Robert Walser, écrivain Suisse d'expression allemande, reconnu de son vivant par les plus grands - Franz Kafka, Robert Musil, Walter Benjamin - est « un de ces « artistes de la langue » tels que les définira André Breton ». Il se voue à incarner une sorte de poète moderne : « C'est pour moi une sorte d'écrivain pointilliste. Comme un kaléidoscope.» Son univers est tout entier contenu dans chaque point. Cette fragmentation fait qu'il est à mes yeux l'un des écrivains majeurs du XXe siècle, du moins pour la littérature allemande. » Philippe Lacadée fait le choix ici de ne pas tenter une « biographie » classique de cet homme si secret, si à l'écart du monde et des autres, mais de la déduire de ses écrits. Ce sont les héros de Walser qui le présentent au monde.
Lui-même ne se représente pas dans une mise en scène pour un Autre toujours improbable, mais se donne tel quel, dans une foule de détails, si singuliers, dont foisonne cette écriture d'apparence tantôt naïve, honnête et simple, tantôt si déroutante. Robert Walser est dans son écriture, dans ce qu'il nomme son roman du réel, qui structure tous ses romans.
C'est à partir du récit de ses héros que nous chercherons à déduire ce qu'a été sa vie. Dans cet essai, Philippe Lacadée montre que le poète, tout en devançant la psychanalyse, nous éclaire : son écriture miniature radicalise en quelque sorte les deux modes de l'écrit, soit le signifiant et la lettre, elle marque la distinction entre l'écrit qui ne parle que pour lui et le dessin de l'écriture miniature.
C'est un Walser avec Lacan qui nous est ici proposé et qui éclaire aussi bien le psychanalyste que le poète.
Etre parents n'est pas une donnée naturelle. C'est plutôt l'effet d'une rencontre. Mais devenir parent ne correspond pas toujours à l'idéal que chacun s'est forgé. Des psychanalystes rencontrent des pères et des mères déboussolés dans un dispositif unique, le Centre Psychanalytique de Consultations et de Traitements pour les parents, où il ne s'agit ni de les éduquer, ni de les juger, ni de les coacher, mais de leur permettre de dire la souffrance qu'ils peuvent rencontrer avec leur enfant et d'inventer un nouveau type de lien à celui-ci.
Ce livre original Etre parents au 21e siècle souligne dans son titre même combien la question de la parentalité est un questionnement contemporain. Au 21e siècle, les remaniements contemporains de l'ordre symbolique ont dévoilé un trou dans le savoir sur comment faire famille. Aujourd'hui, la déclinaison de la famille se veut multiple : monoparentale, homoparentale, hétéro-parentale, avec ou non le récours à la PMA, aux mères porteuses, à l'adoption. Quelles incidences ces mutations de la famille ont-elles sur le fait même d'être pères et mères ? Sur les souffrances de l'enfant ?
Etre parents au 21e siècle c'est aussi être confronté à la multiplicité des objets en tout genre auxquels s'accolent les enfants et où le numérique tient le haut de l'affiche. Alors, sont-ils addicts ou inventifs ? Des psychanalystes y répondent ici de manière innovante et des parents trouvent à s'interroger sur l'usage qu'en font leurs enfants.
Des parents rencontrent des psychanalystes et deviennent inventifs ! C'est cette clinique de la surprise que vous découvrirez dans cet ouvrage car chacun a à résoudre la question énigmatique de son être.
L'heure est à l'apologie de la communication et de la parole. Les spécialistes de l'écoute prolifèrent, qui tentent de dissoudre par elle le moindre traumatisme et de lever tous les malentendus. On oublie que donner la parole à l'Autre suppose que l'on sache que s'y révèle un réel hors sens qui se refuse à être pensé. C'est ce que découvre Freud, et qu'il appelle le « premier mensonge » du symptôme - ce malentendu où gîte le sujet de l'inconscient. Quelle fonction joue ce malentendu dans l'histoire de la psychanalyse ? Quel rôle tient-il dans l'histoire et le destin du sujet ? L'auteur répond d'abord à partir de la clinique de l'enfant, sans négliger certains exemples littéraires. Il lève par ce biais les équivoques qui règnent sur des concepts clés de la psychanalyse, tels la pulsion, la demande, la névrose infantile, le surmoi, l'interprétation, etc. Il s'éclaire, pour ce faire, tout particulièrement de la lecture par Jacques Lacan du cas du petit Hans. Et nous conduit ainsi à des questions d'actualité où peuvent se découvrir des générations différentes : responsabilité de l'enfant et de l'adolescent, leurs inventions. Ce livre, loin de dissoudre le malentendu, le dissipe : cette part inhérente au sujet ne saurait s'éliminer, même au prix de réduire le dire à un dit et celui qui le dit à son énoncé. A saluer l'indiscipline de cet incurable, un analyste, comme chacun de nous, est en mesure de prendre la responsabilité de trouver comment advenir là où c'était le malentendu.
