Qu'on ne s'attende pas à un roman d'aventures, encore
moins à des souvenirs de voyage : Impressions d'Afrique,
paru en 1909, est un laboratoire d'expérimentation
littéraire, où l'histoire commence au chapitre I ou
au chapitre X, selon le choix du lecteur ; chaque mot en
recèle un autre, chaque phrase contient en germe un
roman à venir. Edmond Rostand, le premier, fut fasciné ;
puis Marcel Duchamp - il dit s'en être inspiré pour
La Mariée mise à nu -, Michel Leiris, André Breton,
Georges Perec... Et pourtant, ce texte magistral, où
les excès de l'imagination n'ont d'égal que l'extrême
maîtrise de l'écriture, n'intéressa pas même les éditeurs :
Roussel dut le publier à son compte. Est-ce l'oeuvre
d'un fou mystificateur ? d'un hermétiste ? d'un oulipien
avant l'heure ? Peu importe. Comme l'écrivait
Paul Reboux : «C'est un livre extraordinaire, ahurissant,
cocasse, chimérique ; donc, ce n'est pas un livre
indifférent.»