En 1847, quatre ans après la parution de l'Histoire de la conquête du Mexique, dont le succès fut immédiat, William Hickling Prescott entreprend de retracer un autre épisode majeur de la découverte du Nouveau Monde par les conquistadors espagnols. Dans le sillage de Cortés, le conquérant du Mexique, Francisco Pizarro et Diego d'Almagro s'associent pour monter une nouvelle expédition. Partis de Panama en 1524, ils entreprennent de longer en direction du sud la côte occidentale du continent, encore inexplorée, en quête du mythique « pays de l'or ». Après deux tentatives infructueuses, ils organisent une troisième expédition et avec une petite troupe de 180 aventuriers, ils vont, en quelques années, faire chuter le plus vaste empire de l'Amérique précolombienne. Délaissant les travaux des historiens de son temps et se plongeant dans les sources archivistiques et les chroniques contemporaines de la Conquista, Prescott reconstitue minutieusement les événements qui vont conduire à cet effondrement. Sans rien atténuer de la violence de la progression espagnole, qui culmine avec la capture puis l'exécution de l'Inca Atahualpa (1533), il montre comment Pizarro profita des divisions internes de l'empire, miné par une guerre de succession fratricide, pour poser les bases de la colonisation espagnole, avant d'être à son tour victime d'une faction rivale dans le contexte des guerres civiles qui opposèrent entre eux les conquistadores. Il est aussi l'un des premiers à dénoncer la conquête pour ce qu'elle est : une vaste entreprise de prédation. Fresque magistrale illustrant la confrontation dramatique entre les civilisations européenne et sud-américaine, l'Histoire de la conquête du Pérou de William Prescott, portée par un souffle incontestable, demeure une oeuvre fascinante.
« La révolution qui mène de la colonie de Saint-Domingue à la République indépendante d'Haïti (1791-1804) est un événement fondateur, la transformation politique la plus radicale de 'l'âge de la révolution'. C'est là que fut pour la première fois dénoué ce qu'Aimé Césaire appelait le 'problème colonial'. Une synthèse solide, vivante et stimulante de l'historien américain Laurent Dubois. » (Sébastien Jahan, dans L'Humanité) « À l'heure où l'histoire coloniale peine à se dégager des surenchères manipulatrices et parfois hasardeuses, il est bon de renouer avec la stricte rigueur de l'historien. Laurent Dubois affronte aujourd'hui l'un des événements-clés de l'histoire antillaise, référence obligée, qu'on la célèbre ou qu'on la vilipende. Le récit qu'il en propose est aussi complet qu'informé, d'autant plus intelligible que le premier quart de l'essai présente Saint-Domingue avant l'embrasement de l'été 1791. Tenue pour la « Perle des Antilles », cette île à sucre est plus que florissante à l'heure où émerge l'affirmation politique des droits de l'homme, mais son exceptionnelle réussite repose sur un implacable régime ségrégationniste au fondement raciste. Dubois ne masque rien, sans égarer jamais. Rendant avec brio l'émergence de la conscience des Noirs comme les inflexions successives du processus révolutionnaire dans l'île, il établit clairement que c'est là, dans le bruit et la fureur, que les idéaux démocratiques ont été le plus radicalement défendus. Une leçon à retenir. » (Philippe-Jean Catinchi, Le Monde des Livres) ;
Cet ouvrage nous plonge au coeur du drame fondateur qui s'est noué sur la scène coloniale caribéenne au moment même où la France accomplissait sa propre révolution. Un drame en trois actes. Un : soulèvement des esclaves de Saint-Domingue - surnommée la « perle des Antilles » et la plus riche des colonies françaises - en 1791, suivi trois ans après de l'abolition de l'esclavage par la nouvelle Assemblée nationale française. Deux : envoi sur l'île par Napoléon Bonaparte d'un corps expéditionnaire dirigé par le général Leclerc, beau-frère de l'empereur, en vue de renverser le chef des rebelles, Toussaint Louverture, et de rétablir l'esclavage. Trois : victoire des insurgés et création, en 1804, de la première république noire de l'histoire : Haïti. C'est cette expédition coloniale désastreuse, qui fit des milliers de morts des deux côtés et restera comme l'une des plus cuisantes défaites de l'empire français, tenu en échec par d'anciens esclaves, que raconte l'historien Philippe Girard dans ces pages. Pour comprendre les enjeux et le déroulement de l'opération, il a mené des recherches de part et d'autre de l'Atlantique et puisé aux sources les plus variées, qu'elles soient militaires, diplomatiques ou commerciales. À travers le prisme de l'expédition Leclerc, qui en fut le paroxysme, c'est toute la Révolution haïtienne, cet événement majeur de l'histoire atlantique, qu'il fait revivre.
