Au cours de sa vie, Pierre Loti s'est rendu cinq fois au Japon pour des séjours de plusieurs semaines à chaque fois, entre 1885 et 1901. L'archipel nippon lui a inspiré deux romans : le célèbre Madame Chrysanthème (1887) et La Troisième Jeunesse de Madame Prune (1905). C'est entre ces deux oeuvres qu'ont paru les Japoneries d'automne (1889) qui rassemblent des impressions de voyage sur différents sites comme l'indiquent les titres des chapitres : « Kioto, la ville sainte », « Un bal à Yeddo » (bal donné au palais Rokou Meïkan), « Extraaordinaire cuisine de deux vieux » (visite dans la campagne proche de Yokohama), « Toilette d'impératrice » (séjour à Kamakura, ancienne capitale), « Trois légendes rustiques », « La Sainte Montagne de Nikko », « Au tombeau des samouraïs » (Loti se rend sur la tombe des fameux quarante-sept samouraïs), « Yeddo » et « L'impératrice Printemps ». Cette relation de voyage offre une excellente image du Japon à l'époque de l'ère Meiji où il commence à s'ouvrir.
Dans son style admirable, Loti invite le lecteur à le suivre dans son regard qui cherche à comprendre cette civilisation si difficile d'accès. En témoigne cet extrait du chapitre consacré à la montagne de Nikko : « C'est, sous le couvert d'une épaisse forêt, au penchant de la Sainte Montagne de Nikko, au milieu de cascades qui font à l'ombre des cèdres un bruit éternel, - une série de temples enchantés, en bronze, en laque aux toits d'or, ayant l'air d'être venus là à l'appel d'une baguette magique, parmi les fougères et les mousses, dans l'humidité verte, sous la voûte des ramures sombres, au milieu de la grande nature sauvage ».
Parti de la côte persique le 17 avril 1900, en compagnie d'un guide, de quatre muletiers, de deux domestiques persans et de son serviteur français, Loti, à dos de cheval, atteint d'abord Chiraz, où il s'arrête une semaine ; à Ispahan, où il arrive le 12 mai, il ne trouve place dans aucun caravansérail, ni dans aucune maison, car les Musulmans ne veulent pas de lui, chrétien ; finalement le prince D..., consul de Russie, l'héberge dans sa maison, et le présente au frère du Chah, vizir d'Ispahan et d'irak. D'Ispahan il continue sa route vers le nord, en voiture cette fois ; il passe par Kashan et s'arrête à Téhéran, trop européanisée à son goût, où le Grand Vizir offre un dîner en son honneur. Le 6 juin, enfin, il touche les bords de la Caspienne, où il s'embarquera pour Bakou. Loti décrit en détail les pays qu'il traverse, avec cette facilité de plume et cette vivacité de couleurs qui ont fait sa célébrité : depuis le désert jusqu'à la région des hauts plateaux en passant par le célèbre site de Persépolis. Comme toujours chez Loti, les femmes occupent dans ce paysage insolite une place importante : il les cherche et les rencontre partout.
Vers Ispahan est indiscutablement un des plus beaux livres de Pierre Loti, celui où il accède au sommet de son art, un pur enchantement. Sa description de la Mosquée bleue est à cet égard un morceau de bravoure.
Deux mille îles grecques... Il fallait le talent de Lawrence Durrell pour les évoquer en un volume charmant. En effet, Durrell a passé là de longues années de sa vie. Il y a puisé l'inspiration d'ouvrages devenus célèbres : Citrons acides, L'Ile de Prospero. À l'occasion de ce livre, il a revisité nombre de ces îles, dans le dessein de les étudier et de les décrire de façon plus approfondie et plus vaste. Dans un style remarquable, Durrell a mêlé ensemble dans un même élan, une seule coulée, une égale harmonie, la description et l'évocation des sites, l'histoire, les mythes, l'architecture, l'archéologie et les souvenirs d'un voyageur exceptionnel. Exceptionel, car Lawrence Durrell ne peut faire oublier qu'il est l'auteur de l'une des oeuvres majeures du XXe siècle : Le Quatuor d'Alexandrie. Et l'on devine alors que cet ouvrage possède une admirable beauté littéraire. Les îles grecques demeurent un des hauts lieux de la planète. Durrell nous le rappelle avec une langue admirable.
