La Difference
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" La poésie baigne l'oeuvre de Mohammed Dib, dont la langue et les thèmes ne cessent de tendre à une sorte de plénitude.
Des Terrasses d'Orsol on voit très bien se déployer, avec les ressources d'un lyrisme très sûr, cet horizon captivant à force d'incertitude, troublant par sa beauté et qui est le sien depuis toujours. On peut songer au Rivage des Syrtes. Mais le roman de Dib recèle plus de folie, et plus d'inquiétude aussi que la grande fable de Gracq. On y est pris par un charme, par le pouvoir d'évocations radieuses, par le tragique éclatant d'une disparition: identité, mémoire.
Il serait temps, enfin, de consacrer la permanence d'un talent. " Claude Michel Cluny, Le Quotidien de Paris.
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Ecrit en trois versions successives, la dernière en 1880, Le Crime du Padre Amaro présente d'évidentes parentés avec Madame Bovary de Flaubert pour la description du microcosme d'une petite ville de province et avec La Faute de l'abbé Mouret de Zola. Le sujet est, en effet, apparemment le même : la liaison d'un prêtre avec une jeune fille. Mais, chez Queiroz, le Padre Amaro est un séducteur conscient et cynique, incarnation de l'hypocrisie religieuse et sociale de son temps. Le roman est violemment anticlérical. Il reflète le drame intime de l'auteur, celui de sa naissance illégitime (ses parents ne le reconnaîtront qu'à l'âge de quarante ans), et un rapport ambigu avec la " bonne société ". Un ton acerbe, très ironique, contrebalance des pages d'un lyrisme échevelé. " Derrière la caricature, apparaît, soigneusement camouflée, une grande finesse psychologique ", écrivait dans Le Monde Jacques Bonnet, lors de la première parution en 1985. Un des grands romans de la littérature portugaise.
Né à Póvoa de Varzim, petite ville du Nord du Portugal, en 1845, Eça de Queiroz fut consul à Paris de 1888 jusqu'à sa mort, en 1900, à Neuilly. L'oeuvre de cet immense écrivain (« un des plus grands de tous les temps », d'après Jorge Luis Borges) amoureux de la France, reste singulièrement méconnue.
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Son excellence : le Comte d'Abranhos
José maria eça de Queirós
- La Difference
- Minos
- 10 Mars 2011
- 9782729119287
Son Excellence (Le comte d'Abranhos) fut publié après la mort d'Eça de Queiroz. Ecrit en 1871 et 1880, il fait partie, avec Le Crime du Padre Amaro, Le Cousin Bazilio, La Capitale, Alves & Cie et Les Maia, d'une suite visant à décrire la société portugaise telle qu'elle existait depuis 1830. C'est sans doute une des satires les plus violentes jamais écrites sur les moeurs politiques, d'où, peut être, sa non-publication du vivant de l'auteur... Conçu comme un hommage rendu à Son Excellence le comte d'Abranhos par son secrétaire particulier, c'est en réalité l'étalage des bassesses, forfaits et infamies commis par ladite Excellence pour accaparer le pouvoir et le garder. D'une irrésistible drôlerie, d'une méchanceté à peine exagérée, ce livre sulfureux n'a rien perdu de son actualité. Parallèlement paraît, dans la collection " Minos ", Le Mystère de la route de Sintra.
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Mohamed Leftah a signé avec Demoiselles de Numidie, un roman qui mérite d'être qualifié de chef-d'oeuvre.
Si l'on dit que ce livre est écrit dans une langue splendide, on n'en fait pas suffisamment mesurer l'originalité, la nécessité, la justesse constante. C'est à une sorte d'enchantement pourrissant que nous convie Mohamed Leftah. Il raconte un bordel à Casablanca avec un élan de styliste qui fait songer à Apollinaire, ou à Pierre Louÿs. Tout l'ouvrage appelle constamment à des comparaisons qui feraient rougir l'auteur, lequel rougirait donc au Caire où il vit actuellement, mais on ne connaît pas d'autre écrivain marocain de langue française qui ait fait preuve d'une originalité aussi fulgurante, aussi corrosive, mêlant la tendresse la plus épanouie à la description la plus choquante, la plus vraie des sévices sacrificiels imposés par le monde prostitutionnel.
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La Maladie blanche fut montée au Théâtre National de Prague en 1937.
