«Adossée à la mort, elle pouvait enfin contempler sa vie. Et pendant ce temps l'air vibrait du bruissement des abeilles.»Lorsque meurt son époux, ancien vice-roi des Indes, Lady Slane, quatre-vingt-huit ans, décide de quitter la demeure familiale pour s'installer dans un quartier excentré de Londres. Là, dans le calme de son nouveau logis, elle regarde son passé, sans fard ni amertume et entame une vie nouvelle autour d'amitiés légèrement excentriques. Si toute passion est abolie, le feu n'est pas mort, il est contenu par l'âge comme dans l'âtre d'une cheminée. Vita Sackville-West nous livre ici un roman délicatement féministe, au charme fou.
« Pourquoi avoir choisi Mr Gatacre comme victime ? Je suppose que vous n'avez rien à lui reprocher ?- En partie parce qu'il était petit, frêle, facile à endormir... Et je ne tenais pas à ce qu'il souffre. »Westease, adorable village de la campagne anglaise, préservé des horreurs d'une guerre encore toute fraîche, est bien tranquille... trop, peut-être ?Lorsque Roger Liddiard, jeune et brillant romancier, s'y arrête au volant de sa Jaguar, il en tombe amoureux et décide de s'y établir, non loin du Professeur, vieux gentleman solitaire, du peintre Wyldbore Ryan, et de Mary Gatacre, la fille du révérend.Voici que Mr Gatacre est assassiné, sans raison ni indice évidents... Liddiard brûle de résoudre l'énigme. Sans savoir à quel point sa propre responsabilité pourrait être engagée.Traduit de l'anglais par Micha Venaille.
Cette traduction d'un ouvrage jusque-là inédit en français participera à la reconnaissance de l'importance qu'a eue Leonard Woolf dans l'existence de son épouse brillante et tourmentée. En effet, comme l'a déclaré son neveu Cecil Woolf, avec qui il a beaucoup collaboré, « sans lui, [Virginia] n'aurait pas vécu assez longtemps pour écrire ses chefs-d'oeuvre ».
Leonard est en effet le seul à avoir identifié la maladie de Virginia Woolf comme une psychose maniaco-dépressive, diagnostic révolutionnaire à l'époque, avec comme symptôme ses pulsions suicidaires. On en apprend beaucoup sur ses basculements dans la folie, sa violence (parfois même envers lui) ou son anorexie - il passait des heures à essayer de la faire manger.
En dépit de ce contexte tragique, marqué par le spectre de la folie et de la mort, Ma vie avec Virginia est un livre qui, paradoxalement, fait du bien. Leonard Woolf, Juif athée assumé et penseur politique moderne, se révèle comme une personnalité très attachante et pleine d'humanité - en deux mots, un homme bon.
Pour Virginia Woolf, si les livres doivent tenir tout seuls sur leurs pieds, c'est qu'ils n'ont pas besoin de préface ou d'introduction pour exister. Heureusement qu'elle n'a pas suivi ses propres conseils ! Nous n'aurions pas eu la chance de lire ces 22 essais ou critiques qui nous montrent, entre autres, Thomas Hardy, Katherine Mansfield, Jane Austen, Thoreau ou Conrad, comme nous ne les avions jamais vus.
Quelques mots suffisent à l'auteur de Mrs Dalloway pour définir Tchekhov : « s'il n'est pas au niveau des génies inspirés devant lesquels on s'incline, c'est parce qu'il est à notre niveau. » Et quelques phrases pour Defoe : « alors qu'il n'y a rien de métaphysique dans le récit par Daniel Defoe du séjour de Robinson Crusoé dans son île déserte, pourquoi réussit-il à en faire un chef d'oeuvre, alors qu'il n'y a pas de solitude, pas d'âme, qu'une chose à laquelle nous faisons face, un grand pot en terre cuite ? » Ces pages nous font découvrir également l'insolence de Virginia Woolf (lorsqu'elle plaide pour que la littérature ne soit pas réservée aux « gens en perruque et en robe » mais offerte à tous ceux qui « mettent l'accent au mauvais endroit » pour qu'ils « piétinent les pelouses vénérables »), ou son humour (« pour transposer aujourd'hui la légende d'Achille, imaginons Tennyson tué sur les marches de St Paul par un aigle - non c'est trop fantastique - imaginons-le tué par un taxi »).