Elizabeth et son jardin allemand raconte la passion d'une femme pour son jardin. En un an, l'héroïne s'efforce de créer un environnement unique qui lui sert de refuge où elle donne libre cours à sa conception du jardin, monde clos et idéal. Là s'expriment la liberté et l'amour qui lui sont refusés par ailleurs. Épouse anglaise d'un comte prussien, mère de trois petites filles, Elizabeth aspire à une vie plus riche en émotions. Écrit sous la forme d'un journal intime, ce roman restitue le rythme des saisons : l'épanouissement de ce jardin « à soi » se mêle à la vie intime et sociale d'Elizabeth qui affronte son existence avec une pointe d'humour provocateur. Philosophe, la jeune femme se confie et dévoile ainsi ses plus profondes aspirations. Aujourd'hui encore, l'expérience d'Elizabeth von Arnim peut nourrir l'inspiration de tous les amoureux de jardins.
Paru anonymement à Londres en 1898, ce récit autobiographique, plein d'esprit et de poésie, grand succès lors de sa publication, fut redécouvert dans les années 1980 avec le reste de l'oeuvre d'Elizabeth von Arnim.
- 2023 année Picasso, des expositions à travers le monde entier.
- Une analyse de son tableau le plus révolutionnaire qui changea le cours de la peinture au XXe siècle.
Lorsqu'il songe aux Demoiselles d'Avignon, Picasso est déjà à Paris depuis plusieurs années. Il fréquente Max Jacob, André Salmon, Guillaume Apollinaire, connaît une histoire d'amour avec Fernande Olivier. L'époque est aux fauves et à la découverte des arts qu'on appelait alors « nègres ». Après plusieurs mois de recherche, Picasso s'oriente vers une composition de nus féminins de grande dimension. Le tableau est une révolution : « mon premier tableau d'exorcisme » dira plus tard Picasso à André Malraux. Ses amis sont réservés sur son nouveau style qui anticipe le cubisme et cette nouvelle approche de la maison close. Il faudra plusieurs années avant que le tableau soit accepté par un large public. Il est exposé en 1916 au Salon d'Antin. Puis Jacques Doucet l'acquiert, sur les conseils d'André Breton, avant que le tableau ne traverse l'Atlantique pour entrer dans les collections du MoMA (1937), qui le conserve depuis. La carrière publique du tableau peut commencer et naître la légende de Picasso.
Cet essai retrace l'histoire du plus célèbre tableau de Picasso, des arcanes de sa conception aux interprétations contemporaines. On admet généralement que Les Demoiselles d'Avignon ont changé le cours de la peinture au XXe siècle.
- Seule biographie sur le marché d'une importante figure de l'histoire britannique. Un succès qui ne s'est jamais démenti.
- Début mai, courronnement du roi Charles III.
- La vie d'Edwina a fait l'objet d'un film il y a cinq ans. Gillian Anderson (Scully dans X-Files) interprétait son rôle.
C'est au fond de la Mer du Nord, enveloppéede brouillard et de mélancolie, lorsque son mari, lord Louis Mountbatten, dernier vice-roi des Indes, jeta son cercueil à la mer, que lady Edwina Mountbatten trouva enfin la paix et le silence qu'elle n'avait jamais cessé de chercher pendant cinquante-neuf années d'une vie tumultueuse.
Edwina Ashley Mountbatten aura été un personnage hors du commun, de par sa personnalité, ses origines, son milieu, son mariage... et par cette manière extraordinaire de s'être façonné une vie à sa mesure. Filleule du roi d'Angleterre, petite-fille d'Ernest Cassel, l'homme le plus riche du monde, tour à tour jeune femme belle et égoïste, indépendante et généreuse, futile et dévouée, intelligente et courageuse, non conventionnelle et fière de son rang, elle entra dans l'histoireen devenant la dernière vice-reine des Indes et la maîtresse de Nehru l'artisan de l'indépendance, incarnant un véritable personnage de roman, un modèle unique et presque idéal.
Une femme malade, de retour du sanatorium, reçoit une lettre de rupture à laquelle elle décide de répondre. Sa réponse constitue un cri de douleur et de souffrance, en même temps qu'elle clame son amour de la vie. Ce cri pur est aussi un adieu. Marcelle Sauvageot devait mourir quelques semaines après la parution de son livre paru sous le titre de Commentaire.
À sa parution, il fut salué par de nombreux écrivains : Charles Du Bos, Paul Valéry, Paul Claudel, René Crevel, Clara Malraux.