La population est atteinte d'une sorte de lèpre qui se manifeste par des taches blanches sur la peau de personnes âgées de plus de 45 ans. Les malades n'en ont plus que pour quelques semaines à vivre, dans des douleurs horribles. Le docteur Galén trouve le remède mais refuse de soigner les riches avant que la paix mondiale ne soit instaurée. Le Maréchal qui impose au pays sa dictature et sa politique guerrière est victime, à son tour, du mal. Lorsqu'il cède enfin aux conditions du docteur pour ne pas mourir et lance à la foule " Non à la guerre ! Non à la guerre ! ", celle-ci se déchaîne, le traite de traître et piétine le précieux médicament du docteur Galén.
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Tuer pour du fric ? ça jamais ! mais si la victime se trouve à l'autre bout du monde, au fin fond de la chine, par exemple, et qu'il s'agit d'un mandarin décrépit et goutteux.
Si l'on vous assure, outre l'impunité, un héritage qui vous permettra, devenu millionnaire, de jouir chaque jour d'un romanée-conti et d'un chambertin ; et si, en plus, vous n'avez, pour tuer le mandarin, qu'à accomplir un geste anodin, gracieux même : par exemple, faire sonner une clochette, là. sans doute personne, pas même un saint, n'hésiterait à faire tin-tin. " la " touche " de eça de queiroz est comme ce zeste d'angustura qu'on ajoute à un bloody-mary : ça change le goût du tout.
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La Langue de ma mère est le premier roman de Tom Lanoye qui a été traduit en français. Le titre original en néerlandais est Sprakeloos, ce qui, littéralement, signifie« dépourvu de parole » ou « sans voix ». Dans ce livre magnifique qui est à la fois récit et autobiographie, le fils écrivain rend visite à sa mère qu'une attaque cérébrale a privée de la possibilité de parler dans une langue intelligible. Comédienne dans une Compagnie de théâtre amateur, personnage truculent qui tient aux côtés de son mari une boucherie dans la petite ville de Saint-Nicolas dans la province d'Anvers, elle est tout entière dans la parole, tant pour diriger son monde, mari, enfants, cousins, voisins que pour déclamer sur les planches les tirades de Sophocle ou d'Euripide. Alors, le baragouin furieux fait de sifflements,de syllabes éructées, de chuintements qu'elle est condamnée à émettre n'est plus qu'un flot de sons, une musique barbare que seul le fils peut déchiffrer comme une langue connue de l'intérieur, celle précisément dont l'écrivain doit retrouver le rythme pour pouvoir créer. La verve joyeuse dont Tom Lanoye use pour raconter les épisodes tragi-comiques de son enfance régie par cette mère omniprésente, magnifique de vie, alterne avec le récit de son état à l'hôpital qui semble s'améliorer puis empire jusqu'à l'aphasie, le silence et la mort. Par ces mots : « Ne plus jamais se taire, toujours écrire, plus jamais sans parole. Je commence. » Tom Lanoye boucle le livre et inscrit le sens de son oeuvre d'écrivain.
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Les Boîtes en carton est le livre qui fit connaître Tom Lanoye au grand public en France en 2013. Comme le signale la première phrase : « Ceci est la relation d'un amour banal et de son pouvoir dévorant », il s'agit de l'histoire d'un gamin issu d'un milieu populaire qui, lors d'un voyage scolaire organisé par une caisse d'assurance « Les Mutualités Chrétiennes » au début des années soixante, tombe amoureux d'un des garçons qui participent à l'excursion.
L'homosexualité approchée sans tabou fit le succès du livre mais, au-delà de cette relation aujourd'hui encore sulfureuse dans un pays catholique, l'auteur dessine une galerie de portraits, tant de son milieu familial que scolaire criants de vérité, souvent cruels et hilarants. Avec cet art de la caricature et du burlesque qui a enchanté les lecteurs de La Langue de ma mère, Tom Lanoye parvient à nous faire revivre cette période de l'après-guerre avec ses poncifs et son euphorie, et cette région, la Flandre, qui faisait, alors, complètement partie de la Belgique..