"Je suis faite de telle sorte que rien n'est réel que je ne l'écrive" écrit Virginia Woolf (1882 - 1941) en 1937. Les textes de cet ouvrage, qui réunit psychanalystes et chercheurs en littérature anglaise, éclairent la singularité de l'écriture de Virginia Woolf, écriture si étroitement nouée à son histoire et qu'elle remet sur le métier d'un texte à l'autre. Virginia Woolf fut violée par ses demi-frères, elle souffrit de la mort prématurée de sa mère, de son père, de sa demi-soeur et de son frère, et elle mit fin à ses jours pendant la guerre. Les auteurs de ce livre ont cependant pris la position de ne pas tenir Virginia Woolf pour une déprimée, une "victime exemplaire" des théories du traumatisme, mais bien plutôt de cerner sa bataille avec les mots contre une douleur d'existence. La lecture de son oeuvre révèle la tâche infernale à laquelle elle s'est livrée et les moyens qu'elle a trouvés pour se protéger de ce qu'elle nomme son "horreur". Les textes rassemblés ici suivent l'écrivain à la trace, dans ses écrits fictionnels, auto-biographiques, et, particulièrement, dans ses écrits les plus tardifs car c'est là que s'exposent de façon fulgurante son ironie et l'éclatement de son monde intérieur. N'oublions pas, enfin, que Virginia Woolf - éditrice de Freud avec son mari - fut elle-même traversée par la psychanalyse ; elle en témoigne fréquemment dans son Journal. Seul le recours incessant à l'écriture donne pour elle consistance à la réalité, "sans le secours d'aucun discours établi", comme l'avance Jacques Lacan du "dit schizophrène" dans son texte "l'Etourdit". L'écriture de Virginia Woolf témoigne du mystère incessant qu'elle fut pour elle-même sans que l'on puisse ici, toutefois, conclure qu'écrire aura réussi à apaiser sa certitude de "redevenir folle", hantise confiée à son mari dans la dernière lettre qu'elle lui laissa avant de se suicider.
François Augiéras, né le 15 juillet 1925 à Rochester, aux Etats-Unis, voulait accéder au réel du monde d'avant nous, les êtres humains dits civilisés venus le dénaturer. Le réel prit, pour lui, la figure de l'Autre en tant qu'Univers-divin auquel, au-delà de son amour, il dédia la jouissance de son être. Il voulut s'extraire de la lumière grise de Paris qu'il détesta dès son enfance, pour atteindre la lumière d'une lucidité transcendantale. Il se tint à l'écart des humains d'abord dans le désert d'El Goléa, inspiration de son livre remarqué Le Vieillard et l'Enfant, et, en fin de vie, dans sa grotte de Domme où il écrivit Domme ou l'Essai d'Occupation. Il meurt seul à l'hospice à 47 ans.
Il fut écrivain et peintre. "Ma plus belle oeuvre d'art, serait-ce ma vie ?" Aventurier de l'esprit, il fut une des figures les plus fascinantes et scandaleuses de la littérature de son époque suscitant l'enthousiasme d'André Gide, Marguerite Yourcenar, Yves Bonnefoy... Le nouage de son écriture et de son existence fait entendre une expérience du réel inédite. Sa quête du Dieu-Univers l'amena, dans une énergie sans mesure, à être à l'écoute des pulsions du vivant de la nature. Il annonça la venue de l'Homme Nouveau du Plan divin, en osmose avec l'Univers. Il disait être un malheureux "qui, [...] s'est "amusé" à inventer à lui tout seul une civilisation inconnue [...] bien sûr cela retiendra l'attention d'un psychiatre, mais non pas celle des autorités : je n'en demande pas davantage." Voilà donc retenue mon attention de psychanalyste, et voici ce livre dans lequel j'ai essayé d'être le passeur de l'oeuvre-vie de François Augiéras qui, depuis son fameux Lit de fer, s'était hissé sur son escabeau pour se faire cet artiste-délinquant, comme il se nomma lui-même, dans la mise à nu par l'écriture du réel auquel il eut affaire.