Paru pour la première fois en 1899, L'Été solitaire se présente comme le journal d'une châtelaine anglaise de Poméranie que les lecteurs britanniques et américains avaient découvert l'année précédente dans le premier volume du journal, Elizabeth et son jardin allemand, un des plus grands succès littéraires de la fin du XIXe siècle. Pour s'abandonner pleinement au sentiment romantique de la nature, que ce soit en son jardin sauvage ou au coeur des forêts profondes qui s'étendent jusqu'au rivage de la Baltique, la jeune femme a exigé de son irascible mari, « l'Homme de Colère », qu'il interdise toute visite au Schloss pendant plusieurs mois. Le lecteur est donc entraîné dans la chronique charmante d'un été de solitude et de liberté où chaque jour semble fait de la matière des rêves. Avec une passion contagieuse, Elizabeth décrit comme personne une colline couronnée de lupins sous le soleil d'août, un bois de pins au parfum de mûre ou une procession de nuages dans le ciel.
Mais Elizabeth Von Arnim, « la femme la plus spirituelle de son siècle » pour H.G. Wells, donne aussi, au fil des jours, une suite de scènes irrésistibles de drôlerie ou la vie quotidienne du château, du village et de la famille von Arnim, est peinte avec la verve d'une Jane Austen au pays de Thomas Mann.
Voici un recueil de souvenirs et de témoignages directs de James Edward Austen-Leigh (1798-1874) sur sa tante Jane Austen (1775-1817). On y découvre à l'oeuvre la romancière dans son intimité. Observatrice hors-pair de la société anglaise de son temps, elle aurait pu être l'héroïne d'une de ses propres oeuvres.
Quels sont les secrets de fabrication d'une des plus grandes romancières anglaises, vénérée de Virginia Woolf ? Sa vie nous les découvre-t-elle ?
En levant ici un voile victorien sur l'emblème de l'élégance de la Régence, le neveu de la grande Jane Austen n'a pas fait qu'oeuvre de reconnaissance et de fidélité : il nous a donné un classique et installé sa gloire.
Le Désespéré est à la fois une autobiographie romancée et un prétexte à méditations lyriques et mystiques. Le héros Caïn Marchenoir y raconte sa vie avec Véronique. L'histoire est librement inspirée de la vie de Léon Bloy qui se révèle un romancier singulier : les événements et l'intrigue, chez lui, comptent moins que les grands thèmes intérieurs que développent d'immenses digressions. Marchenoir raconte l'histoire de son âme douloureuse, de sa conversion, de son séjour à la Grande Chartreuse. Des pages étonnantes sur l'art sacré, sur la pauvreté, sur la douleur, s'intercalent entre les moments d'un drame humain dont chaque épisode avoisine l'épouvante. Le roman de Bloy exprime ses tourments spirituels, ses angoisses, ses illuminations et ses rechutes dans la nuit. Ce livre, qui ne connut aucun succès à sa parution, se révèle aujourd'hui être le chef d'oeuvre d'un auteur souvent cité, qu'on redécouvre peu à peu, et qui a forgé un style qui compte parmi les plus étincelants de la langue française.
(1775), le Faust I (1808), le Faust II (1832). Accompagnée d'un important apparat critique, elle rend ces textes accessibles au lecteur d'aujourd'hui et lui ouvre des perspectives d'interprétation contemporaines. L'Urfaust, texte méconnu, constitue une préfiguration de la première partie de la tragédie à venir.
Cette pièce caractéristique du XVIIIe siècle allemand a gardé sa fraîcheur et sa force : c'est une oeuvre autonome. Dans le Faust I, le célèbre savant aspire à la connaissance totale du monde. Faust signe un pacte avec Méphistophélès et, en échange de son âme, retrouve une nouvelle jeunesse. Le héros séduit l'innocente Marguerite, qu'il abandonnera peu après avec son enfant. Meurtrière de l'enfant, Marguerite est condamnée à mort, mais son repentir la sauvera.
Faust et elle incarnent le tragique de la condition humaine. Riche en symboles poétiques, la seconde partie de la tragédie montre un Faust assoiffé de pouvoir et de possessions, servant à sa manière l'empereur, qui revisite l'Antiquité classique pour retrouver Hélène, la plus belle des femmes, et qui meurt après avoir perpétré d'abominables crimes, sauvé tout de même de la damnation à laquelle son pacte avec Méphistophélès le condamnait.