« Philippe Girard propose un récit très maîtrisé en dix-neuf chapitre. Son apport principal n'est pas dans la forme toute classique que prend son ouvrage, dont la vocation est essentiellement pédagogique. Il s'agit davantage de restituer cette tragédie à travers l'épaisseur souvent complexe de ses explications, de ses situations, de ses intrications. (...) Son récit de la guerre d'indépendance haïtienne offre cette opération historiographique rare qui vise à la coexistence des regards, des représentations, des actions, expliquées selon les différentes parties en présence. A la manière dont Clint Eastwood a voulu comprendre la guerre du pacifique en deux films contrastés, Mémoires de nos pères et Lettres d'Iwo Jima (2006), l'historien propose ici un récit qui serait à la fois celui du Blanc et du Noir, du riche et du pauvre, du colon et du colonisé, du Français et de l'Haïtien. » (Antoine de Baecque, Le Monde des Livres).
Si le roman antillais a aujourd'hui acquis ses lettres de noblesse (prix Renaudot pour Glissant, Goncourt pour Chamoiseau), les poètes français de la Caraïbe le sont moins. L'objectif de cette étude est de « donner la parole » à douze d'entre eux, d'Etienne Léro à Henri Corbin, en passant par l'incontournable Aimé Césaire et Edouard Glissant.
Pour ce faire, Liliane Fardin a rassemblé poèmes (dont beaucoup sont inédits), interviews (Georges Desportes ou Aimé Césaire) et commentaire d'oeuvres, répartis selon trois catégories : pré-négritude et négritude, poésie du Tout-Monde et insularité. Ce livre intéressera tout autant les amateurs de poésie que ceux qui cherchent à mieux comprendre la culture et la pensée antillaise d'hier et de demain.
Cet ouvrage revient sur le moment clef de l'indépendance des États-Unis en 1776 pour en étudier l'héritage depuis des perspectives multiples : de l'histoire à la politique, de la commémoration à la création artistique et littéraire, de la fin du XVIIe siècle à celle du XXe siècle.
Les auteurs explorent les modalités selon lesquelles la notion d'indépendance a pris forme dans les arts et a nourri la réflexion politique, tout comme l'histoire des idées et les représentations de l'"Amérique". Quel sens donne-t-on aujourd'hui à l'événement de l'indépendance de 1776 ? Comment fut-il perçu à l'époque au-delà des États-Unis ? Quels sont les prolongements de cette histoire dans le domaine politique ? La question de l'indépendance dans les arts et la littérature et de la place que cette notion occupe pour les politiques, les penseurs et les créateurs traverse aussi l'ouvrage. Les modèles du passé peuvent être contraignants, voire paralysants.
Et si, de manière paradoxale, la notion d'héritage elle-même renvoyait à une forme impossible d'indépendance, comme en témoignent certains grands textes du XIXe siècle ?
Telles sont quelques-unes des questions abordées dans ce livre qui multiplie les points de vue afin de mieux rendre compte de la complexité et de la richesse de cet héritage.