Ce livre propose une critique de la réduction du langage à la simple communication et du postulat de celle-ci qui, au nom d'un parler vrai, prétend dire ce qu'il en serait du réel. Vie éprise de parole cherche à faire valoir le pouvoir d'évocation ou d'invocation de la langue. Qu'est-ce que parler veut dire ? Y a-t-il un apprentissage de la langue ? Que nous apprennent Les Mots de Jean-Paul Sartre ou les Variations sauvages de la pianiste Hélène Grimaud ? Quelles sont pour les enfants et les adolescents les répercussions de l'envahissement des objets gadgets dans leur rapport au langage et à la présence de l'Autre ? Plutôt que d'être nostalgique, comment faut-il savoir y faire avec cette modernité ironique qui met en question le savoir de l'Autre ?
Il s'agira de trouver comment dire à la fois oui et non aux usages immodérés de ces objets gadgets et de proposer un nouvel éclairage de l'usage fréquent des insultes dans le discours courant. Jacques Lacan faisait de l'insulte le début de la grande poésie, ouvrant une voie que ce livre cherche à explorer. Des divers fragments de vie présentés ici comme des témoignages de cures analytiques, ou des récits de vie extraits de publications, nous pouvons déduire qu'au XXIe siècle, malgré un certain désordre du symbolique, la langue reste vivante pour autant qu'à chaque instant le sujet la crée.
Au-delà des traumatismes de l'existence, chocs, paroles blessantes, violences, l'adolescence est en soi traumatique : la mésalliance entre corps et langage s'y révèle avec force. Freud, dans son texte intitulé « Pour introduire la discussion sur le suicide », paru en 1910, s'est demandé quels appuis offrir à chaque adolescent pour que son désir puisse s'affirmer. Au moment de s'arracher à sa famille et d'envisager son avenir, l'adolescent est pris dans un conflit entre idéaux, recherche d'amour, volonté de jouissance, passages à l'acte. Il découvre sa fragilité.
"J'ai deux écoles de la vie : l'école des études, pour soi-même, et l'école de la vraie vie", explique un élève à sa professeure. Pour lui, la vraie vie, c'est le jeu de la vie. Mais pas à l'école. Tant d'élèves, tant de professeurs, pensent que "la vraie vie est ailleurs !...".
L'école doit inventer aujourd'hui les lieux et les liens pour rendre les élèves plus présents, plus attentifs au savoir vivant que les enseignants leur transmettent, plus responsables devant la vie qu'ils ont à construire. Comment faire classe afin que les élèves s'y sentent accueillis dans leurs dires et consentent, peu à peu, à abandonner cette position de repli sur soi pour s'ouvrir à la vie de l'esprit ?
Soutenir ce pari exige de savoir dire "oui" au sujet qui s'exprime tout en disant "non" à ce qui le déborde, à ce qui peut le pousser à des extrêmes, voire jusqu'au refus scolaire.
C'est ce savoir-y-faire-là que nous transmettent ici des enseignants, avec l'éclairage de la psychanalyse, dans la mesure où ils s'interrogent sur la vie du langage, le savoir de l'enfant, le désir des pédagogues et la fonction que tient dans l'éducation le désir de l'Autre. Parier sur les impasses, la dimension pulsionnelle de la satisfaction et de la jouissance permet d'entrevoir des éclaircies dans l'impossible d'éduquer.
Cet ouvrage est né de ce constat : la psychanalyse est très attaquée sur le terrain de l'homosexualité, elle est souvent tenue pour normative, nostalgique d'un Nom-du-Père et d'un ordre symbolique de fer.
De nombreux théoriciens du genre, et des auteurs queer, souvent relayés par les medias, critiquent encore beaucoup Freud et Lacan en raison de leurs théories prétendues conservatrices.
