation sur toute la surface de la terre. Sensibiliser dès le plus jeune âge, découvrir la richesse des existences animales, enseigner l'éthique animale et l'éthologie dans le secondaire et à la faculté également. Car la culture et l'éducation sont les piliers de la justice.
L'idée poursuivie par l'auteure est de donner aux citoyens, aux représentants politiques et aux différents acteurs de l'économie les moyens d'opérer la transition vers une société juste prenant en compte les intérêts des humains et ceux des animaux.
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Nous voici donc en 2012 sur le plateau de France 3 avec notre candidat préféré, Olivier Liron lui-même, Julien Lepers qui lance des questions en rafales et des concurrents qui se démènent comme des diables. Fort occupé à gagner, l'auteur l'est tout autant à nous expliquer ce qui lui est arrivé dans le passé. À intervalles réguliers, il raconte les sévices dans la cour de récréation, les punitions des professeurs, la grand-mère dont le sabir console, les filles inaccessibles qui lui font penser, philosophe, qu'il mourra puceau. En un mot la cruauté sociale et l'anxiété grandissante de celui qui ignore ce qui ne va pas.
Ce dispositif qui alterne scène présente et flashback fonctionne à la perfection. Il permet à l'auteur de souffler le chaud et le froid sur le lecteur suspendu au récit comme le candidat de Questions pour un champion à son buzzer. En réunissant en une même histoire les ingrédients de la confession et ceux du thriller (il y a des morts - symboliques évidemment - à la fin du jeu) il prouve, une seconde fois, son infinie connaissance des émotions humaines et la variété de sa palette.
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Il était une fois un homme qui rangeait ses souvenirs dans des bocaux.
Chaque caillou qu'il y dépose correspond à un évènement de sa vie. Deux vacanciers, réfugiés pour l'été au fond d'une vallée, le rencontrent par hasard. Rapidement des liens d'amitiés se tissent au fur et à mesure que Florin puise ses petits cailloux dans les bocaux. À Margaux, l'adolescente éprise de poésie et à Pascal le professeur revenu de tout, il raconte. L'histoire du village noyé de pluie pendant des années, celle du potier qui voulait retrouver la voix de Clovis dans un vase, celle de la piscine transformée en potager ou encore des pieds nickelés qui se servaient d'un cimetière pour trafiquer.
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C'est une femme qu'il est venu chercher dans cette ville de bord de mer comme il y en a tant, une femme et peut-être aussi le vacillement de ses six ans, ou autre chose encore qu'il ne sait pas, peut-être le fil du temps qui s'enroule quand on le regarde du haut d'un grand escalier - ici, à Lisbonne.
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Elles s'appellent Magdalena, Libuse et Eva et partagent le même destin : de mère en fille elles grandissent sans père. Mais de cette malédiction, elles vont faire une distinction. Chacune a sa façon, selon sa personnalité, ses rêves, ses lubies, son parler et l'époque qu'elle traverse. Malgré elles, leur vie est une saga : Magdalena connaîtra l'annexion nazie, Libuse les années camarades et Eva la fin de l'hégémonie soviétique. Sans cesse des imprévus surgissent, des décisions s'imposent, des inconnus s'invitent. À chaque fois, Magdalena, Libuse et Eva défient tête haute l'opinion, s'adaptent et font corps. Au fond, nous disent-elles, rien n'est irrémédiablement tragique, même les plus sombres moments.
Ces héroïnes magnifiques, Lenka Hornakova Civade les magnifie encore par son écriture solide et douce, brodée, ourlée, chantante. Moqueuse aussi lorsque la kyrielle de personnages secondaires - paysans, apparatchiks, commères. le requiert.
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Fraîchement diplômé, Richeville, jeune homme timide et idéaliste embarque au nord de l'Alaska, sur un bateau. Objectif : retrouver la fameuse « baleine 52 », qui chante à une fréquence unique au monde. Mais l'équipage affrété par le sinistre Samaritano Institute a d'autres desseins.
Au menu : le sinistre Dr Alvarez, un hacker moscovite, une start-up californienne, une jolie libraire et des cétacés solitaires, mutants ou électroniques qui entrainent Richeville dans un tourbillon d'aventures extraordinaires.