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Teresa, jeune femme mexicaine établie à Paris, décide, à l'occasion d'un retour au pays natal, de ne pas repartir. Elle embarque, avec son ami et son ancien amant - celui-là même qu'elle pensait fuir en choisissant l'exil - sur une chaloupe du nom de Gloria qui les conduit sur les canaux de Mexico. Au cours de cette promenade, s'égrènent entre rires et larmes, alcools et victuailles, leurs souvenirs communs et leurs amours déçues. Teresa y dénoue les fils de sa vie entre passé et présent, Mexico et Paris, où l'attend Charles, son compagnon depuis neuf ans.
Une promenade entre deux villes, Paris et Mexico, pour lesquelles la narratrice éprouve des sentiments entre attraction et répulsion.
Des personnages déjantés, ivrognes, rêveurs, idéalistes... sur qui pèse le spectre de la révolte estudiantine de 1968 réprimée dans le sang par les autorités.
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Mémoires de Fanny Hill, femme de plaisir
John Cleland
- La Difference
- Minos
- 14 Septembre 2006
- 9782729116460
Cet ouvrage propose une réflexion sur le sens, les représentations fonctionnelles et identitaires des frontières et des espaces frontaliers, les temporalités qui les animent, ainsi que sur leurs mutations.
De la formation des États modernes aux frontières politiques précises, à l'heure de la mondialisation triomphante et des flux transnationaux qui perforent les limites étatiques, la notion de frontière n'a cessé d'évoluer.
Les auteurs ont choisi systématiquement des documents qui s'inscrivent dans une approche culturelle de la géographie ; les grands textes classiques comme les romans actuels, les manuels scolaires du début du XXe siècle, les bandes dessinées, la peinture et les films permettent de croiser les regards. La démarche est volontairement interdisciplinaire car la frontière n'est pas l'objet des seuls géographes ; les travaux d'anthropologues, historiens, philosophes constituent un apport riche et stimulant.
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Ugo, Emma, leur fils Pietro et leurs domestiques vivent dans la forteresse reculée de Roccadipietra aux alentours d'Accona, en Toscane. Cette famille aristocratique déchue, ayant perdu une partie de ses terres lors des réformes agraires de l'après-guerre, voit sa tranquillité troublée par un monde qui change et auquel elle ne comprend rien.
La chronique de la vie rurale toscane à travers les yeux d'un adolescent déconnecté des réalités du monde.
Un récit sur la décadence et la fin d'un monde où l'aristocratie était toute-puissante.
" Roman que j'ai trouvé très beau " (Antonio Tabucchi).
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Virginia Woolf a écrit tout au long de sa carrière de très nombreux articles littéraires, essentiellement pour le Times Literary Supplement, qui font d'elle un des plus importants et des plus brillants critiques du XXe siècle. Le choix des trente-cinq essais que nous proposons ici porte sur des écrivains anglais, américains et russes (James, Conrad, Hardy, Melville, Tourgueniev, Tchékhov, Tolstoï, Dostoïevski.) et s'y ajoutent des études générales sur les caractères nationaux de leurs littératures, sur l'art de la fiction,et, ce qui est sans doute encore plus symptomatique, sur l'art de la lecture, car, autant qu'une esthétique de la fiction,Virginia Woolf esquisse une esthétique de la lecture, selon laquelle une grande part de l'existence d'un livre tient à la capacité du lecteur de le faire sien, d'en faire « un livre à soi ».
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La Fièvre de l'or raconte l'ascension d'un spéculateur de la fin des années 1880, sur fond de déclin de la noblesse et de l'effacement progressif de la vieille bourgeoisie plus traditionnelle. Son héros est l'archétype du nouveau riche : un homme d'affaires catalan, d'humble origine, obsédé par les affaires et par l'ascension sociale, dur, énergique mais vaniteux et sensible à la flatterie. Ce roman, proche par le sujet de L'Argent de Zola, rend admirablement compte de la société barcelonaise des années 80-88 et apparaît comme une chronique acerbe de la révolution industrielle et marquée par l'idéologie positiviste. La spéculation vinicole qui avait donné le coup d'envoi à la fièvre de l'or l'arrêta brutalement lorsque le Phylloxera Vastatrix s'attaqua au vignoble catalan et anéantit 385 000 hectares de vignes dans les provinces de Barcelone.
Un siècle plus tard, la société a changé mais la spéculation fait toujours rage. Se replonger dans la fièvre de ces années-là, nous permet de constater que les passions des hommes demeurent inchangées.
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Sur un mode faussement badin, provocateur, absurde, Denis de Rougemont met en situation les questions métaphysiques, toujours d'actualité, qu'ont suscitées, au lendemain de la fin de la Deuxième Guerre mondiale, le lâchage de la bombe atomique sur Hiroshima et Nagasaki.