Faust II fait l'inventaire de notre tradition culturelle, juge les temps modernes avec une lucidité toujours actuelle et synthétise l'humanisme et l'art goethéens.
Une centaine de déportés, parmi lesquels Louis Martin-Chauffier, plus des extraits de vingt-cinq rapports officiels de libération de camps. Si de nombreux témoignages existent sur les camps de concentration, peu de synthèses offrent tous les aspects de l'univers concentrationnaire avec la même force. Ici, chaque citation se trouve placée dans un contexte précis. Le recueil est composé de parties où sont détaillés les différentes étapes de l'internement : « départ », « arrivée », « administration - réglement - discipline », « travail », « état sanitaire », « expériences médicales et vivisection », « exécutions diverses », « réaction des internés », « extermination », « libération ». Il ressort de ces phrases extrêmement poignantes et boulerversantes une atmosphère particulièrement douloureuse, qui restitue l'ampleur du drame qu' ont constitué la Shoah et la déportation. «Enfin nous arrivons à onze heures du soir par une nuit opaque. Vision d'horreur, vision d'épouvante, heures les plus pénibles de ma captivité. Cris de bêtes sauvages, aboiements sinistres. Qu'était tout cela ? La réception des geôliers escortés de leurs gros chienbs-loups admirblement dressés pour les seconder dans leur rôle de garde-chiourme. Effrayés, nos jambes se refusent à nous porter, nous ne pouvons plus avancer. » Enfin survint la libération, mais combien avaient péri dans cette barbarie moderne ?
Qui ne côtoie dans son jardin, dans les parcs ou la forêt voisine, l'un de ces arbres, représentant une centaine d'espèces. Jacques Brosse, amoureux et connaisseur des arbres de France, nous donne pour chacun d'entre eux leur portrait, leur histoire, leurs légendes et leurs propriétés.
Parmi les entrées du Dictionnaire : l'abricotier, l'amandier, l'aubépine, le cèdre, le cerisier, le cyprès, le figuier, le houx, l'if, le marronnier, le sapin, le platane, le pommier, le sapin, le sorbier, le tilleul, le tremble...
Au moment où les arbres sont de plus en plus menacés, tant par les phénomènes naturels que par les massacres de l'homme, il est grand temps de réapprendre à les aimer.
Le projet de cette édition est de remettre en circulation ce texte de Ruskin revu et corrigé par Marcel Proust et de comprendre le processus secret qui a amené l'auteur de La Recherche à se lancer dans cette entreprise monumentale. Proust s'est beaucoup impliqué dans la diffusion de ce livre qui lui tenait à coeur. Ruskin a composé une sorte de guide de la célèbre cathédrale dans lequel il précise ses conceptions esthétiques. Proust lui-même ne considérera pas autrement l'architecture de son cycle romanesque : une cathédrale.
La préface, la traduction et les notes, dont certaines se développent sur plusieurs pages, reflètent le style de Proust et ses préoccupations à l'époque où il n'en est encore qu'à élaborer ce qui deviendra La Recherche. Proust voulait transmettre à ses lecteurs une perspective anglaise d'une cathédrale française. A l'époque, il admire les analyses pénétrantes de Ruskin, qui magnifie le monument, en mariant architecture, littérature et religion.
Après cinq ans de travail sur ce livre, Proust a mis fin à sa période d'apprentissage afin de pouvoir se consacrer à sa propre oeuvre. La Bible d'Amiens représente l'antichambre ou le laboratoire de ce qui deviendra une des plus grandes oeuvres de l'humanité.
Été 1978. Le narrateur, un adolescent de Venise, passe les vacances dans sa ville. C'est l'occasion de rencontres passionnantes, d'un temps heureux propice aux expériences. Cet été vénitien ressemble à une éducation sentimentale sur les rives de la Sérénissime. Toutes les découvertes sont permises. Le jeune Francesco vit avec sa mère, son frère et leurs innombrables animaux. Il fréquente les enfants d'un gondolier et d'un pêcheur, ses voisins, ainsi qu'écrivains et peintres célèbres. Adultes et adolescents se lient d'amitié dans une cité qui conserve tout son éclat et qui n'est pas encore cette attraction touristique vertigineuse : une Venise omniprésente et inconnue est ici dévoilée par Francesco Rapazzini. L'auteur restitue avec brio et talent l'atmosphère de ces années de liberté et de magie. Magnifique roman de l'amitié et de l'initiation, Un été vénitien est aussi une ode à la langue française et à la passion de Venise.