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Gus attend son train sur le quai bitumeux d'une gare de province. Il vient de prendre sa retraite. Une femme a compté, dans sa jeunesse, peut-être trop pour lui, et depuis il vit seul. Trois décennies ont passé sans qu'il voie son frère qui lentement se meurt, à l'autre bout du pays, dans une maison de soins. Le rejoignant, il ignore que le regard qu'il porte sur leur histoire commune ne sera bientôt plus le même, et surtout à quel point le souvenir d'un enfant rencontré au foyer où il a travaillé ne va plus le quitter, se confondant peu à peu avec les fantômes qui hantent sa propre enfance.
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Mort à 34 ans, Frank Vandenbroucke - " l'enfant terrible " du cyclisme belge - a captivé Olivier Haralambon, qui fut son coéquipier. Histoire d'une amitié et d'une fascination, ce récit d'une grande force littéraire décrit de l'intérieur les années où le cyclisme est passé de la légende au business.
Né dans une famille de cyclistes, Frank Vandenbroucke est un gamin du Hainaut dont la vie a été façonnée pour et par le vélo. Au seuil de l'an 2000, après un parcours turbulent, il est 3ème coureur mondial. Mais il ne résiste pas au dopage qui ne cesse de s'étendre dans le cyclisme professionnel. Dès lors sa carrière est émaillée de poursuites judiciaires et d'exclusions. " VDB " tente plusieurs retours, s'épuise en compétitions souvent sanctionnées d'abandons ou d'échecs. Suicides manqués, drogue, déboires amoureux : tout se conjugue contre lui malgré son brio et l'admiration que lui portent ses pairs. Il meurt brusquement à 34 ans, physiquement brisé.
Olivier Haralambon, lui aussi enfant du Nord et du cyclisme, a été fasciné par VDB avec qui il a couru, partageant les mêmes enthousiasmes et les mêmes épreuves. Menacé lui aussi dans sa santé par le dopage et la tension psychique d'un sport devenu de moins en moins sportif, il quitte le cyclisme professionnel pour suivre des études de philosophie et se confronter à l'écriture qui l'a toujours attiré.
Le versant féroce de la joie est un exercice d'admiration, un retour au coeur du peloton, mais aussi un travail littéraire sur le double et l'expérience des limites.
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J'ai quitté cette nuit d'août comme on sort d'un rêve, incapable de discerner le fantasme du réel. Dans ma voiture longeant la mer je ne savais plus la direction que j'empruntais. Les rencontres avec la mort m'étaient pourtant habituelles, mais cette nuit-là, mon trouble était tel que je n'étais plus vraiment légiste. Vers qui roulais-je ? Une femme, une aïeule, la mort elle-même ? Et Alma, où Alma avait-elle disparu ?
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En 1936, le jour de ses douze ans, William, qui habite près de la Manche, quitte l'Angleterre, direction l'Espagne. Pour les beaux yeux de sa dulcinée, il traverse le pays en guerre afin de percevoir le gros lot, El Gordo. Le billet de loterie, quinze millions tout de même, semble être un « attracteur de chance ». C'est du moins ce que pensent l'ésotériste Julius Evola et le poète Federico García Lorca, deux magiciens à leur manière, qui s'affrontent dans les camps opposés.
Sur sa route parsemée de dangers, William croise Passe-montagne, son éloquent écuyer muet, Talia la tueuse sadique, Doña Pilar et son mannequin à roulettes, un sniper aveugle, les gardiennes du pont... Bref, une galerie de personnages issus de l'ordre noir et du chaos rouge.
Disons qu'il sera question d'horreurs commises par tout le monde, mais aussi de beaux sentiments qui attendriront le coeur. -
L'abbé Francis ne confesse en général que de petites querelles de paroissiennes. Un jour, il reçoit les confidences d'un mystérieux pirate informatique qui s'accuse d'avoir enfreint les Dix Commandements. Avec délice, le prêtre plonge dans des histoires incroyables, comme celles du faux vol de la Joconde, de la romancière à succès piégée par un drone ou de Toulouse privé d'électricité au nom des étoiles. Il met alors le doigt dans un engrenage numérique qui va l'entraîner beaucoup plus loin que prévu... Et, pendant ce temps, c'est également une jolie pagaille dans le paisible petit bourg où tous les secrets semblent impatients de reparaître, fussent-ils enfouis dans les profondeurs du temps ou le coin du pré.
Dans ce quatrième roman, Pierre Raufast allie son talent de conteur à ses connaissances professionnelles en sécurité informatique. Il en résulte un délicieux cocktail d'anecdotes réalistes, d'humour, de suspens et d'espiègleries.
