Résumé

Le texte que Baudelaire a rédigé sur la photographie - Le Public moderne et la photographie - est on ne peut plus célèbre. Du reste, il est devenu - et ce devenir fait bien sûr partie, secrètement mais d'une manière importante, de sa problématique - l'un des plus pratiqués, c'est-à-dire commentés et même, si l'on peut se permettre, sur-interprété, ce qui a pour effet de pervertir à la fois l'intention qui fut la sienne et le sens qui, quant à lui, appartient, il est vrai, dans tous ces cas de figure, autant à la postérité qu'à l'impensé que contient tout acte d'écriture.
Il n'empêche, le contenu du texte de Baudelaire est on ne peut plus explicite : la photographie, c'est le matérialisme triomphant et l'impersonnalité, tout le contraire de la « création », l'ennemie du rêve, de l'Idéal et de la poésie en général. Sans forcer les choses, on peut affirmer qu'à la fois elle incarne le spleen, en condense la nature et en expose tous les effets d'écrasement de ce qui est humain sur la terre, à savoir le désespoir et l'ennui. Car le sujet de la photographie, c'est bien, comme on ne cesse de le constater à la réflexion, la mort. Enfin, elle est une technique, rien qu'une technique, et le mieux serait d'ailleurs, pour le poète, qu'elle se cantonne à cela - en effet, la question de son statut éventuel et hypothétique d' « art » est, à la lecture cursive du moins, suspendue par Baudelaire -, parfaitement adéquate au Moderne et cet « âge des foules », ce dont au demeurant le titre du texte, sur lequel on ne s'arrête pas suffisamment, insiste en faisant mention du « public moderne », les termes de « foule », de « moderne » et de « public » étant justement dans les textes de Baudelaire d'une part péjorés, d'autre part toujours dialectisés (c'est ainsi, par exemple, que « foule » prendra une valeur de vérité lors de l'examen des conditions contemporaines de la perception et de la matière poétique qu'est la ville). Il s'agit donc, concernant la photographie, à la lettre et sans la moindre nuance, d'une condamnation, de celle qu'un poète, ou au sens encore fort du terme pour Baudelaire et en fonction de la position qu'il occupe, un artiste, peut s'autoriser à prononcer.


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  • Auteur(s)

    André Hirt, Charles Baudelaire

  • Éditeur

    Kime

  • Distributeur

    Belles Lettres

  • Date de parution

    14/03/2025

  • EAN

    9782380721713

  • Disponibilité

    Disponible

  • Nombre de pages

    80 Pages

  • Longueur

    20 cm

  • Largeur

    11 cm

  • Épaisseur

    0.7 cm

  • Poids

    82 g

  • Lectorat

    Tout public

  • Diffuseur

    Belles Lettres - Textes

  • Support principal

    Grand format

Infos supplémentaires : Broché  

André Hirt

André Hirt enseigne la Philosophie en khâgne au Lycée Faidherbe de Lille. Il a publié de nombreux ouvrages aux éditions Kimé, entre autres sur Glenn Gould, Baudelaire, Descartes, Kleist, Karl Kraus, Robert Musil et Philippe Lacoue-Labarthe.

Charles Baudelaire

En 1827, son père meurt mais cet homme lettré, épris des idéaux des Lumières et amateur de peinture, peintre lui-même, lui laisse un héritage spirituel. Un an plus tard, sa mère se remarie avec le chef de bataillon Aupick. Renvoyé du lycée pour une vétille en 39, Baudelaire choisit de mener une vie en opposition aux valeurs bourgeoises incarnées par sa mère et son beau-père. Il entreprend un voyage vers les Indes qui écourté, imprégnera pourtant son imaginaire (amour de la mer, vision d'un ailleurs exotique). De retour à Paris, il s'éprend de Jeanne Duval, jeune mulâtresse, avec laquelle il connaîtra tous les charmes et le amertumes de la passion. Dandy endetté, il est placé sous tutelle judiciaire et connaît dès 1842, une vie misérable. Il commence alors à composer plusieurs poèmes des Fleurs du mal. Critique d'art et journaliste, il combat les formes exaltées du romantisme. En découvrant, puis en traduisant l'oeuvre de Poe, il trouve l'esthétique de la poésie pure, quête du beau perçu par l'imagination . En 48, il participe aux barricades mais est surtout préoccupé d'aller fusiller... Aupick. Les Fleurs du mal paraissent en 1857 et le recueil est en partie condamné "pour outrage à la morale publique et aux bonnes moeurs". La nouvelle édition de 61 sera enrichie et restructurée mais aussi amputée des six plus beaux poèmes qui ont été interdits par le juge Pinar.
Le poète part alors pour la Belgique et se fixe à Bruxelles où il prépare un pamphlet contre ce pays qui figure à ses yeux une caricature de la France bourgeoise.Il meurt d'aphasie et de paralysie en 1867.

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