Les Godavary sont passés maîtres dans l'art de faire disparaître les problèmes sous le tapis. Une habitude que les funérailles du chef du clan, Noble Godavary, viennent mettre à mal. Et pour cause: sa fille Paola, née d'un deuxième lit, sera de la partie. Dominatrice et magnétique, elle détone dans l'austère maison familiale.
Et quoi de mieux qu'un testament pour mettre le feu aux poudres ?
Qu'est-ce qui distingue le journal qu'a tenu Virginia Woolf de tant d'autres journaux intimes ? On le lit comme un roman, car il est bien écrit. Comme un roman policier, car le suspense est là : année par année, on assiste en direct à la naissance de ses livres. À partir de quelques mots...
Père, et Mère, et l'enfant dans le jardin : la mort. Presque rien. Une phalène pénètre dans la pièce. Ensuite, on l'accompagne dans la plus belle des aventures artistiques.
Jusqu'au dénouement, Oh, quel soulagement, se réveiller et se dire : « j'ai terminé ». Comme dans une série, on est déçus que ça se termine et on a envie de vivre le prochain épisode. Heureusement il y en a. La Chambre de Jacob, Mrs Dalloway, Vers le Phare, Orlando... De plus on n'est jamais lassés car Virginia Woolf en dit beaucoup - et on a l'impression que c'est à nous, lecteurs, qu'elle le dit - sur elle, ses hésitations, sa confiance dans les mots, les bonheurs qu'elle sait nous faire partager, son angoisse au moment de la publication, qui la rend littéralement malade.
Et en parallèle, elle a écrit des centaines de lettres où là encore, elle a inlassablement dévoilé les secrets de son travail. C'est le journal d'un écrivain et plus encore, le journal d'une vie. Qu'elle a poursuivi jusqu'au mot fin de cette vie. Tout mon travail d'écrivain se lit aussi comme un livre d'aventure.
Ils avaient si longtemps mené des vies séparées, se rencontrant seulement à la surface des choses, qu'il fut stupéfait de surprendre ce regard si tendre, si inquiet. V. S.-W. À l'instigation de Rose, sa femme, Walter Mortibois invite son frère, sa belle-soeur, son beau-frère et leur fils, ainsi qu'une excentrique lady, à passer le week-end dans leur splendide demeure d'Anstey. Toutefois, il leur préfère la compagnie de Svend, son berger allemand adoré... Rien d'étonnant chez cet esthète d'une froideur de glace, qui, depuis des décennies, ignore jusqu'à sa propre femme - malgré les efforts désespérés de Rose, obstinément amoureuse. Ce n'est pas l'irruption d'invités engoncés dans leurs petits égoïsmes qui risque d'y changer grand-chose ! Jusqu'à ce que, brusquement, un double drame vienne brouiller les cartes et (enfin) réchauffer les coeurs.
Elle n'a que lui et elle l'adore, mais lui ne pense qu'à s'enfuir au plus vite.. Elle dort à ses côtés, et lui, « les yeux grand ouverts dans la nuit », rêve à une autre... Elle attend depuis toujours qu'il s'engage, et lui ne peut attendre de lui révéler sa nouvelle existence... L'amour à sens unique, l'amour trahi, la vie qui se fendille en une seule phrase, négligemment glissée dans la conversation : dans ces six nouvelles composées entre 1922 et 1932, Vita Sackville-West montre une fois de plus à quel point elle excelle dans le tableau doux-amer des sentiments inexprimés.
« La reine de l'élégance acide et d'un cynisme sans égal » (S. Des Horts, Valeurs actuelles).