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L'été de ses sept ans, à l'heure de la sieste, en plein soleil, Aline fait une expérience extraordinaire dont elle ne parle à personne, pas même à ses parents. Toujours aussi intense, l'expérience se reproduit quatre fois encore, pendant son adolescence puis à l'âge adulte. Pour éviter que son secret soit découvert, Aline mène une vie de plus en plus solitaire mais nourrie de tous les liens sensibles qu'elle tisse avec le vivant qui l'entoure. Jusqu'au jour où elle rencontre Cloda.
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Des bazars du boulevard Magenta à la bibliothèque de Beaubourg, le dessinateur argentin cherche sa porte d'entrée dans Paris, peut-être cachée quelque part entre un magasin de robes de mariées, un cinéma porno et un théâtre transformé en magasin de chaussures. Il atterrit finalement dans les chantiers. Rien d'exceptionnel à ça, raille la Tchèque (qu'on appelle la Polonaise) : tout le monde a fait les chantiers, même le Chilien (qu'on appelle le Cowboy). Mais un dessinateur ne se transforme pas en maçon ni en bête à gravats du jour au lendemain.
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Certains êtres humains se caractérisent par une tendance persistante au soulèvement. Lors d'un week-end festif en montagne, Nicolas décide de tout abandonner. La fête, ses amis et sa vie d'avant. Au détour d'une escapade en forêt, il fait la rencontre d'Hélène, chez qui tout lui paraît bordé d'or. Une foule de sentiments insoupçonnés l'envahit et le bouleverse avec la force aveugle d'une tempête. Le passé, la douleur et la mélancolie semblent enfin vouloir se retirer sur la pointe des pieds. Autour de lui comme en lui, tout change. Tout est changé. S'enfonçant dans les bois, il s'enfonce aussi en lui-même. Pour le meilleur et pour le pire. Sa métamorphose paraîtrait presque sans limites, si ce qu'il pensait être le virage le plus important de son existence, ne se révélait une tragédie. L'histoire d'amour majuscule portait en elle le germe d'un drame, dont les racines puisent aussi profond que celles des arbres centenaires du massif. Des racines de sang.
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Amsterdam, 1656. Alors que Rembrandt voit ses créanciers à sa porte, il croise dans la foule le regard bleu d'un inconnu qui immédiatement capte son attention. Cet homme, Comenius, est un philosophe et pédagogue tchèque qui a été contraint par la guerre de quitter son pays. Cette première rencontre signe le début d'une amitié insolite et de plusieurs face-à-face passionnés, intimes et inattendus. Sur fond de siècle flamboyant, nous sommes conviés à les écouter tantôt débattant des questions de leur temps, tantôt confiant leurs doutes d'homme et de père. Mais dans l'atelier, ce regard bleu qu'il faudrait parvenir à rendre sur la toile demeure insaisissable. Au fil des séances, le portrait que Rembrandt peint auquel Comenius sert de modèle devient alors l'enjeu de ces riches heures entre deux génies. Le peintre signera-t-il ce tableau ? Lui donnera-t-il un titre ? Rembrandt et Comenius se livrent ici un combat singulier dont l'issue est à la fois inévitable et surprenante.
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Champion du monde d'échecs en 1972 contre Boris Spassky, Bobby Fischer est le premier Américain à avoir remis en cause la suprématie des joueurs soviétiques. Pourtant, des années plus tard, le héros national devient un véritable pestiféré au point de se réjouir publiquement des attaques du 11 septembre 2001 contre les tours du World Trade Center.
La folie Fischer retrace le parcours d'un joueur en ces temps de Guerre froide où les échecs sont considérés comme un « sport » éminemment politique. De Che Guevara en 1964 à La Havane jusqu'à Slobodan Miloševic, en 1992, alors que la guerre de Serbie fait rage, c'est à qui réclamera la présence de Bobby Fischer.
Quitte, pour celui-ci, à se placer en porte à faux contre les États-Unis.
La folie Fischer est aussi le récit d'une descente aux enfers. Persuadé qu'on le bombarde d'ondes magnétiques, le champion déchu fuit d'imaginaires complots du FBI, du KGB ou du Mossad. Il rejoint l'Église Universelle de Dieu en plein délire postapocalyptique. Proscrit, malade, il poursuit une partie sans fin. Mais qui est l'adversaire ? Et quelles sont les règles du jeu ?