Cet ouvrage collectif revient sur la notion de transnationalisme dans les Amériques, de la période coloniale à la période actuelle. Il étudie les mobilités vers, dans, et à partir des Amériques, pour comprendre comment colons, migrants, voyageurs, exilés, scientifiques, artistes, peuvent se sentir simultanément attachés à la terre d'origine (Là-bas) tout en prenant racine dans la terre d'accueil (Ici). En même temps, ils peuvent également se sentir d'« Ailleurs », marginalisés dans les deux sociétés, d'où un processus de déterritorialisation de l'attachement au « pays ». Il s'agit donc d'observer les diverses façons d'être-au-monde des trans-migrants et de comprendre leur manière d'habiter leur(s) société(s), de s'y intégrer et d'y contribuer - ou non. Ainsi, la question du transnationalisme dans l'élaboration des identités, individuelles comme collectives, est cruciale dans l'histoire des Amériques. Les divers chapitres, dans une approche transdisciplinaire et diachronique, cherchent à expliciter le rôle du transnationalisme dans la construction des Amériques.
Portant sur le Venezuela rural du milieu du XIXe siècle, cet ouvrage a pour objet une faction armée qui se déploie dans plusieurs provinces du pays en 1858 et 1859, en réaction à la destitution du président en place, José Tadeo Monagas, classé dans le camp des libéraux. Cette faction est menée par trois hommes qui prennent les armes en mars 1858 pour dénoncer cette destitution. Si l'on s'en tient à l'historiographie, à la fois parcellaire et partiale, on ne dispose que d'une version officielle assez lisse des faits : trois chefs présentés comme des bandits et qui se seraient mobilisés pendant près de 18 mois, seuls contre tous, pour soutenir un président déchu; trois hommes qui seraient panthéonisés en 1897 comme héros de la cause fédérale et libérale et feraient plus récemment l'objet d'une instrumentalisation politique sous la présidence de Hugo Chavez.
Cet ouvrage rassemble 26 textes en provenance de Martinique, Guadeloupe, Guyane, Réunion, Polynésie française et Nouvelle-Calédonie, sur un thème commun à l'ensemble de l'outre-mer français : la cohabitation dans les esprits de sentiments dont la conciliation n'est pas aisée. Si la brutalité de la domination coloniale n'est plus qu'un mauvais souvenir, un ressentiment diffus l'accompagne, que certaines situations réveillent, et qu'une large part des élites...
politiques, intellectuelles, artistiques entretient :
adossé au sentiment de ne pas faire partie, historiquement, géographiquement et culturellement, de la Nation française, il nourrit un rêve indistinct d'émancipation.
Face à ce versant, un autre, symétrique.
Ces communautés, dans leur complexité, sont fruits de l'aventure coloniale : elles se savent filles de la France, et lui sont attachées à plus d'un titre. Pour les conditions
de vie matérielles qu'elle leur procure aujourd'hui, certes, en les maintenant à l'abri des exigences de plus en plus impitoyables de l'économie de marché.
Mais aussi par une réelle fierté d'appartenir à la République, à la fois distante et proche, hautaine et généreuse, qui a finalement su imposer sur place une égalité de traitement. Sur le terrain du droit, de l'histoire et de l'analyse politique et sociale, en intégrant les évolutions les plus récentes l'apport du droit européen , et en tirant les
conséquences de la consultation du 7 décembre 2003, qui proposait la création de collectivités aux pouvoirs renforcés, cet ouvrage montre comment, dans tous ses territoires et départements d'outre-mer, la double aspiration subsiste par rapport à la France : être tout à la fois de plus en plus « dehors » et de plus en plus « dedans ».
Tenu entre 1789 et 1793 à Paris, le journal de Gouverneur Morris permet aux lecteurs de suivre à la trace ce diplomate américain lors de son séjour français et de s'immiscer dans son quotidien privilégié, aux premières loges de la Révolution, entre les Tuileries et le Louvre.
