« Aujourd'hui, maman est morte. » La première phrase de L'Étranger, Charles Berling l'emprunte à Albert Camus. Sans sa mère, demain sera autre : il faudra habiter la vie sans elle, combler l'absence. Deux ans après sa mère, le père de Charles meurt aussi. La mémoire peut lui revenir maintenant qu'il est orphelin de père et de mère, maintenant qu'il ne peut plus l'être de son histoire.
Ne pas hériter d'un secret qui rampe et qui ronge, mais au contraire, s'emparer des lignes laissées par Nadia, sa mère.
Suivre toutes les traces, même les silences.
Et révéler le négatif, reconstituer l'image, la vraie, même si elle trahit la violence de cette histoire. L'histoire de sa mère imbriquée dans l'histoire coloniale.
Nadia, la petite française du Maroc qui, comme sa propre mère, voulait s'émanciper. Nadia brillante, mais capable de tous les excès. Nadia déracinée, déchirée par son histoire et dont la faille survit. Albert Camus, encore une fois, pourrait prêter à Charles une phrase des Carnets : « Je n'ai jamais vu très clair en moi pour finir. » Jusqu'à aujourd'hui.