Il se trouve pourtant que la psychanalyse, pratique qui remet sans cesse la doctrine en chantier, modifie le discours tenu sur l'homosexualité. Freud la sortit définitivement du champ des déviances, voire des dégénérescences, quant à Lacan, c'est en s'attachant à définir l'hétérosexualité qu'il a ouvert la voie des homosexualités.
Si cet ouvrage collectif évoque "les" homosexualités féminines, c'est que l'orientation lacanienne appelle à penser l'homosexualité au pluriel. Les avancées sur la sexuation rendent nécessaire cette distinction saisissante : tout sujet, qu'il soit homme ou femme anatomiquement, peut se ranger côté homme ou côté femme, dans un mode de jouissance ou dans un autre, dans un discours ou dans un autre.
De ce fait, l'expérience de la psychanalyse est audacieuse.
Ce livre fait le pari de démontrer que cette démarche, hors-standard et hors-normes, peut conduire à une légèreté inédite, une fierté, oui, discrète, car un peu à soi.
Ouvrage collectif de : Marie-Hélène Brousse, Fabian Fajnwaks, Nathalie Georges-Lambrichs, Stella Harrison, Catherine Lazarus-Matet, Pascale Pillet et Laura Sokolowsky.
Comment la psychanalyse lacanienne aborde-t-elle la question du genre ? La psychanalyse est-elle hétéronormative ? Quel statut le signifiant "femme" a-t-il en psychanalyse ? Comment peut-on à partir de la clinique analytique rendre compte du genre "neutre" comme nouvelle revendication et nouveau droit des sujets du XXIe siècle ? C'est à ces questions que des psychanalystes d'orientation lacanienne répondent dans cet ouvrage, en prise avec les débats qui préoccupent la société civile.
La psychanalyse partage avec les gender studies la dénaturalisation de la sexualité, mais ne se ramène pas pour autant à une simple déconstruction du genre en tant que norme sociale. En revenant sur les thèses des principaux auteurs des gender studies (J. Butler, Monique Wittig, Gayle Rubin, Eve Kosofski Sedgwick, Didier Eribon, Eric Fassin, Marie-Hélène Bourcier), cet ouvrage s'attache à restituer le sens de l'orientation lacanienne en matière de genre, par-delà le malentendu qu'engendre la lecture de Lacan proposée par ces auteurs. Car si la cure analytique tourne tout entière autour de questions comme "qu'est-ce qu'être une femme ?", ou "comment être un homme ?", elle n'invite pas pour autant le sujet en analyse à se conformer à des normes de genre. Par-delà toute identification à un mode de jouissance qui peut être partagé par d'autres, par-delà toute appartenance à une communauté permettant au sujet de s'identifier à d'autres, la psychanalyse conduit chacun, dans sa solitude, à se confronter à un noyau de jouissance qui est aussi ce que Lacan a appelé "un réel". Cet ouvrage, en répondant ainsi aux gender studies, tente de faire émerger les enjeux éthiques et politiques dont la psychanalyse lacanienne est porteuse.
Avec les contributions d'Éric LAURENT, Pierre-Gilles GUÉGUEN, Fabrice BOURLEZ, Anne Emmanuelle BERGER, Clotilde LEGUIL, Fabian FAJNWAKS.
L'objet a est sans aucun doute le concept le plus original de l'oeuvre de Lacan. Paradoxalement, peu d'ouvrages traitent de manière directe de ce point précis de la théorie et de la pratique lacaniennes. Voici donc l'un des premiers livres consacrés à cette invention lacanienne qui, à certains égards, condense à lui tout seul, tel l'Aleph de Borges, la pensée et l'originalité de Lacan. Le livre que nous allons lire présente de manière progressive les outils conceptuels de l'oeuvre du psychanalyste français, en suivant l'émergence de « l'objet des objets », comme le désigne son inventeur. Cette notion, qui apparaît aussi comme une nécessité théorique, est déjà en germe dans les premiers séminaires du psychanalyste, avec l'hypothèse de la prééminence du symbolique, et on peut en suivre le développement dans les textes qui traitent de la cure analytique, et jusque dans le dernier enseignement de Lacan. Un tel parcours remet en lumière la portée de la révolution freudienne qui depuis plus d'un siècle conduit l'homme moderne dans les méandres de son rapport aliéné au désir, mais aussi lui ouvre les voies de son devenir possible en tant que sujet.
