Une ampoule jeune s'alluma et Malko aperçut le monstre de deux cent kilos assis sur son ventre.
Il faisait miroiter devant lui la lame d'un couteau de chasse dont un des tranchants était crenelé comme une scie. En mauvais anglais, il lança à Malko :
- On va te crever ! Tu as bien fait de revenir à Belgrade.
Comme Flor ne bronchait pas, Malko se pencha pour la saisir par le bras et la faire lever. « Ne me touchez pas, dit-elle. Ou vous mourrez. » Elle fit glisser la serviette posée près d'elle, découvrant une boîte métallique de la taille d'un gros livre. Il y avait un bouton sur la face supérieure, où se posa le doigt de Flor. « Ceci est une bombe, annonça-t-elle d'une voix calme. Il y a 350 billes d'acier dans cette boîte. Noyées dans de la cheddite. Si j'appuie sur ce bouton, je déclenche l'allumeur. »
La Cherokee blindée fut balayée comme un fétu de paille et projetée contre une pile de containers.
Malko, sonné, aperçut à travers le pare-brise gondolé un mur de flammes. Instinctivement, il tenta d'ouvrir la portière pour s'échapper du véhicule qui commençait à brûler. Impossible, même en donnant de furieux coups d'épaule. Des flammes commençaient à lécher le capot. Il allait mourir asphyxié ou brûlé vif.
Le passeport, tout de suite, fit Emil Borovo. Sinon je descends votre ami. Malko, la main crispée sur la crosse de son Walther, sentit son estomac se contracter. Il savait que le Bulgare ne bluffait pas. Il devait l'abattre avant. Je compte jusqu'à cinq, dit Borovo. Un... Malko jouait sa vie sur une fraction de seconde. Son index caressa la détente du Walther et il bloqua sa respiration.
Malko n'osait plus bouger, même d'un millimètre.
L'explosion pouvait se produire s'il tendait encore plus le fil. mais la première tension pouvait aussi avoir été le système d'armement de la machine infernale, se déclenchant alors si on relâchait le fil... dans les deux cas, il était cloué au sol.
Hiroko dégoupilla la grenade et la glissa par l'ouverture du sauna. Malko sentit la masse ronde rouler le long de son ventre et s'arrêter sous lui. Il lui sembler entendre le cuintement du détonateur à retard. Hiroko avait disparu. Au même moment, une des parois de papier et de bois vola en éclats sous le poids de M. Yamato, nu comme un ver...
Malko vit parfaitement le gros automatique Colt 45 que la femme brandissait dans sa main droite.
Sans l'ombre d'une hésitation, elle tendit le bras, amenant le trou noir du canon à quelques centimètres de sa poitrine. - Traître, lança-t-elle comme un coup de fouet juste au moment où son index écrasait la détente du "45". Malko sentit son estomac envahir toute sa poitrine. Il était à une fraction de seconde de l'éternité.
Malko mit une traction de seconde à réaliser la signification du signal de Thomas Sands.
Ses mains étaient collées par la sueur au volant. Il allait mourir. Furieusement, il se força à ne pas penser. Son pied écrasa férocement l'accélérateur de la Cadillac. La lourde voiture sembla flotter sur la poussière. Il restait quelques secondes avant la chute. Le compteur indiquait : 45 miles. La falaise venait à lui à toute vitesse.
Malko se glissa à l'intérieur du jardin et le parcourut des yeux. Son regard s'immobilisa sur une colonne de pierre, en face de la véranda. Une tête était dessus. Mais pas une sculpture de marbre. Une tête humaine. Celle d'Amabeit.
A tâtons, Malko parvint à allumer la lampe à pétrole. La flamme dansante donna assez de lumière pour qu'il puisse apercevoir quelque chose de très insolite. La lame d'un poignard dépassait de vingt bons centimètres à l'intérieur de la toile de tente, juste au-dessus de l'endroit où il était couché quelques instants auparavant. Avec un crissement soyeux, la lame descendit, ouvrant une longue ouverture dans la toile.
Le Noir se rapprochait à grandes enjambées, balançant la machette avec laquelle il avait décapité Elvira. " Viens ici, gringo !" hurla-t-il, un mauvais sourire aux lèvres. Malko se retourna, bien décidé à se faire tuer sur place. Cela valait mieux que de
Tout se passe très vite. Un homme corpulent surgit du taxi, un riot-gun au poing. Posément, il ajusta la voiture.Malko saisit Héloise et l'aplatit sur la banquette une fraction de seconde avant que la décharge de chevrotine ne fasse exploser le pare-brise. A tâtons, Malko rampa sur la banquette et parvint à ouvrir la portière, côté port, se laissant tomber à l'extérieur. Il releva la tête pour se trouver nez à nez avec le gros Arabe paerçu devant la mosquée de Fatima qui braquait son riot-gun sur lui, à deux mètres de sa tête. Les deux canons par où allait jailir la mort lui parurent énormes.
Les autres couples du "jacuzzi", occupés à forniquer paisiblement dans l'eau, ne se doutaient de rien. Une main énorme se posa sur la bouche de Malko pour l'empêcher de crier. Le second tueur lui fit un croc-en-jambe. Malko perdit l'équilibre et sa tête disparut sous la surface...