Ce volume rassemble des articles et des conférences sur l'Europe jamais réunis en volume qui traitent d'un sujet qui a obsédé Zweig une grande partie de sa vie et plus encore au cours de ces dix dernières années. Il a vécu tragiquement l'avènement de l'Europe hitlérienne, non seulement à titre personnel puisqu'il a dû fuir son Autriche natale et se réfugier en Angleterre avant de finir ses jours au Brésil, mais aussi de manière collective car le destin de la civilisation européenne était au coeur de ses pensées.
Zweig plaide pour une unification de l'Europe, pas celle que nous connaissons, mais une Europe de la culture et de l'humanisme. Zweig s'est toujours considéré comme un « bon Européen ». Sa vision de l'organisation du continent à rebours de ce que nous connaissons, bien qu'empreinte de bons sentiments voire d'un idéalisme politique, trouve un écho aujourd'hui où nous recherchons d'autres voies, d'autres correspondances. La problématique européenne a toujours été un enjeu dans la pensée de Stefan Zweig, dès ses premières écrits. Dans les années 1930, vingt ans après la Première Guerre mondiale, elle n'en a été que plus forte.
La préface susbstantielle de Jacques Le Rider, éminent connaisseur de la pensée de Zweig, le rappelle avec force.
Premier volume de la trilogie sur les insectes sociaux, la Vie des abeilles a remporté un vif succès à sa parution en 1901. Maeterlinck a choisi de prolonger sa réflexion sur les grandes questions existentielles en prolongeant ses travaux sur le fonctionnement de la nature. Depuis longtemps, Maeterlinck pratiquait l'apiculture ; il avait été frappé par le fait que certains comportements et certaines réactions des insectes ne pouvait s'expliquer qu'en se référant à l'attitude des êtres humains. Il entreprit alors une étude systématique de l'activité de la ruche, élargit son information en consultant toutes les oeuvres qui en traitent. C'est donc à la fois ici un ouvrage de biologie animale qu'il nous offre, mais en même temps le fruit de ses réflexions sur le destin de l'abeille, et par comparaison, sur notre propre destinée. Maeterlinck insiste sur l'extraordinaire discipline, l'abnégation des ouvrières, leur dévouement, leur affection pour leur souveraine, leur foi, leur espérance qui ne se démentent jamais. Souvent il les compare aux hommes... La Vie des abeilles est un très beau livre, suggestif et plein de poésie. À une époque où l'existence même des abeilles est menacée, Maeterlinck nous aide à mieux les comprendre et donc à mieux les aimer.
Ce livre est le témoignage humain, exceptionnel, de l'extraordinaire amitié entre un homme d'état et un peintre de génie, entretenu par une éblouissante correspondance. Entre Clemenceau et Monet, c'est une quête commune de la lumière, à travers l'oeil de Monet et son pinceau, qui règle leur vie et le besoin qu'ils ont l'un de l'autre (" Peignez, peignez toujours, jusqu'à ce que la toile en crève. Mes yeux ont besoin de votre couleur et mon coeur est heureux "), jusqu'à ce que la vieillesse et la cécité conduisent le peintre à s'accrocher à Clemenceau et à son énergie comme à une planche de salut. Son Claude Monet est à la fois l'hommage personnel que sa piété amicale a voulu rendre à l'artiste qui lui avait procuré tant de joie esthétique et au novateur dont l'exemple lui semblait devoir être conservé. C'est à l'instigation de Clemenceau que Monet offrira ses célèbres Nymphéas à la France. Clemenceau est souvent venu rendre visite à l'artiste de Giverny. Cet essai biographique raconte l'amitié entre deux caractères d'exception.
Le Voyage en Italie de Goethe est important à plus d'un titre. On peut légitimement considérer qu'il a marqué une rupture dans sa vie. En prenant la route du Sud en 1786, Goethe a voulu échapper à un univers qu'il sentait trop pesant : « Je me suis enfui de Carlsbad à trois heures du matin : autrement on ne m'aurait pas laissé partir. » Il se dérobe incognito, à la hâte, affronte les périls et se métamorphose en Wanderer : le voyageur, le vagabond, l'errant.