"Ils avaient si longtemps mené des vies séparées, se rencontrant seulement à la surface des choses, qu'il fut stupéfait de surprendre ce regard si tendre, si inquiet. Elle avait essayé de capter son attention par un sourire, pour lui montrer qu'elle était avec lui, mais il s'était détourné pour échanger quelques mots avec Juliet. Il pouvait faire confiance à Rose pour qu'elle le protège, mais il n'était pas question de la laisser pénétrer dans son intimité." A l'instigation de Rose, sa femme, Walter Mortibois invite son frère, sa belle-soeur, son beau-frère et leur fils, ainsi qu'une excentrique lady, à passer le week-end dans leur splendide demeure d'Anstey. Toutefois, il leur préfère la compagnie de Svend, son berger allemand adoré... Rien d'étonnant chez cet esthète d'une froideur de glace, qui depuis des décennies ignore jusqu'à sa propre femme, malgré les efforts désespérés de Rose, obstinément amoureuse. Ce n'est pas l'irruption d'invités engoncés dans leurs petits égoïsmes qui risque d'y changer grand-chose ! Jusqu'à ce que, brusquement, un double drame ne vienne brouiller les cartes et (enfin) réchauffer les coeurs.
Depuis son enfance, Bruno porte en lui le poids étouffant du deuil de sa soeur Anna. Violoncelliste d'une trentaine d'années, il donne des concerts à travers le monde. Un soir, à Québec, il fuit les mondanités et se promène dans la ville endormie. Bruno rencontre alors Hannah, une Galloise marquée par le deuil de son frère Jonathan...
" Soudain une jeune femme apparut en haut des marches, adossée à la fenêtre, avec la pluie qui frappait violemment les vitres et, à l'arrière-plan, les sommets embrumés. Aucun doute, c'était Paola, la star des bals du Westmorland. Bien qu'elle fût en contre-jour, elle me fit d'entrée beaucoup d'effet : elle était brune, svelte avec pourtant quelques rondeurs, l'allure souple, élancée et féline des Italiennes. [...] Comment la qualifier ? Elle avait du style. Du chic. On ne peut pas dire qu'elle était belle - des lèvres rouges, pulpeuses, un petit nez, le teint pâle, les yeux noirs - mais elle avait une sorte de grâce, à la fois naturelle et sophistiquée [...]. C'était saisissant ; elle contrôlait si totalement la situation que j'en arrivais à me sentir un provincial maladroit en présence d'une femme du monde. " Est-elle vraiment des leurs ? Les Godavary, à vrai dire, ne forment pas une famille très unie. C'est plutôt un commun désir de fuite, une lâcheté sournoise qui les rassemblent... Paola, issue du remariage du défunt Noble Godavary avec une étrangère, préfère pour sa part tenir fermement les rênes du destin, quitte à se débarrasser de toute contrainte familiale - ce que les dernières volontés de son père vont lui permettre de faire, d'éclatante façon.
« John avait trois ans de moins et il était fou delle. Mais après lattaque de Pearl Harbor, elle sétait demandé ce quil adviendrait delle sil était envoyé au combat. De lautre côté de locéan, lEurope se consumait. » En France, cest la guerre qui attend John. Son bombardier B-24 est abattu. Il échappe à la mort, erre dans la campagne ravagée, et fait une mauvaise rencontre : un soldat nazi, quil choisit dépargner. À son tour, celui-ci sauvera une vie. Ces deux actes, comme en écho, se répercuteront des deux côtés de lAtlantique, bousculant les destins.
Outre-Atlantique est un jeu de dominos où opère toute la magie Van Booy : lart lumineux, enchanteur, dun incurable romantique, capable de nous faire sentir quau fond ce qui nous sépare nest quillusion.
De Rome à Las Vegas en passant par Stockholm et la côte irlandaise, ces quatre nouvelles brossent le portrait de personnages qui voient leur vie bouleversée par une rencontre, aussi fugace soit-elle.