Cet ouvrage réunit plus d'une vingtaine de travaux récents de Serge Cottet qui ont pour fil conducteur l'orientation actuelle de la clinique psychanalytique éclairée par l'oeuvre de Jacques Lacan. Chaque article soulève une question actuelle : la dépression, la sexualité des adolescents, la criminalité, la psychose ordinaire. La clinique psychanalytique est en prise sur le malaise de notre temps.
Au fil de ces pages, le lecteur découvrira ce qui se passe à notre époque dans le cabinet d'un psychanalyste, lorsque celui-ci consent à accueillir des sujets psychotiques.
Nul voyeurisme ici, mais au contraire le témoignage d'une expérience unique fondée sur une éthique de la parole. A l'heure où le discours sur la folie tend à disparaître, et avec lui le traitement humanitaire et social qui a longtemps prévalu, ce livre est une preuve vivante qu'il existe au moins un lieu où le sujet peut adresser sa souffrance et, à partir de là, engager un travail pour construire une solution qui permette tout simplement de lui rendre la vie possible.
En effet, pour chaque cas, le psychanalyste est amené à inventer un dispositif adéquat qui tienne compte à la fois des exigences de l'Autre auquel le sujet à affaire, et de la jouissance qui est en jeu pour lui. A mille lieues de tout objectif normalisateur visant à éradiquer ce qui cloche, l'analyste est un orfèvre qui place au coeur de ce qui constitue la dynamique de l'expérience le réel propre au sujet.
On ne sort pas indemne d'une telle lecture qui mène à découvrir à quoi peut tenir une existence, souvent à pas grand-chose - quelques détritus, un mot que l'on invente, une image que l'on construit... Ces pages démontrent qu'est possible, au un par un, un traitement de la folie, qui trouve son fondement dans l'expérience inaugurale que Freud inventa, il y a de cela plus d'un siècle avec des sujets névrosés, et que Jacques Lacan, à sa suite, fonda en raison.
C'est cette boussole qui, ici, oriente la pratique.
De nombreux livres furent consacrés à André Gide mais aucun encore au Gide dont parla Lacan dans un article fameux, paru en 1958 et inclus ensuite dans ses Écrits, " Jeunesse de Gide ou la lettre et le désir ".
Ce Gide-là, qui ne ressemble à aucun autre, fit date dans son enseignement en l'amenant à des élaborations nouvelles et fondamentales : l'amour différencié du désir, l'objet a qui deviendra l'une de ses grandes inventions, la clinique de l'enfant dans ses aspects les plus sombres, la perversion comme on ne l'a jamais vue... Lacan montrait aussi les enjeux vitaux de la littérature pour Gide dont le style n'était pas qu'un gracieux ornement mais aussi et surtout une solution à son symptôme.
Les cliniciens pourront y trouver de quoi affiner leurs catégories et les spécialistes de Gide découvrir leur grand homme sous un autre jour. Difficile, mystérieux, nécessitant beaucoup de lectures, le texte de Lacan est longtemps resté dans l'ombre. Puisse ce livre aider à la dissiper !
Ce livre retrace l'expérience d'un centre spécialisé, l'Antenne 110, qui accueille des enfants autistes depuis trente-cinq ans.
Les textes rassemblés ici témoignent d'une clinique institutionnelle inventive dont le socle a été nommé "pratique à plusieurs", pratique qui trouve ses racines dans le langage. II a pour but de montrer et d'attester que les enfants souffrant d'autisme ont un potentiel spécifique pour y suppléer à condition d'être entendus dans ce qu'ils ont à nous dire. La pratique de ce centre donne un éclairage atypique sur les ressources de ces enfants pris dans leurs stéréotypies et exclus du discours commun ainsi que sur des réponses inédites que les intervenants leur adressent.
Sa lecture permet aux professionnels - éducateur, paramédical, psychologue et psychiatre - de trouver une position juste dans leur écoute et dans leurs interventions auprès des enfants. En outre, ce livre traduit et met en forme le savoir intuitif que les parents manifestent dans leur rencontre avec ces professionnels. Au-delà de la clinique originale développée au fil des pages, le lecteur découvrira une prise de position décidée, un désir de savoir et de " savoir y faire " avec ces enfants, un désir fondé sur une éthique analytique sans concession.