Commence alors son odyssée, qui durera jusqu'en 1788 et qu'il retrace dans ce récit où se mêlent l'art et la vie. Goethe traverse Vérone, Vicence, Venise, Padoue, Ferrare, Bologne, Florence, Pérouse, Rome, Naples, Palerme. Il admire l'art classique, contemple les paysages, se lie avec la population : son expérience est intense.
Ce Voyage en Italie, publié seulement en 1816 pour la première fois, depuis longtemps indisponible en France, compte parmi les plus célèbres relations de voyage allemandes et s'inscrit dans le projet autobiographique de l'auteur de Faust. La traduction de Jacques Porchat a été révisée et complétée par Jean Lacoste qui signe également une remarquable préface où est exposé l'art du voyage chez Goethe, pour qui le déplacement ne saurait aller sans une renaissance et la redécouverte de soi.
Paru en 1897, ce roman compte parmi les plus célèbres de Maurice Barrès (1862-1923).
Loin de se limiter à un seul personnage, il raconte le départ pour la vie de sept jeunes gens au début des années 1880. Tout commence au lycée de Nancy où ils suivent les cours de Paul Bouteiller, professeur de philosophie, représentation du républicain kantien. Puis chacun suivra son destin, certains venant à Paris, comme François Sturel, poursuivre leur apprentissage. La rencontre avec Taine, le rassemblement des garçons au tombeau de Napoléon et les obsèques de Victor Hugo comptent parmi les épisodes les plus fameux de ce roman " générationnel ".
Barrès exprime là toute sa doctrine, ses doutes devant le monde moderne et sa quête d'un enracinement : la Lorraine sera pour lui cette terre où s'accomplir. Plus que jamais Les Déracinés trouvent un écho en notre temps.
Ce volume rassemble différents textes que Zweig a eu l'occasion de composer au cours de la dernière décennie de son existence. Plusieurs contributions sont à classer dans le genre autobiographique : L'Histoire de Demain, la Pensée européenne dans son développement historique, La Vienne d'hier (sa dernière conférence prononcée à Paris au théâtre Marigny en avril 1940). Son âme de Viennois y éclate avec force. Le contexte dramatique y ressort avec d'autant plus de force que Zweig mettra fin à ses jours au Brésil en 1942 en raison de la situation politique dramatique.
Le Secret de la création artistique dévoile le fond de la pensée artistique de Zweig. C'est aussi ce thème qu'il explore à travers des essais sur Tolstoï, Nietzsche ou Byron.
Ce volume rassemble le meilleur de la pensée de Zweig.
ABC de la lecture se présente comme une initiation aux grandes oeuvres littéraires du monde entier et le manifeste d'une théorie esthétique.
Il s'agit pour Ezra Pound de développer sa propre doctrine littéraire et poétique. Les chapitres de la première partie exposent les thèmes de la critique poundienne : la littérature est un langage chargé de significations et de règles qu'il s'agit de connaître et d'utiliser. Pound s'emploie donc tout au long de son travail à entraîner le lecteur à sentir et à juger. Il ne se limite à aucune époque, de Dante et des troubadours à Walt Whitman en passant par Gautier, Corbière, Rimbaud et Laforgue.
Pound ouvre ici de nouvelles voies à la littérature et explore aussi bien des oeuvres méconnues que des classiques. Dans une deuxième partie, l'auteur des Cantos a composé une anthologie poétique, où l'on retrouve notamment des extraits de Chaucer, Marlowe, John Donne, Samuel Butler, Pope, Browning et bien d'autres.
« Ayant eu, au dernier moment, des difficultés avec mon billet, je n'arrivai à Barcelone qu'à minuit par un autre train que celui que je devais prendre. Personne ne m'attendait. C'était la première fois que je voyageais seule, mais je n'en étais pas impressionnée, au contraire. Cette profonde liberté dans la nuit avait un goût piquant d'aventure. Après le voyage long et fatigant, mon sang recommençait à circuler dans mes jambes engourdies ; je regardais avec un sourire étonné la vaste gare de France, les gens venus attendre l'express et nous, qui arrivions avec trois heures de retard. » Andréa débarque à Barcelone pour suivre des études de lettres à l'Université. Elle loge dans sa famille rue Aribau et se heurte à une réalité aussi décadente que conventionnelle. Nada met en scène l'étouffante mesquinerie qui affecte la condition féminine dans l'Espagne de l'après-guerre.