Cet écrit du « for privé », précieux témoignage de l'histoire politique française, met en lumière l'ambivalent parcours de ce « Père Fondateur » des états-Unis, à contre-courant de l'ethos politique républicain français. De 1792 à 1794, Gouverneur, de son prénom, officie en tant que ministre plénipotentiaire (ambassadeur) des États-Unis, et ses notes personnelles sont une mine d'informations sur la période révolutionnaire. L'étude du journal de G. Morris proposée dans ce livre met en perspective le récit d'une histoire individuelle et celui d'une histoire collective. Morris essaie d'accompagner les Français dans leur recherche de la liberté et du bien commun à la manière d'un traducteur du langage républicain et de l'expérience révolutionnaire américaine. Mais le républicanisme comme langage universel peut-il être pratiqué par tous ? L'expérience de cet ancien Patriote américain devenu l'allié de Louis XVI suggère le contraire, comme le montre émilie Mitran dans cette minutieuse étude historique.
This volume provides the hitherto unpublished letters of George the Gold Rush to California in 1849. Until his return to Kentucky in 1854, George Murrell wrote many lengthy letters to his family and friends, thereby offering an abundance of interesting details about the Gold Rush years, such as travel conditions on the trail, daily life in the mining camps, the development of political and legal institutions in California, the presence of various communities such as the Chinese and Hawaiians, and of course his relationship with his slave Reuben. But his correspondence also forms a rich and intimate self-portrait, as we discover a young man endowed with a romantic soul and a pious heart, who is much more versed in poetry and literature than in the down-to-earth mining techniques, and who frankly expresses his hopes and disappointments, as well as a profound homesickness which eventually gives way to an ecstatic description of California. These letters, it is hoped, will provide useful information to the expert and an enjoyable panorama of the gold rush experience to the nonspecialist.
Voici trois récits haletants - deux manuscrits inédits jusqu'ici anonymes et un texte jamais réédité depuis 1809 - sur les derniers moments de la présence coloniale française à Saint-Domingue, lorsque la grande île sucrière libérée de l'esclavage devient Haïti. Jean-Marie Bonjour la tête brûlée, Michel Etienne Descourtilz le naturaliste, Jean Decout le médecin : trois itinéraires qui nous mènent des côtes de France aux Petites Antilles, de Saint-Domingue aux Etats-Unis. Ils font partie des quelques rescapés chanceux des violences qui ont accompagné la Révolution en Guadeloupe, en Martinique et à Saint-Domingue. Expéditions punitives, massacre programmé des Blancs, naufrages, ils ont tout vécu et ils racontent.
Pourquoi les premières républiques du monde hispanique sont-elles nées, au Nord de l'Amérique du Sud, entre Caracas, Carthagène-des-Indes et Bogotá ? Comment, à l'aube du XIXe siècle, expliquer le surgissement précoce du régime de l'égalité civile au sein de sociétés organisées par les hiérarchies du statut et de la race ? Que doivent ces nouvelles républiques aux révoltes et aux révolutions de la Caraïbe française ou néerlandaise ? Comment « régénérer » un « peuple esclave » en une nation émancipée, et transformer Indiens, métis et libres de couleur en citoyens ? Les révolutions de Terre-Ferme forment un pan oublié de l'histoire du républicanisme moderne. Elles voulurent faire d'une société coloniale un peuple d'égaux devant la loi, détruire le principe de la « pureté de sang », abolir la noblesse, sans guère toucher à l'esclavage. Ces guerres d'indépendance furent le fer de lance politique et militaire de l'émancipation de l'Amérique du Sud. Leurs cohortes combattirent jusqu'à Potosà et BolÃvar convoqua un congrès à Panamá dans le but de fédérer les jeunes nations américaines. L'idée républicaine s'est aussi construite loin de Philadelphie et de Paris, avec le soutien des « gens de couleur ». Ces premiers États sans roi de l'Amérique latine s'inscrivent, de plein droit, dans la séquence des révolutions atlantiques, contribuant ainsi à redessiner la carte politique du monde contemporain.