Pour ce premier millésime, Les Entretiens de Brive regroupent un collectif d'intellectuels, d'artistes, de figures incontournables de la plume, du cinéma, des arts, tous témoins et acteurs engagés de la vie culturelle et de leur vie. Dans le sillage des psychanalystes Philippe Bouret, Elise Clément, et d'autres, des entretiens exceptionnels, et inédits conduits dans le cadre enchanteur de la Foire du Livre de Brive.
Benoît Jacquot (cinéaste); Maria de Medeiros (comédienne, actrice et réalisatrice); François Regnault ( dramaturge et philosophe); Alain Rey (lexicographe et écrivain); Marc Pautrel (romancier); Marie Gaston (poétesse et romancière); Grichka Bogdanoff (sur ses relations avec Lacan et Roland Barthes) seront rejoints par d'autres personnalités pour ce livre passionnant d'entretiens.
La publication de deux textes quelque peu oubliés d'Alexandre Kojève revêt une importance cruciale en ce qui concerne la compréhension aussi bien de l'oeuvre du philosophe que d'une bonne partie de la philosophie française du XXème siècle. " La métaphysique religieuse de Vladimir Soloviev ", résumé d'une thèse soutenue à Heidelberg, est un texte rédigé en français par Kojève dans les années 30 alors qu'il avait déjà entamé une bonne partie de son cours sur Hegel à l'Ecole Pratique des Hautes Etudes, et de ce fait il en porte la trace.
Le second texte publié ici, " L'origine chrétienne de la science moderne ", écrit en hommage à Alexandre Koyré, a été publié trente ans après le premier et en reprend une des thèses principales, à savoir celle de la coupure introduite par l'avènement du christianisme qui augure d'un autre avènement, celui de la science moderne avec Galilée. Ainsi, la thèse de Koyré ne serait que la conséquence de la thèse kojèvienne du renversement produit par le christianisme, seule religion absolue et totale qui abandonne l'homme et le prive à jamais de la notion ancienne de destinée.
C'est toute la querelle des Anciens et des Modernes qui se trouve ainsi convoquée au travers de ces deux textes qui nouent ainsi le christianisme et la science moderne.
Aborder l'antisémitisme non de façon politique mais épistémique, en tant que maniement concerté des images et des passions implique une neutralité difficile à maintenir, chacun de nous étant partie prenante des combats d'idées qui font rage dans le moment actuel. Dans cet ouvrage l'antisémitisme est saisi comme discours envisagé à partir de l'objet qu'il construit, comme un universel, à savoir " Le juif ".
L'auteur montre, par une lecture serrée de Moïse et le monothéisme qu'il est impossible de cerner l'antisémitisme sans la mise en question de ce soi-disant " être Juif " qu'opère Freud. Loin de ce prétendu universel, l'auteur dégage ce que fut pour lui, l'inventeur de la psychanalyse, sa judaïcité. Ce faisant, il éclaire l'un des aspects fondamentaux du judaïsme, peu déployé avant lui. L'étude des textes de références de Lacan, permet de poser quatre propositions fondamentales : une nouvelle lecture critique du Moïse de Freud, une approche de la haine affect que Lacan élève à la dignité d'une passion, la relation entre antisémitisme et ségrégation qui précise le rapport entre antisémitisme et racisme et qui fait apparaitre le lien entre le juif et l'Autre par excellence c'est à dire le féminin.
Enfin la place de l'objet dans l'antisémitisme qui met en valeur l'importance de la circoncision et donc de la marque sur le corps. Cette marque prend des valeurs distinctes, castration, sacrifice, ou déchet et permet d'éclairer des modalités différentes d'antisémitisme. Freud aborde donc le Juif à partir du sujet, et Lacan à partir de l'objet. La fin de l'ouvrage, très innovante, étudie les signifiants du discours antisémite actuel, accueillant les voix de trois intellectuels de notre temps, juifs.
L'auteur aura ainsi évité une psychanalyse sauvage de l'antisémitisme et permis une avancée du savoir analytique susceptible d'être généralisée à d'autres formes de ségrégation et de racisme. Marie-Hélène Brousse