«?Quel est le sens de la vie si elle finit demain ? Qu'est-ce que cette mort de l'homme causée par son génie ? Pourquoi l'intelligence conduit-elle au suicide ? » Au fil des réflexions émises par les différents protagonistes, on est saisi de constater que, soixante-huit ans après la rédaction du texte, les hypothèses théoriques émises comme des conjectures, ont été conduites par les États-Unis comme un but à atteindre : « À l'arme planétaire correspond donc une communauté universelle, qui relègue les nations au rang de simples provinces. » Cet ardent défenseur d'une Europe fédérale et d'un gouvernement mondial croyait-il vraiment qu'« il fallait une menace planétaire pour provoquer l'union sacrée du genre humain » ? À la veille de Noël 1945, c'est plutôt à la fin du monde qu'il croit. Fin du monde ou fin de l'humanité ?
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Entre Swift et Orwell, Capillaria ou le pays des femmes fut publié en Hongrie en 1926. Présenté par son auteur comme un conte des Voyages de Gulliver, cette utopie caustique, d'une ironie acide où perce l'humour des moralistes sceptiques du XVIIIe siècle français, met en scène un médecin plongeant au fond des mers après que le bateau qui le transportait eut fait naufrage. Il y découvre une société composée de femmes, très belles, s'aimant les unes les autres et tenant en esclavage de petits êtres rabougris, très laids, de sexe masculin, appelés Bullocks, dont elles mangent la cervelle. Ces femmes, nommées Ohias, sont installées dans des tours que les Bulloks s'acharnent à construire pour s'évader lorsque le sommet de l'une d'elles atteindra la surface des eaux. Mais, systématiquement, les Ohias détruisent leur ouvrage dès que celui-ci atteint la hauteur qu'elles souhaitent. Pris d'abord pour une femme, le médecin se découvre lorsqu'il tombe amoureux de la reine des Ohias. Il est alors condamné aux travaux forcés à perpétuité en compagnie des Bullocks jusqu'à ce qu'un séisme le ramène à l'air libre. Cet admirable petit livre n'a rien perdu de sa force satirique.
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Lorsque la petite débarque, un beau matin, dans cet hôpital, véritable cour des miracles, à la fois école et prison, elle a le sentiment d'entrer en enfer. Mais dans cet univers clos, derrière la laideur, les amitiés à la vie à la mort se nouent, les haines sévissent, les passions règnent. D'une plume vive, sans complaisance, Emmanuelle Marie peint les débuts de l'adolescence : l'égoïsme inconscient et féroce, les angoisses informulables, la cruauté, les rêves chimériques et grandioses, l'extrême sentiment d'impuissance. Un très beau livre d'une surprenante maîtrise.
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« Un homme, M, regarde à travers les persiennes métalliques un autre homme qui lit un journal assis sur un banc dans un jardin public. Qui est M ? Qui est cet homme nommé bientôt quelqu'un qui lit son journal dans le parc ? Quels sont les rapports qu'ils entretiennent l'un avec l'autre ? Telles sont les questions qui vont se multiplier tout au long d'un livre, écrit dans la tradition d'un Sterne ou d'un Diderot. La narration va multiplier toutes les hypothèses concernant l'identité des personnages. Et, bientôt. M va apparaître comme un ancien médecin (!) nazi, un expérimentateur de l'horreur, réfugié après la chute du Reich au Mexique. Quelqu'un quant à lui peut, dans une totale équivalence, être à la fois l'agent chargé de sa capture, un écrivain (Pacheco ?) ou l'autre dont la présence insupportable à la paranoïa de M est l'objet de tous ses délires. José Emilio Pacheco a conscience que faire un «roman» sur l'holocauste serait une trahison et risquerait surtout de réduire une vérité aussi indubitable que monstrueuse. Le lecteur est donc mis en demeure de réinterpréter les perversions du récit premier - celui de M -, de résister à tous les artifices d'une fiction toujours scandaleuse face à la souffrance humaine et au caractère irréfutable des faits historiques. Maintenu perpétuellement en état d'éveil par l'énigme posée par l'identité des deux personnages, le lecteur est exilé dans un texte truqué, sans repères, proliférant de toutes les exactions commises par la barbarie humaine : la destruction du temple de Jérusalem rencontre ici celle du sens. »
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Les souffrances du prince Sternenhoch
Ladislav Klima
- La Difference
- Minos
- 27 Septembre 2012
- 9782729119911
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L'Amérique que Henry James redécouvre en 1904 après vingt ans d'absence - cette " vaste et brutale démocratie du commerce ", où explose le XXe siècle - le choque et le fascine en même temps, et il l'étudie avec l'oeil pénétrant d'un critique social, d'un esthète et d'un moraliste. Se sentant libre de soumettre l'ensemble de la " scène américaine " à la complète digestion de son système intérieur, par une plongée délibérée dans les impressions immédiates, dans les souvenirs et dans les méditations, il révèle de façon saisissante beaucoup de ce qui fait encore le tissu d'une société vers laquelle le monde entier reste tourné, " dansant, très sciemment, sur la croûte mince d'un volcan ". Cet étonnant livre de voyage est, comme la terre natale de son auteur, une grande machine interrogative, ayant cette allure de " conquête avancée " qui ne cesse de captiver lecteurs et commentateurs de toute l'oeuvre du grand romancier.