Cet ouvrage analyse le sport comme un puissant marqueur d'idâentités ethniques et culturelles. Il s'inscrit dans une perspective globale et décentralisée. Les neuf chapitres suivis d'une postface sont le fruit d'un travail collectif réalisé par des historiens français, néerlandais, belges et britanniques. L'angle d'approche se fixe sur les parcours de vie de personnalités sportives soigneusement choisis : le sportman Pim Mulier, les boxeurs Harry Sparendam et Battling Siki, les cyclistes Adriaan Kerkhoven et Abdelkader Zaaf, le coureur de fond Abebe Bikila, le footballeur Zinedine Zidane. Ces portraits se déclinent sur le mode de champions issus d'anciennes colonies. Chaque chapitre interroge la relation binaire colonisateur/colonisé mettant à l'oeuvre l'espace sportif comme un processus complexe. Le sport apparaît ainsi comme un observateur priviligié de l'histoire des relations coloniales et post-coloniales entre l'Europe et le reste du monde.
Ce récit historique, basé sur une authentique correspondance, raconte une histoire vraie. Celle de deux princes vivant de la traite des esclaves dans le Vieux Calabar, l'actuel Nigeria. Capturés par des négriers anglais en 1767, ils sont ensuite eux-mêmes déportés comme esclaves dans le Nouveau Monde, d'abord en Dominique, puis, trompés par un capitaine de navire, en Virginie. De retour à Bristol après une nouvelle évasion, Ancona Robin John et Little Ephraïm se convertissent au méthodisme et, avec l'aide des milieux abolitionnistes anglais, pour qui leur cas devient un symbole, réussissent à recouvrer officiellement leur liberté. Ils rentrent alors en Afrique, où ils renouent avec leur ancienne activité de marchands d'esclaves.
De l'essor de la monarchie absolue à la fin du XVIIIe siècle, la patrie et la nation françaises sont comprises comme le corps imaginaire du roi en expansion, mais elles commencent bientôt à s'en détacher. Le temps fort de cette évolution est la Révolution française qui proclame la souveraineté de la nation, élimine le roi et fonde la République. Ce processus est jalonné de bout en bout de représentations et d'actes politiques constituant l'idéologie nationale analysée ici. Dans l'ancien royaume, tout - choses, sujets, territoires - appartenait au roi. En 1789, le territoire change de statut : il devient la base physique de la représentation des citoyens. Mais il est aussi l'objet d'une valorisation nouvelle par la guerre que déclarent les révolutionnaires français en 1792, donnant à la France une extension géographique inconnue jusque-là. C'est cette valorisation qui est au centre du livre. Par ses effets sur la construction politique de la France moderne et contemporaine, en particulier sur la relation entre pouvoir législatif et pouvoir exécutif, elle pose des questions fondamentales qui depuis deux siècles sont au coeur des préoccupations des Français. Elle influe puissamment sur les rapports actuels de la France avec l'Europe et l'ensemble du monde.
A travers les notions récurrentes de « distance » et d'« extrême », l'auteur interroge les relations mutuelles entre l'Orient et l'Occident dans le domaine de la littérature comparée. D'un côté, l'archipel malais, dont nous connaissons mal la diversité linguisitique et culturelle foisonnante, de l'autre la Caraïbe, autre archipel mieux connu des Français mais lui aussi fruit d'une histoire complexe et métissée.
Au fil des pages, on aborde ainsi des notions fortes comme celles de colonialisme et de postcolonialisme, de francophonie, de métissage culturel, et on croise les figures emblématiques de Victor Segalen, Aimé Césaire, Voltaire, Senghor, tout en découvrant des littératures et, par tant, des mondes, inconnus.
L'OUVRAGE : Emerson fut le grand témoin du XIXe siècle américain. Pasteur unitarien, philosophe, poète, conférencier et essayiste, il fut le premier « public intellectual » des États-Unis. Sa pensée est représentative de l'optimisme romantique et révolutionnaire d'une ère illustrée par le brillant témoignage de Tocqueville sur la démocratie en Amérique ; c'est aussi une pensée pionnière, qui fut une source d'inspiration telle " et dans tant de domaines " qu'il n'existe guère de mouvement intellectuel qui ne reconnaisse encore aujourd'hui l'influence d'Emerson.