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" Traduire en prose un poète, c'est manquer au devoir primordial de rendre l' oeuvre dans le registre qui est le sien. Or tout ici réclame, exige, requiert le vers. D'un bout à l'autre cette tragédie du deuil et des larmes retentit de plaintes. Longs lamentos du coeur lamentos d'Hécube, chants pathétiques du choeur, hymne funèbre et complainte d'Andromaque, partout la pièce n'est que tristesse et détresse. Le décasyllabe, pour les parties lyriques, l'alexandrin, ailleurs, l'un et l'autre sous leur forme la plus pure, pouvaient seuls restituer le ton et reproduire la résonance de cette oeuvre unique, la plus belle et la plus émouvante du dramaturge ". Jean-Pierre Chausserie Laprée
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Habib tengour est né à mostaganem en 1947. poète, écrivain et anthropologue, il vit et travaille actuellement à paris. la différence a publié de lui : gravité de l'ange (2004), l'arc et la cicatrice (2006) et le maître de l'heure (2008).
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" avec ces chroniques de la citadelle d'exil, laâbi nous donne un nouveau témoignage sur la prison.
Des lettres qui sont des documents bruts, une douloureuse radiographie de la vie quotidienne dans les geôles marocaines. pour combattre sa solitude, et dirait-on pour la nier, le prisonnier s'accroche à deux étoiles qui n'ont cessé de scintiller en lui : l'amour et le travail de l'esprit. ce livre raconte, au jour le jour, l'histoire d'un couple interdit, déchiré : il ne leur reste que le langage, que les mots et le papier pour vivre leur passion, comme si le simple fait d'écrire l'amour le rendait encore plus absolu.
Quant aux activités de l'esprit, laâbi y a trouvé un formidable refuge : c'est un pied de nez à ses gardes-chiourme, un jardin au coeur du cachot oú se rencontrent les voix fraternelles d'aragon, de nazim hikmet, de gorki, de neruda, de maïakovski. jamais la vie, jamais l'intelligence ni la liberté n'ont vibré aussi fort que dans ce livre né de l'injustice et de l'oppression. " andré clavel, le journal de genève.
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Mohammed Dib, né en 1920 à Tlemcen, en Algérie, et mort le 2 mai 2003 à La-Celle-Saint-Cloud, est un des grands écrivains de langue française.
Poète - Prix Stéphane Mallarmé -, romancier - Grand prix du Roman de la Ville de Paris -, essayiste, auteur de nouvelles, de contes et de pièces de théâtre, son oeuvre, vaste et intense, a été couronnée par le Grand prix de la Francophonie de l'Académie française. Un homme du Sud, une femme du Nord. Entre les deux, les forêts, les ciels, les neiges septentrionaux. Entre eux, surtout, leur enfant, la petite Lyyl.
Comment un père se fait voler sa fille, l'affection de celle-ci, et comment il lui devient doublement étranger. Histoire d'un enracinement puis d'un arrachement dans la vie d'un couple séparé - mixte - que l'auteur retrace d'une écriture superbe, émouvante et pudique. Dernier volet de la trilogie " nordique " qui comprend Les Terrasses d'Orsol et Le Sommeil d'Eve, déjà parus dans " Minos ".