Figure centrale de la pensée américaine, Emerson est surtout le compagnon intime de nombre de lecteurs américains ayant pour livres de chevet, à côté de la
Bible, de poèmes de Longfellow, de contes d'Irving ou Hawthorne, un de ses recueil d'essais, le genre phare au XIXe siècle, qui fut une époque d'intense spéculation
sur les rapports de l'homme avec le monde. Cet ouvrage nous offre un portrait représentatif de l'homme, de oeuvre et sa réception, s'appuyant sur les textes mêmes, à travers des extraits cruciaux de ses essais les plus importants, et sur une étude détaillée de tous les termes clefs de l'oeuvre d'Emerson. Ce faisant, C. Jon Delogu cherche moins à synthétiser cette pensée prophétique qu'à ouvrir une variété de pistes qui montrent en quoi la connaissance de l'oeuvre d'Emerson est incontournable pour tous ceuxqui cherchent à comprendre les États-Unis d'hier et d'aujourd'hui. Avec ce livre, la collection « Le Monde Atlantique », d'esprit pluridiscipliaire, s'ouvre à la philosophie.
Très ambitieux, il s'inscrit dans ce qu'on appelle aujourd'hui l'histoire globale, ou la world history. Il propose une histoire comparée des Amériques coloniales à l'échelle hémisphérique, un état des travaux récents sur les sociétés nouvelles nées aux Amériques (du nord et Latine) de la rencontre entre Amérindiens, Européens et Africains dans le contexte de la colonisation et de l'esclavage. Ces dernières sont en effet des phénomènes qui se sont développés à l'échelle mondiale et qui pour cette raison constituent des terrains privilégiés pour une histoire globale, transnationale et comparée, dialectique, des métropoles et des colonies. L'équipe de chercheurs qui s'est attelée à cette tâche a cherché à abolir les frontières qui existent entre spécialistes des différents groupes sociaux et ethniques au sein des sociétés coloniales et post-coloniales américaines. Une partie des contributions s'inscrit dans le cadre national, comme les articles de François-Joseph Ruggiu sur le Canada sous les Régimes français et anglais et de Bertrand Van Ruymbeke sur les Treize colonies, ou le dépasse, comme l'essai de Dominique Rogers qui porte à la fois sur les Antilles françaises et les British West Indies à l'époque moderne. Les autres contributions s'intéressent à un thème précis, généralement inscrit, là encore, dans un cadre territorial plus ou moins large : les autochtones et les relations euro-amérindiennes pour les essais de Gilles Havard (Amérique du Nord) et de Christophe Giudicelli (les zones périphériques de l'empire espagnol) ; l'esclavage pour l'article de Cécile Vidal (Amérique du Nord, Canada excepté) ; la ville, enfin, pour les contributions de Thomas Calvo (empire espagnol) et de Laurent Vidal (Brésil).
Question d'histoire atlantique, située dans une période de bouleversements propices à la redéfinition des hiérarchies sociales et des identités individuelles ou collectives, la course insurgée était internationale et composite, liée aux circulations intra-américaines et transatlantiques d'une multitude d'acteurs de toutes nationalités, aux statuts variés et instables : riches créoles et fonctionnaires espagnols, esclaves soulevés, indiens captifs et marins endettés, aventuriers opportunistes et révolutionnaires dévoués. Les insurgés surent mobiliser dans ce monde souvent interlope les ressources nécessaires pour fomenter la course insurgée, et porter ainsi sur les mers leur lutte contre l'Espagne, de Cadix à Lima, en passant par Buenos Aires et, surtout, la Caraïbe et le golfe du Mexique. L'expédition de lettres de marque devint alors pour l'insurrection un instrument de première importance pour affirmer sa souveraineté puis garantir les indépendances et leurs reconnaissances.